lundi 28 février 2022

« Vous recevrez, en ce temps déjà, le centuple, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle »( / 379,978)

 Bonjour!

Mardi 1er mars 2022



Voici la Parole de Dieu de ce jour...

ÉVANGILE

« Vous recevrez, en ce temps déjà, le centuple, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle » (Mc 10, 28-31)

Alléluia. Alléluia.
Tu es béni, Père,
Seigneur du ciel et de la terre,
tu as révélé aux tout-petits
les mystères du Royaume !
Alléluia. (cf. Mt 11, 25)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

En ce temps-là,
    Pierre se mit à dire à Jésus :
« Voici que nous avons tout quitté
pour te suivre. »
    Jésus déclara :
« Amen, je vous le dis :
nul n’aura quitté,
à cause de moi et de l’Évangile,
une maison, des frères, des sœurs,
une mère, un père, des enfants ou une terre
    sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple :
maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres,
avec des persécutions,
et, dans le monde à venir,
la vie éternelle.
    Beaucoup de premiers seront derniers,
et les derniers seront les premiers. »

            – Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

Face à l’exigence d’abandonner tous ses biens pour recevoir en partage la vie éternelle, le jeune homme riche vient de s’en aller. Pierre se tourne alors vers Jésus : « Voici que nous, nous avons tout laissé et nous t’avons suivi ». Autrement dit : ‘Seigneur, pour nous, la vie éternelle est assurée puisque nous avons renoncé à tout ce que nous possédions pour te suivre !’

Il est vrai que pour s’engager à la suite de Jésus les premiers disciples ont consenti à un véritable détachement d’avec leur milieu familial et professionnel. Mais, la vie éternelle est un don, une grâce. Pour l’obtenir, il ne s’agit donc pas d’accomplir des choses extraordinaires mais de recevoir et d’accepter tout ce qui est donné.

Jésus le montre bien lorsqu’en réponse au détachement, il promet de donner exactement les mêmes choses et, qui plus est, au centuple : « En vérité, je vous le dis, nul n’aura laissé maison, frères, sœurs, mère, père, enfants ou champs à cause de moi et à cause de l’évangile, qui ne reçoive le centuple dès maintenant, au temps présent, en maison, frères, sœurs, mères, enfants et champs, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle ».

S’agirait-il de laisser tout ce que nous possédons, les personnes qui nous sont les plus chères, pour les recevoir du Seigneur dans le cadre de nouvelles relations, transformées par sa grâce ?

En fait, ce qui nous prive de la vie éternelle ce ne sont pas tant nos biens que les relations que nous entretenons à leur égard. Trop souvent, nous croyons qu’ils sont le fruit de notre seul mérite et que nous avons des droits sur eux alors qu’ils sont d’abord et avant tout un don de Dieu.

Entrer dans un tel détachement « à cause de Jésus et de l’évangile » ne pourra être perçu que comme une provocation par un monde trop lié à lui-même, trop replié sur lui-même. Sa réaction ? La persécution qui pour Jésus n’est pas de l’ordre de la possibilité mais bien de la réalité. La persécution nous permettra de vérifier notre fidélité dans notre marche à la suite du Christ. Dans ce contexte, elle ne se présentera pas comme un obstacle mais comme le lieu où nous pourrons éprouver de façon anticipée la puissance transformante de la Résurrection qui nous donne part à la vie même de Dieu.

Suivre Jésus, provoque un renversement des valeurs qui conduit au détachement du monde et débouche sur des persécutions. Mais cela donne aussi d’entrer dès ici-bas dans le Royaume de Dieu dont on ne s’empare pas à la force du poignet. Les derniers mots de Jésus dans notre péricope le rappellent comme pour insister : « Beaucoup de premiers seront derniers et les derniers seront premiers ».

 Seigneur, ne permets pas que l’héritage que tu nous réserves nous échappe à cause d’un attachement désordonné aux biens de ce monde qui passe ou par la peur des épreuves destinées à purifier notre foi. Mais accorde-nous, tout au long de notre route ici-bas, de garder les yeux fixés sur toi qui est à l’origine et au terme de notre foi, afin de te saisir, toi l’objet de la promesse, comme nous avons nous-mêmes été saisi par toi (cf. Ph 3, 12-14).


Abbé Philippe Link / Merci!

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Bonne journée!

Jean-Yves 

dimanche 27 février 2022

« VA, VENDS CE QUE TU AS. PUIS VIENS, SUIS-MOI » / (379,849)

 Bonjour!

Lundi 28 février 2022



Voici la Parole de Dieu de ce jour...

« Va, vends ce que tu as. Puis viens, suis-moi » (Mc 10, 17-27)

ÉVANGILE

Alléluia. Alléluia.
Jésus Christ s’est fait pauvre, lui qui était riche,
pour que vous deveniez riches par sa pauvreté.
Alléluia. (cf. 2 Co 8, 9)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

En ce temps-là,
    Jésus se mettait en route
quand un homme accourut
et, tombant à ses genoux, lui demanda :
« Bon Maître, que dois-je faire
pour avoir la vie éternelle en héritage ? »
    Jésus lui dit :
« Pourquoi dire que je suis bon ?
Personne n’est bon, sinon Dieu seul.
    Tu connais les commandements :
Ne commets pas de meurtre,
ne commets pas d’adultère,
ne commets pas de vol,
ne porte pas de faux témoignage,
ne fais de tort à personne,
honore ton père et ta mère. »
    L’homme répondit :
« Maître, tout cela, je l’ai observé
depuis ma jeunesse. »
    Jésus posa son regard sur lui,
et il l’aima.
Il lui dit :
« Une seule chose te manque :
va, vends ce que tu as
et donne-le aux pauvres ;
alors tu auras un trésor au ciel.
Puis viens, suis-moi. »
    Mais lui, à ces mots, devint sombre
et s’en alla tout triste,
car il avait de grands biens.

    Alors Jésus regarda autour de lui
et dit à ses disciples :
« Comme il sera difficile
à ceux qui possèdent des richesses
d’entrer dans le royaume de Dieu ! »
    Les disciples étaient stupéfaits de ces paroles.
Jésus reprenant la parole leur dit :
« Mes enfants, comme il est difficile
d’entrer dans le royaume de Dieu !
    Il est plus facile à un chameau
de passer par le trou d’une aiguille
qu’à un riche
d’entrer dans le royaume de Dieu. »
    De plus en plus déconcertés,
les disciples se demandaient entre eux :
« Mais alors, qui peut être sauvé ? »
    Jésus les regarde et dit :
« Pour les hommes, c’est impossible,
mais pas pour Dieu ;
car tout est possible à Dieu. »

            – Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

Jésus est en marche, il faut courir pour le rattraper. Le jeune homme s’avance et se prosterne, en signe d’adoration. Il sait que Jésus détient la réponse aux questions qu’il porte. L’éducation de cet homme a été irréprochable, il a reçu la connaissance de la Loi de Dieu et la volonté de s’y conformer. En tous points, sa vie est irréprochable. A force d’application, il s’est construit et il sait qu’il peut se présenter sans honte devant Dieu.

Mais une chose lui manque. Il ne sait pas la nommer précisément, mais il a compris qu’il n’est pas encore entré dans la vraie vie : « que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ». La logique de son cœur apparaît dans la question : il veut recevoir la vie en héritage. Mais le Royaume n’est pas un bien, il est un don. Il ne s’acquiert pas, il se reçoit. La vie de sainteté n’est pas uniquement la soumission à une liste de prescriptions, l’essentiel est ailleurs. Nous avons encore en mémoire la fin de l’évangile de saint Jean : « Pierre, m’aimes-tu ? » demande Jésus. A son disciple qui croyait braver la mort par ses seules forces et qui a fait la cruelle expérience de ses limites, Jésus n’a demandé que l’amour.

De même, Jésus est touché par la générosité de ce cœur qui s’ouvre à lui et qui a investi, en vain malheureusement, toute son énergie pour plaire à Dieu. « Posant alors son regard sur lui, Jésus se mit à l’aimer ». Le Seigneur, comme il l’a fait avec saint Pierre, invite son disciple à une relation personnelle, il lui ouvre les chemins de l’amour.

« Va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor au ciel ». Il nous faut lire cette demande jusqu’au bout. Jésus ne donne pas un précepte supplémentaire, il ne demande pas au jeune homme de vendre tout ses biens : ce serait un acte complètement vain. Jésus lui explique comment avoir un trésor dans le ciel. Car là est l’impasse dans laquelle se trouve le jeune homme : son trésor est sur la terre, dans ses biens matériels. Il doit entrer dans une dimension nouvelle. En eux-mêmes, les biens matériels ne sont pas un obstacle au Royaume. Ils le deviennent quand ils donnent l’illusion d’une plénitude. Pour recevoir la vie éternelle, il faut être en manque et attendre de Dieu seul qu’il nous comble.

« Mais lui, à ces mots, devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens ». Le jeune homme n’a pas pu renoncer. Il n’a pas su s’ouvrir à Dieu ; le voici seul avec lui-même, « tout triste ». Il nous est facile de reconnaître l’état de notre propre cœur quand nous ne renonçons pas à nos sécurités, quand nous n’avons pas l’audace de l’abandon à Dieu. Mais ceci n’est pas le dernier mot de l’histoire ! Nous le savons bien, au sortir du temps pascal ! « Pour les hommes, cela est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu ». Cette tristesse, le Seigneur va la prendre sur lui à Gethsémani. La Loi sécurisante que nous désirons pour régir notre vie, le Seigneur va la graver dans nos cœurs. L’Esprit est notre Loi. Il est la Loi nouvelle qui a fait s’ouvrir les portes verrouillées du cénacle. Dieu nous ouvre aux dimensions de son amour pour nous.

Je veux te suivre Seigneur, débarrasse-moi de toutes mes richesses. Je veux vivre avec l’audace de ceux qui ne comptent que sur toi, donne-moi la force de ton Esprit. Je veux recevoir en partage la vie éternelle, garde-moi toujours en manque des richesses de la terre pour que je prenne soin de mon trésor dans le ciel.


Abbé Philippe Link / Mwerci!

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Bonne journée!

Jean-Yves 

samedi 26 février 2022

« Ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur » / + Homélie de l'abbé Michel Talbot... / (379,803)

 Bonjour!

Dimanche le 27 février 2022



Voici la Parole de Dieu de ce dimanche...

ÉVANGILE

« Ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur » (Lc 6, 39-45)

Alléluia. Alléluia.
Vous brillez comme des astres dans l’univers
en tenant ferme la parole de vie.
Alléluia. (Ph 2, 15d.16a)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
    Jésus disait à ses disciples en parabole :
« Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ?
Ne vont-ils pas tomber tous les deux dans un trou ?
    Le disciple n’est pas au-dessus du maître ;
mais une fois bien formé,
chacun sera comme son maître.

    Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère,
alors que la poutre qui est dans ton œil à toi,
tu ne la remarques pas ?
    Comment peux-tu dire à ton frère :
‘Frère, laisse-moi enlever la paille qui est dans ton œil’,
alors que toi-même ne vois pas la poutre qui est dans le tien ?
Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ;
alors tu verras clair
pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère.

    Un bon arbre ne donne pas de fruit pourri ;
jamais non plus un arbre qui pourrit ne donne de bon fruit.
    Chaque arbre, en effet, se reconnaît à son fruit :
on ne cueille pas des figues sur des épines ;
on ne vendange pas non plus du raisin sur des ronces.
    L’homme bon tire le bien
du trésor de son cœur qui est bon ;
et l’homme mauvais tire le mal
de son cœur qui est mauvais :
car ce que dit la bouche,
c’est ce qui déborde du cœur. »

    – Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

Comprenons bien cette affaire de la paille et de la poutre. Cela ne veut pas dire que chacun devrait se juger pire que les autres. Bien sûr, si nous estimons les autres meilleurs que nous, ce n’est pas une mauvaise attitude, nous dit saint Paul. Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit ici. Car des défauts, qui n’en a pas ? Alors un peu plus ou un peu moins… Et il y a assez peu de chances pour qu’entre l’autre et moi, la différence soit de l’ordre de celle entre une paille et une poutre !

Non. Ce qui est grave, ce qui rend vraiment la vie pénible et difficile, c’est quand on ne voit plus que le mal chez les autres, en soi-même, dans le monde. Avoir une poutre dans l’œil, ce n’est pas avoir un défaut plus gros que les autres, c’est ne voir que les défauts. C’est avoir ce regard amer, désabusé, cette façon de toujours critiquer, de ne jamais être content.

Ce n’est pas parce que j’ai des limites que je suis  » nul « .  » Maman, tu es nulle !  » « Regarde tes notes, tu es nul ». C’est cela être aveugle et entraîner l’autre avec soi dans le trou du découragement, du désespoir. « Je le connais bien, il n’y a rien à en tirer !  » Car ce qui est le plus désespérant, la pauvreté la plus radicale, c’est n’avoir rien à apporter aux autres, sentir que les autres n’attendent plus rien de moi. Être en chômage de la vie, en chômage de sa place parmi les autres.

Qu’il y ait du mal dans les autres, en nous, dans le monde, c’est l’évidence. Mais c’est précisément à cause de cela, qu’il nous faut savoir discerner en chacun le bien, les possibilités de bien. Car la lucidité sans la bienveillance, c’est une lumière crue, cruelle, blessante, c’est une fausse lucidité. Une vraie lucidité, c’est celle qui voit au-delà des apparences. Parce que moi, vous, nous avons non seulement des défauts, mais une tendance au mal en nous, nous avons absolument besoin, vous, moi, d’être encouragés par un regard de bienveillance, de confiance.

Il y a une phrase de la Bible que j’aime beaucoup : « L’homme regarde le visage, Dieu regarde le cœur » (1 Sm 16,7).  Nous, nous ne voyons que le visible, mais la vérité d’un être humain est de l’ordre de l’invisible. C’est pourquoi on ne voit clair qu’avec le regard du cœur.

Nous avons donc une grande responsabilité les uns à l’égard des autres. Il s’agit pour nous d’être les témoins de Dieu – rien moins que cela – les témoins du regard que Dieu, lui, pose sur nous. Ce regard que Jésus posait et pose sur nous, pauvres et pécheurs. Un regard qui voit au-delà du visible, qui va au plus profond de nous et qui y crée de la bonté.

Alors devant les défauts des autres, devant les difficultés à vivre ensemble, devant la fatigue à supporter les autres, Dieu nous demande non pas d’être des redresseurs de torts, mais d’aider les autres à vivre, à avoir du courage. Les chrétiens – et l’Église – apparaissent trop souvent comme voulant toujours corriger les autres de leurs défauts.

Non, nous n’avons pas la charge, au nom de Dieu, de faire la morale, ni aux autres, ni à nous-mêmes. Mais nous sommes invités à croire : croire en la bonté de Dieu, en cette bonté qui est à l’œuvre, en nous, chez l’autre, et dans chaque être humain, et qui y crée de la bonté. Et nous avons à en témoigner par notre propre regard les uns sur les autres.

Qu’il est bon, le Bon Dieu ! Avez-vous remarqué un des maîtres mots de cet évangile d’aujourd’hui ? C’est le mot « frère ». Si tu es mon frère, je ne suis ni ton père, ni ton maître, ni ton juge. Si tu es mon frère, ne nous faisons pas l’accusateur de notre frère, car accuser, dénoncer, montrer du doigt, c’est la fonction du démon.

 « Qu’as-tu fait de ton frère ? » L’as-tu tué par des paroles d’accusation ou bien l’as-tu aidé à surmonter ses propres faiblesses ?

Envers et contre tout, envers et contre tout mal, nous avons besoin, aujourd’hui, d’un vrai regard de foi, d’espérance, sur les autres, sur nous-mêmes et sur Dieu. Qu’il est bon, le Bon Dieu !


Abbé Philippe Link / Merci!

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Homélie de l'abbé Michel Talbot,

 curé de l'Unité missionnaire de l'Ouest - Montmagny:


L'ARBRE ET SON FRUIT
Parole de Dieu: Ben Sira le Sage 27, 4-7; 1 Corinthiens 15, 54-58; Luc 6, 39-45
Lors de nos rassemblements en Église, la Parole de Dieu est proclamée. C'est de cette façon qu'on peut connaître Dieu, d'où la nécessité d'être bien à l'écoute, d'avoir une oreille attentive. En ce sens, l'ouïe est plus importante que l'oeil, même si tout le monde est d'accord pour dire qu'il occupe une place importante dans nos relations humaines. En effet, il est généralement facile de se faire une idée d'une personne au premier regard, juste en la voyant agir, avant même de l'avoir entendue. Une personne peut très bien paraître, savoir se présenter et avoir le don de séduire, mais derrière les apparences, elle peut cacher des défauts et des travers insoupçonnés. Si l'on ne se fie qu'à l'apparence, à la belle tenue et aux bonnes manières, on risque de se faire charrier. À l'opposé, quand on se fie sur le regard qu'on porte sur une personne dont l'apparence laisse à désirer, qu'elle ne correspond pas à nos critères de respectabilité, il peut aussi arriver que l'on se trompe royalement.
Comme le dit Ben Sira le Sage, « c'est le fruit qui manifeste la qualité de l'arbre; ainsi la parole fait connaître les sentiments ». Dans la même perspective, Jésus ajoute : « un bon arbre ne donne pas de fruit pourri; jamais non plus un arbre qui pourrit ne donne de bon fruit. Chaque arbre, en effet, se reconnaît à son fruit ». De même, chaque personne se reconnaît à son fruit, se révèle au moyen de la parole qu'elle énonce. La parole prononcée est le fruit que produit le cœur. Si une personne ne dit que des paroles méchantes, fausses, discriminatoires, blessantes, c'est que son cœur est pourri. Par contre, si elle a pour les autres de bons mots, si ses paroles sont vraies, remplies de bonté, encourageantes, justes, réconfortantes, c'est que son cœur est comme un arbre en parfaite santé dont les fruits sont excellents. Comme on reconnaît un arbre à son fruit, on saisit la valeur d'une personne aux paroles qu'elle prononce, car elles révèlent l'état de santé de son cœur.
Ce que les sages enseignent dans les saintes Écritures, de même que Jésus à leur suite, c'est que pour bien connaître une personne, il faut lui donner la chance de s'exprimer, de se dire, se raconter, sans quoi on risque fort de se tromper et de porter des jugements injustes. Jésus laisse entendre au moyen de la parabole de la paille et de la poutre que notre regard peut être trompeur, que notre œil peut nous jouer des tours. Pour ajuster le regard que l'on a sur l'autre, l'ouïe est d'une grande importance. Il faut avoir une oreille attentive, prendre le temps d'écouter ce que l'autre a à dire, car c'est la parole qui est déterminante et révélatrice de ce qu'il a au fond du cœur.

Personne ne peut voir Dieu, mais tout le monde peut entendre sa parole et ainsi le connaître en profondeur. C'est par sa parole qu'il révèle son visage. Aussi, pour bien le connaître, il faut prendre contact avec sa parole, parcourir les Écritures pour connaître l'évolution de sa révélation et ce, jusqu'à Jésus, qui a dévoilé son visage en plénitude. Comme on juge l'être humain en le faisant parler, on connaît Dieu en écoutant sa parole.





Bon dimanche!

Jean-Yves 


vendredi 25 février 2022

« Celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas » / Prions pour la paix en Ukraine... / (379,743)

Bonjour!

Samedi 26 février 2022

Voici la Parole de Dieu de ce jour...

ÉVANGILE



« Celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas » (Mc 10, 13-16)

Alléluia. Alléluia.
Tu es béni, Père,
Seigneur du ciel et de la terre,
tu as révélé aux tout-petits
les mystères du Royaume !
Alléluia. (cf. Mt 11, 25)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

En ce temps-là,
    des gens présentaient à Jésus des enfants
pour qu’il pose la main sur eux ;
mais les disciples les écartèrent vivement.
    Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit :
« Laissez les enfants venir à moi,
ne les empêchez pas,
car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent.
    Amen, je vous le dis :
celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu
à la manière d’un enfant
n’y entrera pas. »
    Il les embrassait
et les bénissait en leur imposant les mains.

            – Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

« On présente à Jésus des enfants pour les lui faire toucher » : réflexe spontané des mamans qui désirent que leur enfant profite des « effluves positives » qui rayonnent de la personne du Rabbi. Le verbe traduit par « toucher » suggère en effet davantage une intervention thérapeutique qu’une bénédiction. Est-ce en raison du caractère superstitieux de la demande que les disciples « écartent vivement » ces enfants, ou pour protéger le Maître assailli par la foule ? Quoi qu’il en soit la réaction de Jésus ne se fait pas attendre et est particulièrement ferme : « Il se fâcha » ! Notre-Seigneur considère que c’est faire injustice à ces enfants que de les repousser. Quelle que soit l’intention des parents, l’occasion est trop belle pour ne pas la saisir : Jésus « embrasse et bénit les enfants en leur imposant les mains ». Si la demande au départ était ambigüe, Jésus la corrige en offrant sa bénédiction. Il va même citer l’attitude à l’égard des enfants, comme critère de discernement pour l’entrée dans le Royaume.

Deux sens s’ouvrent devant nous : la parole de Jésus peut être entendue comme l’invitation à accueillir le Royaume à la manière dont les enfants le reçoivent ; mais aussi comme une invitation à recevoir le Royaume comme s’il s’agissait d’un enfant.

Commençons par la première interprétation, selon laquelle c’est « à la manière » des enfants qu’il nous faut « accueillir le royaume de Dieu ». Qu’est-ce à dire ?

Il ne saurait être question d’interpréter ces paroles dans un sens moralisateur : le thème de l’innocence de l’enfant ne fait pas partie de la tradition juive ; le Psaume 51 (50) précise en effet au verset 7 que l’homme est pécheur dès le sein de sa mère. L’enfant représente plutôt l’être humain en voie de croissance, qui a tout à recevoir et doit se laisser conduire dans la confiance par ceux qui ont la charge de son éducation. L’appel lancé par Jésus résonnerait donc comme une invitation à l’ouverture confiante à sa Personne, dans une relation simple et vraie, empreinte d’affection et de respect. Jésus ne demande pas à ces enfants un certificat de bonne conduite : pourvu qu’ils s’approchent, tels qu’ils sont, il « les embrasse », et conformément à la tradition, il « les bénit en leur imposant les mains ».

Selon l’autre interprétation possible, Jésus nous inviterait à accueillir le Royaume comme nous accueillons un enfant. Les exégètes penchent plutôt pour cette seconde approche en raison de l’attitude des enfants et de celle des disciples. Il est difficile en effet de citer le comportement des premiers en exemple, vu leur passivité : ils sont amenés par leurs parents auprès du Rabbi. Par contre les disciples, en les écartant vivement, manifestent leur refus de les recevoir. Par le fait même ils font la preuve qu’ils ne sont pas encore en état d’entrer dans le Royaume, car seul y a accès celui qui le reçoit comme on accueille un enfant. La surprise vient du fait qu’il faut recevoir le Royaume pour y entrer. Jésus lui-même nous montre en quoi consiste cet accueil : « il les embrassait et les bénissais en leur imposant les mains ». Lorsqu’on se souvient que le Royaume s’identifie à la Personne de Jésus, on comprend que seul celui qui accueille le Seigneur comme un ami confié à sa tendresse, peut espérer entrer dans le Royaume.

Mais cette interprétation ne renversent-elle pas les rôles : n’est-ce pas le Seigneur qui nous invite à venir à lui ? N’est-ce pas lui qui nous offre sa tendresse ?

Dans un premier temps, certes : « Il en institua douze pour qu’ils soient avec lui » (Mc 3, 14) ; mais le verset poursuit : « …et pour les envoyer prêcher ». Le disciple qui a rencontré en Jésus le « Seigneur tendre et miséricordieux » (Ex34, 6), est chargé d’en témoigner en le recevant à son tour avec la même tendresse dans la personne de ses frères : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40). Voilà ce que les disciples n’ont pas encore compris : le Royaume de Dieu se cache dans les plus petits dont Jésus s’est rendu solidaire en épousant leur humanité.

Par le fait même, Jésus affirme non seulement que les enfants font partie de l’Eglise, mais il nous montre l’attitude que nous devons adopter à leur égard : les communautés chrétiennes sont invitées à accueillir les enfants avec tendresse, les embrassant et les bénissant comme le Seigneur lui-même l’a fait et veut continuer à le faire à travers nous. Souvenons-nous que la qualité de l’accueil que nous réservons aux enfants dans nos assemblées peut être déterminante pour la décision qu’ils prendront lorsque l’âge sera venu d’un choix personnel. Il n’est d’ailleurs pas défendu d’espérer que l’attention que nous leur porterons nous permettra, par un phénomène d’« osmose spirituelle », d’imiter leur simplicité dans notre relation à Dieu.

N’est-ce pas lorsque « jeunes et vieux se réjouissent ensemble » que nos communautés s’approche de l’image de l’Église proposée par saint Paul dans la lettre aux Ephésiens : « Vous n’êtes plus des étrangers, ni des émigrés ; vous êtes concitoyens des saints, vous êtes de la famille de Dieu » (Eph 2, 19) ?

Seigneur Jésus, tu es venu à nous comme un enfant pour nous apprendre qu’il nous faut renaître pour entrer dans le Royaume. Donne-nous un cœur assez simple pour pouvoir te reconnaître et te recevoir tel que tu te donnes, dans les petits que nous rencontrons chaque jour sur notre route.


Abbé Philippe Link / Merci!


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Pensées pour l'évangile d'aujourd'hui

  • « Il est plus facile de se fâcher que de supporter, plus commode de punir les rebelles que de les corriger, en les supportant avec fermeté et douceur à la fois. Je vous engage à imiter la charité que Paul montrait envers les néophytes » (Saint Jean Bosco)

  • « Depuis le sein maternel, Jésus accepte de courir tous les risques de l’égoïsme. Aujourd’hui même, l’égoïsme menace les enfants et les enfants à naître. Aujourd’hui aussi notre culture individualiste se refuse à être féconde, elle se réfugie dans une permissivité qui nivelle vers le bas, même si le prix de cette infécondité est le sang d’innocents » (Pape François)

  • « Maintiens-toi dans la simplicité, l’innocence, et tu seras comme les petits enfants qui ignorent le mal destructeur de la vie des hommes » (Catéchisme de l’Eglise catholique, n° 2517)



Bonne journée!

Jean-Yves 



jeudi 24 février 2022

«Il les instruisait comme d'habitude» / Prions pour l'Ukraine... /

 Bonjour!

Vendredi 25 février 2022


 

Prions pour l'Ukraine

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Voici la Parole de Dieu de ce jour...

(Mc 10,1-12): En partant de là, Jésus arrive en Judée et en Transjordanie. De nouveau, la foule s'assemble près de lui, et de nouveau, il les instruisait comme d'habitude. Des pharisiens l'abordèrent et pour le mettre à l'épreuve, ils lui demandaient: «Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme?». Jésus dit: «Que vous a prescrit Moïse?». Ils lui répondirent: «Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d'établir un acte de répudiation». Jésus répliqua: «C'est en raison de votre endurcissement qu'il a formulé cette loi. Mais, au commencement de la création, il les fit homme et femme. A cause de cela, l'homme quittera son père et sa mère, il s'attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu'un. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais ils ne font qu'un. Donc, ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas!».


De retour à la maison, les disciples l'interrogeaient de nouveau sur cette question. Il leur répond: «Celui qui renvoie sa femme pour en épouser une autre est coupable d'adultère envers elle. Si une femme a renvoyé son mari et en épouse un autre, elle est coupable d'adultère».

Commentaire: Abbé Miquel VENQUE i To (Solsona, Lleida, Espagne)

«Il les instruisait comme d'habitude»

Aujourd'hui, Seigneur, je voudrais prendre un peu de temps pour te faire une prière de remerciement pour tous tes enseignements. Tu enseignais avec autorité et tu le faisais dès qu'on te laissait faire et tu profitais de toutes les occasions: bien sûr, je comprends Seigneur que le but de ta mission était de transmettre la Parole du Père. Et tu l'as fait.

—Aujourd'hui, connecté à internet je te dis: Parle-moi, parce que je veux prendre un petit moment pour prier comme un disciple fidèle. D'abord, je voudrais te demander la capacité d'apprendre ce que tu enseignes et ensuite être capable de l'enseigner aux autres. Je reconnais qu'il est facile de tomber dans l'erreur de te faire dire des choses que tu n'as jamais dites, et avec une audace malveillante, j'essaie de te faire dire ce que j'aimerais que tu dises. Je reconnais que mon cœur est peut-être plus endurci que celui de ceux qui t'écoutaient.

—Je connais ton évangile, le Magistère de l'Église, le catéchisme, et je me souviens des paroles du pape Jean Paul II dans sa "Lettre aux familles": «Le dessein de l'utilitarisme, fondé sur une liberté orientée dans un sens individualiste, c'est-à-dire une liberté sans responsabilité, constitue l'antithèse de l'amour». Seigneur, je te demande de briser mon cœur qui a envie d'un bonheur utilitariste et de me faire entrer dans la vérité divine dont j'ai tant besoin.

—Vu d'ici, comme du sommet d'une montagne, je comprends que tu dises que l'amour du mariage est définitif, que l'adultère —en plus d'être un péché comme toute offense grave envers toi, qui est le Seigneur de la Vie et de l'Amour— est un faux chemin vers le bonheur: «Celui qui renvoie sa femme pour en épouser une autre est coupable d'adultère envers elle» (Mc 10,11).

Je me rappelle aussi d'un jeune homme qui me disait: «Mon père, le péché promet beaucoup, ne donne rien et enlève tout». Bon Jésus, fais que je puisse te comprendre, et que je puisse l'expliquer aux autres: ce que tu as uni, l'homme ne peut pas le séparer (cf. Mc 10,9). Loin d'ici, en dehors de tes chemins je ne trouverai pas le bonheur véritable. Jésus, apprends moi à nouveau!

Merci Jésus. Mon cœur est dur mais je sais que tu as raison.


Pensées pour l'évangile d'aujourd'hui

  • « Voilà comment il convainc les juifs de ne pas répudier leur femme avec les paroles de Moïses, alors qu’eux pensaient agir conformément à sa loi en la répudiant. De même et d’après le témoignage même du Christ nous savons que ce fut Dieu qui fit et unit l’homme et la femme » (Saint Augustin)

  • « L’un des plus grands services que nous chrétiens pouvons rendre à nos semblables est de leur offrir notre témoignage serein et ferme de la famille fondée sur le mariage entre un homme et une femme, en la protégeant et en l’exaltant, car elle est de la plus grande importance pour le présent et le futur de l’humanité » (Benoît XVI)

  • « Le divorce tient aussi son caractère immoral du désordre qu’il introduit dans la cellule familiale et dans la société. Ce désordre entraîne des préjudices graves : pour le conjoint, qui se trouve abandonné ; pour les enfants, traumatisés par la séparation des parents, et souvent tiraillés entre eux ; pour son effet de contagion, qui en fait une véritable plaie sociale » (Catéchisme de l’Eglise catholique, n° 2385)

mercredi 23 février 2022

« Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains » (379,572)

 Bonjour!

Jeudi 24 février 2022



Voici la Parole de Dieu de ce jour...

ÉVANGILE

« Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains » (Mc 9, 41-50)

Alléluia. Alléluia.
Accueillez la parole de Dieu
pour ce qu’elle est réellement :
non pas une parole d’hommes,
mais la parole de Dieu.
Alléluia. (cf. 1 Th 2, 13)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
    « Celui qui vous donnera un verre d’eau
au nom de votre appartenance au Christ,
amen, je vous le dis,
il ne restera pas sans récompense.

    Celui qui est un scandale, une occasion de chute,
pour un seul de ces petits qui croient en moi,
mieux vaudrait pour lui
qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes,
et qu’on le jette à la mer.
    Et si ta main est pour toi une occasion de chute,
coupe-la.
Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie éternelle
que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains,
là où le feu ne s’éteint pas.
    Si ton pied est pour toi une occasion de chute,
coupe-le.
Mieux vaut pour toi entrer estropié dans la vie éternelle
que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux pieds.
    Si ton œil est pour toi une occasion de chute,
arrache-le.
Mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu
que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux yeux,
    là où le ver ne meurt pas
et où le feu ne s’éteint pas.
    Chacun sera salé au feu.
    C’est une bonne chose que le sel ;
mais s’il cesse d’être du sel,
avec quoi allez-vous lui rendre de la saveur ?
Ayez du sel en vous-mêmes,
et vivez en paix entre vous. »

            – Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

On dirait que, dans ce passage, saint Marc s’est contenté de rassembler divers préceptes du Seigneur ; comme s’il nous donnait directement accès à son carnet de notes, sans chercher à les ordonner. Mais ce n’est pas une raison pour les isoler les unes des autres ; elles sont données dans la succession de notre lecture continue de l’évangile, c’est-à-dire dans le contexte des explications que Jésus donne à ses disciples pour les aider à comprendre qu’il va à Jérusalem y vivre sa Passion.

Pour commencer, le Seigneur évoque ceux qui offriront un verre d’eau à ses disciples, au nom de leur appartenance au Christ. En elle-même, cette image a du poids. Cependant, cette coupe d’eau n’est pas un verre que l’on tend à qui a soif ; elle est le signe de bienvenue convenu dans les maisons où l’on accueille, dans la simplicité, les disciples du Seigneur. Elle est le geste de l’hospitalité fraternelle. Ce geste, dit le Seigneur, aura sa récompense. L’évangile de ce soir s’ouvre donc dans un contexte sinon communautaire, en tous cas fraternel, et heureux.

Viennent ensuite des prescriptions négatives. Elles concernent d’abord ceux qui s’attaqueraient à « un seul de ces petits qui croient en moi », puis elles interpellent chacun de ceux qui suivent le Seigneur. Ils doivent avoir le sens des enjeux que représentent la vie éternelle et ainsi se montrer prêts à renoncer à une main, à un pied ou à un œil pour éviter de se perdre tout entier. Ces membres ont bien entendu une valeur symbolique : ils désignent tout ce par quoi l’homme pèche. Avec la main, il prend et s’accapare le bien d’autrui, avec le pied il marche sur les chemins de la violence et de l’autonomie, avec l’œil, il laisse les mauvais désirs entrer en lui et diriger sa vie.

Mais gardons bien la perception du contexte. Jésus ne vise pas seulement les comportements individuels en eux-mêmes. En commençant son énumération par le rapport aux petits et en le terminant par un appel à vivre en paix entre frères, « vivez en paix entre vous », Jésus montre que son intention vise la vie communautaire dans son ensemble. La communauté chrétienne est en effet un corps dont chacun des membres doit participer à sa bonne santé spirituelle ; chacun est responsable du bien de tous. Dès lors, ce n’est pas seulement pour éviter de se perdre qu’il faut être prêt à renoncer à un ses propres membres : il faut conserver la paix au sein de la communauté, fusse au prix d’un de ses membres, car si cette paix venait à disparaître, chaque individu pourrait perdre l’accès à la vie éternelle. 

Par la paix que nous maintenons entre nous, nous garantissons de salut de chacun. Or celui qui troublera la paix de tous, sera en outre l’objet du courroux du Seigneur : « mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer ». La communauté est le lieu où s’épanouissent les petits que chérit le Seigneur, elle doit donc être protégée.

« Car tout homme sera salé au feu ». Mieux vaut amputer la main plutôt que tomber dans la géhenne où le feu ne s’éteint pas, car, en tous cas, tout homme passera par le feu purificateur de l’amour de Dieu. Il est inutile de s’attacher à nos membres, car nous passerons tous par l’épreuve purificatrice, pour notre bien et par délicatesse d’amour de notre Dieu. C’est de cet amour que le sel tient sa saveur et que l’homme tient sa valeur. Jésus parle, nous l’avons compris, de l’offrande volontaire de soi, du détachement de soi dans l’amour, il explique la Croix.

« C’est une bonne chose que le sel ; mais si le sel cesse d’être du sel, avec quoi allez-vous lui rendre sa force ? ». Le feu purificateur de l’amour de Dieu produit en l’homme la sagesse, la grâce, la pureté. Si le sel vient à s’affadir, si l’homme perd la grâce et la sagesse de Dieu, les relations dans la communauté sont mises en péril, la paix qui l’unit est compromise.

Le rapprochement avec la Passion que Jésus annonce sans que ses disciples comprennent, se dessine ainsi peu à peu. Par sa souffrance, Jésus va briser le mur de la haine et rassembler la famille de Dieu. Il le fait par amour de ses frères et par égard pour l’amour du Père pour ses enfants, les petits que le péché à asservi. Ainsi chacun de ses disciples. Dans la communauté à laquelle nous appartenons, la Croix est le chemin par lequel nous devons volontairement nous engager pour édifier avec le Seigneur l’unité de sa famille dans la charité. La paix de tous et le salut de chacun en dépendent.

Seigneur Jésus, donne-nous de mesurer la grandeur de ce que tu donnes à vivre, ouvre nos yeux à cette merveille qui ne saurait être comparée avec un attachement déplacé à nos mains, nos pieds et nos yeux qui nous conduisent loin de toi. Ainsi, acceptant d’être unis à toi sur la Croix, nous édifierons avec toi l’unité de ton Corps qui est l’Église. Merci de nous associer à cette œuvre de réconciliation qui produira en nous le sel qui donne son goût à la vie et qui permet de vivre dans la paix que partagent des frères.


Abbé Philippe Link / Merci!

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Bonne journée!

Jean-Yves 

mardi 22 février 2022

« Celui qui n’est pas contre nous est pour nous » /Quelques phrases du bréviaire du jour... / ( 379,430)

Bonjour!

Mercredi 23 février 2022



Voici la Parole de Dieu de ce jour... 

ÉVANGILE

« Celui qui n’est pas contre nous est pour nous » (Mc 9, 38-40)

Alléluia. Alléluia.
Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie, dit le Seigneur.
Personne ne va vers le Père sans passer par moi.
Alléluia. (Jn 14, 6)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

    En ce temps-là,
    Jean, l’un des Douze, disait à Jésus :
« Maître, nous avons vu quelqu’un
expulser les démons en ton nom ;
nous l’en avons empêché,
car il n’est pas de ceux qui nous suivent. »
    Jésus répondit :
« Ne l’en empêchez pas,
car celui qui fait un miracle en mon nom
ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ;
    celui qui n’est pas contre nous
est pour nous. »

            – Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

L’éducation des disciples ne fut pas chose aisée : Jésus avait choisi des hommes comme les autres, avec leurs qualités et leurs limites, pour ne pas dire leurs défauts. Ils vivaient incontestablement leur statut de disciple comme une promotion, un honneur ; d’autant plus que dans leur cas, c’était le Rabbi qui les avait choisis ! Il est clair que ces humbles pécheurs du lac de Galilée n’étaient pas disposés à perdre les prérogatives liées à leur état.

Dans les versets qui précèdent (9, 30-37), nous voyons comment Jésus tentait déjà, avec une infinie patience, d’élever leur motivation. Il les invitait à renoncer à toute recherche de pouvoir et de gloire personnelles, pour se mettre au service de ces petits auxquels Notre-Seigneur s’identifie et vers lesquels il les envoie.

Peine perdue : les disciples n’écoutent pas vraiment ce que Jésus leur dit. Il y a des questions plus urgentes à traiter que de s’occuper d’un enfant passant par là. Pensez donc : un inconnu a été surpris en flagrant délit d’appropriation du nom de leur Maître pour chasser des esprits mauvais ! Jean, « le fils du tonnerre » (Mc 3, 17) est scandalisé et inquiet : cet homme a empiété sur les pouvoirs qui leur sont réservés. Que leur restera-t-il si tout le monde se permet d’exercer leur ministère ?

Nous ne quittons décidément pas le terrain des jeux de pouvoir, qui se sont insinués non seulement entre les proches de Jésus, mais également dans les relations du groupe des disciples avec le monde extérieur. L’ironie du sort veut que cet « étranger » qui a osé se servir du nom du Maître pour chasser des esprits mauvais, a réussi son entreprise là où les disciples sont demeurés en échec – pensons à l’épisode de l’enfant sourd-muet et épileptique que les apôtres n’ont pas réussi à délivrer. Raison de plus pour empêcher ce concurrent d’agir : il va finir par faire de l’ombre aux ayant droits !

« Il n’est pas de ceux qui nous suivent » : l’expression trahit un décentrement qui n’est pas anodin : depuis quand s’agit-il de suivre les disciples et non le maître ? Ce lapsus ne trahirait-il pas une appropriation du ministère, voire de la personne de Jésus, récupérés au service de la vaine gloire de ses compagnons ?

L’humilité et la mansuétude de la réponse de Jésus tranche singulièrement sur le discours revendicateur et accusateur des disciples : « Si cet homme a pu prendre autorité sur les esprits mauvais en utilisant mon nom, c’est qu’il m’était étroitement uni par la foi. Grâce à cette communion, l’Esprit a pu coopérer efficacement à son action et obtenir la délivrance. Cette expérience sera incontestablement pour lui la confirmation du bien fondé de sa confiance en moi, et son attachement à ma personne s’en trouvera renforcé. Comment pourrait-il parler mal de moi, alors qu’il vient explicitement de puiser dans mon autorité pour faire le bien ? Il deviendra tout au contraire un messager de la Bonne Nouvelle du salut apporté en mon Nom. N’est-ce pas la mission que j’ai confiée à chacun de vous ? Réjouissez-vous donc avec moi de ce que l’action de l’Esprit déborde notre petit groupe ! »

Il est probable que le comportement quelque peu mesquin des disciples nous choque ; mais sommes-nous tellement différents d’eux dans nos pratiques quotidiennes ? Le Seigneur nous invite à nous réjouir du succès des autres, même de nos rivaux directs qui excellent avec facilité dans le domaine où nous nous efforçons péniblement à porter du fruit. Tout ce qui se fait de bien autour de nous ne peut se faire qu’avec l’aide de la grâce, et devrait donc susciter notre reconnaissance. Demandons à l’Esprit Saint de nous aider à prendre autorité sur tous nos sentiments négatifs : que notre louange chante plus fort que notre envie ; que notre admiration pour les dons de Dieu si largement répartis prévale sur notre jalousie ; que notre bénédiction accompagne les œuvres de nos « concurrents » afin qu’ils mettent toujours davantage leurs dons au service du plan de Dieu. C’est ainsi que nous serons véritablement disciples du Christ, nous réjouissant avec lui pour tout ce qui contribue à la gloire du Père et au bien de nos frères.

Seigneur j’ai honte en découvrant en moi tant de sentiments inavouables que je cachais tant bien que mal, mais que ta Parole dénonce impitoyablement. Merci de dévoiler au grand jour mon hypocrisie : je confesse ton Nom, tout en nourrissant des pensées de ressentiments envers ceux qui me font ombrage, et en préparant des stratégies d’exclusion de ceux qui me font obstacle… Donne-moi un cœur pur, que je puisse me réjouir du bien des autres, de leurs réussites, de leurs succès, sans que cette joie ne soit obscurcie par la tristesse qu’engendre ma jalousie. Libre de tout ressentiment, je pourrai alors reconnaître ta bonté et te louer en toutes circonstances, car tu es un Dieu bon ami des hommes.


Abbé Philippe Link / Merci!

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«Béni soit Dieu, le Père plein de tendresse, 
qui nous réconforte dans toutes nos détresses.»
(2 Col. 3-4)
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«Dieu tu es bon, Dieu qui pardonne,
 prends pitié de nous. Sauve-nous!»
(Liturgie des heures - Ce jour)
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«Chantez au Seigneur un chant nouveau, 
car il a fait des merveilles.»
(Liturgie des heures - Ce jour)
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Bonne journée!

Jean-Yves