mercredi 31 mars 2021

« Jésus ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout »/ (351,602)

 Bonjour!

Jeudi 1er avril 2021

Voici la Parole de Dieu de ce jour...



ÉvangiLE

« Il les aima jusqu’au bout » (Jn 13, 1-15)

Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus !
Je vous donne un commandement nouveau,
dit le Seigneur :
« Aimez-vous les uns les autres
comme je vous ai aimés. »
Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus ! (cf. Jn 13, 34)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Avant la fête de la Pâque,
sachant que l’heure était venue pour lui
de passer de ce monde à son Père,
Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde,
les aima jusqu’au bout.

Au cours du repas,
alors que le diable
a déjà mis dans le cœur de Judas, fils de Simon l’Iscariote,
l’intention de le livrer,
Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains,
qu’il est sorti de Dieu et qu’il s’en va vers Dieu,
se lève de table, dépose son vêtement,
et prend un linge qu’il se noue à la ceinture ;
puis il verse de l’eau dans un bassin.
Alors il se mit à laver les pieds des disciples
et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture.
Il arrive donc à Simon-Pierre,
qui lui dit :
« C’est toi, Seigneur, qui me laves les pieds ? »
Jésus lui répondit :
« Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ;
plus tard tu comprendras. »
Pierre lui dit :
« Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! »
Jésus lui répondit :
« Si je ne te lave pas,
tu n’auras pas de part avec moi. »
Simon-Pierre
lui dit :
« Alors, Seigneur, pas seulement les pieds,
mais aussi les mains et la tête ! »
Jésus lui dit :
« Quand on vient de prendre un bain,
on n’a pas besoin de se laver, sinon les pieds :
on est pur tout entier.
Vous-mêmes,
vous êtes purs,
mais non pas tous. »
Il savait bien qui allait le livrer ;
et c’est pourquoi il disait :
« Vous n’êtes pas tous purs. »

Quand il leur eut lavé les pieds,
il reprit son vêtement, se remit à table
et leur dit :
« Comprenez-vous
ce que je viens de faire pour vous ?
Vous m’appelez “Maître” et “Seigneur”,
et vous avez raison, car vraiment je le suis.
Si donc moi, le Seigneur et le Maître,
je vous ai lavé les pieds,
vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres.
C’est un exemple que je vous ai donné
afin que vous fassiez, vous aussi,
comme j’ai fait pour vous. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

« Jésus ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout », c’est-à-dire jusqu’au don de sa propre vie. C’est dans sa Passion désormais toute proche, que Notre-Seigneur s’apprête à nous manifester l’absolu de son amour. Cependant la présentation du quatrième évangile suggère que la charité divine nous est davantage encore révélée dans l’anticipation eucharistique du sacrifice rédempteur, qui nous assure sa permanence sacramentelle.

Au cœur de la Révélation de l’amour miséricordieux, se situe, comme son sommet indépassable, le Mystère de la très Sainte Eucharistie dans laquelle l’Agneau demeure disponible, en état d’immolation permanente, tel un sacrifice de propitiation toujours offert pour nos péchés.

Nous ne trouvons pas le récit de l’institution de l’Eucharistie dans l’évangile selon Saint Jean, pour la bonne raison qu’à la fin du premier siècle, celle-ci constituait déjà le cœur de la vie liturgique de la communauté. Mais les commentateurs sont unanimes pour interpréter le lavement des pieds comme un approfondissement du sens de ce que le Christ réalise pour nous dans chaque Messe. Il est d’ailleurs significatif que l’évangéliste situe la scène « au cours du repas », cette expression introduisant généralement les récits de l’institution de l’Eucharistie.

Or ce n’est pas au milieu du repas qu’on lave les pieds des convives, mais à leur arrivée et avant de passer à table. Interrompre la commensalité pour procéder aux ablutions est déjà pour le moins anachronique ; mais quand de plus c’est le président de table qui en prend l’initiative, la situation devient franchement choquante : n’y a-t-il plus assez de serviteurs ou d’esclaves pour remplir ce service qui leur revient ? Il est clair que Jésus a voulu intentionnellement focaliser l’attention sur ce geste pour lui donner un sens prophétique.

Cependant, le bouleversement hiérarchique suggéré par l’attitude de Jésus est franchement insupportable pour Pierre, et on le comprend. L’apôtre perd tous ses repères et ne sait plus comment réagir. Pensez donc : si dans une barque de pécheurs, le chef d’équipe lâchait la barre pour venir ramer avec les autres, l’embarcation ne chavirerait-elle pas ? Si le Maître prend la place du serviteur, lui, le disciple, où doit-il se situer ?

Déjà Simon-Pierre avait été sérieusement bousculé, et même profondément troublé, par les annonces de la Passion, mais cette fois s’en est trop : « Je t’en prie, Seigneur, reste à ta place : « non, tu ne me laveras pas les pieds, jamais ! »

Comment pourrions-nous supporter que le Très-Haut s’abaisse devant nous pour nous laver les pieds ? Comment consentir à une telle humiliation du Tout-Puissant, qui met radicalement en cause toutes nos conceptions de Dieu ?

Peut-être aussi l’attitude de Jésus exprime-t-elle avec une telle force le prix que nous avons à ses yeux, que cette prise de conscience nous est insupportable : nous pressentons bien la démesure entre le profond respect du Christ pour nous et l’abîme de péché qui nous habite.

Et pourtant, ce simple geste n’est rien à côté de ce que Jésus réalise pour chacun de nous dans chaque Eucharistie. Car c’est bien dans l’état d’esclave qu’il se propose à nous sous les apparences du Pain et du Vin : « Ceci est mon Corps livré pour vous ; mon Sang versé pour vous et pour la multitude, en rémission des péchés. » Sans rien exiger en retour, Jésus nous offre le mémorial de sa Passion pour que nous puissions bénéficier sans cesse du fruit de sa Rédemption.

Non, ce ne sont pas seulement nos pieds que Jésus veut laver : c’est tout entier qu’il veut nous purifier, en nous incorporant à lui par la communion eucharistique.

Telle est la logique déconcertante de la Croix : c’est en consentant à se laisser engloutir dans la gueule de la mort que Notre-Seigneur en triomphe ; de même c’est en se laissant incorporer dans notre humanité marquée par le péché, que Jésus nous libère, nous sauve, nous guérit. A chaque communion, nous permettons un peu plus au Seigneur de réaliser le mystère de l’incarnation rédemptrice dans notre vie personnelle : c’est bien réellement qu’il fait sa demeure dans nos cœurs, d’où il investit les facultés de notre âme, pour nous atteindre jusque dans notre corps, tant son union est personnelle et intégrale, et nous touche dans toutes les dimensions de notre être.

« C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous ».

Si le lavement des pieds pouvait nous laisser l’illusion d’un service transitoire, au terme duquel nous pourrions « rendre notre tablier » et reprendre notre indépendance, l’interprétation eucharistique du geste nous ramène à une toute autre réalité. Dans l’Eucharistie, Jésus demeure pour toujours en état d’oblation permanente. Le ministère de serviteur devrait donc être pour le chrétien un état permanent ; nous devrions être à chaque instant, comme Jésus eucharistie, dans un total renoncement à nous-mêmes et un engagement de tout notre être au service des autres : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ».

 Une telle exigence est bien sûr infiniment au-dessus de nos forces, le Seigneur le sait bien. C’est précisément pour cela qu’il a institué le sacrement de l’Eucharistie, afin de pouvoir lui-même accomplir en nous le précepte de l’amour. C’est en effet dans la mesure où nous nous unissons au Cœur eucharistique du Christ, que nous lui permettons d’opérer ce débordement « ad extra » de l’amour trinitaire, que nous appelons charité fraternelle.

Que ce triduum pascal soit pour nous l’occasion de faire un examen de conscience sur notre hiérarchie de valeurs : « Vous m’appelez “Maître” et “ Seigneur ” et vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous ». Heureux celui qui entend ces paroles et les met en pratique : il est déjà ressuscité, car seul l’Esprit du Christ peut accomplir en nous les préceptes qu’il nous confie.


Abbé Philippe Link - Merci!

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PENSÉES DU JOUR PAR YVAN MORIN
Mercredi, le 31 mars 2021
Oriente le jeune au départ de sa ligne, il ne fera plus d’écarts jusqu’à ses vieux jours. Plein de parents sont portés à oublier la grandeur de leur métier de parents, d’éducateurs. On a l’impression que de mettre au monde des enfants, ça ne vaut pas le coup en comparaison d’une carrière et pourtant, si j’avais à choisir entre les valeurs reçues de mes parents sans instruction et les valeurs que mes meilleurs professeurs d’université m’ont données, je choisirais de beaucoup l’héritage de mes parents sans instruction. Le respect de Dieu, le sens du travail, le courage devant les difficultés, la prévoyance, le respect du pain et de toute nourriture, ce sont des valeurs que je n’ai pas apprises dans les livres mais à la maison familiale. Oriente le jeune au départ, il ne fera plus d’écarts jusqu’à ses vieux jours. Bonne journée.
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Bonne journée!

Jean-Yves Fortin, diacre


mardi 30 mars 2021

« Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit ; mais malheureux celui par qui il est livré ! » / (351,495)

Bonjour!

Mercredi 31 mars 2021

«Soyons le vitrail où chante le soleil!»
(Maurice Zundet)
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Voici la Parole de Dieu de ce jour... 

ÉVANGILE

« Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit ; mais malheureux celui par qui il est livré ! » (Mt 26, 14-25)

Louange à toi, Seigneur,
Roi d’éternelle gloire !
Salut, ô Christ notre Roi :
obéissant au Père,
comme l’agneau vers l’abattoir
tu te laisses conduire à la croix.
Louange à toi, Seigneur,
Roi d’éternelle gloire !
+

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là,
          l’un des Douze, nommé Judas Iscariote,
se rendit chez les grands prêtres
          et leur dit :
« Que voulez-vous me donner,
si je vous le livre ? »
Ils lui remirent trente pièces d’argent.
          Et depuis, Judas cherchait une occasion favorable
pour le livrer.

          Le premier jour de la fête des pains sans levain,
les disciples s’approchèrent et dirent à Jésus :
« Où veux-tu que nous te fassions les préparatifs
pour manger la Pâque ? »
          Il leur dit :
« Allez à la ville, chez untel,
et dites-lui :
“Le Maître te fait dire :
Mon temps est proche ;
c’est chez toi que je veux célébrer la Pâque
avec mes disciples.” »
          Les disciples firent ce que Jésus leur avait prescrit
et ils préparèrent la Pâque.

          Le soir venu,
Jésus se trouvait à table avec les Douze.
          Pendant le repas, il déclara :
« Amen, je vous le dis :
l’un de vous va me livrer. »
          Profondément attristés,
ils se mirent à lui demander, chacun son tour :
« Serait-ce moi, Seigneur ? »
          Prenant la parole, il dit :
« Celui qui s’est servi au plat en même temps que moi,
celui-là va me livrer.
                   Le Fils de l’homme s’en va,
comme il est écrit à son sujet ;
mais malheureux celui
par qui le Fils de l’homme est livré !
Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né,
cet homme-là ! »
          Judas, celui qui le livrait,
prit la parole :
« Rabbi, serait-ce moi ? »
Jésus lui répond :
« C’est toi-même qui l’as dit ! »

                 – Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

Alors que Judas mène ses tractations secrètes avec les chefs des prêtres, Jésus révèle au grand jour leur complot : « L’un de vous va me livrer ». Judas marchande avec les ennemis du Seigneur sur le prix de sa trahison ; Jésus annonce qu’il livre sa vie gratuitement : « Ma vie nul ne la prend mais c’est moi qui la donne » (Jn 10, 17). Judas est à l’affût d’une occasion favorable pour livrer son Maître ; Notre-Seigneur prend l’initiative et déclare : « Mon temps est proche. L’heure est venue : voici que le Fils de l’homme va être livré aux mains des pécheurs » (Mc 14, 41). 

Les hommes tendent leurs filets, croyant saisir Jésus à l’improviste, mais ils n’auraient aucun pouvoir sur lui, si cela ne leur avait pas été donné d’en haut (cf. Jn 19, 11). Certes, « il vient le Prince de ce monde », c’est lui qui est déjà à l’œuvre à travers ces complots mortels ; « mais il n’a aucun pouvoir » sur Jésus (cf. Jn 14, 30). Notre-Seigneur, parfaitement uni à son Père dans l’Esprit, maîtrise le déroulement des événements qui conduisent à un rythme accéléré vers la Passion.

Cette maîtrise n’est cependant pas en vue d’une « reprise en main » d’une initiative qui lui aurait échappé. Jésus n’utilise la connaissance infuse qu’il possède sur l’évolution du drame, que pour consentir librement à chaque étape de son déroulement, pour répondre à chaque action négative menée contre lui, par une parole d’amour sur laquelle la vague déferlante de haine vient s’écraser sans parvenir à l’ébranler.

Si Jésus avertit ses apôtres : « Amen je vous le dis : l’un de vous va me livrer », ce n’est pas pour jeter le trouble, ni invoquer sur lui l’apitoiement. Mais pour avertir les disciples de tous les temps des ruses de l’ennemi qui rôde comme un lion, cherchant qui dévorer (cf. 1 P 5, 8). Ce qu’il suggère dans les ténèbres, Jésus le révèle au grand jour afin que nous puissions nous appuyer sur cette connaissance pour combattre victorieusement « fermes dans la foi ».

« Puisque tu as voulu, Seigneur, que ton Fils fût crucifié pour nous afin de nous arracher au pouvoir de Satan, mets en œuvre ta miséricorde, pour qu’en célébrant la Passion de ton Fils, nous entrions dans son mystère d’amour et puissions recevoir la grâce de la résurrection » (Or. d’ouv. et Or. sur les offr.).


Abbé Philippe Link / Merci!

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«Être chrétien, c'est croire à la résurrection du Christ. 

Nous ne sommes pas chrétiens 

parce que nous croyons au péché, à la croix,

 à la souffrance et à la mort, 

mais parce que nous croyons au pardon, 

à la joie, à la libération, à la résurrection 

et à la vie.»

(Louis Évely)

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Bonne journée!

Jean-Yves Fortin, diacre

lundi 29 mars 2021

« L’un de vous me livrera… Le coq ne chantera pas avant que tu m’aies renié trois fois » / Messe chrismale... / ( 351,381)

 Bonjour!

Mardi 30 mars 2021


Photo prise en fin de semaine dernière
 par un ami qui est à Lormes, en France. - Merci!
Chez-lui il est toujours question de pandémie, mais pas de neige...
(B. Lecomte)
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Voici la Parole de Dieu de ce jour...

ÉVANGILE

« L’un de vous me livrera… Le coq ne chantera pas avant que tu m’aies renié trois fois » (Jn 13, 21-33.36-38)

Louange à toi, Seigneur,
Roi d’éternelle gloire !
Salut, ô Christ, notre Roi :
obéissant au Père ;
comme l’agneau vers l’abattoir,
tu te laisses conduire à la croix.
Louange à toi, Seigneur,
Roi d’éternelle gloire !

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là,
au cours du repas que Jésus prenait avec ses disciples,
          il fut bouleversé en son esprit,
et il rendit ce témoignage :
« Amen, amen, je vous le dis :
l’un de vous me livrera. »
          Les disciples se regardaient les uns les autres avec embarras,
ne sachant pas de qui Jésus parlait.
          Il y avait à table, appuyé contre Jésus,
l’un de ses disciples, celui que Jésus aimait.
          Simon-Pierre lui fait signe de demander à Jésus
de qui il veut parler.
          Le disciple se penche donc sur la poitrine de Jésus
et lui dit :
« Seigneur, qui est-ce ? »
          Jésus lui répond :
« C’est celui à qui je donnerai la bouchée
que je vais tremper dans le plat. »
Il trempe la bouchée,
et la donne à Judas, fils de Simon l’Iscariote.
          Et, quand Judas eut pris la bouchée,
Satan entra en lui.
Jésus lui dit alors :
« Ce que tu fais, fais-le vite. »
          Mais aucun des convives ne comprit
pourquoi il lui avait dit cela.
          Comme Judas tenait la bourse commune,
certains pensèrent que Jésus voulait lui dire
d’acheter ce qu’il fallait pour la fête,
ou de donner quelque chose aux pauvres.
          Judas prit donc la bouchée, et sortit aussitôt.
Or il faisait nuit.

          Quand il fut sorti, Jésus déclara :
« Maintenant le Fils de l’homme est glorifié,
et Dieu est glorifié en lui.
                   Si Dieu est glorifié en lui,
Dieu aussi le glorifiera ;
et il le glorifiera bientôt.

                   Petits enfants,
c’est pour peu de temps encore
que je suis avec vous.
Vous me chercherez,
et, comme je l’ai dit aux Juifs :
“Là où je vais,
vous ne pouvez pas aller”,
je vous le dis maintenant à vous aussi. »

          Simon-Pierre lui dit :
« Seigneur, où vas-tu ? »
Jésus lui répondit :
« Là où je vais,
tu ne peux pas me suivre maintenant ;
tu me suivras plus tard. »
          Pierre lui dit :
« Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te suivre à présent ?
Je donnerai ma vie pour toi ! »
          Jésus réplique :
« Tu donneras ta vie pour moi ?
Amen, amen, je te le dis :
le coq ne chantera pas
avant que tu m’aies renié trois fois. »

                        – Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

Le « cas » de Judas est troublant. Certes, il a trahi la confiance de son Maître ; il l’a lâchement vendu pour quelques pièces d’argent. Mais que se serait-il passé s’il était demeuré fidèle ? Y aurait-il eu un autre « Judas » ? Un autre apôtre aurait-il trahi le Seigneur ? Mais alors, s’il fallait nécessairement quelqu’un qui le dénonce pour que Jésus puisse sauver les hommes par sa mort rédemptrice, le pauvre traître – dont on ne sait plus trop s’il est coupable ou victime ! – serait-il prédestiné à cette redoutable « mission » ?

Nous pourrions sans aucun doute allonger la liste de ce genre de questions encombrantes : et si les responsables religieux ne s’étaient pas obstinés dans leur refus de reconnaître en Jésus le Messie, comment aurait-il accompli la Pâque ? Quelle est la part de responsabilité de Caïphe ou de Pilate ? Ont-ils agi librement ou étaient-ils manipulés par la « Providence » divine qui conduisait les événements de manière à ce que « le Fils de l’Homme soit élevé de terre, et puisse tout attirer vers lui » ?

Nous pressentons bien que ces questions vont rester sans réponse. Il est hors de question que les acteurs du drame n’aient été que des pantins entre les mains de Dieu : si celui-ci se permettait d’annuler ainsi la liberté des hommes pour faire aboutir ses projets, n’eût-il pas été plus simple et plus logique de les empêcher de pécher ? Cela nous aurait évité bien des ennuis et eut épargné à Jésus les horreurs de la Croix.

Il est sans doute plus sage de renoncer à vouloir « rationaliser » le mystère. Le drame de la Passion est un tout, une action unique à laquelle concourent nombre de libertés. Jésus lui-même souligne que les responsabilités sont inégalement partagées : « Celui qui m’a livré à toi est chargé d’un péché plus grave » (Jn 19, 11). Le comparatif signifie clairement que Pilate est responsable, même si les juifs qui lui ont livré Jésus le sont davantage. Il faut sans doute en dire autant pour tous les acteurs, à commencer par Judas. C’est librement qu’il a trahi celui qui l’avait choisi pour « être avec lui », et qui jusqu’au bout lui manifestera une amitié de prédilection. Offrir une bouchée après l’avoir trempée dans le plat commun est en effet un geste par lequel le Maître de maison honore particulièrement un convive de marque. Or l’évangéliste précise que c’est précisément « quand Judas eut pris la bouchée, que Satan entra en lui ». Ce qui suggère que Judas a reconnu l’intention de Jésus, mais a délibérément refusé de s’ouvrir à son amour : « quand il eut pris la bouchée, il sortit aussitôt ; il faisait nuit »…

N’est-ce pas parce qu’il nous révèle le « poids » de notre propre liberté – et donc de notre responsabilité – que ce récit de la trahison nous met mal à l’aise ? Si nous parvenions à épuiser les raisons du choix de Judas, peut-être pourrions-nous nous convaincre que nous ne sommes pas de son camp et que nous ne risquons pas de le suivre dans sa voie fatale ? Mais comme les questions demeurent ouvertes, nous nous sentons tout à coup extrêmement vulnérables : et si moi aussi je venais à trahir ? Peut-être comme Pierre protestons-nous vivement devant cette éventualité : « Seigneur, je donnerai ma vie pour toi » ; et nous sommes sans aucun doute sincères en le disant. Mais savons-nous de quoi sera fait demain ? « Amen, amen, je te le dis : le coq ne chantera pas avant que tu ne m’aies renié trois fois ». 

La différence entre Judas et Pierre, est que le premier est sorti de la présence de Jésus et s’est enfoncé dans les ténèbres de la mort, alors que le second, même au cœur de sa trahison, est resté dans le rayonnement de la miséricorde du Seigneur : « Se retournant, Jésus posa son regard sur Pierre ; et Pierre se rappela la parole que le Seigneur lui avait dite. Il sortit et pleura amèrement » (Lc 22, 61-62).

Puisse Dieu notre Père nous garder fidèles ; et si par malheur nous aussi nous venions à trahir Jésus, que l’Esprit Saint nous accorde les larmes d’un sincère repentir.


Abbé Philippe Link / Merci!

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Quand vient le combat,

 il nous faut être proche du Seigneur.


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Bonne journée!

Jean-Yves 



Merci!

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Messe chrismale...

Aujourd'hui, à 14 h 00 sera célébrée

la messe chrismale

par notre évêque, 

Mgr Pierre Goudreault.

La messe chrismale c'est la messe solennelle 

durant laquelle l'évêque consacre les huiles 

qui serviront, durant l'année, 

pour l'administration des sacrements 

du baptême, de l'ordre et des malades dans les paroisses.

Cette année, à cause de la pandémie, 

cette messe sera réservée 

aux prêtres, diacres et épouses 

de même qu'aux agentes de pastorale 

qui renouvelleront leurs engagements 

au service de l'Église diocésaine.

Il y aura aussi un représentant 

de chacune des 52 paroisses du diocèse. 

Bonne célébration! 

Prions les uns pour les autres.

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dimanche 28 mars 2021

« Laisse-la observer cet usage en vue du jour de mon ensevelissement ! / (351,261)

 Bonjour!

Lundi 29 mars 2021


Voici la Parole de Dieu de ce jour...

ÉVANGILE

« Laisse-la observer cet usage en vue du jour de mon ensevelissement ! » (Jn 12, 1-11)


Louange à toi, Seigneur,
Roi d’éternelle gloire !
Salut, ô Christ, notre Roi :
toi seul as pris en pitié nos égarements.
Louange à toi, Seigneur,
Roi d’éternelle gloire !

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Six jours avant la Pâque,
Jésus vint à Béthanie où habitait Lazare,
qu’il avait réveillé d’entre les morts.
          On donna un repas en l’honneur de Jésus.
Marthe faisait le service,
Lazare était parmi les convives avec Jésus.

          Or, Marie avait pris une livre d’un parfum très pur
et de très grande valeur ;
elle répandit le parfum sur les pieds de Jésus,
qu’elle essuya avec ses cheveux ;
la maison fut remplie de l’odeur du parfum.
          Judas Iscariote, l’un de ses disciples,
celui qui allait le livrer,
dit alors :
                   « Pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum
pour trois cents pièces d’argent,
que l’on aurait données à des pauvres ? »
          Il parla ainsi, non par souci des pauvres,
mais parce que c’était un voleur :
comme il tenait la bourse commune,
il prenait ce que l’on y mettait.
          Jésus lui dit :
« Laisse-la observer cet usage
en vue du jour de mon ensevelissement !
                   Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous,
mais moi, vous ne m’aurez pas toujours. »

          Or, une grande foule de Juifs apprit que Jésus était là,
et ils arrivèrent, non seulement à cause de Jésus,
mais aussi pour voir ce Lazare
qu’il avait réveillé d’entre les morts.
          Les grands prêtres décidèrent alors
de tuer aussi Lazare,
          parce que beaucoup de Juifs, à cause de lui,
s’en allaient, et croyaient en Jésus.

                        – Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

Étrange coutume que celle d’embaumer les morts ! Il ne s’agissait pas seulement de les oindre de parfum pour atténuer l’odeur nauséabonde de la décomposition progressive du corps inanimé. L’embaumement était un art subtil et très onéreux, réservé aux personnages importants tels que les rois et les membres de leur famille. Les momies des pharaons retrouvés intactes dans les pyramides après autant de siècles, suscitent encore notre émerveillement.

Mais pourquoi faire tant de cas d’une dépouille mortelle ? Il faut sans doute interpréter cet acte de piété comme une protestation contre la mort et une expression du désir d’immortalité qui nous habite tous. Comment les égyptiens auraient-ils pu accepter que le corps de leur pharaon se décompose alors qu’ils le tenaient pour un être divin ?

Sur cet arrière-fond, le geste de Marie risque de devenir franchement déplacé : embaumer un vivant est pour le moins morbide ! Pourtant, contre toute attente, Jésus confirme l’interprétation funéraire de son geste : prenant la défense de la sœur de Lazare et de Marthe contre Judas qui lui reprochait cette dépense inconsidérée, Notre-Seigneur tout au contraire approuve l’initiative de Marie : « Il fallait qu’elle garde ce parfum pour le jour de mon ensevelissement ». Le lien avec la Passion est explicite ; il avait d’ailleurs déjà été suggéré par l’évangéliste dans la précision temporelle au début de la péricope : « Six jours avant la Pâque ». Mais alors comment Jésus peut-il confirmer un geste à ce point anachronique ?

L’approbation du Seigneur nous pousse à chercher un sens plus profond à cette action déconcertante. Marie, avec l’intuition sûre de l’amour, a interprété la réanimation de son frère comme le signe de la victoire de Jésus sur cette mort si redoutée. Dès lors son geste est une confession de foi qui répond à la question que Jésus avait posée à sa sœur quelques jours plus tôt : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et tout homme qui vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » (Jn 11, 25-26).

Si Jésus est la résurrection, alors son corps ne risque pas de connaître la corruption ; il est dès lors inutile de garder ce baume précieux pour en oindre un cadavre sur lequel la mort n’aura aucun pouvoir : mieux vaut l’offrir au Vivant comme une onction d’allégresse.

Les effluves nauséabonds qui empêchaient d’ouvrir le tombeau de Lazare – « Seigneur il sent déjà ! » – cèdent la place à « l’odeur du parfum qui remplit la maison » de la vie victorieuse et de la fraternité retrouvée.

Tel est le grand miracle que le Seigneur est venu accomplir pour chacun de nous : il a arraché le voile de deuil et de tristesse qui recouvrait notre visage ; il nous a libérés de la gueule de la mort qui nous tenait enfermés dans la peur ; il nous a ouvert les portes de la vie.

Désencombrés de cette angoisse mortelle, nous pouvons nous aussi verser « sur les pieds de Jésus le parfum très pur et de grande valeur » de notre amour, et remplir « la maison » de l’Église de la bonne odeur de nos œuvres de charité. Alors de grandes foules, apprenant que le Seigneur est au milieu de nous, viendront pour voir les prémisses de cette humanité nouvelle, arrachée à la mort du péché, et rétablie dans sa capacité d’aimer.


Abbé Philippe Link / Merci!

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Qu'est-ce que j'ai fait de mon ardeur?

Est-ce que le Seigneur m'inspire toujours?

Soyons à l'écoute de l'Esprit Saint en nous 

qui nous inspire...

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«Comme sous la neige veille le printemps,
 dans l'hiver du monde germe le renouveau.»
(Armand Ory)
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Bonne journée!

Jean-Yves Fortin, diacre


samedi 27 mars 2021

Dimanche des Rameaux / Passion de notre Seigneur Jésus Christ (Mc 15, 1-39) + Réflexion de Mgr Pierre Goudreault... / (351,152)

Bonjour!

Dimanche des Rameaux 

28 avril 2021

Voici la Parole de Dieu de ce dimanche... 

LECTURE BRÈVE

ÉVANGILE

Passion de notre Seigneur Jésus Christ (Mc 15, 1-39)

La Passion de notre Seigneur Jésus Christ selon saint Marc

L. Dès le matin,
les grands prêtres convoquèrent les anciens et les scribes,
et tout le Conseil suprême.
Puis, après avoir ligoté Jésus,
ils l’emmenèrent et le livrèrent à Pilate.
          Celui-ci l’interrogea :
A. « Es-tu le roi des Juifs ? »
Jésus répondit :
X  « C’est toi-même qui le dis. »
          L. Les grands prêtres multipliaient contre lui les accusations.
          Pilate lui demanda à nouveau :
A. « Tu ne réponds rien ?
Vois toutes les accusations qu’ils portent contre toi. »
          L. Mais Jésus ne répondit plus rien,
si bien que Pilate fut étonné.
          À chaque fête,
il leur relâchait un prisonnier,
celui qu’ils demandaient.
          Or, il y avait en prison un dénommé Barabbas,
arrêté avec des émeutiers
pour un meurtre qu’ils avaient commis lors de l’émeute.
          La foule monta donc chez Pilate, et se mit à demander
ce qu’il leur accordait d’habitude.
          Pilate leur répondit :
A. « Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ? »
          L. Il se rendait bien compte
que c’était par jalousie que les grands prêtres l’avaient livré.
          Ces derniers soulevèrent la foule
pour qu’il leur relâche plutôt Barabbas.
              Et comme Pilate reprenait :
A. « Que voulez-vous donc que je fasse de celui
que vous appelez le roi des Juifs ? »,
          L. de nouveau ils crièrent :
F. « Crucifie-le ! »
          L. Pilate leur disait :
A. « Qu’a-t-il donc fait de mal ? »
L. Mais ils crièrent encore plus fort :
F. « Crucifie-le ! »
          L. Pilate, voulant contenter la foule,
relâcha Barabbas
et, après avoir fait flageller Jésus,
il le livra pour qu’il soit crucifié.

          Les soldats l’emmenèrent à l’intérieur du palais,
c’est-à-dire dans le Prétoire.
Alors ils rassemblent toute la garde,
          ils le revêtent de pourpre,
et lui posent sur la tête une couronne d’épines qu’ils ont tressée.
          Puis ils se mirent à lui faire des salutations, en disant :
F. « Salut, roi des Juifs ! »
          L. Ils lui frappaient la tête avec un roseau,
crachaient sur lui,
et s’agenouillaient pour lui rendre hommage.
          Quand ils se furent bien moqués de lui,
ils lui enlevèrent le manteau de pourpre,
et lui remirent ses vêtements.

Puis, de là, ils l’emmènent pour le crucifier,
          et ils réquisitionnent, pour porter sa croix,
un passant, Simon de Cyrène, le père d’Alexandre et de Rufus,
qui revenait des champs.
          Et ils amènent Jésus au lieu dit Golgotha,
ce qui se traduit : Lieu-du-Crâne (ou Calvaire).
          Ils lui donnaient du vin aromatisé de myrrhe ;
mais il n’en prit pas.
          Alors ils le crucifient,
puis se partagent ses vêtements,
en tirant au sort pour savoir la part de chacun.
          C’était la troisième heure (c’est-à-dire : neuf heures du matin)
lorsqu’on le crucifia.
          L’inscription indiquant le motif de sa condamnation
portait ces mots :
« Le roi des Juifs ».
          Avec lui ils crucifient deux bandits,
l’un à sa droite, l’autre à sa gauche.
          Les passants l’injuriaient en hochant la tête ;  ils disaient :
F. « Hé ! toi qui détruis le Sanctuaire et le rebâtis en trois jours,
                        sauve-toi toi-même, descends de la croix ! »
          L. De même, les grands prêtres se moquaient de lui avec les scribes,
en disant entre eux :
A. « Il en a sauvé d’autres,
et il ne peut pas se sauver lui-même !
                        Qu’il descende maintenant de la croix, le Christ, le roi d’Israël ;
alors nous verrons et nous croirons. »
L. Même ceux qui étaient crucifiés avec lui l’insultaient.

          Quand arriva la sixième heure (c’est-à-dire : midi),
l’obscurité se fit sur toute la terre
jusqu’à la neuvième heure. 
          Et à la neuvième heure,
Jésus cria d’une voix forte :
X  « Éloï, Éloï, lema sabactani ? »,
L. ce qui se traduit :
X  « Mon Dieu, mon Dieu,
pourquoi m’as-tu abandonné ? » 
          L. L’ayant entendu,
quelques-uns de ceux qui étaient là disaient :
F. « Voilà qu’il appelle le prophète Élie ! »
          L. L’un d’eux courut tremper une éponge dans une boisson vinaigrée,
il la mit au bout d’un roseau, et il lui donnait à boire,
en disant :
A. « Attendez ! Nous verrons bien
si Élie vient le descendre de là ! »
          L. Mais Jésus, poussant un grand cri,
expira.
(Ici on fléchit le genou et on s’arrête un instant)

          Le rideau du Sanctuaire se déchira en deux,
depuis le haut jusqu’en bas.
          Le centurion qui était là en face de Jésus,
voyant comment il avait expiré, déclara :
A. « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu ! »

          – Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

Il est d’usage, lors du dimanche des Rameaux, de rentrer en procession avec l'assemblée pour commémorer l’entrée de Jésus à Jérusalem. Dans l’Évangile proclamé juste au début de la procession, Jésus est désigné comme « Celui qui vient au nom du Seigneur » pour restaurer enfin la royauté promise à David pour sa descendance. Jésus est donc bien le Messie attendu par Israël, ce roi humble, juste et victorieux, qui restaurera la cité sainte de Jérusalem. En lui se réalise pleinement la prophétie messianique de Zacharie ; « Crie de joie, fille de Jérusalem ! Voici ton roi qui vient à toi : il est juste et victorieux, humble, monté sur un ânon tout jeune » (Za 9, 9).

L’atmosphère qui ressort du récit évangélique est joyeuse et festive, et derrière les chants d’acclamations qui accompagnent l’entrée du Christ dans la ville sainte s’annonce déjà son triomphe définitif sur la mort et le péché durant la nuit pascale. L’espérance d’être sauvés et de ressusciter avec lui pour vivre dans la Patrie céleste de sa vie divine se trouve ainsi mise devant nos yeux.

Mais le climat change avec les lectures de la messe qui mettent en relief les conditions nécessaires pour que ce triomphe puisse s’opérer. Comme le dit Saint Bernard : « Si la gloire céleste se trouve présentée dans la procession, dans la messe se trouve manifestée quelle route nous devrons emprunter pour la posséder ».

Cette route que nous pouvons contempler dans la personne même du Christ est celle de l’abaissement et de l’humilité, celle de l’obéissance filiale, de l’abandon entre les mains du Père, celle du don total par amour jusqu’à mourir sur la Croix.

L’hymne de l’épître aux Philippiens (Cf. 2ème lecture) est peut-être le passage qui nous décrit cela de la façon la plus aboutie : « Le Christ Jésus, lui qui était dans la condition de Dieu, n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix. »

Oui, Jésus est bien le Messie – Serviteur souffrant, annoncé par le prophète Isaïe, qui ne s’est pas révolté, qui ne s’est pas dérobé ; qui a présenté son dos à ceux qui le frappaient, et ses joues à ceux qui lui arrachaient la barbe ; qui n’a pas protégé son visage des outrages et des crachats (Cf. 1ère lecture). Mais c’est par ses souffrances que nous sommes sauvés, souffrances qui ne sont que le prolongement de son acte d’obéissance parfaite au Jardin des Oliviers.

Car c’est bien là que se joue notre salut. En communiant humainement à la volonté divine du Père, Jésus rétablit notre nature humaine dans une relation filiale avec le Père, filiation qui avait précisément été refusée dans l’acte même du péché originel.

En choisissant d’entrer dans sa Passion et de la vivre jusqu’au bout, il exprime son abandon total entre les mains de son Père. Par le « oui » qu’il donne humainement à un moment où la délibération de tout homme serait infléchie au maximum vers le refus, Jésus nous sauve en accomplissant dans une nature humaine l’existence filiale parfaite.

Nous touchons ici le paradoxe de tous les paradoxes. Comment, le Fils de Dieu pourrait-il nous sauver au travers d’une telle vulnérabilité ? Cela nous ne pourrons le comprendre qu’au pied de la Croix, après avoir suivi Jésus durant sa Passion. Alors avec le Centurion romain, ce païen, nous pourrons confesser : « Vraiment cet homme était Fils de Dieu » (Mc 15, 39). Ce n’est qu’après que la Passion avec ses violences, ses délations, trahisons et défections, ait fait s’écrouler toutes les fausses idées humaines que nous avions pu projeter sur la messianité de Jésus, que nous pourrons réellement découvrir dans la foi le mystère de sa personne et de sa mission pour y adhérer de toute notre cœur, de toute notre âme et de toute notre force.

La foule en liesse s’est amassée pour saluer Jésus qui entrait à Jérusalem. Mais la même foule qui criait « Hosanna » et « Béni soit celui qui vient » criera « Crucifie-le » ! Il y a dans la vie des moments où il est facile de se laisser entraîner à suivre et à acclamer Jésus. Le Dimanche des Rameaux fait partie de ces moments. Mais saurons-nous reconnaître le visage du Christ dans notre quotidien ? Le suivrons-nous lorsque ce choix impliquera de porter la Croix ? Les textes de ce dimanche nous invitent à nous interroger sur notre attachement au Christ. Nous le reconnaissons et l’acclamons comme notre Roi, notre Sauveur, notre Rédempteur. Notre attitude devant la Croix, quand elle se proposera à nous, sera pourtant révélatrice de ce que représentent réellement pour nous ces titres que nous lui attribuons. Suivre le Roi d’humilité implique d’avancer sur le chemin de l’amour et du don total de soi.

Sans prétendre y arriver tout de suite, nous ne devons pourtant pas perdre de vue cette finalité et prendre les moyens pour la rejoindre. Les textes de ce jour nous apprennent que le plus fondamental peut-être c’est d’entrer toujours davantage dans la même intimité, la même communion de volonté avec Jésus que celle qu’il entretenait avec son Père. C’est une invitation à prier toujours plus et toujours plus intensément. C’est, en effet, dans la prière seule, comme Jésus à Gethsémani, que nous trouverons la force de choisir et non pas de subir nos croix dans le don total de nous-mêmes. L’enjeu est de taille car c’est ici que se joue l’avènement du Royaume de Dieu.

Seigneur, fais-nous la grâce, durant cette semaine sainte, d’être renouvelés dans notre attachement à ta personne. Fais-nous la grâce de savoir te contempler et t’écouter dans ta Passion, t’écouter parler à notre cœur, t’écouter nous dire : « Tu comptes beaucoup pour moi».


Abbé Philippe Link / Merci!

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Réflexion de Mgr Pierre Goudreault,

évêque du diocèse de Sainte-Anne.


Dimanche des Rameaux...

Nous commençons la Semaine sainte et nous entrons dans le mystère de la passion, de la mort et de la résurrection du Christ: "C'est fait; l'heure est venue: voici que le Fils de l'homme est livré..." (Mc 14,41). Quand la croix s'élève dans nos vies, rappelons-nous ce que Paul Claudel a dit un jour: "Dieu n'est pas venu supprimer la souffrance. Il n'est pas venu l'expliquer. Il est venu pour la remplir de sa présence". Sachons que le Seigneur se fait proche de nous. De même, réconfortons les autres. Je vous souhaite une bonne Semaine sainte sur les pas de Jésus.

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Bonne journée!

Bonne Semaine Sainte.

Jean-Yves Fortin, diacre.