mardi 31 octobre 2023

« Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! » / (444,232)

 Bonjour!

Mercredi 1er novembre 2023

LA TOUSSAINT



Voici la Parole de Dieu de ce jour...

ÉVANGILE

« Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! » (Mt 5, 1-12a)

Alléluia. Alléluia.
Venez à moi,
vous tous qui peinez sous le poids du fardeau,
dit le Seigneur,
et moi, je vous procurerai le repos.
Alléluia. (Mt 11, 28)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là,
    voyant les foules, Jésus gravit la montagne.
Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui.
    Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait.
Il disait :
    « Heureux les pauvres de cœur,
car le royaume des Cieux est à eux.
    Heureux ceux qui pleurent,
car ils seront consolés.
    Heureux les doux,
car ils recevront la terre en héritage.
    Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice,
car ils seront rassasiés.
    Heureux les miséricordieux,
car ils obtiendront miséricorde.
    Heureux les cœurs purs,
car ils verront Dieu.
    Heureux les artisans de paix,
car ils seront appelés fils de Dieu.
    Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice,
car le royaume des Cieux est à eux.
    Heureux êtes-vous si l’on vous insulte,
si l’on vous persécute
et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous,
à cause de moi.
    Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse,
car votre récompense est grande dans les cieux ! »

    – Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

La Toussaint atteste qu’à la fin de notre existence terrestre la vie n’est pas détruite : elle est transformée. Tous nous sommes appelés à ressusciter un jour avec le Christ, à être associés à sa gloire éternelle, à son bonheur sans fin. « Ce que nous serons ne paraît pas encore clairement ; mais nous le savons : lorsque le Fils de Dieu paraîtra, nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est » (2nd lect.).

Avec tous les saints, c’est-à-dire tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont accepté de se laisser saisir et transformer par l’amour rédempteur, nous exulterons devant la face de Dieu : « Ils étaient cent quarante-quatre-mille, douze mille de chacune des douze tribus d’Israël, foule immense que nul ne pouvait dénombrer, de toutes nations, races, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, en vêtements blancs, avec des palmes à la main. Et ils proclamaient d’une voix forte : “Le salut est donné par notre Dieu, lui qui siège sur le Trône, et par l’Agneau !” » (1ère lect.).

Les saints sont des hommes et des femmes comme nous, qui ont « traversé la grande épreuve ; et qui ont lavé leurs vêtements, les ont purifiés dans le sang de l’Agneau » (Ibid.) ; ce sont des pécheurs qui se sont livrés à la miséricorde divine. L’Esprit a enfanté des saints à toutes les époques ; les uns sont plus connus, d’autres sont demeurés cachés : ce sont ces derniers que nous fêtons tout particulièrement aujourd’hui. Humbles mères de familles qui dans l’ombre se sont usées à la tâche, pères qui se sont tout donnés pour faire vivre leur foyer envers et malgré tous les revers de fortune, malades qui ont enduré en silence leurs souffrances du corps ou de l’âme, et bien plus largement : tous les pauvres de cœur, les doux, ceux qui pleurent, ceux qui ont faim et soif de la justice, les miséricordieux, les artisans de paix, les persécutés pour la justice, les témoins de l’Évangile insultés pour leur appartenance au Christ : « En eux tous, Dieu lui-même nous parle, il nous donne un signe de son Royaume et nous y attire puissamment, tant est grande la nuée de témoins qui nous enveloppent (cf. He 12, 1) et tant la vérité de l’Évangile se trouve attestée » (Vatican II, Constitution dogmatique sur l’Église : Lumen Gentium, 50).

Le terme de « saints » peut nous faire peur : peut-être l’avons-nous associé à bien des tribulations assumées héroïquement, ou à une ascèse surhumaine, bref à une participation à la Croix qui dépasse nos forces. Saint Jean utilise un autre terme, sans doute plus apte à éveiller notre désir et à stimuler notre générosité : il présente la sainteté comme l’aboutissement de notre cheminement vers la filiation divine : « Voyez comme il est grand l’amour dont le Père nous a comblés : il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu, et nous le sommes » (2nd lect.). Ce germe de vie divine nous a été donné gratuitement le jour de notre baptême ; aussi « dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu » (Ibid.) ; notre responsabilité consiste à veiller sur la croissance de notre vie théologale en la nourrissant par la prière et les sacrements, et en demeurant fidèles à Notre-Seigneur Jésus-Christ : « tout homme qui fonde sur lui l’espérance de lui devenir semblable, se rend pur comme lui-même est pur » (Ibid.).

À l’origine de l’Église, la communion des saints signifiait l’unité de ceux qui avaient part aux réalités saintes que sont le baptême et l’eucharistie – ainsi que les autres sacrements – et qui, de ce fait, communiaient dans une même sanctification reçue du Christ. Dieu lui-même a voulu établir avec lui et entre nous, ainsi qu’avec tous ceux qui nous ont précédés, cette communion de vie dans la même foi et dans le même Esprit. « Il a plu à Dieu, enseigne le concile Vatican II, que les hommes ne reçoivent pas la sanctification et le salut séparément, hors de tout lien mutuel » (LG, 9), mais en nous unissant à lui, il nous a restauré dans une fraternité universelle qui unit dès à présent l’Église du ciel et de la terre : « nous sommes concitoyens des saints, nous sommes de la famille de Dieu » confirme saint Paul (Ep 2, 19).

De même que les mérites des saints nous appartiennent, le fruit de nos bonnes actions, par la grâce de Dieu, peut rejaillir sur nos frères qui au-delà du voile de la mort, poursuivent leur chemin de purification. C’est pourquoi dimanche nous ferons monter nos prières vers Dieu pour nos défunts, afin que purifiés des dernières séquelles du péché, ils puissent prendre leur place « autour du Trône, des Anciens et des quatre Vivants, et adorer Dieu en chantant avec eux sa louange.

La meilleure manière de vivre la communion des saints est encore de commencer à l’incarner avec nos proches, en vivant les béatitudes au quotidien, dans la conscience qu’une âme qui s’élève élève le monde et rejaillit jusqu’au ciel.

Dieu éternel et tout-puissant, tu nous donnes de célébrer dans une même fête la sainteté de tous les élus ; puisqu’une telle multitude intercède pour nous, réponds à nos désirs, accorde-nous largement tes grâces : quand tu nous auras sanctifiés dans la plénitude de ton amour, fais-nous passer de cette table où tu nous as reçus en pèlerins, au banquet préparé dans ta maison, par Jésus, le Christ, notre Seigneur.

Abbé Philippe Link / Merci!

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Méditation

Catherine Motte

Catherine Motte

Lille

Le Royaume est là

Écouter la méditation
Bizarres ces Béatitudes et ce sermon sur la montagne... Le Christ promet le ciel à tous les souffrants, les pauvres, les malheureux, les tristes et les persécutés, les assoiffés de justice. Dieu nous voudrait-il malheureux ? Il faudrait subir tous ces tourments pour espérer atteindre le Royaume de Dieu ? Plus tard, le Christ ajoute qu’« il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille, qu’à un riche de rentrer dans le Royaume de Dieu ». (Mt 19, 25). Alors là, le Royaume devient inatteignable pour les chrétiens qui ont un peu d'argent de côté ! Et puis, c’est quand le Royaume des Cieux ? Notre récompense ne viendra-t-elle qu’après des souffrances, des tortures... Après la mort ? Belle affaire !

Mais voilà, un jour tout s’éclaire, Dieu se présente à moi. Alors que je me sens si vulnérable, si pauvre, si désespérée, sans ressource, si ce n’est ce cri poussé vers le ciel, dans l'espoir qu’il ne soit pas vide. Dans la fragilité, dans l’humilité, nait le désir de se tourner vers plus grand que soi et de demander une aide. Alors dans cette rencontre de deux désirs, le mien et celui de Dieu, grandit la foi, naît cet échange amoureux, cette communion avec Dieu… et je comprends enfin ces Béatitudes !
Le Royaume de Dieu, c’est maintenant ! Ce Royaume est déjà dans cette intimité avec Dieu, au creux de mes entrailles, là où Dieu m’attendait, là où il vient me cueillir au tréfond de ma pauvreté. Dieu merci, nous avons tous nos pauvretés ! Nous pouvons rejoindre ce Royaume où les saints, que nous fêtons aujourd’hui, nous ont précédés.                                     

Pensées pour l'évangile d'aujourd'hui

  • « La divinité est pureté, elle est libération des passions et élimination de tout mal : si tout cela est en toi, alors Dieu est réellement en toi » (Saint Grégoire de Nazianze)

  • « Nous ne sommes pas seuls ; nous sommes entourés d’une grande nuée de témoins : avec eux nous formons le Corps du Christ » (Benoît XVI)

  • « La sixième béatitude proclame : "Bienheureux les cœurs purs car ils verront Dieu" (Mt 5,8). Les "cœurs purs" désignent ceux qui ont accordé leur intelligence et leur volonté aux exigences de la sainteté de Dieu, principalement en trois domaines : la charité, la chasteté ou rectitude sexuelle, l’amour de la vérité et l’orthodoxie de la foi. Il existe un lien entre la pureté du cœur, du corps et de la foi » (Catéchisme de l’Eglise Catholique, n° 2.518

Bonne journée!

Jean-Yves

lundi 30 octobre 2023

« La graine a poussé, elle est devenue un arbre » / Servir Dieu rend l'homme libre comme lui... / (444187)

 + de 100 visites depuis hier!

 Merci! 

Continuons de faire connaître la Parole de Dieu. 

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Bonjour!

Mardi 31 octobre 2023

Voici la Parole de Dieu de ce jour...


   ÉVANGILE   

« La graine a poussé, elle est devenue un arbre » (Lc 13, 18-21)

Alléluia. Alléluia.
Tu es béni, Père,
Seigneur du ciel et de la terre,
tu as révélé aux tout-petits
les mystères du Royaume !
Alléluia. (cf. Mt 11, 25)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
    Jésus disait :
« À quoi le règne de Dieu est-il comparable,
à quoi vais-je le comparer ?
    Il est comparable à une graine de moutarde
qu’un homme a prise et jetée dans son jardin.
Elle a poussé, elle est devenue un arbre,
et les oiseaux du ciel ont fait leur nid dans ses branches. »
    Il dit encore :
« À quoi pourrai-je comparer le règne de Dieu ?
    Il est comparable au levain
qu’une femme a pris et enfoui dans trois mesures de farine,
jusqu’à ce que toute la pâte ait levé. »

    – Acclamons la Parole de Dieu.

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   Commentaire...

Jésus est maître dans l’art d’utiliser les scènes ou les images de la vie courante pour exprimer les mystères du Royaume. Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus en utilise deux pour nous révéler l’essence du règne de Dieu.

La comparaison qu’il fait de ce dernier à une graine de moutarde exprime tout à la fois l’enfouissement, la mort mais aussi la force de vie dont les effets sont sans commune mesure par rapport à ce que l’on pourrait s’attendre. Qui pourrait imaginer, en effet, qu’une petite semence d’à peine un millimètre puisse s’épanouir en un arbuste de presque trois mètres de haut !

Dans le même sens, l’image du levain est aussi très suggestive. Une petite poignée, mélangée le soir à trois mesures de farine (environ 36 litres), donnera au matin le pain pour toute une famille. Sans que personne n’y fasse attention, la pâte aura levé toute la nuit sous l’effet de cette infime quantité de levain.

A travers ces deux paraboles, c’est toute la vie du Christ que nous retrouvons. Car le règne de Dieu c’est d’abord le Christ. Jésus, en se désignant lui-même, ne dit-il pas à ses apôtres : « le règne de Dieu est au milieu de vous » ? Règne de Dieu aux commencements modestes, parole de vie semée dans les cœurs d’un petit groupe d’apôtres, illustres inconnus aux yeux des grands du monde de cette époque. Parole appelée à mourir durant l’épreuve de la passion. Parole enfouie trois jours dans le tombeau, mais qui dans la nuit de cet enfouissement va peu à peu lever pour laisser éclater au grand jour sa force de vie. Résurrection appelée à déployer sa puissance dans le cœur de tous ceux qui se laisseront irriguer par la rosée de l’Esprit de Pentecôte.

C’est ainsi qu’a germé l’arbre de l’Église, corps du Christ, qui unit le ciel et la terre et qui permet à tout homme de découvrir que sa véritable demeure se trouve dans le cœur du Père. L’arbre du règne de Dieu a déployé ses branches jusqu’aux extrémités de la terre offrant à tout homme de pouvoir trouver refuge à l’ombre de la miséricorde divine.

Cet arbre de l’Église devra toujours se rappeler ses débuts insignifiants pour ne pas s’enorgueillir et croire qu’il s’est construit lui-même. Ses ramures qui s’étendent pour rejoindre tout homme sur cette terre ne devront jamais lui faire perdre de vue qu’un tel déploiement ne résulte que de ce que ses racines sont plongées au cœur même de la Trinité. Cet acte de mémoire le rendra alors fort contre les vents de tempête qui, s’ils ne manqueront pas de le faire vaciller, ne pourront jamais le faire tomber.

Ce qui est vrai de l’Église, l’est aussi de tout chrétien. Que cette Eucharistie nous permette de nous enraciner toujours plus profondément en Dieu. Nous serons alors sûr que nous porterons un fruit de vie éternelle.

Abbé Philippe Link / Merci!

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HYMNE du jour dans la liturgie des heures

   POUR QUE L'HOMME SOIT UN FILS  

D. Rimaud — CNPL

Pour que l'homme soit un fils à son image,
Dieu l'a travaillé au souffle de l'Esprit :
Lorsque nous n'avions ni forme ni visage,
Son amour nous voyait libres comme lui.

Nous tenions de Dieu la grâce de la vie,
Nous l'avons tenue captive du péché :
Haine et mort se sont liguées pour l'injustice
Et la loi de tout amour fut délaissée.

Quand ce fut le jour, et l'heure favorable,
Dieu nous a donné Jésus, le Bien-Aimé :
L'arbre de la croix indique le passage
Vers un monde où toute chose est consacrée.

Qui prendra la route vers ces grands espaces ?
Qui prendra Jésus pour Maître et pour ami ?
L'humble serviteur a la plus belle place !
Servir Dieu rend l'homme libre comme lui.

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  Bonne  journée!  

  Jean-Yves   



dimanche 29 octobre 2023

« Cette fille d’Abraham, ne fallait-il pas la délivrer de ce lien le jour du sabbat ? » / Esprit de Dieu... / Abbaye Val-Notre-Dame... / (444,085)

 Bonjour!

Lundi 30 octobre 2023

Voici la Parole de Dieu de ce jour...

ÉVANGILE

« Cette fille d’Abraham, ne fallait-il pas la délivrer de ce lien le jour du sabbat ? » (Lc 13, 10-17)

Alléluia. Alléluia.
Ta parole, Seigneur, est vérité ;
dans cette vérité, sanctifie-nous.
Alléluia. (cf. Jn 17, 17ba)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
    Jésus était en train d’enseigner dans une synagogue,
le jour du sabbat.
    Voici qu’il y avait là une femme, possédée par un esprit
qui la rendait infirme depuis dix-huit ans ;
elle était toute courbée
et absolument incapable de se redresser.
    Quand Jésus la vit, il l’interpella et lui dit :
« Femme, te voici délivrée de ton infirmité. »
    Et il lui imposa les mains.
À l’instant même elle redevint droite
et rendait gloire à Dieu.

    Alors le chef de la synagogue, indigné
de voir Jésus faire une guérison le jour du sabbat,
prit la parole et dit à la foule :
« Il y a six jours pour travailler ;
venez donc vous faire guérir ces jours-là,
et non pas le jour du sabbat. »
    Le Seigneur lui répliqua :
« Hypocrites !
Chacun de vous, le jour du sabbat,
ne détache-t-il pas de la mangeoire son bœuf ou son âne
pour le mener boire ?
    Alors cette femme, une fille d’Abraham,
que Satan avait liée voici dix-huit ans,
ne fallait-il pas la délivrer de ce lien le jour du sabbat ? »

    À ces paroles de Jésus,
tous ses adversaires furent remplis de honte,
et toute la foule était dans la joie
à cause de toutes les actions éclatantes qu’il faisait.

            – Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

Il peut paraître étonnant qu’une femme possédée soit admise dans un lieu de prière. Mais la place réservée aux femmes dans la synagogue est un peu à l’écart. De plus, rien dans le comportement de cette infirme ne laisse présager la cause de son mal, que l’évangéliste révèle d’amblée au lecteur, anticipant l’explicitation que Jésus donnera en fin de récit.

Le nombre « dix-huit » est mentionné par deux fois, au début et à la fin de la péricope, de part et d’autre du nombre « six » : la femme est liée depuis « dix-huit ans » – c’est-à-dire trois fois « six » ans – et le chef de la synagogue reproche à la foule de venir se faire guérir le jour du sabbat plutôt qu’un des « six » jours réservés au travail. Or le jour du sabbat est le septième jour, celui du repos de Dieu, et plus encore celui du repos de la création tout entière en Dieu. En clair : l’esprit mauvais qui a lié la femme à la terre depuis trois fois six ans, l’empêche d’atteindre le septième jour. Tel est le triste état de notre pauvre humanité, qui a perdu le sens de son existence depuis qu’elle s’est coupée de Dieu par son péché. Nous avons beau multiplier nos efforts tout au long des trois âges de notre vie, nous demeurons prisonniers de l’incomplétude (« six »), nous n’atteignons pas notre finalité en Dieu (« sept »).

C’est sur l’horizon de cet échec, que surgit Notre-Seigneur en guerrier vainqueur. Prenant autorité sur l’esprit mauvais, il délivre la femme, anticipant en elle le fruit de sa Pâque ; puis lui imposant les mains, il lui communique l’Esprit. Ce faisant, il la rétablit dans sa dignité filiale, il la restaure à « l’image de Dieu ». C’est en ces termes que l’on traduit habituellement l’expression hébraïque qui apparaît en Gn 1,27, et qui signifie littéralement « Dieu créa l’homme debout, en position droite », c’est-à-dire la position dans laquelle la femme se trouve restaurée après l’intervention de Jésus.

L’évangéliste précise : « et elle rendait gloire à Dieu ». Telle est précisément l’activité réservée au sabbat. L’indignation du chef de la synagogue est donc d’autant plus malvenue, que loin de transgresser le précepte, la guérison accomplie par Jésus permet tout au contraire de l’observer. Mais au lieu de juger l’arbre aux fruits et d’entrer avec la femme dans l’action de grâce pour le miracle accompli, cet homme réduit l’intervention de Notre-Seigneur à un « travail » de thaumaturge. Voilà pourquoi Jésus rectifie son propos en précisant qu’il s’agit d’une libération, c’est-à-dire d’une action que Dieu seul peut accomplir : aurait-il donc la prétention de reprocher à Dieu d’agir un jour de sabbat ?

L’interpellation « esprits faux » – au pluriel – indique que le chef de la synagogue n’est que l’interprète de la désapprobation générale manifestée par les pharisiens présents à l’événement. Notre-Seigneur leur reproche leur duplicité : en hommes religieux, versés dans les Écritures, ils savent fort bien que la Loi permet de « détacher le jour du sabbat son bœuf ou son âne de la mangeoire pour le mener à boire ». Jésus poursuit l’argumentation « a fortiori » qu’il affectionne particulièrement : « d’autant plus fallait-il délier cette fille d’Abraham des liens auxquels Satan l’avait assujettie, pour la conduire aux sources vives de l’Esprit, afin qu’elle y étanche sa soif de vie divine ! »

Seigneur, depuis que le péché dominait sur nous, comme cette femme, nous étions tournés vers la terre, absolument incapables de nous redresser et de lever les yeux vers le ciel. Mais tu nous as aimés et tu t’es livré pour nous en offrant à Dieu le sacrifice qui pouvait lui plaire. Ne permets pas que nous reprenions notre ancien esclavage, mais maintenant qu’en toi nous sommes devenus lumière, donne-nous de vivre comme des fils de lumière.

Abbé Philippe Link / Merci!

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Méditation

Frère Yves Habert

Frère Yves Habert

Couvent du Saint-Nom-de-Jésus à Lyon

Délivre-nous


Nous imaginons sans trop de peine cette femme courbée et Luc précise qu’elle est prise par un esprit depuis dix-huit ans ! Elle est l’image de tout ce qui, en nous, est écrasé par le poids de sa destinée ou de son péché. Mais, en face, se tient le Christ. Devant ce type de souffrance, il n’attend même pas qu’elle lui demande la guérison. D’ailleurs, cette femme ne demande même pas à être redressée. Elle s’est habituée.

Quand le Christ voit la personne rendue incapable de prendre son avenir en main, il prend lui-même l’initiative de guérir. C’est comme dans un accident où le secouriste pose les gestes qui sauvent. Il n’y a pas de « comment cela a-t-il pu se faire ? », mais un geste, l’imposition des mains, et une parole. C’est comme un sacrement. Alors, à partir du moment où la femme reçoit ce signe libérateur du Christ, elle se redresse et se relève. Désormais, avec le Christ, elle peut se tenir debout devant le Père, et contempler Dieu face à face. Et que fait-elle alors ? Elle loue le Seigneur de toute sa hauteur de créature libérée !

Pensées pour l'évangile d'aujourd'hui

  • « Le vrai temple du Christ c’est l’âme des fidèles : ornez ce sanctuaire, embellissez-le, déposez-y vos offrandes et recevez le Christ. A quoi bon décorer les murs de pierres précieuses, si le Christ meurt de faim dans la personne d’un pauvre ? » (Saint Jérôme)

  • « Les docteurs de la loi ont réprimandé Jésus, parce qu’il a guéri le jour du Sabbat. Il a fait du bien le jour du Sabbat. Mais l’amour de Jésus était de donner la santé, faire le bien. Et c’est le principal, toujours » (François)

  • « Libération et salut. Par sa Croix glorieuse, le Christ a obtenu le salut pour tous les hommes. Il les a rachetés du péché qui les détenait en esclavage […] » (Catéchisme de l’Eglise Catholique, n° 1.741)

HYMNE du jour 

(Liturgie des heures)

 ESPRIT DE DIEU, TRÈS PUR AMOUR

J. Cl. Renard — Le Seuil

Esprit de Dieu, très pur Amour,
Descends dans notre nuit obscure ;
Le temps nous tient, la chair nous dure,
Esprit de feu, très pur Amour !

Cœur du Très-Haut, soleil du Christ,
Console-nous du grand hiver ;
Transforme avec nous l’univers,
Vigne de grâce, Hôte infini !

Esprit de Dieu, très pur Amour,
Descends dans notre nuit obscure ;
La soif nous tient, la mort nous dure,
Esprit de vie, très pur Amour !

Notre âme attend, notre âme a faim,
Sage conseil, ô Vérité,
De voir dans la pleine clarté
Le fruit parfait de tes desseins !

Esprit de Dieu, très pur Amour,
Descends dans notre nuit obscure ;
Destin nous tient, douleur nous dure,
Esprit de paix, très pur Amour !

Unique Amour, fais-nous ta proie,
Plie notre orgueil, panse nos plaies ;
De ta vigueur viens nous brûler,
Souffle de Dieu, Flamme de joie !

Esprit de Dieu, très pur Amour,
Descends dans notre nuit obscure ;
La chair nous tient, le temps nous dure,
Esprit du ciel, très pur Amour !

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Bonne journée!


La Montage Ronde...
Nous avons de la neige ce matin...
(Photo: Yvone Tremblay - Merci!)
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Jean-Yves


Abbaye - Val-Notre-Dame
Salutations à Mgr Yvon Joseph Moreau
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samedi 28 octobre 2023

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, et ton prochain comme toi-même » / (444,049)

 Bonjour!

Dimanche 29 octobre 2023 

Voici la Parole de Dieu de ce jour...


ÉVANGILE

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, et ton prochain comme toi-même » (Mt 22, 34-40)

Alléluia. Alléluia.
Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, dit le Seigneur ;
mon Père l’aimera, et nous viendrons vers lui.
Alléluia. (Jn 14, 23)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

    En ce temps-là,
    les pharisiens,
apprenant que Jésus avait fermé la bouche aux sadducéens,
se réunirent,
    et l’un d’entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus
pour le mettre à l’épreuve :
    « Maître, dans la Loi,
quel est le grand commandement ? »
    Jésus lui répondit :
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu
de tout ton cœur,
de toute ton âme et de tout ton esprit.
    Voilà le grand, le premier commandement.
    Et le second lui est semblable :
Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
    De ces deux commandements
dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. »

    – Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

Que savons-nous de l’amour, sinon ces petits riens de tous les jours qui transfigurent notre vie, ces mille et un instants qui nous font comprendre notre petitesse et deviner que l’essentiel est invisible à nos yeux ? Que savons-nous de l’amour, sinon que nous avons le désir d’aimer, que seuls, nous ne savons pas aimer et qu’un autre peut nous apprendre à aimer. Mais qui est-il cet autre qui rendra mon désir juste et vrai ? Cet autre qui me délivrera de mon égoïsme farouche ? Cet autre qui m’apprendra à aimer en me laissant aimer ?
Qui sinon toi, Seigneur Jésus ?

Oui, Seigneur Jésus, apprends-moi à aimer comme tu as aimé Marie-Madeleine avec ses passions et ses errances, ses larmes et ses soupirs ; comme tu as aimé Jean le disciple bien-aimé penché sur ton cœur ; comme tu as aimé Judas le traître qui par un baiser te livra ; comme tu as aimé toute cette foule d’hommes et de femmes, tous plus perdus les uns que les autres, Cananéenne ou Samaritaine, publicains ou lépreux, que tu rends à eux-mêmes et aux autres parce qu’un jour, éperdument, ils se sont remis à Toi.

Oui, Seigneur Jésus, seul je ne sais pas aimer, mais en te contemplant, j’apprends à aimer. Je découvre qu’aimer n’est possible que parce que l’amour que je donne est un amour reçu. L’amour que je donne me précède. Aimer, c’est d’abord accueillir l’amour que tu me portes le premier. Je ne peux aimer que parce que je suis aimé par toi.

Du coup, aimer mon frère prend une tout autre dimension qu’une relation simplement humaine. En aimant mon frère, je rejoins l’amour que toi, mon Dieu, tu lui portes le premier. En aimant mon frère, tu viens lui dire, par moi, combien tu l’aimes. Toute relation d’amour devient théophanie, manifestation de ta présence, Seigneur mon Dieu. Une relation d’amour ne se vit pas à deux mais à trois. « Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous ; en nous, son amour est accompli » (1 Jn 4,12).

Aimer mon prochain est donc une expérience spirituelle. C’est l’application concrète du premier des commandements : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu ».
Tu sais très bien, Seigneur, qu’aimer un Dieu qu’on ne voit pas peut vite nous faire tomber dans l’illusion si nous ne savons pas aimer le frère que l’on voit (1 Jn 4,20). « Voilà le commandement que nous avons reçu : que celui qui aime Dieu aime aussi son frère » (1 Jn 4,21).
Deux amours qui ne font qu’un.

Mais comment aimer ? « Suivez la voie de l’amour à l’exemple du Christ » nous dit Paul (Ep 5,2).
Aimer, c’est aller plus loin que la simple générosité. L’amour nous invite à nous donner nous-mêmes. L’amour accepte que la croix soit plantée en nous. Il n’y a pas d’amour vrai sans offrande de soi, sans mort à soi-même. « Nul n’a de plus grand amour que celui-ci : donner sa vie pour ses amis » (Jn 15,13). Sainte-Thérèse de Lisieux le dit magnifiquement : « Aimer, c’est tout donner et se donner soi-même ».

Si l’amour nous fait mourir, c’est pour renaître à une vie nouvelle. L’amour nous humanise et humanise l’être aimé. L’amour transfigure celui que j’aime. L’amour me permet de voir plus loin que ce qu’il montre de lui. L’amour le rend aimable. L’amour lui permet de devenir lui-même, d’atteindre sa pleine mesure d’humanité. L’amour libère l’amour en l’être aimé. En aimant, je pourrai être aimé en retour.

Quel témoignage que l’amour partagé ! « À l’amour que vous aurez les uns pour les autres, on vous reconnaîtra pour mes disciples » (Jn 13,34-35).
L’amour partagé dit Dieu. Que nos familles, nos communautés soient des lieux d’amour pour dire Dieu au monde. L’amour est évangélisateur. Il est missionnaire !
Tout passera mais « l’amour ne passera jamais » (1Co 13,8).

Seigneur Jésus, fais-moi la grâce de ton Esprit-Saint, qu’il délivre mon cœur de tout refus et de toute fermeture à l’autre, qu’il ouvre mes yeux pour contempler l’Amour en toi et toi en mes frères. Que je puisse m’écrier comme Thérèse : « Ma vocation, je l’ai trouvée. Au cœur de l’Église ma mère, je serai l’amour ».

Abbé Philippe Link - Merci! 

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Bon dimanche!

Jean-Yves