mardi 31 mai 2022

Père saint, garde-les unis dans ton nom... / « Ne m’abandonne pas alors que décline ma vigueur. » (Ps. 70) / (386,174)

Bonjour!

Mercredi 1er juin 2022


Photo: Rocher Percé, en Gaspésie.
Merci à Louise Cardin pour la photo.

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Voici la Parole de Dieu de ce jour... 

(Jn 17,11b-19): Père saint, garde-les unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes. Quand j’étais avec eux, je les gardais unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné. J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte de sorte que l’Écriture soit accomplie.

Et maintenant que je viens à toi, je parle ainsi, dans le monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés. Moi, je leur ai donné ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi je n’appartiens pas au monde. Je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais. Ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi, je n’appartiens pas au monde. Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité. De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. Et pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité.».  
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Commentaire... 

Jésus prie afin que nous demeurions fidèles au « Nom » de son Père, ce nom qu’il « a reçu en partage ». Le nom désigne l’être même de la personne nommée ; Jésus révèle donc qu’il participe à la plénitude de l’Etre et du pouvoir divins de son Père. Ce qui nous entraîne au cœur du mystère trinitaire : les trois Personnes divines partagent la même Substance ; elles ne diffèrent que par les « relations subsistantes » (saint Augustin) qu’elles entretiennent à l’intérieur de cette unique Substance divine. Il n’y a pas trois substances – ce qui conduirait à trois dieux individuels – mais trois relations subsistantes qui définissent trois Personnes : celle du Père, du Fils et de l’Esprit Saint.

Demeurer fidèles au Nom du Père, c’est-à-dire garder la foi en sa paternité, n’est pour nous possible qu’en demeurant fidèles au Fils qui partage son Nom. Cette fidélité n’est pas uniquement une affaire de constance dans un engagement verbal – comme peut l’être la fidélité à un serment. Il s’agit d’infiniment plus, puisqu’elle conduit à nous établir dans l’unité avec le Fils comme lui-même est en parfaite communion avec le Père. L’analogie trinitaire que le Seigneur suggère lui-même, nous fait pressentir qu’en adhérant au Christ dans la foi, nous lui sommes substantiellement unis, comme lui-même ne constitue qu’un seul Etre avec son Père.

« Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi, a la vie éternelle » (Jn 6, 47) ; c’est-à-dire : il participe à ma propre vie divine filiale. Or pour devenir participant de la vie d’un Autre, il faut nécessairement lui être uni corporellement. Ne confessons-nous pas que par la foi et le baptême, nous sommes incorporés en Christ ? Ceci est encore plus perceptible dans le sacrement de l’Eucharistie, qui constitue pour cette raison l’accomplissement de toute la démarche sacramentelle : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle. En effet, ma chair est la vraie nourriture et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui » (Jn 6, 56). 

Jésus ne craint pas d’insister sur la mystérieuse analogie entre son union ineffable au Père en tant que Fils unique, et notre union à lui en tant que disciples : « De même que je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi » (Jn 6, 57). Le Verbe a pris chair de notre chair, pour que par cette communion à notre nature créée, il puisse nous introduire dans la communion à sa nature incréée. Mais comme lui-même vit de la vie même du Père avec lequel il ne fait qu’un, nous-mêmes nous sommes dès lors unis substantiellement au Père par et dans le Fils.

Tel est le statut paradoxal du chrétien : greffé sur la Sainte Vigne du Père, participant de sa toute-puissance, il demeure pourtant fragile et sujet au péché. La vie divine en nous est sans cesse menacée par notre vie naturelle, qui s’insurge contre cette vie étrangère menaçant son hégémonie. Jésus le sait, il connaît notre combat ; c’est pourquoi il affirme : « J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu ; et maintenant que je viens à toi, Père, je te demande de les garder du Mauvais ».

La seule manière pour Dieu de s’assurer de notre fidélité, c’est de nous prendre sous ses ailes ; ou pour le dire dans un langage plus théologique, de nous « consacrer » à son service. Étymologiquement, con-sacrum ou con-sanctum signifie en effet : être mis par Dieu auprès de lui, « avec lui ». C’est précisément le ministère confié par le Père à l’Esprit de sainteté : nous couvrir de son ombre pour que nous soyons à l’abri sous la nuée divine. « Consacre-les par la vérité », c’est-à-dire « consacre-les dans l’Esprit de vérité ».

Et pour que Celui-ci puisse descendre et reposer sur nous, Jésus ajoute : « Je me consacre moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, consacrés par la vérité ». Jésus ira jusqu’au bout de son chemin de solidarité et d’identification avec nous, descendant jusque dans notre mort, afin que par sa résurrection, nous soyons introduit par lui, avec lui et en lui, dans l’onction spirituelle qui l’unit au Père. Dès lors, à la Pentecôte l’Esprit ne descend pas sur des inconnus, mais sur ceux qu’il connaît déjà dans le Fils, pour les « consacrer eux aussi par la vérité ».

Seigneur Jésus, tu as partagé notre vie pour nous donner part à la tienne ; tu as versé ton sang afin de nous introduire, saints et immaculés, en présence de Dieu ton Père. Ne laisse pas “les loups féroces s’introduire” dans notre bergerie. Ils sont légions de nos jours “les hommes qui tiennent des discours mensonger pour entraîner les disciples à leur suite” (1ère lect.) ! Demande encore à ton Père d’envoyer sur nous l’Esprit de vérité, qu’il nous guide vers la vérité toute entière (cf. Jn 16, 13) et nous garde vigilants dans le combat spirituel, afin de ne rien perdre du message de grâce qui nous est confié. Car il est vie éternelle pour tout homme qui croit.


Abbé Philippe Link / Merci!

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Photo: Jean-Yves
Dans des jardins de Louise...
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« Ne m’abandonne pas alors que décline ma vigueur. »


(Dans le discours du pape François, ce jour.) 

(Psaume 70)


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Bonne journée!

Jean-Yves 


lundi 30 mai 2022

« D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » / Quelques citations de Mgr Maurice Couture... / (386,137)

 Bonjour!

Mardi 31 mai 2022

Voici la Parole de Dieu de ce jour...



ÉVANGILE

« D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » (Lc 1, 39-56)

Alléluia. Alléluia.
Heureuse es-tu, Vierge Marie,
toi qui as cru que s’accompliraient pour toi
les paroles du Seigneur.
Alléluia. (cf. Lc 1, 45)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

    En ces jours-là,
Marie se mit en route et se rendit avec empressement
vers la région montagneuse, dans une ville de Judée.
    Elle entra dans la maison de Zacharie
et salua Élisabeth.
    Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie,
l’enfant tressaillit en elle.
Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint,
    et s’écria d’une voix forte :
« Tu es bénie entre toutes les femmes,
et le fruit de tes entrailles est béni.
    D’où m’est-il donné
que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?
    Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles,
l’enfant a tressailli d’allégresse en moi.
    Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles
qui lui furent dites de la part du Seigneur. »

    Marie dit alors :
« Mon âme exalte le Seigneur,
        exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !    
    Il s’est penché sur son humble servante ;
désormais tous les âges me diront bienheureuse.
    Le Puissant fit pour moi des merveilles ;
Saint est son nom !
    Sa miséricorde s’étend d’âge en âge
sur ceux qui le craignent.
    Déployant la force de son bras,
il disperse les superbes.
    Il renverse les puissants de leurs trônes,
il élève les humbles.
    Il comble de biens les affamés,
renvoie les riches les mains vides.
    Il relève Israël son serviteur,
il se souvient de son amour
    de la promesse faite à nos pères,
en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. »

    Marie resta avec Élisabeth environ trois mois,
puis elle s’en retourna chez elle.

     – Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

La liturgie de ce jour est un hymne à la joie. Depuis l’antienne d’ouverture, qui nous invite à nous rassembler pour écouter tout ce que le Seigneur a fait pour Marie et pour nous, jusqu’à l’oraison conclusive dans laquelle l’Eglise « magnifie son Seigneur pour tant de merveilles », toutes les lectures et prières nous invitent à « rester dans la ferveur de l’Esprit » (1ère lect.) en un cantique d’action de grâce qui rejoint le Magnificat de la Vierge Marie.

Saint Luc a ouvert son évangile par l’annonce à Zacharie de la naissance du Précurseur (1, 5-25). L’Ange révèle d’amblée que l’enfant « sera rempli de l’Esprit Saint dès avant sa naissance » (1, 15). Sa venue demeure cependant discrète : son père est privé de la parole pour ne pas avoir cru au message de l’Ange (1, 20) et sa mère « garde le secret pendant cinq mois » (1, 24). Après un moment d’intense émotion, le silence tombe à nouveau sur le foyer de Zacharie, mais un silence vibrant d’une joie et d’une attente secrète.

L’Annonce faite à Marie se déroule également dans le secret du cœur de la Vierge : « l’Ange entra chez elle et dit ». Aucune allusion à une vision : discrétion oblige. Tout se concentre dans un échange de paroles entre le Messager céleste et l’humble jeune fille de Nazareth.

C’est le récit de la Visitation qui va tout à la fois rapprocher les deux événements, les articuler, et les faire sortir de l’ombre, ou plutôt de la nuée qui les abritait. L’évangéliste ne met en scène ni Zacharie, ni Joseph ; ce qui réduit à quatre le nombre des acteurs : les deux mères et les deux enfants. Encore qu’on ne puisse pas vraiment compter l’enfant Jésus parmi les acteurs : il est question de lui – il est même au centre de l’événement – mais il n’agit pas directement. Il est présent comme « le Seigneur », présidant la rencontre depuis le sein de sa mère, où il réside comme en son Temple.

Par contre il est un cinquième acteur, qui bien qu’invisible, est cependant le plus actif de tous : l’Esprit Saint. C’est lui qui lance la jeune Marie sur la route, qui « remplit (de sa présence) Élisabeth » et lui donne de parler, et c’est encore lui bien sûr qui inspire à Marie son cantique d’action de grâce. Dès les évangiles de l’enfance, nous pressentons le rôle primordial que jouera l’Esprit dans la vie de l’Église naissante : après l’Ascension, quoiqu’invisible et silencieux, Jésus ressuscité est réellement présent en elle, l’accompagnant sur les routes de la mission sous la conduite de l’Esprit.

La joie est le trait commun de tous ceux qui ont été touchés par l’Esprit : Élisabeth ne peut croire au bonheur qui lui incombe par la visite de la mère de son Seigneur ; Jean-Baptiste tressaille d’allégresse en son sein ; et Marie exalte son Seigneur, son esprit exulte en Dieu son Sauveur. Quant à l’enfant Jésus, lui qui est la cause de tant de joie, comment n’en serait-il pas rempli puisqu’il en est la source débordante ?

Si la venue de l’Enfant-Dieu suscite un tel bonheur, combien plus la certitude de la présence du Seigneur ressuscité au cœur de son Église devrait-elle être un motif d’allégresse pour tous les croyants ? « Je vous reverrai, avait promis Jésus avant d’entrer dans sa Passion, et votre cœur se réjouira ; et votre joie, personne ne vous l’enlèvera » (Jn 16, 22). L’Église postpascale se trouve dans les conditions qu’entrevoyait le prophète Isaïe lorsqu’il écrivait : « Voici le Dieu qui me sauve : j’ai confiance, je n’ai plus de crainte. Ma force et mon chant c’est le Seigneur : il est pour moi le salut. Jubilez, criez de joie, habitants de Sion, car il est grand au milieu de vous, le Saint d’Israël (Ct – Is 12, 2.6). 

Voilà pourquoi le croyant devrait toujours être dans la joie, si du moins il demeure comme il se doit sous l’onction de l’Esprit. Certes ce n’est pas facile de garder les yeux fixés sur Jésus au cœur d’un monde qui l’ignore ou le rejette ; c’est pourquoi Notre-Seigneur nous encourage lui-même : « Amen, amen, je vous le dis : si vous demandez quelque chose à mon Père en invoquant mon nom, il vous le donnera. Demandez (l’Esprit Saint), et vous (le) recevrez : ainsi vous serez comblés de joie » (Jn 16, 24).

Dans la première lecture, Saint Paul prolonge cette exhortation, invitant tous ceux qui par la foi, ont reçu le don de Dieu, à « ne pas briser l’élan de leur générosité, mais à laisser jaillir l’Esprit ». Car seul l’Esprit peut nous faire tenir dans « la joie de l’espérance aux jours d’épreuve ». Aussi l’apôtre nous encourage-t-il à « prier avec persévérance », afin de « tenir bon, fuyant le mal avec horreur et nous attachant au bien ». C’est encore l’Esprit qui nous donne d’être « unis les uns aux autres par l’affection fraternelle, rivalisant de respect les uns pour les autres, et partageant avec ceux qui sont dans le besoin ». C’est toujours le même Esprit qui nous fait vivre les Béatitudes, « bénissant ceux qui nous persécutent, leur souhaitant du bien et non pas du mal ». 

Enfin, qui d’autre que l’Esprit peut nous purifier de la vaine gloire et nous donner le goût de « ce qui est simple » ? C’est ainsi que le Paraclet nous prépare jour après jour à rencontrer notre Dieu, lui qui « disperse les superbes et renverse les puissants de leurs trônes », mais qui « se penche sur son humble servante et élève les humbles ».

Dieu tout-puissant, tu as inspiré à la Vierge Marie, qui portait en elle ton propre Fils, de visiter sa cousine Élisabeth ; accorde-nous d’être dociles au souffle de l’Esprit afin de pouvoir nous aussi te magnifier éternellement. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur.




Abbé Philippe Link / Merci!

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«Nous avons peut-être trop facilement considéré comme acquise 

l'évangélisation de nos concitoyens.»

(Mgr Maurice Couture, s.v.)

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«Ce qui fait le cœur de notre mission: 

annoncer le Christ Jésus, mort et ressuscité, 

pour "ramener à l'unité tous les enfants de Dieu dispersés"».

(Maurice Couture, s.v.)

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«De plus en plus, on s'aperçoit que la mission de l'Église

 "aujourd'hui comme hier" trouve son origine 

dans une rencontre personnelle avec Jésus ressuscité, 

et qu'elle atteint son terme 

dans la rencontre personnelle 

que chacun des fidèles fera lui-même de ce Jésus ressuscité.»

(Maurice Couture, s.v.)

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Bonne journée!

Jean-Yves 

dimanche 29 mai 2022

« Courage ! Moi, je suis vainqueur du monde » / De l'amour de Dieu... / (386.087)

 Bonjour!

Lundi 30 mai 2022

Voici la Parole de Dieu de ce jour...

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ÉVANGILE

« Courage ! Moi, je suis vainqueur du monde » (Jn 16, 29-33)

Alléluia. Alléluia.
Si vous êtes ressuscités avec le Christ,
recherchez les réalités d’en haut :
c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu.
Alléluia. (Col 3, 1)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là,
les disciples de Jésus lui dirent :
« Voici que tu parles ouvertement
et non plus en images.
Maintenant nous savons que tu sais toutes choses,
et tu n’as pas besoin qu’on t’interroge :
voilà pourquoi nous croyons que tu es sorti de Dieu. »
Jésus leur répondit :
« Maintenant vous croyez !
Voici que l’heure vient – déjà elle est venue –
où vous serez dispersés chacun de son côté,
et vous me laisserez seul ;
mais je ne suis pas seul,
puisque le Père est avec moi.
Je vous ai parlé ainsi,
afin qu’en moi vous ayez la paix.
Dans le monde, vous avez à souffrir,
mais courage !
Moi, je suis vainqueur du monde. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

« Courage : je suis vainqueur du monde ». Il y a des jours où il est consolant d’entendre ces paroles ; à condition bien sûr de pouvoir leur accorder notre foi, c’est-à-dire de pouvoir nous appuyer sur elles pour avancer malgré les épreuves qui nous assaillent, et traverser ainsi les tempêtes dans la certitude que Jésus est « vainqueur du monde ».

Notre-Seigneur nous a averti : « dans le monde vous avez à souffrir ». Le terme « souffrir » est très fort ; il évoque les grands ébranlements cosmiques annonciateurs de la fin des temps, lorsque le Seigneur reviendra glorieux, pour introduire dans la Maison de son Père, ceux qui auront cru en lui et qui auront persévéré jusqu’au bout dans la fidélité à sa Parole. Certes, la Parousie se fait attendre, et les douleurs de l’enfantement mettent notre patience à l’épreuve ; aussi est-il bon de murmurer dans nos cœurs cette parole du Seigneur : « courage », c’est-à-dire gardez la foi.

Jésus ajoute : « Je vous ai dit tout cela pour que vous trouviez en moi la paix ». Dans les moments de désarroi, le Seigneur s’offre à nous comme notre havre de paix, mais c’est un port auquel on n’accède que par la foi, porté par la barque ecclésiale. Dans la lettre qu’il écrit aux chrétiens de Rome, Saint Paul associe les trois vertus théologales dans un crescendo saisissant. Il ouvre son propos par un verset introductif : « Nous sommes en paix avec Dieu par Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui nous a donné, par la foi, l’accès au monde de la grâce dans lequel nous sommes établis ; et notre orgueil à nous, c’est d’espérer avoir part à la gloire de Dieu » (Rm 5, 1-2).

 Jusque là tout semble facile : une vie chrétienne en régime de croisière. La suite trahit cependant qu’il n’en est rien : « La détresse elle-même fait notre orgueil, puisque la détresse, nous le savons, produit la persévérance ; la persévérance produit la valeur éprouvée ; la valeur éprouvée produit l’espérance ; et l’espérance ne trompe pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5, 3-5).

La preuve que nous ne nous trompons pas en misant tout sur Dieu en son Christ, c’est cette flamme de l’amour divin qui continue à brûler dans nos cœurs, au plus fort de la tempête. Certes parfois elle vacille, il nous semble perdre pied. Si hier encore nous pouvions dire avec les apôtres, dans l’enthousiasme des moments de consolation : « Nous croyons que tu es venu de Dieu », aujourd’hui peut-être sommes-nous « dispersés chacun de notre côté, laissant Jésus seul ». Mais le Seigneur veille : il intercède pour nous auprès de son Père et le prie de nous envoyer l’Esprit Consolateur, afin que nous tenions bon dans l’épreuve et puissions mener jusqu’au bout le beau combat de la foi, de l’espérance et de la charité, ces trois vertus théologales par lesquelles nos vies sont déjà cachées en Dieu.

« Courage : je suis vainqueur du monde ». Le courage, c’est-à-dire la foi vivante qui nous unit à Jésus dans une communion d’amour, nous associe à sa victoire. Saint Jean écrit en effet : « Qui donc est vainqueur du monde ? N’est-ce pas celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit, car l’Esprit est vérité » (1 Jn 5, 5-6).

Père saint, envoie sur nous ton Esprit : que son lumineux témoignage éclaire notre nuit et nous donne de persévérer dans la foi ; que l’espérance surabonde en nos cœurs troublés, afin que la paix l’envahisse, et que nous puissions garder nos pas dans ceux de Jésus-Christ Notre-Seigneur.


Abbé Philippe Link // Merci!

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Pensées pour l'évangile d'aujourd'hui

  • « Pendant tout ce temps qui s’est écoulé entre la résurrection du Seigneur et son ascension, voilà de quoi la providence divine s’est occupée, voilà ce qu’elle a enseigné, voilà ce qu’elle a fait comprendre au yeux et aux cœurs de ses amis : on reconnaitrait que le Seigneur Jésus est vraiment ressuscité, lui qui vraiment était né, avait souffert et était mort vraiment » (Saint Léon le Grand)

  • « Mais il importe ici de bien saisir le secret de la joie insondable qui habite Jésus, et qui lui est propre. Si Jésus rayonne une telle paix, une telle assurance, une telle allégresse, une telle disponibilité, c’est à cause de l’amour ineffable dont il se sait aimé de son Père » (Saint Paul VI)

  • « (…) La vertu de force rend capable de vaincre la peur, même de la mort, d’affronter l’épreuve et les persécutions. Elle dispose à aller jusqu’au renoncement et au sacrifice de sa vie pour défendre une juste cause. (…) "Dans le monde, vous aurez de l’affliction, mais courage, moi j’ai vaincu le monde" (Jn 16,33) » (Catéchisme de l’Eglise Catholique, nº1.808


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De l'Amour de Dieu...
Dieu ne nous abandonnera jamais.
Son amour pour nous est éternel.
C'est nous qui le laissons tomber.
Dieu est Amour.
Son Amour pour nous est éternel... ÉTERNEL.
Qu'arrive-t-il dans la parabole du bon berger
lorsque ce dernier s'aperçoit qu'il a perdu une brebis,
un mouton de son troupeau?



Il laisse aller le troupeau ensemble
et cherche la brebis perdue jusqu'à ce qu'il la retrouve...
Il la place alors sur ses épaules et, tout joyeux,
il rejoint son troupeau.
«Cette brebis était perdue et je l'ai retrouvée ».
Le Bon berger ne peut se résigner à laisser là une brebis
qui s'est égarée,
qui s'est blessée le long de la route, dans les buissons,
dans les ronces.
L'amour de Dieu il est ÉTERNEL... et il nous poursuit...
Le cœur de Dieu n'a pas de limites.
L'Amour de Dieu est éternel et sans retour.
Rendons grâce pour l'amour de Dieu qui est en nous;
rien ne peut nous séparer de l'Amour de Dieu qui est en nous;
rien ne pourra nous séparer de l'Amour de Dieu.
Dieu n'est qu'Amour.
Son Amour c'est sa gloire.
Et qu'est-ce que c'est la gloire de Dieu?
Imaginez-vous sur le fleuve dans votre petit canoë, avec votre rame
et vos écouteurs sur les oreilles... Tout à coup, surgit,
tout à côté de vous,
et que vous n'avez pas entendu venir,
un immense paquebot!
C'est un peu ça la gloire de Dieu :
et immensément plus gros que ce paquebot :
Dieu n'est qu'Amour, Miséricorde et Tendresse...
C'est sa gloire d'être ainsi : Il est Dieu.
Et ce Dieu, nous pouvons l'appeler Notre Père.
Son amour, il est ÉTERNEL;
son Amour, il est à toi et rien ne pourra t'en séparer :
ni le mal, ni le péché...
Dieu est Amour et Joie en toi, si tu le veux bien...
Jean-Yves Fortin, diacre


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Bonne journée!

Jean-Yves 


samedi 28 mai 2022

« Qu’ils deviennent parfaitement un » / (386,051)

 Bonjour!

Dimanche 29 mai 2022 

Voici la Parole de Dieu de ce dimanche... 



      ÉVANGILE     

« Qu’ils deviennent parfaitement un » (Jn 17, 20-26)

Alléluia. Alléluia.
Je ne vous laisserai pas orphelins, dit le Seigneur,
je reviens vers vous, et votre cœur se réjouira.
Alléluia. (cf. Jn 14, 18)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là,
les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi :
« Père saint,
    je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là,
mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi.
    Que tous soient un,
comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi.
Qu’ils soient un en nous, eux aussi,
pour que le monde croie que tu m’as envoyé.
    Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée,
pour qu’ils soient un comme nous sommes UN :
    moi en eux, et toi en moi.
Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un,
afin que le monde sache que tu m’as envoyé,
et que tu les as aimés comme tu m’as aimé.
    Père,
ceux que tu m’as donnés,
je veux que là où je suis,
ils soient eux aussi avec moi,
et qu’ils contemplent ma gloire,
celle que tu m’as donnée
parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde.
    Père juste,
le monde ne t’a pas connu,
mais moi je t’ai connu,
et ceux-ci ont reconnu
que tu m’as envoyé.
    Je leur ai fait connaître ton nom,
et je le ferai connaître,
pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux,
et que moi aussi, je sois en eux. »

    – Acclamons la Parole de Dieu.

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     Commentaire...   

Dans l’évangile de ce dimanche placé à mi-parcours entre les solennités de l’Ascension et de la Pentecôte, la prière de Jésus adressée à son Père pour l’unité de ses disciples est un appel à l’Esprit Saint. Dans l’attente de la venue glorieuse de notre Seigneur, monté auprès de son Père, l’Église ne demeure pas seule, abandonnée. Chacun de ses membres sait qu’il peut compter sur la présence du Ressuscité en lui et à ses côtés grâce à l’action de son Esprit. C’est lui qui nous établit dans la communion du Père et du Fils puisqu’il est lui-même cet amour communionnel entre le Père et le Fils : « Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, dit Jésus à son Père, mais encore pour ceux qui accueilleront leur parole et croiront en moi. Que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi…»

Dans cet évangile, saint Jean n’utilise à aucun moment le mot « Esprit-Saint » mais il n’en demeure pas moins que c’est bien celui-ci qui est désigné lorsque Jésus parle de « la gloire » que le Père lui a donnée et qu’à son tour il donne aux hommes afin qu’ils soient un comme lui et le Père sont un. « Ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire », c’est-à-dire qu’ils y participent eux aussi.

Jésus nous a donné part à la gloire qui est sienne en tant que Fils unique, pour que nous entrions avec lui dans cette communion avec le Père dans l’Esprit qui constitue le dynamisme même de la vie divine. Chaque croyant, membre de l’Église-épouse, est ainsi appelé à être intégré dans cette relation d’amour qui unit le Père et le Fils, par le lien particulier qui l’unit à Jésus dans l’Esprit : « L’Esprit et l’Épouse disent : ‘Viens !’ Celui qui entend, qu’il dise aussi : ‘Viens !’ Celui qui a soif, qu’il approche. Celui qui le désire, qu’il boive l’eau de la vie, gratuitement » (Cf. 2ème lecture).

Toute unité durable entre les hommes ne pourra se faire que dans le Fils, dans l’union avec lui par la vertu de l’Esprit Saint, amour subsistant du Père et du Fils, qui les rassemble dans l’unité. Le souci premier de l’Eglise doit donc être de demeurer sous l’onction de l’Esprit qui l’unit au Christ, car « hors de lui nous ne pouvons rien faire » (Jn 15, 5).

Notre communion, notre unité, est avant tout un don à recevoir de Dieu, un don qui trouve ses racines au cœur même de la Trinité. Mais Dieu n’agit pas sans nous. Et c’est ici, dans cette prière à la veille de sa passion que Jésus nous révèle la manière la plus éloquente de dépasser et de surmonter les facteurs de divisions en nous et entre nous : le don total de nous-mêmes au nom de l’Évangile. C’est ce que fit saint Etienne à la suite du Seigneur (Cf. 1ère lecture). A ce titre, les parallèles mis en relief par saint Luc dans son récit entre le martyre d’Etienne et la mort de Jésus sur la Croix sont saisissants.

Ne disons pas trop vite cela n’est pas pour nous. Car avant d’aller jusqu’au martyre, il y a déjà de nombreuses manières de donner sa vie pour Jésus. Durant ce temps de préparation à la Pentecôte, nous pouvons demander à l’Esprit Saint de nous éclairer sur ces mille et une façons de nous engager à la suite du Christ sur le chemin du don de nous-mêmes. Il en va de notre identité de chrétien. Il en va de l’authenticité du témoignage de l’Église. Il en va du salut de tous les hommes : « Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient en nous, afin que le monde croie que tu m’as envoyé » (Cf. Evangile, v. 21).

Seigneur, nos divisions intérieures et extérieures nous accablent et nous désolent. Pardon de contredire si souvent ta volonté de rassembler tes enfants de toutes leurs dispersions. Seigneur, envoie sur nous ton Esprit. Qu’il nous rende participant de ta gloire. Transformés et illuminés nous pourrons porter au monde ce témoignage de paix et d’unité dont il a tant besoin.


Abbé Philippe Link / Merci!

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«Notre vie nous est donnée 

pour nous enraciner de plus en plus en Dieu.»


(Édourad Shatov)


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Bon dimanche!

Jean-Yves

 



Nous sommes dans l'Année consacrée 

à la famille...

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Et...


C'est aussi la 56e Journée mondiale 

des communications sociales...


«ÉCOUTE, AVEC TON CŒUR»

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vendredi 27 mai 2022

« Le Père lui-même vous aime, parce que vous m’avez aimé et vous avez cru » / (386,011)

Bonjour!

Samedi 28 mai 2022

Voici la Parole de Dieu de ce jour... 


ÉVANGILE

« Le Père lui-même vous aime, parce que vous m’avez aimé et vous avez cru » (Jn 16, 23b-28)

Alléluia. Alléluia.
Je suis sorti du Père, et je suis venu dans le monde ;
maintenant, je quitte le monde, et je pars vers le Père.
Alléluia. (Jn 16, 28)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Amen, amen, je vous le dis :
ce que vous demanderez au Père en mon nom,
il vous le donnera.
Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom ;
demandez, et vous recevrez :
ainsi votre joie sera parfaite.

En disant cela, je vous ai parlé en images.
L’heure vient où je vous parlerai sans images,
et vous annoncerai ouvertement ce qui concerne le Père.
Ce jour-là, vous demanderez en mon nom ;
or, je ne vous dis pas que moi, je prierai le Père pour vous,
car le Père lui-même vous aime,
parce que vous m’avez aimé
et vous avez cru que c’est de Dieu que je suis sorti.
Je suis sorti du Père, et je suis venu dans le monde ;
maintenant, je quitte le monde, et je pars vers le Père. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

« Je suis sorti du Père, et je suis venu dans le monde ; maintenant, je quitte le monde, et je pars vers le Père ». La beauté et la grandeur du parcours que nous fait découvrir l’évangile de saint Jean depuis Pâques tient dans ce verset. Il prolonge la fête de l’Ascension et prépare la Pentecôte.

Quand Dieu nous révèle son visage, celui de Jésus apparaît. Sorti du Père, le Verbe est venu dans le monde. Nous sommes tellement coutumiers du mystère de l’Incarnation que nous ne voyons peut être plus très bien l’aspect déconcertant de la chose. Quand Dieu se montre, un homme apparaît. Quelle merveille. Ce n’est pas la volonté divine qui permet d’expliquer ce prodige : Dieu se serait fait homme parce qu’il l’aurait voulu. L’argument est un peu court. Dieu ne peut pas faire n’importe quoi, sa volonté ne connaît pas nos caprices. Dieu s’est fait homme parce qu’il y a en lui, dans sa nature, quelque chose d’intimement proche de l’homme. Dieu a la capacité de l’homme, et quand il le décide il la réalise. Parenté admirable et inouïe. Nous l’oublions trop facilement, c’est nous qui sommes à son image, pas le contraire.

Maintenant, Jésus quitte le monde. L’instant n’est pas aussi tragique que le samedi saint, mais une parenté entre les deux temps existe. Nous avons à nouveau perdu le contact direct avec notre maître. Ses disciples entrent dans le temps de l‘attente et de l’interrogation. Comment cela va-t-il se faire ? La fête de l’Esprit couronne le mois de Marie.

Il est bon que le Fils s’en aille. Il part vers le Père. Il est monté au Ciel, lieu de la rencontre entre l’homme et Dieu. Il s’efface devant le Père qu’il est venu nous révéler. Sur terre en effet le Christ exerçait une authentique paternité sur ses disciples. Il était leur exemple et leur éducateur. Jésus reconnaît cette paternité quand il dit : « je ne vous laisserai pas orphelins ». Cette paternité visible était nécessaire à la croissance des disciples. Mais Jésus respecte infiniment notre liberté, il nous faut devenir pleinement homme, c’est-à-dire en Dieu. L’Ascension est la marque de ce respect. Claudel faisait dire au Seigneur : « Il faut que je vous soustraie mon visage pour que vous ayez mon âme ».

Le Fils est parti pour que l’Esprit vienne, celui qui nous inspire. Non pas celui qui décide pour nous, cela ne serait pas digne de Dieu, mais celui qui nous inspire les décisions. Jésus s’efface pour que nous perdions l’habitude de tourner nos regards vers lui. Il n’est plus question pour les disciples de lui demander l’action à entreprendre où la décision à prendre comme on va chercher une consigne. En montant au Ciel, il tourne définitivement nos regards vers le Père. Le Père peut en effet exercer désormais pleinement sa paternité sur ses enfants, engendrer ses disciples à sa propre vie.

Dans ce verset, saint Jean résume le mouvement adorable du Fils vers le Père, rassemblant en lui toute humanité. Dans ces jours d’invocation du Saint-Esprit nous prenons la pleine mesure du temps pascal. La Pâque que nous avons célébrée est le passage, de la terre au ciel, du monde à l’intimité de Dieu. Là est l’essentiel de la foi.


Abbé Philippe Link / Merci!

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Photo:

Julie Dubé et Bob Latendresse

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Bonne journée!

Jean-Yves