dimanche 31 mars 2024

« Allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront » / (458,110)

 Bonjour!

Lundi 1er avril 2024


Voici la Parole de Dieu de ce jour...

ÉVANGILE

« Allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront » (Mt 28, 8-15)

Alléluia. Alléluia.
Voici le jour que fit le Seigneur,
qu’il soit pour nous jour de fête et de joie !
Alléluia. (Ps 117, 24)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là,
quand les femmes eurent entendu les paroles de l’ange,
vite, elles quittèrent le tombeau,
remplies à la fois de crainte et d’une grande joie,
et elles coururent porter la nouvelle à ses disciples.
Et voici que Jésus vint à leur rencontre
et leur dit :
« Je vous salue. »
Elles s’approchèrent, lui saisirent les pieds
et se prosternèrent devant lui.
Alors Jésus leur dit :
« Soyez sans crainte,
allez annoncer à mes frères
qu’ils doivent se rendre en Galilée :
c’est là qu’ils me verront. »
Tandis qu’elles étaient en chemin,
quelques-uns des gardes allèrent en ville
annoncer aux grands prêtres tout ce qui s’était passé.
Ceux-ci, après s’être réunis avec les anciens
et avoir tenu conseil,
donnèrent aux soldats une forte somme
en disant :
« Voici ce que vous direz :
“Ses disciples sont venus voler le corps,
la nuit pendant que nous dormions.”
Et si tout cela vient aux oreilles du gouverneur,
nous lui expliquerons la chose,
et nous vous éviterons tout ennui. »
Les soldats prirent l’argent et suivirent les instructions.
Et cette explication s’est propagée chez les Juifs
jusqu’à aujourd’hui.

– Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

Nous sommes entrés dans la semaine de l’octave pascale qui est comme un épanouissement de toutes les richesses contenues dans la liturgie du jour de Pâques. Chez saint Matthieu, c’est d’abord un Ange qui apparaît aux femmes pour leur annoncer la résurrection du Seigneur et les envoyer à leur tour porter cette Bonne Nouvelle aux disciples. Tremblantes à cause de cette apparition qui leur a inspiré une sorte de crainte révérencielle, elles sentent monter du fond d’elles-mêmes une joie profonde qui dynamise tout leur être. Obéissantes dans la foi à la Parole de l’ange, elles courent porte l’annonce : « Le Seigneur est ressuscité ».

C’est alors que le Ressuscité vient à leur rencontre comme pour confirmer leur mise en marche dans la foi. L’apparition ne précède pas l’acte de foi de ces femmes, elle en découle. D’ailleurs, n’est-ce pas parce qu’elles ont posé un acte de foi en entendant les paroles de l’ange qu’elles peuvent reconnaître le Seigneur qui leur apparaît ? « Je vous salue », plus exactement : Réjouissez-vous » ! Telles sont les premières paroles du Christ ressuscité à leur égard qui les confirme dans cette joie de la résurrection et les conforte dans son annonce : « Soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront ». Jésus les envoie vers la Galilée. Ne nous y trompons pas. Il ne s’agit pas d’un retour en arrière, là où tout avait commencé. Non, il s’agit plutôt d’un appel adressé aux disciples à revenir aux sources de leur histoire pour relire celle-ci à partir et à la lumière de la résurrection pour découvrir son véritable sens de salut.

C’est précisément ce que ne font pas les chefs des prêtres et les anciens dont le passage d’évangile de ce jour nous décrit la réaction à la suite du rapport des gardes du tombeau. Plutôt que d’accueillir la réalité du fait dans toute sa force et de se laisser interpeler par elle, ils tiennent conseil pour chercher une explication plausible pour la raison et bien sûr à leur avantage. Ce conseil ressemble étrangement à celui qu’ils tinrent avant la Passion (cf. Mt 26, 3). On ne cherche pas à lire les faits mais on projette sur eux ce que l’on voudrait qu’ils soient. Et le pire c’est que ceux qui font cela savent pertinemment qu’ils font mentir les faits : sinon pourquoi payer les soldats ? Cet argent rappelle celui qui fut donné à Judas pour trahir son Maître. De même que la mort du Seigneur fut pesée avec de l’argent ainsi en est-il de sa résurrection. On cherche à tuer la vie jaillie du tombeau par le mensonge et la corruption.

L’évangile nous dit que « les soldats prirent l’argent et suivirent la leçon ». Ils obéissent non pas à une Parole qui libère mais obéisse à une « leçon » et se font les esclaves du mensonge. Au témoignage de la résurrection de la part des femmes s’oppose ainsi le faux-témoignage de la part des soldats.

Cependant le mensonge porte en soi la contradiction : « Voilà ce que vous raconterez : ses disciples sont venus voler le corps, la nuit pendant que nous dormions ». Comment en effet affirmer en même temps que l’on dormait et que pourtant on a été témoin du vol d’un corps ?

Cette explication, pourtant perdura jusqu’au temps de Matthieu et même jusqu’à nos jours puisqu’elle sera reprise dans les débats au siècle dernier concernant l’historicité de la personne de Jésus et des récits évangéliques. Quoi qu’il en soit, cela nous rappelle que la résurrection, même si nous avons des raisons d’y croire fera toujours appel en chacun à une option fondamentale de foi.

Seigneur, nous voulons en ce jour renouveler notre acte de foi en ta résurrection. Nous voulons accueillir dans la foi ta vie de Ressuscité. Viens chasser de nos cœurs tout doute qui pourrait nous habiter sur la puissance de ta résurrection dans nos vies. Nous voulons faire nôtre la proclamation de foi de ton apôtre Pierre et redire avec lui ces paroles du Psaume : « Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ; il est à ma droite : je suis inébranlable. Mon cœur exulte, mon âme est en fête, ma chair elle-même repose en confiance : tu ne peux m’abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la corruption. Tu m’apprends le chemin de la vie : devant ta face, débordement de joie ! À ta droite, éternité de délices ! »

Abbé Philippe Link --- Merci!

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Pensées pour l'évangile d'aujourd'hui

  • « Oh message empli de bonheur et de beauté ! Celui qui est devenu pour nous un homme semblable à nous, étant le Fils unique du Père, veut faire de nous ses frères et, en amenant son humanité au Père, attire à Lui tous ceux qui sont maintenant de sa race » (Saint Grégoire de Nysse)

  • « Aujourd’hui plus que jamais, l’adoration est nécessaire. L’une des plus grandes perversions de notre temps est qu’on nous propose d’adorer l’humain, laissant de côté le divin. Les idoles qui causent la mort ne méritent aucune adoration, seul le Dieu de la vie mérite l’adoration et la gloire » (François)

  • « Marie de Magdala et les saintes femmes […] ont été les premières à rencontrer le Ressuscité [et] les premières messagères de la Résurrection du Christ pour les Apôtres eux-mêmes. C’est à eux que Jésus apparaît ensuite, d’abord à Pierre, puis aux Douze (cf. 1Cor 15,5). Pierre, appelé à confirmer la foi de ses frères, voit donc le Ressuscité avant eux et c’est sur son témoignage que la communauté s’écrie : ‘ C’est bien vrai ! Le Seigneur est ressuscité et il est apparu à Simon ! ’ (Lc 24,34) » (Catéchisme de l’Eglise Catholique, n° 641)

Prière

Ne crains pas, je suis ton Dieu,

C’est moi qui t’ai choisi, appelé par ton nom.
Tu as du prix à mes yeux et je t’aime.
Ne crains pas, car je suis avec toi.
Toi, mon serviteur, je te soutiendrai,
Toi, mon élu que préfère mon âme.
Je mettrai en toi mon Esprit,
Je te comblerai de mon Esprit.
Le Seigneur m’a appelé dès le sein de ma mère,
Il a prononcé mon nom.
C’est lui qui m’a formé pour être son serviteur,
Le témoin de sa gloire.
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Bonne journée!

Jean-Yves 

samedi 30 mars 2024

« Il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts » / (458,030)

Bonjour!



Dimanche de Pâques, 31 mars 2024

Voici la Parole de Dieu de ce dimanche... 



ÉVANGILE

« Il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts » (Jn 20, 1-9)

Alléluia. Alléluia.
Notre Pâque immolée, c’est le Christ !
Célébrons la Fête dans le Seigneur !
Alléluia. (cf. 1 Co 5, 7b-8a)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Le premier jour de la semaine,
Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ;
c’était encore les ténèbres.
Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau.
Elle court donc trouver Simon-Pierre
et l’autre disciple,
celui que Jésus aimait,
et elle leur dit :
« On a enlevé le Seigneur de son tombeau,
et nous ne savons pas où on l’a déposé. »
Pierre partit donc avec l’autre disciple
pour se rendre au tombeau.
Ils couraient tous les deux ensemble,
mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre
et arriva le premier au tombeau.
En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ;
cependant il n’entre pas.
Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour.
Il entre dans le tombeau ;
il aperçoit les linges, posés à plat,
ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus,
non pas posé avec les linges,
mais roulé à part à sa place.
C’est alors qu’entra l’autre disciple,
lui qui était arrivé le premier au tombeau.
Il vit, et il crut.
Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris
que, selon l’Écriture,
il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.

– Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

Si la liturgie de ce jour de Pâques nous invite à demeurer dans la joie paradoxale du tombeau vide, c’est bien qu’il y a là une source à laisser jaillir. On pourrait toujours être tenté de combler le vide, de s’empresser de le remplir par des certitudes ou des preuves. Mais la Résurrection est infiniment plus vaste que tous ces remplissages !

Quand nous proclamons que Jésus s’est levé et qu’il est ressuscité, il ne s’agit pas d’une sorte de réincarnation rassurante qui nous maintiendrait tranquillement dans des réalités bien terrestres. Ce n’est pas d’un retour à une vie antérieure qu’il s’agit, mais bien d’une vie nouvelle, une vie qui vient d’en-haut.

En cette nuit sainte, ce n’est pas seulement la terre du tombeau qui a craqué, mais c’est aussi le ciel qui s’est déchiré : en Jésus ressuscité, la terre et le ciel sont réconciliés et définitivement réunis ; en sa personne naît une terre nouvelle et un ciel nouveau où nous sommes appelés à habiter nous aussi.

Par sa mort, Jésus a saisi notre humanité par le fond, et par sa résurrection, il la relève maintenant jusqu’à la lumière divine.

Notre avenir, désormais, est en lui, qui est mort et ressuscité pour nous. Et quiconque croit en lui, quiconque entre en ce passage et s’aventure dans la nouveauté du tombeau illuminé, débouche peu à peu sur la réalité d’une humanité transformée par la grâce.

Pierre, dans la première lecture, souligne un aspect de la transmission de la foi en la Résurrection : la Résurrection n’a pas été manifestée à tout le monde comme en une apparition triomphale et écrasante ! Mais Jésus ressuscité s’est fait connaître peu à peu, de personne à personne et de disciple à disciple afin de faire d’eux des témoins.

À présent, il en est toujours ainsi : c’est au creux des vides de nos vies, et par la parole d’un témoin rempli du Christ Vivant, que Jésus continue à dévoiler sa Présence. Les tombeaux vides de nos vies, en effet, ne restent pas vides pour toujours : ils sont peu à peu habités par le Christ et inondés de l’Esprit Saint.

C’est bien ce qui se passe au jour du baptême : une source se met à jaillir, à couler jusqu’à déborder. Une présence se met à nous habiter, jusqu’à élargir notre cœur et transformer nos actions.

Voici que je fais toutes choses nouvelles ! C’est le Printemps de la Vie, le jour nouveau que le Seigneur a fait. Alléluia !

Abbé Philippe Link  -- Merci!

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Bon dimanche et Joyeuses Pâques!

Jean-Yves 

 

vendredi 29 mars 2024

L'Église est silencieuse....Un texte de réflexion en provenance du Montmartre canadien... / (457,952)

Bonjour!

Samedi 30 mars 2024

     LE SAMEDI SAINT, L'ÉGLISE DEMEURE AUPRÈS DU TOMBEAU DANS LE SILENCE...   


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L’OREILLE MUSICALE DU DÉSIR

 

Il y a ceux et celles  dans notre monde qui n’ont plus « l’oreille musicale »  en matière de religion.  C’est une pensée générée par Max Weber et qui m’amène à réfléchir, surtout en tenant compte du fait que, même les croyants,  nous éprouvons de temps en temps des moments de surdité spirituelle.  Cette pensée  m’habite particulièrement en ces jours où nous nous préparons à célébrer Pâques, fête  de la Résurrection du Christ. 

 

La Résurrection nous rappelle que notre vie est passagère, que nous sommes des  êtres de finitude. Et pourtant, c’est cette même fête qui souligne aussi que cette vie, bien que limitée, n’est pas un accident de parcours, pas une absurdité, pas une chute progressive vers le néant, pas une antichambre ou une salle d’attente de la vie à venir, mais le commencement d’une vie qui ne s’éteindra jamais.

 

Pour mieux comprendre la fête de Pâques, je me permets de citer quelques lignes de Anselm Grün, puisées dans son récent livre « Pourquoi je reste dans l’Église »,  publié aux Éditions Salvator : « Chaque individu porte en lui le désir de quelque chose de plus grand que lui. » J’ajouterais que chaque individu porte en lui le désir de rencontrer quelqu’un qui ferait découvrir des grandeurs et des profondeurs inattendues.

 

Porter le désir de plus grand que soi! Ce désir nous décentre de nous-mêmes  tout en nous ouvrant à l’autre. Nous sommes créés par amour et pour l’amour ; pour être en relation, car nous sommes  RELATION.  En fin de compte,  nous sommes invités à réaliser que nous sommes un don pour autrui.  Comme Dieu,  nous sommes un DON.

 

C’est précisément cela que la fête de Pâques nous révèle.

 

La fête de Pâques nous rappelle que la rupture des relations n’est pas naturelle.  Ce qui nous est naturel, ce sont des relations durables, des relations qui se transforment, mais qui ne meurent jamais.  La rupture de relations s’avère intimement une mort!  Puissions-nous comprendre que nous sommes créés pour l’amour, lequel, dit saint Paul,  ne passera jamais.

 

Cet amour révélé en Jésus-Christ traverse les incompréhensions, les malentendus, les complots, les trahisons, les souffrances et même la mort.  Il est bafoué, défiguré et meurtri, mais il ne meurt jamais.  Cet amour respire la vie et nous fait respirer la vie et l’intimité de Dieu.  Cette respiration, enracinée dans le don et accomplie dans le don ne peut qu’inspirer l’espérance. Espérer contre toute espérance!

 

Dieu est notre intimité… et c’est naturel de respirer Dieu… Alors, on ressuscite  ou plutôt on vit l’accomplissement et la plénitude de la vie.  Contemplons cette plénitude;  osons espérer et vivre  cette plénitude!  C’est cela la fête de Pâques!

 

Joyeuse fête de Pâques à toutes et à tous!!!

 

Édouard Shatov, Éditorialiste au Montmartre à Québec


jeudi 28 mars 2024

Passion de notre Seigneur Jésus Christ (Jn 18, 1 – 19, 42) / (457,859)

 Bonjour!

Vendredi Saint le 29 mars 2024 

Voici la Parole de Dieu de ce jour...


ÉVANGILE

Passion de notre Seigneur Jésus Christ (Jn 18, 1 – 19, 42)

Le Christ s’est anéanti,
prenant la condition de serviteur.
Pour nous, le Christ est devenu obéissant,
jusqu’à la mort, et la mort de la croix.
C’est pourquoi Dieu l’a exalté :
il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom.
Le Christ s’est anéanti,
prenant la condition de serviteur. (cf. Ph 2, 8-9)

La Passion de notre Seigneur Jésus Christ selon saint Jean

(Indications pour la lecture dialoguée : les sigles désignant les divers interlocuteurs sont les suivants :
X = Jésus ; L = Lecteur ; D = Disciples et amis ; F = Foule ; A = Autres personnages.)

 

L. En ce temps-là,
après le repas,
Jésus sortit avec ses disciples
et traversa le torrent du Cédron ;
il y avait là un jardin,
dans lequel il entra avec ses disciples.
Judas, qui le livrait, connaissait l’endroit, lui aussi,
car Jésus et ses disciples s’y étaient souvent réunis.
Judas, avec un détachement de soldats
ainsi que des gardes envoyés par les grands prêtres et les pharisiens,
arrive à cet endroit.
Ils avaient des lanternes, des torches et des armes.
Alors Jésus, sachant tout ce qui allait lui arriver,
s’avança et leur dit :
X « Qui cherchez-vous? »
L. Ils lui répondirent :
F. « Jésus le Nazaréen. »
L. Il leur dit :
X « C’est moi, je le suis. »
L. Judas, qui le livrait, se tenait avec eux.
Quand Jésus leur répondit : « C’est moi, je le suis »,
ils reculèrent, et ils tombèrent à terre.
Il leur demanda de nouveau :
X « Qui cherchez-vous? »
L. Ils dirent :
F. « Jésus le Nazaréen. »
L. Jésus répondit :
X « Je vous l’ai dit : c’est moi, je le suis.
Si c’est bien moi que vous cherchez,
ceux-là, laissez-les partir. »
L. Ainsi s’accomplissait la parole qu’il avait dite :
« Je n’ai perdu aucun
de ceux que tu m’as donnés. »
Or Simon-Pierre
avait une épée ; il la tira,
frappa le serviteur du grand prêtre et lui coupa l’oreille droite.
Le nom de ce serviteur était Malcus.
Jésus dit à Pierre :
X « Remets ton épée au fourreau.
La coupe que m’a donnée le Père,
vais-je refuser de la boire ? »
L. Alors la troupe, le commandant et les gardes juifs
se saisirent de Jésus et le ligotèrent.
Ils l’emmenèrent d’abord chez Hanne, beau-père
de Caïphe, qui était grand prêtre cette année-là.
Caïphe était celui qui avait donné aux Juifs ce conseil :
« Il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple. »

Or Simon-Pierre, ainsi qu’un autre disciple, suivait Jésus.
Comme ce disciple était connu du grand prêtre,
il entra avec Jésus dans le palais du grand prêtre.
Pierre se tenait près de la porte, dehors.
Alors l’autre disciple – celui qui était connu du grand prêtre –
sortit, dit un mot à la servante qui gardait la porte,
et fit entrer Pierre.
Cette jeune servante dit alors à Pierre :
A. « N’es-tu pas, toi aussi, l’un des disciples de cet homme ? »
L. Il répondit :
D. « Non, je ne le suis pas ! »
L. Les serviteurs et les gardes se tenaient là ;
comme il faisait froid,
ils avaient fait un feu de braise pour se réchauffer.
Pierre était avec eux, en train de se chauffer.
Le grand prêtre interrogea Jésus
sur ses disciples et sur son enseignement.
Jésus lui répondit :
X « Moi, j’ai parlé au monde ouvertement.
J’ai toujours enseigné à la synagogue et dans le Temple,
là où tous les Juifs se réunissent,
et je n’ai jamais parlé en cachette.
Pourquoi m’interroges-tu ?
Ce que je leur ai dit, demande-le
à ceux qui m’ont entendu.
Eux savent ce que j’ai dit. »
L. À ces mots, un des gardes, qui était à côté de Jésus,
lui donna une gifle en disant :
A. « C’est ainsi que tu réponds au grand prêtre ! »
L. Jésus lui répliqua :
X « Si j’ai mal parlé,
montre ce que j’ai dit de mal.
Mais si j’ai bien parlé,
pourquoi me frappes-tu ? »
L. Hanne l’envoya, toujours ligoté, au grand prêtre Caïphe.

Simon-Pierre était donc en train de se chauffer.
On lui dit :
A. « N’es-tu pas, toi aussi, l’un de ses disciples ? »
L. Pierre le nia et dit :
D. « Non, je ne le suis pas ! »
L. Un des serviteurs du grand prêtre,
parent de celui à qui Pierre avait coupé l’oreille,
insista :
A. « Est-ce
que moi, je ne t’ai pas vu
dans le jardin avec lui ? »
L. Encore une fois, Pierre le nia.
Et aussitôt un coq chanta.

Alors on emmène Jésus de chez Caïphe au Prétoire.
C’était le matin.
Ceux qui l’avaient amené n’entrèrent pas dans le Prétoire,
pour éviter une souillure
et pouvoir manger l’agneau pascal.
Pilate sortit donc à leur rencontre et demanda :
A. « Quelle accusation portez-vous
contre cet homme ? »
L. Ils lui répondirent :
F. « S’il n’était pas un malfaiteur,
nous ne t’aurions pas livré cet homme. »
L. Pilate leur dit :
A. « Prenez-le vous-mêmes et jugez-le
suivant votre loi. »
L. Les Juifs lui dirent :
F. « Nous n’avons pas le droit
de mettre quelqu’un à mort. »
L. Ainsi s’accomplissait la parole que Jésus avait dite
pour signifier de quel genre de mort il allait mourir.
Alors Pilate rentra dans le Prétoire ;
il appela Jésus et lui dit :
A. « Es-tu le roi des Juifs ? »
L. Jésus lui demanda :
X « Dis-tu cela de toi-même,
Ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? »
L. Pilate répondit :
A. « Est-ce que je suis juif, moi ?
Ta nation et les grands prêtres t’ont livré à moi :
qu’as-tu donc fait ? »
L. Jésus déclara :
X « Ma royauté n’est pas de ce monde ;
si ma royauté était de ce monde,
j’aurais des gardes qui se seraient battus
pour que je ne sois pas livré aux Juifs.
En fait, ma royauté n’est pas d’ici. »
L. Pilate lui dit :
A. « Alors, tu es roi ? »
L. Jésus répondit :
X « C’est toi-même
qui dis que je suis roi.
Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci :
rendre témoignage à la vérité.
Quiconque appartient à la vérité
écoute ma voix. »
L. Pilate lui dit :
A. « Qu’est-ce que la vérité ? »
L. Ayant dit cela, il sortit de nouveau à la rencontre des Juifs,
et il leur déclara :
A. « Moi, je ne trouve en lui
aucun motif de condamnation.
Mais, chez vous, c’est la coutume
que je vous relâche quelqu’un pour la Pâque :
voulez-vous donc que je vous relâche le roi des Juifs ? »
L. Alors ils répliquèrent en criant :
F. « Pas lui !
Mais Barabbas ! »
L. Or ce Barabbas était un bandit.

Alors Pilate fit saisir Jésus pour qu’il soit flagellé.
Les soldats tressèrent avec des épines une couronne
qu’ils lui posèrent sur la tête ;
puis ils le revêtirent d’un manteau pourpre.
Ils s’avançaient vers lui
et ils disaient :
F. « Salut à toi, roi des Juifs ! »
L. Et ils le giflaient.

Pilate, de nouveau, sortit dehors et leur dit :
A. « Voyez, je vous l’amène dehors
pour que vous sachiez
que je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. »
L. Jésus donc sortit dehors,
portant la couronne d’épines et le manteau pourpre.
Et Pilate leur déclara :
A. « Voici l’homme. »
L. Quand ils le virent,
les grands prêtres et les gardes se mirent à crier :
F. « Crucifie-le! Crucifie-le! »
L. Pilate leur dit :
A. « Prenez-le vous-mêmes, et crucifiez-le ;
moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. »
L. Ils lui répondirent :
F. « Nous avons une Loi,
et suivant la Loi il doit mourir,
parce qu’il s’est fait Fils de Dieu. »
L. Quand Pilate entendit ces paroles, il redoubla de crainte.
Il rentra dans le Prétoire, et dit à Jésus :
A. « D’où es-tu? »
L. Jésus ne lui fit aucune réponse.
Pilate lui dit alors :
A. « Tu refuses de me parler, à moi ?
Ne sais-tu pas que j’ai pouvoir de te relâcher,
et pouvoir de te crucifier ? »
L. Jésus répondit :
X « Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi
si tu ne l’avais reçu d’en haut ;
c’est pourquoi celui qui m’a livré à toi
porte un péché plus grand. »
L. Dès lors, Pilate cherchait à le relâcher ;
mais des Juifs se mirent à crier :
F. « Si tu le relâches,
tu n’es pas un ami de l’empereur.
Quiconque se fait roi
s’oppose à l’empereur. »
L. En entendant ces paroles, Pilate amena Jésus au-dehors;
il le fit asseoir sur une estrade
au lieu dit le Dallage
– en hébreu : Gabbatha.
C’était le jour de la Préparation de la Pâque,
vers la sixième heure, environ midi.
Pilate dit aux Juifs :
A. « Voici votre roi. »
L. Alors ils crièrent :
F. « À mort ! À mort !
Crucifie-le ! »
L. Pilate leur dit :
A. « Vais-je crucifier votre roi ? »
L. Les grands prêtres répondirent :
F. « Nous n’avons pas d’autre roi que l’empereur. »
L. Alors, il leur livra Jésus pour qu’il soit crucifié.

Ils se saisirent de Jésus.
Et lui-même, portant sa croix,
sortit en direction du lieu dit Le Crâne (ou Calvaire),
qui se dit en hébreu Golgotha.
C’est là qu’ils le crucifièrent, et deux autres avec lui,
un de chaque côté, et Jésus au milieu.
Pilate avait rédigé un écriteau qu’il fit placer sur la croix ;
il était écrit :
« Jésus le Nazaréen, roi des Juifs. »
Beaucoup de Juifs lurent cet écriteau,
parce que l’endroit où l’on avait crucifié Jésus était proche de la ville,
et que c’était écrit en hébreu, en latin et en grec.
Alors les grands prêtres des Juifs dirent à Pilate :
F. « N’écris pas : “Roi des Juifs” ; mais :
“Cet homme a dit : Je suis le roi des Juifs.” »
L. Pilate répondit :
A. « Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit. »

L. Quand les soldats eurent crucifié Jésus,
ils prirent ses habits ;
ils en firent quatre parts, une pour chaque soldat.
Ils prirent aussi la tunique ;
c’était une tunique sans couture,
tissée tout d’une pièce de haut en bas.
Alors ils se dirent entre eux :
A. « Ne la déchirons pas,
désignons par le sort celui qui l’aura. »
L. Ainsi s’accomplissait la parole de l’Écriture :
Ils se sont partagé mes habits ;
ils ont tiré au sort mon vêtement.
C’est bien ce que firent les soldats.

Or, près de la croix de Jésus se tenaient sa mère
et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas,
et Marie Madeleine.
Jésus, voyant sa mère,
et près d’elle le disciple qu’il aimait,
dit à sa mère :
X « Femme, voici ton fils. »
L. Puis il dit au disciple :
X « Voici ta mère. »
L. Et à partir de cette heure-là,
le disciple la prit chez lui.
Après cela, sachant que tout, désormais, était achevé
pour que l’Écriture s’accomplisse jusqu’au bout,
Jésus dit :
X « J’ai soif. »
L. Il y avait là un récipient plein d’une boisson vinaigrée.
On fixa donc une éponge remplie de ce vinaigre
à une branche d’hysope,
et on l’approcha de sa bouche.
Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit :
X « Tout est accompli. »
L. Puis, inclinant la tête,
il remit l’esprit.

(Ici on fléchit le genou, et on s’arrête un instant.)

Comme c’était le jour de la Préparation (c’est-à-dire le vendredi),
il ne fallait pas laisser les corps en croix durant le sabbat,
d’autant plus que ce sabbat était le grand jour de la Pâque.
Aussi les Juifs demandèrent à Pilate qu’on enlève les corps
après leur avoir brisé les jambes.
Les soldats allèrent donc briser les jambes du premier,
puis de l’autre homme crucifié avec Jésus.
Quand ils arrivèrent à Jésus,
voyant qu’il était déjà mort,
ils ne lui brisèrent pas les jambes,
mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ;
et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau.
Celui qui a vu rend témoignage,
et son témoignage est véridique ;
et celui-là sait qu’il dit vrai
afin que vous aussi, vous croyiez.
Cela, en effet, arriva
pour que s’accomplisse l’Écriture :
Aucun de ses os ne sera brisé.
Un autre passage de l’Écriture dit encore :
Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé.

Après cela, Joseph d’Arimathie,
qui était disciple de Jésus,
mais en secret par crainte des Juifs,
demanda à Pilate de pouvoir enlever le corps de Jésus.
Et Pilate le permit.
Joseph vint donc enlever le corps de Jésus.
Nicodème – celui qui, au début, était venu trouver Jésus pendant
la nuit – vint lui aussi ;
il apportait un mélange de myrrhe et d’aloès
pesant environ cent livres.
Ils prirent donc le corps de Jésus,
qu’ils lièrent de linges,
en employant les aromates
selon la coutume juive d’ensevelir les morts.
À l’endroit où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin
et, dans ce jardin, un tombeau neuf
dans lequel on n’avait encore déposé personne.
À cause de la Préparation de la Pâque juive,
et comme ce tombeau était proche,
c’est là qu’ils déposèrent Jésus.

– Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

Nous le croyons : la proclamation de la Parole rend présent l’événement qu’elle annonce. Non pas bien sûr au sens où nous crucifierions à nouveau Notre-Seigneur. Jésus est mort une fois pour toutes le vendredi saint de l’an 33 sur le Golgotha, et il règne pour toujours à la droite du Père. Nous pourrions dire que la proclamation du récit sort l’événement unique de la Passion du pli du temps, et le pousse en avant depuis le retrait où il se tient, discrètement, mais toujours disponible, prêt à remplir chaque instant des fruits de la Croix glorieuse. C’est donc bien à la lumière de l’événement total, Mort et Résurrection, que nous nous tenons au pied de la Croix, pour y contempler l’Agneau immolé nous révélant l’infini de la miséricorde divine.

Ce qui frappe dans le quatrième évangile, c’est la souveraine maîtrise de Jésus sur les événements. Même s’il subit la Passion, il la subit dans un consentement actif qui ne laisse aux hommes que la part d’initiative qu’il veut bien leur concéder pour que se réalise le dessein de Dieu son Père : « Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi si tu ne l’avais reçu d’en haut ». L’évangéliste va même souligner un détail hautement significatif du renversement de situation dans cet étrange procès où se joue la destinée du monde : Pilate fait asseoir Jésus sur l’estrade du lieu-dit « le Dallage », l’endroit même réservé, non à l’accusé mais au juge, d’où ce dernier prononçait solennellement ses sentences. Jésus bafoué, humilié, couvert de pourpre et de crachats, est intronisé par Pilate lui-même comme Juge universel ayant reçu tout pouvoir sur l’humanité qu’il a récapitulée en lui pour en faire un sacrifice d’agréable odeur devant Dieu.

« Voici l’homme – Voici votre Roi ». Voici l’homme nouveau, rétabli dans la royauté à laquelle Dieu l’avait appelé aux origines. A la lumière de la Passion glorieuse, notre dignité royale de chrétiens apparaît dans la disponibilité pour servir, à l’exemple du Christ qui « n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie pour la multitude » (Mt 20, 28). Telle est la royauté dans laquelle le Christ nous a rétablis en nous libérant de tout ce qui nous empêche d’être tout donnés au service de Dieu et de nos frères.

Ce ministère royal que nous confie Notre-Seigneur, est participation à son ministère unique de Grand Prêtre, Prophète et Roi de la nouvelle création. Du haut du trône de gloire d’où il contemple les enfants de Dieu son Père encore dispersés, Jésus continue de murmurer « J’ai soif » ; et cette plainte douloureuse résonne à nos oreilles à la fois comme un appel à la compassion et à la mission.

La compassion envers notre Sauveur qui a tant aimé le monde et n’en reçoit qu’indifférence et mépris, nous pousse à « faire de notre amour comme un encensoir immense et universel ; à prodiguer cantiques et prières à celui qui a fait de sa Croix un encensoir à la divinité, et nous a tous comblés de richesses par son Sang » (St Ephrem).

Mais cette compassion qui nous appelle à la conversion, nous pousse aussi à répondre généreusement à l’appel du Seigneur qui nous demande « Qui enverrai-je ? Qui sera notre messager ? » (Is 6, 8).

La méditation de la Passion n’est pas un exercice de culpabilisation, un mauvais moment à passer pour pouvoir enfin entrer dans une exultation pascale qu’il faudrait plutôt appeler du soulagement que de la joie. Tout au contraire la méditation de la Passion est contemplation de la Beauté divine de l’amour qui se livre gratuitement, et qui précisément parce qu’il ne demande rien en retour, devrait susciter un élan d’amour réciproque : « Me voici pour faire ta volonté, Seigneur », c’est-à-dire pour poursuivre ton œuvre de rassemblement des enfants du Père sous la bannière de l’Esprit.

Que Marie, à qui Jésus du haut de la croix a confié chacun de nous au moment de nous enfanter à la vie dans le souffle de son Esprit, que Marie nous aide à prononcer notre fiat personnel en réponse à la vocation particulière qui repose sur nous.

Puissions-nous le prononcer non seulement des lèvres, mais que toute notre vie soit une réponse à l’initiative divine du salut. Que la générosité du Christ nous pousse : « à exiger de nous-mêmes exactement ce à quoi nous sommes appelés ; ce à quoi, pour répondre à notre vocation, nous sommes personnellement obligés, avec la grâce de Dieu » (Saint Jean-Paul II, Redemptor Hominis).

Abbé Philippe Link / Merci! 

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Psaume (30 (31))
R/ Ô Père, en tes mains
je remets mon esprit.


En toi, Seigneur, j'ai mon refuge ;
garde-moi d'être humilié pour toujours.
En tes mains je remets mon esprit ;
tu me rachètes, Seigneur, Dieu de vérité.

Je suis la risée de mes adversaires
et même de mes voisins ;
je fais peur à mes amis,
s'ils me voient dans la rue, ils me fuient.

On m'ignore comme un mort oublié,
comme une chose qu'on jette.
J'entends les calomnies de la foule :
ils s'accordent pour m'ôter la vie.

Moi, je suis sûr de toi, Seigneur,
je dis : « Tu es mon Dieu !
» Mes jours sont dans ta main : délivre-moi
des mains hostiles qui s'acharnent.

Sur ton serviteur,
que s'illumine ta face ;
sauve-moi par ton amour.
Soyez forts, prenez courage,
vous tous qui espérez le Seigneur !


Bon cheminement vers Pâques.

Jean-Yves Fortin, diacre




mercredi 27 mars 2024

Jeudi Saint: Le lavement des pieds des disciples... / Journée consacrée aux prêtres... Fête des prêtres... / MERCI! / (457,802)

Bonjour!

Jeudi Saint le 28 mars 2024

Voici la Parole de Dieu de ce jour... 

ÉVANGILE

« Il les aima jusqu’au bout » (Jn 13, 1-15)

Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus !
Je vous donne un commandement nouveau,
dit le Seigneur :
« Aimez-vous les uns les autres
comme je vous ai aimés. »
Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus ! (cf. Jn 13, 34)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Avant la fête de la Pâque,
sachant que l’heure était venue pour lui
de passer de ce monde à son Père,
Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde,
les aima jusqu’au bout.

Au cours du repas,
alors que le diable
a déjà mis dans le cœur de Judas, fils de Simon l’Iscariote,
l’intention de le livrer,
Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains,
qu’il est sorti de Dieu et qu’il s’en va vers Dieu,
se lève de table, dépose son vêtement,
et prend un linge qu’il se noue à la ceinture ;
puis il verse de l’eau dans un bassin.
Alors il se mit à laver les pieds des disciples
et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture.
Il arrive donc à Simon-Pierre,
qui lui dit :
« C’est toi, Seigneur, qui me laves les pieds ? »
Jésus lui répondit :
« Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ;
plus tard tu comprendras. »
Pierre lui dit :
« Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! »
Jésus lui répondit :
« Si je ne te lave pas,
tu n’auras pas de part avec moi. »
Simon-Pierre
lui dit :
« Alors, Seigneur, pas seulement les pieds,
mais aussi les mains et la tête ! »
Jésus lui dit :
« Quand on vient de prendre un bain,
on n’a pas besoin de se laver, sinon les pieds :
on est pur tout entier.
Vous-mêmes,
vous êtes purs,
mais non pas tous. »
Il savait bien qui allait le livrer ;
et c’est pourquoi il disait :
« Vous n’êtes pas tous purs. »

Quand il leur eut lavé les pieds,
il reprit son vêtement, se remit à table
et leur dit :
« Comprenez-vous
ce que je viens de faire pour vous ?
Vous m’appelez “Maître” et “Seigneur”,
et vous avez raison, car vraiment je le suis.
Si donc moi, le Seigneur et le Maître,
je vous ai lavé les pieds,
vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres.
C’est un exemple que je vous ai donné
afin que vous fassiez, vous aussi,
comme j’ai fait pour vous. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

« Jésus ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout », c’est-à-dire jusqu’au don de sa propre vie. C’est dans sa Passion désormais toute proche, que Notre-Seigneur s’apprête à nous manifester l’absolu de son amour. Cependant la présentation du quatrième évangile suggère que la charité divine nous est davantage encore révélée dans l’anticipation eucharistique du sacrifice rédempteur, qui nous assure sa permanence sacramentelle.

Au cœur de la Révélation de l’amour miséricordieux, se situe, comme son sommet indépassable, le Mystère de la très Sainte Eucharistie dans laquelle l’Agneau demeure disponible, en état d’immolation permanente, tel un sacrifice de propitiation toujours offert pour nos péchés.

Nous ne trouvons pas le récit de l’institution de l’Eucharistie dans l’évangile selon Saint Jean, pour la bonne raison qu’à la fin du premier siècle, celle-ci constituait déjà le cœur de la vie liturgique de la communauté. Mais les commentateurs sont unanimes pour interpréter le lavement des pieds comme un approfondissement du sens de ce que le Christ réalise pour nous dans chaque Messe. Il est d’ailleurs significatif que l’évangéliste situe la scène « au cours du repas », cette expression introduisant généralement les récits de l’institution de l’Eucharistie.

Or ce n’est pas au milieu du repas qu’on lave les pieds des convives, mais à leur arrivée et avant de passer à table. Interrompre la commensalité pour procéder aux ablutions est déjà pour le moins anachronique ; mais quand de plus c’est le président de table qui en prend l’initiative, la situation devient franchement choquante : n’y a-t-il plus assez de serviteurs ou d’esclaves pour remplir ce service qui leur revient ? Il est clair que Jésus a voulu intentionnellement focaliser l’attention sur ce geste pour lui donner un sens prophétique.

Cependant, le bouleversement hiérarchique suggéré par l’attitude de Jésus est franchement insupportable pour Pierre, et on le comprend. L’apôtre perd tous ses repères et ne sait plus comment réagir. Pensez donc : si dans une barque de pécheurs, le chef d’équipe lâchait la barre pour venir ramer avec les autres, l’embarcation ne chavirerait-elle pas ? Si le Maître prend la place du serviteur, lui, le disciple, où doit-il se situer ?

Déjà Simon-Pierre avait été sérieusement bousculé, et même profondément troublé, par les annonces de la Passion, mais cette fois s’en est trop : « Je t’en prie, Seigneur, reste à ta place : « non, tu ne me laveras pas les pieds, jamais ! »

Comment pourrions-nous supporter que le Très-Haut s’abaisse devant nous pour nous laver les pieds ? Comment consentir à une telle humiliation du Tout-Puissant, qui met radicalement en cause toutes nos conceptions de Dieu ?

Peut-être aussi l’attitude de Jésus exprime-t-elle avec une telle force le prix que nous avons à ses yeux, que cette prise de conscience nous est insupportable : nous pressentons bien la démesure entre le profond respect du Christ pour nous et l’abîme de péché qui nous habite.

Et pourtant, ce simple geste n’est rien à côté de ce que Jésus réalise pour chacun de nous dans chaque Eucharistie. Car c’est bien dans l’état d’esclave qu’il se propose à nous sous les apparences du Pain et du Vin : « Ceci est mon Corps livré pour vous ; mon Sang versé pour vous et pour la multitude, en rémission des péchés. » Sans rien exiger en retour, Jésus nous offre le mémorial de sa Passion pour que nous puissions bénéficier sans cesse du fruit de sa Rédemption.

Non, ce ne sont pas seulement nos pieds que Jésus veut laver : c’est tout entier qu’il veut nous purifier, en nous incorporant à lui par la communion eucharistique.

Telle est la logique déconcertante de la Croix : c’est en consentant à se laisser engloutir dans la gueule de la mort que Notre-Seigneur en triomphe ; de même c’est en se laissant incorporer dans notre humanité marquée par le péché, que Jésus nous libère, nous sauve, nous guérit. A chaque communion, nous permettons un peu plus au Seigneur de réaliser le mystère de l’incarnation rédemptrice dans notre vie personnelle : c’est bien réellement qu’il fait sa demeure dans nos cœurs, d’où il investit les facultés de notre âme, pour nous atteindre jusque dans notre corps, tant son union est personnelle et intégrale, et nous touche dans toutes les dimensions de notre être.

« C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous ».

Si le lavement des pieds pouvait nous laisser l’illusion d’un service transitoire, au terme duquel nous pourrions « rendre notre tablier » et reprendre notre indépendance, l’interprétation eucharistique du geste nous ramène à une toute autre réalité. Dans l’Eucharistie, Jésus demeure pour toujours en état d’oblation permanente. Le ministère de serviteur devrait donc être pour le chrétien un état permanent ; nous devrions être à chaque instant, comme Jésus eucharistie, dans un total renoncement à nous-mêmes et un engagement de tout notre être au service des autres : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ».

Une telle exigence est bien sûr infiniment au-dessus de nos forces, le Seigneur le sait bien. C’est précisément pour cela qu’il a institué le sacrement de l’Eucharistie, afin de pouvoir lui-même accomplir en nous le précepte de l’amour. C’est en effet dans la mesure où nous nous unissons au Cœur eucharistique du Christ, que nous lui permettons d’opérer ce débordement « ad extra » de l’amour trinitaire, que nous appelons charité fraternelle.

Que ce triduum pascal soit pour nous l’occasion de faire un examen de conscience sur notre hiérarchie de valeurs : « Vous m’appelez “Maître” et “ Seigneur ” et vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous ». Heureux celui qui entend ces paroles et les met en pratique : il est déjà ressuscité, car seul l’Esprit du Christ peut accomplir en nous les préceptes qu’il nous confie.

Abbé Philippe Link / Merci!

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     MERCI!     

Le Jeudi Saint, c'est la Fête des prêtres...

À tous nos prêtres d'avoir dit OUI à l'appel du Seigneur de s'engager pour la vie à son service et au service d'ans l'Église, peuple de Dieu en marche vers le Royaume. Nous les remercions d'être demeurés fidèles à leur vocation et à la mission; elle est abondante. Les prêtres ont besoin d'être portés par nos prières.

         Remercions personnellement un prêtre aujourd'hui...     

Bonne journée!

Jean-Yves