jeudi 29 février 2024

« Voici l’héritier : venez ! tuons-le ! »

 Bonjour!

Vendredi 1er mars 2024

Voici la Parole de Dieu de ce jour...

ÉVANGILE

« Voici l’héritier : venez ! tuons-le ! » (Mt 21, 33-43.45-46)

Louange à toi, Seigneur,
Roi d’éternelle gloire !
Dieu a tellement aimé le monde
qu’il a donné son Fils unique,
afin que ceux qui croient en lui aient la vie éternelle.
Louange à toi, Seigneur,
Roi d’éternelle gloire ! (Jn 3, 16)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là,
Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple :
« Écoutez cette parabole :
Un homme était propriétaire d’un domaine ;
il planta une vigne,
l’entoura d’une clôture,
y creusa un pressoir et bâtit une tour de garde.
Puis il loua cette vigne à des vignerons,
et partit en voyage.
Quand arriva le temps des fruits,
il envoya ses serviteurs auprès des vignerons
pour se faire remettre le produit de sa vigne.
Mais les vignerons se saisirent des serviteurs,
frappèrent l’un,
tuèrent l’autre,
lapidèrent le troisième.
De nouveau, le propriétaire envoya d’autres serviteurs
plus nombreux que les premiers ;
mais on les traita de la même façon.
Finalement, il leur envoya son fils,
en se disant :
“Ils respecteront mon fils.”
Mais, voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux :
“Voici l’héritier : venez ! tuons-le,
nous aurons son héritage !”
Ils se saisirent de lui,
le jetèrent hors de la vigne
et le tuèrent.
Eh bien ! quand le maître de la vigne viendra,
que fera-t-il à ces vignerons ? »
On lui répond :
« Ces misérables, il les fera périr misérablement.
Il louera la vigne à d’autres vignerons,
qui lui en remettront le produit en temps voulu. »
Jésus leur dit :
« N’avez-vous jamais lu dans les Écritures :
La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle :
c’est là l’œuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux !
Aussi, je vous le dis :
Le royaume de Dieu vous sera enlevé
pour être donné à une nation
qui lui fera produire ses fruits. »

En entendant les paraboles de Jésus,
les grands prêtres et les pharisiens
avaient bien compris qu’il parlait d’eux.
Tout en cherchant à l’arrêter,
ils eurent peur des foules,
parce qu’elles le tenaient pour un prophète.

– Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

« Et bien, quand le maître viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? » La réponse ne se fait pas attendre : C’est la punition qui doit prévaloir jusqu’à les faire périr, qui plus est « misérablement ». Autrement dit, pas de pitié et la vigne se verra confiée à d’autres vignerons mieux intentionnés. Mais nous sommes ici dans une logique de mort. D’ailleurs, pas un mot dans cette réponse au sujet du « fils ». Les auditeurs de Jésus l’auraient-ils oublié ? Serait-il mort pour eux aussi ?

Pour Jésus, l’histoire ne peut se finir ainsi. Ce maître serait-il vraiment père s’il faisait si peu de cas de son fils ? La mort du fils ne saurait être le dernier mot, pas plus que la vengeance suggérée par les auditeurs. Le maître va tout au contraire se servir de la perversion des vignerons pour révéler que sa paternité est plus puissante que la mort infligée au fils. C’est la vie qui doit avoir le dernier mot. Au sein d’Israël, le refus de certains d’accueillir son Fils, permettra à notre Père céleste de révéler la toute-puissance de sa miséricorde, en construisant le Royaume sur la pierre rejetée, choisie comme pierre d’angle : « C’est là l’œuvre du Seigneur, une merveille à nos yeux ! »

Ce Royaume c’est l’Eglise du Christ, composée de Juifs et de païens convertis, qui est appelée tout comme Israël à porter un fruit de vie éternelle. Cette Eglise, nous en sommes membres depuis le jour de notre baptême. Ce jour-là, pour reprendre une autre allégorie de la vigne – que l’on trouve cette fois dans saint Jean -, nous avons été greffés sur le Christ, comme les sarments sur le cep de la vigne (Cf. Jean 15).

Comme le Père a envoyé son Fils dans le monde pour réaliser sa mission rédemptrice, de la même manière, le Christ nous envoie pour collaborer à son œuvre de Rédemption. Il est vrai que les fruits de notre sarment ne sont pas toujours immédiats ou visibles mais nous ne pouvons douter que si nous restons unis au Christ comme le sarment uni au cep, nous porterons un fruit qui demeure. Produire ainsi du fruit c’est rendre gloire à Dieu parce que c’est contribuer à la croissance de son Royaume de justice, de paix et de miséricorde.

Seigneur, la mission que tu nous confies dans l’histoire du salut n’est pas banale. Aide-nous à cultiver avec soin notre vigne pour qu’elle puisse produire un raisin doux et comestible pour nos frères et sœurs afin qu’ils découvrent ta bonté, toi le maître de la vigne et le Seigneur de la Vie.

Abbé Philippe Link / MERCI!

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Bonne journée!

Jean-Yves 


mercredi 28 février 2024

« Tu as reçu le bonheur, et Lazare, le malheur. Maintenant, lui, il trouve ici la consolation, et toi, la souffrance » / Prière pour le carême... / ((455,942)

 Bonjour!

Jeudi 29 février 2024

Voici la Parole de Dieu de ce jour...

ÉVANGILE

« Tu as reçu le bonheur, et Lazare, le malheur. Maintenant, lui, il trouve ici la consolation, et toi, la souffrance » (Lc 16, 19-31)

Ta parole, Seigneur, est vérité,
et ta loi, délivrance.
Heureux ceux qui ont entendu la Parole
dans un cœur bon et généreux,
qui la retiennent et portent du fruit par leur persévérance.
Ta parole, Seigneur, est vérité,
et ta loi, délivrance. (cf. Lc 8, 15)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
Jésus disait aux pharisiens :
« Il y avait un homme riche,
vêtu de pourpre et de lin fin,
qui faisait chaque jour des festins somptueux.
Devant son portail gisait un pauvre nommé Lazare,
qui était couvert d’ulcères.
Il aurait bien voulu se rassasier
de ce qui tombait de la table du riche ;
mais les chiens, eux, venaient lécher ses ulcères.
Or le pauvre mourut,
et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham.
Le riche mourut aussi,
et on l’enterra.
Au séjour des morts, il était en proie à la torture ;
levant les yeux,
il vit Abraham de loin et Lazare tout près de lui.
Alors il cria :
“Père Abraham,
prends pitié de moi
et envoie Lazare tremper le bout de son doigt dans l’eau
pour me rafraîchir la langue,
car je souffre terriblement dans cette fournaise.
– Mon enfant, répondit Abraham,
rappelle-toi :
tu as reçu le bonheur pendant ta vie,
et Lazare, le malheur pendant la sienne.
Maintenant, lui, il trouve ici la consolation,
et toi, la souffrance.
Et en plus de tout cela, un grand abîme
a été établi entre vous et nous,
pour que ceux qui voudraient passer vers vous
ne le puissent pas,
et que, de là-bas non plus, on ne traverse pas vers nous.”
Le riche répliqua :
“Eh bien ! père, je te prie d’envoyer Lazare
dans la maison de mon père.
En effet, j’ai cinq frères :
qu’il leur porte son témoignage,
de peur qu’eux aussi ne viennent
dans ce lieu de torture !”
Abraham lui dit :
“Ils ont Moïse et les Prophètes :
qu’ils les écoutent !
– Non, père Abraham, dit-il,
mais si quelqu’un de chez les morts vient les trouver,
ils se convertiront.”
Abraham répondit :
“S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes,
quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts :
ils ne seront pas convaincus.” »

– Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

A propos de cette parabole, il convient de nous demander pourquoi le riche voit Lazare en compagnie d’Abraham plutôt qu’en compagnie d’un autre patriarche ou d’un autre prophète. C’est que dans les Ecriture, Abraham s’est montré hospitalier. Il apparaît donc à côté de Lazare pour accuser le riche d’avoir été inhospitalier. En effet, le patriarche cherchait à retenir même les simples passants pour les faire entrer sous sa tente. Le riche, au contraire, n’avait eu que dédain pour celui qui logeait dans sa propre maison. Or, il avait les moyens, avec tout l’argent dont il disposait, d’assurer la sécurité du pauvre. Mais il a continué, jour après jour, à l’ignorer et il a négligé de lui donner l’aide dont il avait besoin.

Le patriarche n’a pas agi de cette façon, bien au contraire! Assis à l’entrée de sa tente, il mettait la main sur tous ceux qui passaient, à la manière dont un pêcheur jette son filet dans la mer pour y prendre du poisson, et souvent même de l’or et des pierres précieuses. Ainsi, en ramenant des hommes dans son filet, il est arrivé qu’Abraham prenne des anges et, chose étonnante, sans même le deviner!

L’auteur de l’épître aux Hébreux lui-même en a été tout émerveillé, ce qui nous a valu cette exhortation: N’oubliez pas l’hospitalité. Elle a permis à certains, sans le savoir, de recevoir chez eux des anges (He 13,2). Il a raison de dire: sans le savoir. Si Abraham avait su que ceux qu’il accueillait avec tant de bienveillance étaient des anges, il n’aurait rien fait d’extraordinaire ni d’admirable. Il reçoit donc cet éloge uniquement parce qu’il ignorait l’identité des passants. En effet, ces voyageurs qu’il invitait si généreusement chez lui, il les prenait pour des hommes ordinaires.

Nous savons bien, nous aussi, nous montrer plein d’empressement pour recevoir un personnage célèbre, un notable, quelqu’un d’important, mais cela ne vaut pas que l’on s’en émerveille. Car il arrive souvent qu’un homme, même inhospitalier, dès qu’il est obligé de recevoir une personne de qualité, y mette toute sa bonne volonté. En revanche, il est très remarquable et vraiment admirable de réserver un accueil plein de bonté aux premiers venus, aux gens inconnus et ordinaires. Ceux qui pratiquent cet accueil, le Christ les reçoit avec ces paroles: Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits, c’est à moi que vous l’avez fait (Mt 25,40). Il leur dit aussi: Ainsi, votre Père ne veut pas qu’un seul de ces petits soit perdu (Mt 18,14). Et encore: Celui qui entraînera la chute d’un seul de ces petits, il est préférable pour lui qu’on lui accroche au cou une de ces meules que tournent les ânes et qu’on l’engloutisse en pleine mer (Mt 18,6). Dans tout son enseignement, d’ailleurs, le Christ fait une grande place aux petits et aux humbles.

Abraham était également animé de la même conviction quand il s’interdisait d’interroger les passants pour connaître leur identité ou leur origine, comme nous le faisons en pareilles circonstances. Il accueillait simplement tous les passants. Car celui qui veut faire du bien à quelqu’un n’a pas à lui demander des comptes sur sa vie, mais à soulager sa pauvreté et à remédier à son indigence.

Il y a là peut-être un appel pour nos communautés, particulièrement durant ce temps du Carême. Interrogeons-nous. Comment vivons-nous personnellement, et communautairement l’accueil. Oh, il ne s’agit pas tant de se mettre au bord de la rue demain pour inviter tous les passants à venir déjeuner, que de s’interroger, intérieurement, sur notre capacité à accueillir celui ou celle que Jésus met sur notre chemin. C’est notre capacité d’accueil des plus petits, notre attention aux plus pauvres, pauvres matériellement, spirituellement, pauvres en amour, qui doit devenir l’un des éléments de discernement de notre vie spirituelle. Demandons au Seigneur de venir dilater notre cœur afin que nous soyons capables d’aimer comme Il aime, d’accueillir comme Il accueil. Il y a là une véritable règle de vie.

Seigneur, Dieu d’Abraham et Dieu de Jésus Christ, tu combles de biens les affamés et tu renvoies les riches les mains vides. Fais de nous des pauvres en esprit et en vérité. Alors nous deviendrons capables de comprendre les avertissements que tu nous donnes en cette vie.

Abbé Philippe Link / Merci!

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Sur le chemin du Carême

 Seigneur, mon Dieu, depuis le jour de mon baptême, je chemine avec Toi. 
Tu es l'ami de mes jours de soleil et de mes nuits de brouillard, 
C'est Toi que j'ai choisi, aide-moi à T'aimer et à Te rester fidèle ! 
Toi, jamais Tu ne m'abandonnes, 
Tu es la lumière qui m'éclaire, même au cœur des ténèbres. Tu es la source qui rafraîchit qui coule en moi et me redonne vie. 
Ton amour pour moi est si grand que même la mort ne T'arrête pas. 
Tu es le chemin, Tu es la vie nouvelle ! 
Donne-moi, Seigneur, sur ma route de Carême, d'oser vivre Ta parole, 
Celle qui donne vie, Celle qui ouvre l'horizon, 
Celle qui repousse les ténèbres, Celle qui met l'homme debout. 
Donne-moi, Seigneur, sur ma route de Carême, 
D'oser partager ta parole, avec humilité et vérité. » 

Amen

 Sœurs de la Congrégation des Religieuses des Sacrés-Cœurs

Bonne journée!

Jean-Yves 


mardi 27 février 2024

« Ils le condamneront à mort » / (455,915)

 Bonjour!

Mercredi 28 février 2024

Voici la Parole de Dieu de ce jour...


ÉVANGILE

« Ils le condamneront à mort » (Mt 20, 17-28)

Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus !
Moi, je suis la lumière du monde, dit le Seigneur.
Celui qui me suit aura la lumière de la vie.
Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus ! (Jn 8, 12)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là,
Jésus, montant à Jérusalem,
prit à part les Douze disciples
et, en chemin, il leur dit :
« Voici que nous montons à Jérusalem.
Le Fils de l’homme sera livré
aux grands prêtres et aux scribes,
ils le condamneront à mort
et le livreront aux nations païennes
pour qu’elles se moquent de lui,
le flagellent et le crucifient ;
le troisième jour, il ressuscitera. »

Alors la mère des fils de Zébédée
s’approcha de Jésus avec ses fils Jacques et Jean,
et elle se prosterna pour lui faire une demande.
Jésus lui dit :
« Que veux-tu ? »
Elle répondit :
« Ordonne que mes deux fils que voici
siègent, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche,
dans ton Royaume. »
Jésus répondit :
« Vous ne savez pas ce que vous demandez.
Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? »
Ils lui disent :
« Nous le pouvons. »
Il leur dit :
« Ma coupe, vous la boirez ;
quant à siéger à ma droite et à ma gauche,
ce n’est pas à moi de l’accorder ;
il y a ceux pour qui cela est préparé par mon Père. »
Les dix autres, qui avaient entendu,
s’indignèrent contre les deux frères.
Jésus les appela et dit :
« Vous le savez :
les chefs des nations les commandent en maîtres,
et les grands font sentir leur pouvoir.
Parmi vous, il ne devra pas en être ainsi :
celui qui veut devenir grand parmi vous
sera votre serviteur ;
et celui qui veut être parmi vous le premier
sera votre esclave.
Ainsi, le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi,
mais pour servir,
et donner sa vie en rançon pour la multitude. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

Tout en marchant, « Jésus prend à part les Douze » pour les avertir de ce qu’ils auront à affronter à Jérusalem. Avec un réalisme émouvant, Notre-Seigneur leur expose le sort qui l’attend dans la Ville Sainte, mais aussi le triomphe de Pâques au troisième jour. La mère de Jacques et de Jean, pensant sans doute que dans cet aparté avec ses proches collaborateurs, Jésus préparait les structures du gouvernement qu’il mettrait bientôt en place, profite de l’occasion pour présenter la candidature de ses deux fils. Il est probable que cette femme faisait partie du groupe de celles qui suivaient le Maître, pourvoyant à ses besoins ainsi qu’à ceux de ses apôtres ; mais on s’étonne néanmoins de la voir intervenir ainsi abruptement, poussant en avant ses deux garçons, qui ont pourtant largement dépassé l’âge d’avoir besoin du soutien de maman ! 

Qui est à l’origine de cette « manœuvre électorale », dont il serait étonnant qu’elle ait été improvisée : la mère a-t-elle monté la tête à ses deux fils, ou ceux-ci ont-ils eu recours à ses services pour lui faire exprimer la demande qui brûlait leurs lèvres mais qu’ils n’osaient formuler ? Quoi qu’il en soit, la situation révèle au grand jour l’abîme qui sépare les dispositions de cœur de Jésus et celles de son entourage.

Rien ne laisse supposer que les autres apôtres pensaient différemment : ils « s’indignèrent contre les deux frères », non pas en raison de la nature de la demande, mais …de les avoir devancés ! D’avoir osé demander explicitement des postes que chacun d’eux briguait secrètement. Il suffit pour s’en assurer de rapprocher notre récit d’un passage en Saint Luc : au terme d’une mission d’évangélisation, le même groupe arrive à Capharnaüm. « Une fois à la maison, Jésus leur demandait : “De quoi discutiez-vous en chemin ?” Ils se taisaient, car, sur la route, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand » (Mc 9, 33-34). Cet échange fait également suite à une des annonces de la Passion. Autrement dit : les Douze refusent d’entendre ce que leur Maître va tenter par trois fois de leur faire comprendre quant aux événements dramatiques qui se préparent.

Cette attitude peut étonner, mais ne sommes-nous pas tous sourds de la même manière aux enseignements de Jésus ? Combien de fois ne lui demandons-nous pas de bénir des entreprises qui n’ont pas grand-chose à voir avec le Royaume, mais visent plutôt à l’accroissement de notre avoir, de notre gloire, ou même de notre pouvoir ? Toujours avec les meilleures raisons du monde bien sûr et protestant de la droiture de nos intentions. Mais si nous étions sincères, nous reconnaîtrions sans peine que ces demandes ne formulent pas le désir de l’Esprit sur nous, mais qu’elles sont dictées par nos ambitions humaines.

« “Vous ne savez pas ce que vous demandez” : vous me demandez de vous accorder la gloire selon ce monde, alors que je m’apprête à ouvrir pour vous le chemin de la gloire du Royaume, à travers l’humiliation de la croix ». Je ne crois pas que nous soyons nombreux à avoir demandé cette dernière gloire, du moins selon la voie proposée par Jésus ! Nous voulons tous devenir saints, mais en évitant le passage étroit et pourtant incontournable de la Croix. La demande du disciple devrait être : « Seigneur, donne-moi le courage de ne pas fuir la coupe que tu me tends, mais de la saisir à pleine main, et de la boire résolument, dans la certitude que son amertume se changera en douceur, sa tristesse en joie, car c’est en “communiant à tes souffrances, en te devenant conforme dans ta mort, que nous parviendrons à ressusciter d’entre les morts”» (cf. Ph 3, 10-11).

Certes voilà un discours que nous n’aimons pas entendre ; pourtant il ne fait que nous placer devant la cohérence de notre choix baptismal. Jésus nous a avertis clairement : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se charge de sa croix chaque jour » (Lc 9, 23). Il pose à ses disciples des exigences morales qui exigent de « se renier soi-même » (Ibid.). La route qu’il nous promet est « étroite et resserrée », comparée à la voie « large et spacieuse » qui « mène à la perdition » (cf. Mt 7, 13-14). Nous connaissons tous ces versets, il nous arrive même de les citer ; mais les avons-nous réellement intégrés dans notre vie de foi ? Pourtant, seul celui qui garde les yeux fixés sur la Croix de notre Seigneur et Sauveur, pour y puiser la force de marcher délibérément à sa suite, est digne de porter le beau nom de « chrétien ».

Ce temps de carême nous est précisément donné pour revenir à l’essentiel et refaire les choix dont nous nous sommes peut-être insensiblement écartés sous l’influence de la mentalité ambiante. Quelles sont mes priorités ? Les finalités qui me mobilisent ? Me faire un nom, une place en ce monde, au besoin « en commandant en maître et en faisant sentir mon pouvoir », ou devenir le serviteur de tous dans la discrétion de la véritable humilité, ne cherchant rien d’autre que de donner ma vie, jour après jour, dans l’oubli de moi-même ?

Abbé Philippe Link / Merci!

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Bonne journée!

Jean-Yves 


lundi 26 février 2024

« Ils disent et ne font pas » / (455,879)

 Bonjour!

Mardi 27 février 2024

Voici la Parole de Dieu de ce jour...


ÉVANGILE

« Ils disent et ne font pas » (Mt 23, 1-12)

Ta parole, Seigneur, est vérité,
et ta loi, délivrance.
Rejetez tous les crimes que vous avez commis,
faites-vous un cœur nouveau et un esprit nouveau.
Ta parole, Seigneur, est vérité,
et ta loi, délivrance. (Ez 18, 31)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là,
Jésus s’adressa aux foules et à ses disciples,
et il déclara :
« Les scribes et les pharisiens
enseignent dans la chaire de Moïse.
Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire,
faites-le et observez-le.
Mais n’agissez pas d’après leurs actes,
car ils disent et ne font pas.
Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter,
et ils en chargent les épaules des gens ;
mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt.
Toutes leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens :
ils élargissent leurs phylactères
et rallongent leurs franges ;
ils aiment les places d’honneur dans les dîners,
les sièges d’honneur dans les synagogues
et les salutations sur les places publiques ;
ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi.
Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi,
car vous n’avez qu’un seul maître pour vous enseigner,
et vous êtes tous frères.
Ne donnez à personne sur terre le nom de père,
car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux.
Ne vous faites pas non plus donner le titre de maîtres,
car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ.
Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.
Qui s’élèvera sera abaissé,
qui s’abaissera sera élevé. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

Les premières paroles de l’extrait du prophète Isaïe que nous avons entendu en première lecture résonnent comme un coup de clairon : « Écoutez la Parole du Seigneur ! » Et à qui s’adresse cette injonction ? A ceux « qui ressemblent aux chefs de Sodome », c’est-à-dire à ceux qui font le mal sans scrupule, qui prétendent avoir dépassé l’opposition entre le bien et le mal, qui se vantent d’avoir instauré enfin un relativisme moral libérateur. Le Seigneur ne se répand cependant pas contre eux dans un flot d’invectives ou d’accusations : il se contente de les interpeller vigoureusement : « Écoutez la Parole du Seigneur », c’est-à-dire reconnaissez l’altérité divine et prêtez l’oreille à ses propos.

Pour convertir les pécheurs, Dieu commence par leur manifester sa paternité en les convoquant autour de sa Parole. Certes, il propose un enseignement, mais il ne nous impose pas un monologue moralisateur : « Venez donc et discutons, dit le Seigneur ». Le père est celui qui ouvre le dialogue : il parle et donne la parole, et c’est dans cet échange de paroles qu’il veut nous faire découvrir à la fois la vérité et notre responsabilité personnelle devant elle.

Toute autre est l’attitude des « scribes et pharisiens ». Eux aussi ils « enseignent », avec autorité, mais leur parole n’invite pas au dialogue, elle ne met pas en relation. Leur discours tend plutôt à creuser une distance entre eux et les autres, qu’ils veulent maintenir en leur pouvoir en les « chargeant de pesants fardeaux ».

La paternité de Dieu libère et fait vivre ; celle des scribes et pharisiens qui usurpent « la chaire de Moïse », aliène et écrase. Cependant, dans la mesure où ils se réfèrent aux Écritures, c’est-à-dire à la Parole du Dieu Père, il convient de les écouter et « d’observer tout ce qu’ils peuvent dire ». C’est le contre témoignage de leur vie concrète, qui est inadapté, mensonger, à proscrire. Car contrairement à Dieu qui cherche uniquement le bien du pécheur, qui désire qu’il se convertisse et qu’il vive, les scribes et pharisiens ne sont préoccupés que d’eux-mêmes, de leur propre gloire. Ces « bergers mercenaires » ne sont pas le Bon Pasteur ; « les brebis ne comptent pas vraiment pour eux » (Jn 10, 13).

Jésus, lui, est la Parole, le Verbe de Dieu, autour duquel le Père convoque tous les hommes de bonne volonté afin de leur révéler son vrai visage et le dessein bienveillant qu’il nourrit à leur égard. Il est l’unique « Bon Pasteur » qui rassemble les enfants dispersés du Père de tous les hommes : « il y aura un seul troupeau et un seul pasteur » (Jn 10, 16). Il ne se contente pas d’enseigner le chemin de la vérité et de la vie : il est lui-même ce chemin, qu’il ouvre à travers la mort afin de nous donner part à sa vie : « le vrai Berger donne sa vie pour ses brebis » (Jn 10, 11). C’est en allant ainsi au bout du chemin de l’amour, que le Fils témoigne du Père et le glorifie.

Les scribes et pharisiens sont incontestablement des Maîtres de la Loi ; ils connaissent toutes les subtilités de la lettre et les diverses interprétations rabbiniques de chaque verset. Mais l’Écriture est pour eux un corps mort dont ils disposent pour s’élever, se glorifier. Ils ignorent l’âme de la Parole, c’est-à-dire la Flamme vivante de la charité qui invite tout au contraire au service et à l’abaissement volontaire, dans une recherche constante de la gloire du Père.

A l’école de l’Évangile, nous découvrons que seul Notre-Seigneur Jésus Christ est digne de foi, parce que lui seul « a observé parfaitement tout ce qu’il a enseigné » ; sa Parole de vérité nous révèle le visage de l’unique Père de tous les hommes qui les appelle tous à la conversion et à la réconciliation ; et c’est dans l’onction de l’unique Esprit que nous avons accès à la vie filiale, formant un unique Corps dont Jésus est la tête.

Cet évangile nous ramène à un des thèmes sur lesquels le Saint Père insiste depuis quelques mois à temps et à contretemps : l’importance primordiale de la cohérence entre la Parole annoncée et le témoignage de la vie. La force de persuasion du christianisme ne réside pas dans l’art oratoire déployé par les prédicateurs, mais elle procède essentiellement de la transformation concrète de la vie de ceux qui s’appuient sur la Parole et se livrent à l’Esprit. Puissions-nous en ce temps de Carême, prendre conscience de notre responsabilité, pour qu’en voyant l’œuvre de l’Esprit en nous, les hommes « rendent gloire à Dieu en offrant le sacrifice d’action de grâce » (Ps 49 [50]).

Abbé Philippe Link  -- Merci!

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Bonne journée!

Jean-Yves 

dimanche 25 février 2024

« Pardonnez, et vous serez pardonnés » / (455,853)

 Bonjour!

Lundi 26 février 2024

Voici la Parole de Dieu de ce jour...


ÉVANGILE

« Pardonnez, et vous serez pardonnés » (Lc 6, 36-38)

Gloire à toi, Seigneur,
Fils du Dieu vivant !
Tes paroles, Seigneur,  
sont esprit et elles sont vie.
Tu as les paroles de la vie éternelle.
Gloire à toi, Seigneur,
Fils du Dieu vivant ! (cf. Jn 6, 63c.68c)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux.
Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ;
ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés.
Pardonnez, et vous serez pardonnés.
Donnez, et l’on vous donnera :
c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante,
qui sera versée dans le pan de votre vêtement ;
car la mesure dont vous vous servez pour les autres
servira de mesure aussi pour vous. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

Jésus ne demande pas à tout le monde de vendre tous ses biens et de les donner aux pauvres. Mais il nous demande néanmoins à tous d’« avoir du cœur » au quotidien.

Pour bien se faire comprendre, il précise son propos par quelques préceptes qui sont à la portée de tout homme de bonne volonté, ne refusant pas l’assistance de l’Esprit : « ne jugez pas, ne condamnez pas, pardonnez, partagez ». S’il s’agit d’avoir du cœur « comme notre Père », c’est donc que lui non plus ne juge pas, ne condamne pas, mais pardonne, et donne, « une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans notre tablier ».

Il pourrait sembler que la motivation suggérée par Notre-Seigneur ne soit pas pure, puisqu’il nous invite à un subtil calcul : ne jugez pas afin de ne pas être jugés vous-mêmes. Il s’agirait davantage d’une stratégie intéressée que d’un appel à l’amour, qui est nécessairement gratuit. En fait Jésus ne fait qu’opposer deux logiques entre lesquelles il nous invite à choisir : soit nous appartenons à ce monde, et nous n’échapperons pas à sa spirale de violence, que l’engrenage de jugements et de condamnations tente en vain de juguler ; soit nous entrons dans la famille de Dieu notre Père dont nous adoptons le comportement, qui consiste à laisser parler en toutes circonstances son cœur compatissant et miséricordieux. De même que le mal se nourrit du mal, le bien aussi provoque un effet « boule de neige » : celui qui donne et persévère dans cette attitude, en ne jugeant pas ceux qui « en profitent », en ne condamnant pas ceux qui refusent la réciprocité, celui-là verra la fécondité de son attitude, car « la mesure dont nous nous servons pour les autres, servira aussi pour nous ». Peut-être ne serons-nous témoins de ce triomphe de l’amour que dans le Royaume des cieux, mais nous sommes sûrs que le Seigneur accomplit sa Parole et comble ceux qui donnent sans compter.

« Ayez du cœur » : devant cette parole si simple et si vraie, comment ne sentirions-nous pas « la honte nous monter au visage » (1ère lect.). La « sclerocardia », la dureté de cœur, voilà « l’iniquité », c’est-à-dire l’injustice fondamentale, la rupture d’Alliance qui vient briser l’harmonie au sein de la famille de Dieu, et plus largement au sein de tout l’ordre créé. Oui « nous avons fait le mal » : non seulement nous avons laissé le mal s’installer en nous et au milieu de nous, mais nous l’avons fait proliférer, en refusant la logique de l’amour, en nous fermant à la joyeuse dépendance de la charité, en revendiquant une autonomie mensongère, stérile, mortifère. C’est pourquoi, unissant notre supplication à celle du prophète Daniel et du psalmiste nous prions :

« Ah Seigneur, Dieu grand et redoutable, qui gardes ton Alliance et ton amour à ceux qui t’aiment, nous avons commis l’iniquité, nous avons été rebelles » (1ère lect.). Mais « ne retiens pas contre nous nos péchés ; délivre-nous, efface nos fautes pour la cause de ton nom ! » (Ps 78). « A toi Seigneur notre Dieu, la miséricorde et le pardon : que nous vienne bientôt ta tendresse ! Aide-nous Dieu notre Sauveur pour la gloire de ton nom ! » Donne-nous un cœur nouveau, mets en nous un esprit nouveau : que nous puissions aimer dans la simplicité d’une foi vivante par la charité.

Abbé Philippe Link / Merci!

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Bonne journée!

Jean-Yves 


samedi 24 février 2024

« Celui-ci est mon Fils bien-aimé » / (455,809)

 Bonjour!

Dimanche 25 février 2024

Voici la Parole de Dieu de ce 2e dimanche du Carême...

ÉVANGILE

« Celui-ci est mon Fils bien-aimé » (Mc 9, 2-10)

Gloire au Christ,
Parole éternelle du Dieu vivant.
Gloire à toi, Seigneur.
De la nuée lumineuse,
la voix du Père a retenti :
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ! »
Gloire au Christ,
Parole éternelle du Dieu vivant.
Gloire à toi, Seigneur. (cf. Mt 17, 5)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

En ce temps-là,
Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean,
et les emmena, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne.
Et il fut transfiguré devant eux.
Ses vêtements devinrent resplendissants,
d’une blancheur telle
que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille.
Élie leur apparut avec Moïse,
et tous deux s’entretenaient avec Jésus.
Pierre alors prend la parole
et dit à Jésus :
« Rabbi, il est bon que nous soyons ici !
Dressons donc trois tentes :
une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
De fait, Pierre ne savait que dire,
tant leur frayeur était grande.
Survint une nuée qui les couvrit de son ombre,
et de la nuée une voix se fit entendre :
« Celui-ci
est mon Fils bien-aimé :
écoutez-le ! »
Soudain, regardant tout autour,
ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.

Ils descendirent de la montagne,
et Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu,
avant que le Fils de l’homme
soit ressuscité d’entre les morts.
Et ils restèrent fermement attachés à cette parole,
tout en se demandant entre eux ce que voulait dire :
« ressusciter d’entre les morts ».

– Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

Si nous avons pris au sérieux la vie chrétienne, et notamment ce Carême, nous avons choisi le dépouillement. L’un de nous aura choisi de pardonner avec le sentiment de faiblesse qui l’accompagne avec le renoncement à faire valoir ses droits. Une autre parmi nous aura choisi de faire un don conséquent aux plus pauvres ; un autre aura commencé à exercer la correction fraternelle prenant le risque d’être rejeté.

Vient un moment où nous hésitions, où nous sommes inquiets, troublés, peut-être même anxieux : est-ce vraiment cela que Dieu me demande ? Dieu veut-il ce dépouillement ? La réponse vient clairement aujourd’hui : oui ! Oui, écoutez mon Fils, suivez-le, avec lui prenez le chemin de la pauvreté évangélique.

En ce dimanche, il faudrait que tous nous laissions Dieu marquer nos cœurs en profondeur par la Transfiguration de Jésus.

Laissons s’imprimer en nous le visage resplendissant de lumière de Jésus transfiguré. C’est un visage humain, très humain, familier de la vie, de la souffrance, et en même temps irradié de lumière, d’une beauté sublime. Un visage beau, beau, beau, qui brille en pleine nuit… et dont Moïse et Élie sont les garants qui nous mettent en confiance.

Laissons venir en nous la nuée lumineuse, avec son goût paradoxal d’une réalité incompréhensible comme un brouillard où l’on se perd, et d’une réalité qui nous guide très sûrement en pleine nuit. Un brouillard lumineux où nous perdons nos repères à nous, pour nous repérer en Dieu et y trouver une puissante sécurité intérieure.

Et laissons résonner jusqu’au profond de nous la voix du Père avec une autorité infiniment forte et infiniment humble : « Celui-ci est mon Fils, l’Aimé, écoutez-le ». La voix qui doit ultimement nous guider ce n’est pas celle du monde, c’est celle de Jésus.

Laissons entrer en nous aujourd’hui, le goût du ciel, le souffle de Dieu, la promesse de l’éternité.

Le monde, la vie sont pleins de sensations de toutes sortes : il s’agit aujourd’hui de laisser entrer en nous, une autre sensation qui imprègne cet au-delà de l’âme qu’est notre esprit. Une certitude du cœur qui est la certitude du Ciel, de ce Ciel où nous mène tout droit le dénuement vécu avec Jésus. Le Ciel, très beau, très sûr, qui goûte une joie qui n’a pas de limite une joie qui recueille éternellement tous les cœurs pauvres, tous les crucifiés de cette vie, les pardonnés, les tendressés, les abandonnés.

Voilà ce que nous goûtons en cette Eucharistie pour reprendre d’un pas plus confiant le chemin du dépouillement, le chemin de Jésus.

Abbé Philippe Link / Merci!

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« Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! »


frère Albert Bażyk

frère Albert Bażyk

Couvent de Nancy


Que la joie demeure

Aujourd’hui, observons la joie qui anime le cœur des disciples sur le mont Thabor. Pierre, comme d’habitude, se précipite et propose de dresser des tentes. Les apôtres ont fait l’expérience de la gloire de Dieu ; on ne peut voir la gloire de Dieu et demeurer indifférent. Lorsqu’on rencontre véritablement Dieu — dans la prière, l’adoration ou la lecture de sa Parole — on veut demeurer avec lui pour que perdure la joie de cette rencontre. 

Lorsque l’apôtre André et l’autre disciple, dans l’Évangile de Jean, rencontrent le Christ, ils lui posent la question : « Seigneur, où demeures-tu ? ». La joie de la transfiguration est la joie de ceux qui font la rencontre du Seigneur dans leur vie. Ce Dieu qui fait sa demeure en nous et nous transfigure. C’est cette joie qui marque le début d’une véritable vie chrétienne. Comme le visage rayonnant de ce détenu récemment baptisé en prison ou celui des jeunes mariés à la sortie de l’église.

L’expérience de la transfiguration accompagne notre conversion et nous permet de devenir de véritables témoins du Christ, de sa personne et de son enseignement. Ce n’est pas toujours facile ni à vivre ni à transmettre ! Mais n’oublions pas que la conversion est un chemin vers Dieu, le meilleur selon son projet pour ma vie. Cela ne consiste pas à « convertir Dieu » à mes besoins, à notre époque, à l’air du temps. Ce chemin, c’est à moi de le faire. Le Christ l’a déjà fait pour moi, en prenant chair et en demeurant parmi nous dans les sacrements. 

Maintenant, c’est à moi de décider de me convertir et de prendre ce chemin de transfiguration. Pour enfin sentir la vraie joie de ma vie auprès du Christ qui est mort et ressuscité pour moi. C’est alors que je pourrai entendre : « Celui-ci est mon fils bien-aimé, écoutez-le ! »


Bon dimanche!

Jean-Yves