La scène est belle. Jésus passe,
il voit un homme et un mot suffit. L’homme lâche tout pour suivre Jésus
: son métier, sa famille, sa maison. Il ne prend même pas le temps de
se faire un petit baluchon. Le voilà parti sur les routes de Galilée,
marchant derrière Jésus. Mais l’Évangile dit-il vraiment cela ? Notre
imagination n’a-t-elle pas comblé beaucoup de non-dits ? Après tout, ce
passage raconte bien peu de choses.
Et la suite du texte ne
présente pas Jésus marchant sur les routes, mais attablé à la maison.
D’ailleurs, quelle est cette maison ? Saint Luc, plus précis, nous le
dit dans son évangile : c’est la maison de Matthieu lui-même. Le futur
apôtre donne un repas chez lui, il a invité Jésus, et aussi les
collecteurs d’impôts, ses collègues de travail.
Mais alors…
Matthieu n’a-t-il donc pas tout quitté ? Il a encore sa maison, son
travail. Comment comprendre : « Il se leva et le suivit » ? La clé,
c’est le sens de l’expression « suivre Jésus ». Notre imagination nous
avait égarés : ce n’est pas forcément partir sur les routes en
abandonnant tous ses biens. La suite de Jésus, pour Matthieu, cela aura
signifié : l’inviter chez lui, à sa table, avec ses autres amis. Cela
n’aura pas été un départ vers des aventures extraordinaires, mais
simplement une place ouverte au Christ dans les activités ordinaires. La
suite du Christ, ce n’est pas un type d’exploit tellement difficile
qu’on le délèguerait à quelques missionnaires spécialisés. C’est la
demande que Jésus nous adresse pour entrer dans notre vie.

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Deacre Abbé
Josep
MONTOYA Viñas
(Valldoreix, Barcelona, Espagne)
« Suis-moi »
A ujourd'hui,
avec cette parole, simple mais profonde - “Suis-moi” - Jésus transforme
la vie de Matthieu. Un publicain, un homme qui est rejeté par ses
contemporains, est regardé avec miséricorde et appelé par le Maître.
Cet évangile nous parle du regard du Christ : un regard qui ne condamne
pas, mais qui invite. Nous aussi, à un moment de notre vie, nous avons
entendu cet appel. Peut-être pas avec des mots audibles, mais au fond du
cœur : une invitation pour sortir de notre zone de confort et le suivre
sur un chemin de conversion et de service. Qu’est-ce que Jésus me
demande maintenant ? Quelle est la réponse que je veux donner ?
Jésus n’attend pas que nous soyons parfaits pour nous appeler. Le
Seigneur dit aux pharisiens, face à leur gêne : « Ce ne sont pas les
gens bien portants qui ont besoin d’un médecin, mais les malades » (Mt
9,12). C’est dans notre réalité concrète, avec nos blessures et limites,
qu’Il nous dit “suis-moi”.
Quand le pape Léon a reçu la barrette de cardinal, il disait dans son
discours de remerciement, en s’adressant à tous les cardinaux présents :
« N’ayez pas peur de dire oui. N’ayez pas peur, au moins, d’ouvrir vos
cœurs et, si vous voulez, essayez de voir si le Seigneur vous appelle… »
Pour le pape Léon, l’appel du Christ est une invitation pour s’ouvrir à
la vocation de le suivre, avec confiance et sans peur. C’est cette
charité qui conduit Jésus à s’asseoir à table avec les pécheurs. Et
c’est la même qui nous pousse aujourd’hui à regarder les autres avec
miséricorde, pas d’un air supérieur, mais avec le désir que nous
puissions tous écouter et répondre à l’appel, parce que « ce que je veux
c’est de l’amour, pas une offrande de victimes » (Os 6,6 ; cf Mt 9,13),
comme nous l’avons entendu aujourd’hui de la bouche de Jésus.
Que cet évangile rénove notre cœur et nous aide à reconnaître la voix du Christ dans notre vie ordinaire de chaque jour.
Pensées pour l'évangile d'aujourd'hui
« Mon doux Seigneur, tourne généreusement tes yeux miséricordieux
vers ton peuple ; car ta gloire sera bien plus grande si tu prends
pitié de l’immense multitude de tes créatures » (Sainte Catherine de
Sienne)
« Jésus-Christ est le visage visible de la miséricorde du Père.
Miséricorde : c’est le mot qui révèle le mystère de la très Sainte
Trinité. Miséricorde : c’est l’acte dernier et suprême par lequel Dieu
vient à notre rencontre » (François)
« Jésus a posé des actes, tel le pardon des péchés qui L’ont
manifesté comme étant Dieu le Sauveur lui-même. Certains juifs, qui, ne
reconnaissant pas le Dieu fait homme, voyaient en Lui un homme qui se
fait Dieu (Jn 10,33), L’ont jugé comme un blasphémateur » (Catéchisme de
l’Eglise Catholique, n° 594)
Bonne journée! Jean-Yves |
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