dimanche 27 juin 2021

« Suis-moi » / (360,404)

 Bonjour!

Lundi 28 juin 2021



Voici la Parole de Dieu de ce jour...

ÉVANGILE

« Suis-moi » (Mt 8, 18-22)

Alléluia. Alléluia.
Aujourd’hui, ne fermez pas votre cœur,
mais écoutez la voix du Seigneur.
Alléluia. (cf. Ps 94, 8a.7d)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là,
    Jésus, voyant une foule autour de lui,
donna l’ordre de partir vers l’autre rive.
    Un scribe s’approcha et lui dit :
« Maître, je te suivrai partout où tu iras. »
    Mais Jésus lui déclara :
« Les renards ont des terriers,
les oiseaux du ciel ont des nids ;
mais le Fils de l’homme
n’a pas d’endroit où reposer la tête. »
    Un autre de ses disciples lui dit :
« Seigneur, permets-moi d’aller d’abord
enterrer mon père. »
    Jésus lui dit :
« Suis-moi,
et laisse les morts enterrer leurs morts. »

            – Acclamons la Parole de Dieu.

-----

Commentaire...

Jésus s’apprête à partir ; on largue déjà les amarres lorsque surgit un homme qui veut se joindre au groupe des disciples : « Maître, je te suivrai partout où tu iras ». Le Seigneur ne repousse pas la demande implicite, mais il veut tempérer l’enthousiasme de son interlocuteur et le ramener à un « sain réalisme », en explicitant les conditions du compagnonnage : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids, le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête ». Jésus est passé du « Maître », qui siège et enseigne comme un Rabbi entouré de respect et d’honneurs, au « Fils de l’homme », évoquant le sort du Serviteur souffrant dont le prophète Isaïe avait entrevu la destinée dramatique : « Quand j’aurai été élevé entre ciel et terre, j’attirerai tout à moi ». Le Fils de l’homme demeure distendu entre terre et ciel et telle est la part qui revient également au disciple digne de ce nom. En tant que Fils de l’homme, Jésus appartient à cette terre, mais il refuse de s’y enfouir comme le renard. En tant que Fils de Dieu, il appartient au ciel, mais il refuse de s’y réfugier, comme les oiseaux faisant leur nid sur les cimes inaccessibles des arbres. C’est en vivant jusqu’au bout cette double solidarité, ô combien inconfortable, que Notre-Seigneur accomplit sa mission et unit ciel et terre pour une nouvelle Alliance.

Il faut bien reconnaître que cette Parole dérange : nous sommes appelés à suivre un Maître se présentant comme un éternel pèlerin, qui jamais ne s’arrête, jamais ne se pose, et encore moins s’installe. Certes, nous ne pouvons pas tous devenir des missionnaires itinérants, mais cet Evangile nous oblige à un examen de conscience en vue de débusquer nos sédentarisations spirituelles. Un chrétien qui s’installe dans ses certitudes trahit son Maître. Ce qui ne veut pas dire que nous préconisons une attitude contestataire, mettant sans cesse en doute l’enseignement de l’Eglise ; mais nous ne pouvons jamais interrompre notre effort d’appropriation et d’approfondissement de notre foi, c’est-à-dire du mystérieux dessein d’amour du Père que Jésus nous révèle dans l’Esprit. Saint Bernard nous avertit : dans la vie spirituelle il est impossible de s’arrêter, car celui qui n’avance plus, fusse pour prendre un instant de repos, recule déjà, entraîné par l’inertie du vieil homme, qui immédiatement reprend ses droits et menace le progrès acquis.

Nous ne savons pas quelle fut la réaction du scribe, qui se voit invité par Jésus à lâcher ses tablettes et le rivage sécurisant de son savoir pour avancer au large dans la foi, mais sommes-nous prêts pour suivre Jésus, à quitter les « terriers » que nous nous sommes creusés dans cette terre, ou les « nids » que nous nous sommes construits loin des autres, dans nos refuges illusoires ?

Mais voilà qu’un disciple prend à son tour la parole. Curieusement, son mouvement est inverse : sa requête ne vise pas à se rapprocher de Jésus, mais plutôt à s’en éloigner temporairement pour accomplir un devoir filial. « Seigneur, permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père ». Apparemment la remarque que Jésus vient de faire au scribe ne l’effraie pas : il est résolu de partager les conditions de vie du Fils de l’homme. Le « d’abord » indique que le choix de monter avec Jésus dans la barque est seulement différé. Or c’est bien là le paradoxe : Jésus l’invite à « partir avec lui vers l’autre rive », c’est-à-dire à passer de la mort à la vie, et son objection consiste à vouloir prendre du temps pour enterrer un défunt ! C’est pourquoi Jésus l’invite à un choix radical : choisis donc la vie et « suis-moi ». Notre Seigneur ajoute de manière énigmatique : « Laisse les morts enterrer leurs morts ». La seule façon de sortir de l’étreinte inflexible de la mort, c’est d’accueillir une autre vie que la mort ne puisse plus atteindre. Nous n’aurons jamais fini de faire le deuil de ce que nous devons quitter pour suivre le Christ. Aussi dans le passage parallèle de l’Evangile de Saint Luc, Jésus ajoute-t-il une troisième exigence : « Quiconque met la main à la charrue, puis regarde en arrière, n’est pas fait pour le Royaume de Dieu » (Lc 9, 62).

Fixons donc nos regards sur le Christ, et choisissons la Vie en nous ouvrant à la paternité divine qu’il nous offre dans la nouveauté de l’Esprit.


Abbé Philippe Link / Merci!

-----



Bonne journée!

Jean-Yves 

Aucun commentaire: