lundi 31 mai 2021

«Mon âme exalte le Seigneur...» / (356,881)

Bonjour!

Lundi 31 mai 2021



Voici la Parole de Dieu de ce jour...

 (Lc 1,39-56): En ces jours-là, Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l'enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie de l'Esprit Saint, et s'écria d'une voix forte: «Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu'à moi? Car, lorsque j'ai entendu tes paroles de salutation, l'enfant a tressailli d'allégresse au-dedans de moi. Heureuse celle qui a cru à l'accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur».


Marie dit alors: «Mon âme exalte le Seigneur, mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur. Il s'est penché sur son humble servante; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles; Saint est son nom! Son amour s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de bien les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d'Abraham et de sa race à jamais».

Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s'en retourna chez elle.

Commentaire:

(...) Saint Luc a ouvert son évangile par l’annonce à Zacharie de la naissance du Précurseur (1, 5-25). L’Ange révèle d’amblée que l’enfant « sera rempli de l’Esprit Saint dès avant sa naissance » (1, 15). Sa venue demeure cependant discrète : son père est privé de la parole pour ne pas avoir cru au message de l’Ange (1, 20) et sa mère « garde le secret pendant cinq mois » (1, 24). Après un moment d’intense émotion, le silence tombe à nouveau sur le foyer de Zacharie, mais un silence vibrant d’une joie et d’une attente secrète.

L’Annonce faite à Marie se déroule également dans le secret du cœur de la Vierge : « l’Ange entra chez elle et dit ». Aucune allusion à une vision : discrétion oblige. Tout se concentre dans un échange de paroles entre le Messager céleste et l’humble jeune fille de Nazareth.

C’est le récit de la Visitation qui va tout à la fois rapprocher les deux événements, les articuler, et les faire sortir de l’ombre, ou plutôt de la nuée qui les abritait. L’évangéliste ne met en scène ni Zacharie, ni Joseph ; ce qui réduit à quatre le nombre des acteurs : les deux mères et les deux enfants. Encore qu’on ne puisse pas vraiment compter l’enfant Jésus parmi les acteurs : il est question de lui – il est même au centre de l’événement – mais il n’agit pas directement. Il est présent comme « le Seigneur », présidant la rencontre depuis le sein de sa mère, où il réside comme en son Temple.

Par contre il est un cinquième acteur, qui bien qu’invisible, est cependant le plus actif de tous : l’Esprit Saint. C’est lui qui lance la jeune Marie sur la route, qui « remplit (de sa présence) Élisabeth » et lui donne de parler, et c’est encore lui bien sûr qui inspire à Marie son cantique d’action de grâce. Dès les évangiles de l’enfance, nous pressentons le rôle primordial que jouera l’Esprit dans la vie de l’Église naissante : après l’Ascension, quoiqu’invisible et silencieux, Jésus ressuscité est réellement présent en elle, l’accompagnant sur les routes de la mission sous la conduite de l’Esprit.

La joie est le trait commun de tous ceux qui ont été touchés par l’Esprit : Élisabeth ne peut croire au bonheur qui lui incombe par la visite de la mère de son Seigneur ; Jean-Baptiste tressaille d’allégresse en son sein ; et Marie exalte son Seigneur, son esprit exulte en Dieu son Sauveur. Quant à l’enfant Jésus, lui qui est la cause de tant de joie, comment n’en serait-il pas rempli puisqu’il en est la source débordante ?

Si la venue de l’Enfant-Dieu suscite un tel bonheur, combien plus la certitude de la présence du Seigneur ressuscité au cœur de son Église devrait-elle être un motif d’allégresse pour tous les croyants ? « Je vous reverrai, avait promis Jésus avant d’entrer dans sa Passion, et votre cœur se réjouira ; et votre joie, personne ne vous l’enlèvera » (Jn 16, 22). L’Église postpascale se trouve dans les conditions qu’entrevoyait le prophète Isaïe lorsqu’il écrivait : « Voici le Dieu qui me sauve : j’ai confiance, je n’ai plus de crainte. Ma force et mon chant c’est le Seigneur : il est pour moi le salut. Jubilez, criez de joie, habitants de Sion, car il est grand au milieu de vous, le Saint d’Israël (Ct – Is 12, 2.6). Voilà pourquoi le croyant devrait toujours être dans la joie, si du moins il demeure comme il se doit sous l’onction de l’Esprit. Certes ce n’est pas facile de garder les yeux fixés sur Jésus au cœur d’un monde qui l’ignore ou le rejette ; c’est pourquoi Notre-Seigneur nous encourage lui-même : « Amen, amen, je vous le dis : si vous demandez quelque chose à mon Père en invoquant mon nom, il vous le donnera. Demandez (l’Esprit Saint), et vous (le) recevrez : ainsi vous serez comblés de joie » (Jn 16, 24).

Dans la première lecture que nous venons d’entendre, Saint Paul prolonge cette exhortation, invitant tous ceux qui par la foi, ont reçu le don de Dieu, à « ne pas briser l’élan de leur générosité, mais à laisser jaillir l’Esprit ». Car seul l’Esprit peut nous faire tenir dans « la joie de l’espérance aux jours d’épreuve ». Aussi l’apôtre nous encourage-t-il à « prier avec persévérance », afin de « tenir bon, fuyant le mal avec horreur et nous attachant au bien ». C’est encore l’Esprit qui nous donne d’être « unis les uns aux autres par l’affection fraternelle, rivalisant de respect les uns pour les autres, et partageant avec ceux qui sont dans le besoin ». C’est toujours le même Esprit qui nous fait vivre les Béatitudes, « bénissant ceux qui nous persécutent, leur souhaitant du bien et non pas du mal ». Enfin, qui d’autre que l’Esprit peut nous purifier de la vaine gloire et nous donner le goût de « ce qui est simple » ? C’est ainsi que le Paraclet nous prépare jour après jour à rencontrer notre Dieu, lui qui « disperse les superbes et renverse les puissants de leurs trônes », mais qui « se penche sur son humble servante et élève les humbles ».

Dieu tout-puissant, tu as inspiré à la Vierge Marie, qui portait en elle ton propre Fils, de visiter sa cousine Élisabeth ; accorde-nous d’être dociles au souffle de l’Esprit afin de pouvoir nous aussi te magnifier éternellement. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur.


Abbé Philippe Link - Merci! 

-----



Bonne semaine!

Jean-Yves 

Aucun commentaire: