mardi 16 janvier 2024

« Est-il permis, le jour du sabbat, de sauver une vie ou de tuer ? / (454,039)

 Bonjour!

Mercredi 17 janvier 2024

Voici la Parole de Dieu de ce jour...


ÉVANGILE

« Est-il permis, le jour du sabbat, de sauver une vie ou de tuer ? » (Mc 3, 1-6)

Alléluia. Alléluia.
Jésus proclamait l’Évangile du Royaume
et guérissait toute infirmité dans le peuple.
Alléluia. (cf. Mt 4, 23)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

En ce temps-là,
    Jésus entra dans une synagogue ;
il y avait là un homme dont la main était atrophiée.
    On observait Jésus pour voir s’il le guérirait le jour du sabbat.
C’était afin de pouvoir l’accuser.
    Il dit à l’homme qui avait la main atrophiée :
« Lève-toi, viens au milieu. »
    Et s’adressant aux autres :
« Est-il permis, le jour du sabbat,
de faire le bien ou de faire le mal ?
de sauver une vie ou de tuer ? »
Mais eux se taisaient.
    Alors, promenant sur eux un regard de colère,
navré de l’endurcissement de leurs cœurs,
il dit à l’homme :
« Étends la main. »
Il l’étendit, et sa main redevint normale.

    Une fois sortis, les pharisiens se réunirent en conseil
avec les partisans d’Hérode
contre Jésus, pour voir comment le faire périr.

            – Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

Nous voici dans une synagogue, celle de Capharnaüm probablement. Le climat y est très tendu.

Pourquoi ? Parce que ces derniers temps, Jésus a mangé avec des pécheurs (cf Mc 2, 17), ce qui est inconcevable pour des pharisiens ; de plus, ses disciples ne jeûnaient pas quand les pharisiens et les disciples de Jean, eux, jeûnaient (cf Mc 2, 18). Et puis ses disciples ont arraché des épis le jour du Sabbat (cf Mc 2, 23). Dans la synagogue, les pharisiens sont aujourd’hui silencieux. Ils ne diront pas un mot. Ils regardent. Ils épient : si Jésus guérit ce malade aujourd’hui jour du Sabbat, ce n’est qu’un galiléen maudit qui ne respecte pas la Loi. Et, d’ailleurs, par quelle puissance au juste, guérit-il les malades (cf Mc 3, 22) ?

Le silence est très pesant. Jésus est là, pris entre d’une part le besoin que cet homme a d’être guéri de sa main desséchée, et le besoin de tous de recevoir la Bonne Nouvelle, et, d’autre part, la suspicion haineuse de pharisiens.

Que faire ? Jésus, l’Évangile de Marc y insiste, n’aime pas se donner en spectacle. Il a même interdit récemment à un lépreux de parler de sa guérison, sinon au prêtre (cf Mc 1, 44). Jésus ne pourrait-il pas prendre à part ce malade, pour le guérir discrètement comme il fera pour le sourd bègue de la Décapole (cf Mc 7, 23) ?

Non ! Jésus est venu pour proclamer l’Évangile. C’est pour cela qu’Il est « sorti » (Mc 1, 38). Il annonce et annoncera l’Évangile à temps et à contretemps » selon l’expression de Paul qui écrit à Timothée : « Proclame la Parole, insiste à temps et à contretemps, réfute, menace, exhorte avec une patience inlassable et le souci d’instruire » (2 Tm 4, 2). Jésus pourrait se taire, se retirer, se cacher pour préserver sa réputation, pour sauver sa vie. Non ! Il pourrait éliminer ses adversaires comme David : il Lui suffirait de faire appel au Père qui Lui fournirait sur le champ plus de 12 légions d’anges (Mt 26, 53). Non. Jésus n’est pas seulement désarmé, il est donné.

Jésus ne renonce pas à sa mission et ne cède pas à la violence : à l’hostilité des Pharisiens, Jésus n’a pas d’autre réponse que l’amour et la vérité qui se conjuguent dans l’annonce de l’Évangile.

« L’Esprit du Seigneur est sur moi parce qu’il m’a consacré par l’onction pour porter la Bonne Nouvelle aux pauvres » (Lc 4, 18).

Alors Jésus dit au malade : « Viens te mettre là, devant tout le monde » (Mc 3, 3). Et voici l’homme – cet homme qui nous représente tous – au milieu de l’assemblée.

Pour sauver ce malade Jésus se donne, se perd, se livre. Car l’unique loi pour Jésus est l’amour ; l’unique loi c’est de se donner pour sauver les frères quelques soient les hostilités, les résistances et les refus.

Mais, aujourd’hui est pourtant sabbat !  Oui. Oui, mais l’amour est-il interdit le jour du sabbat ? Y a-t-il une loi plus forte que le commandement de l’amour ? Non !

Qu’est-ce qui est permis le jour du sabbat ? De faire du bien, de faire le bien, de sauver une vie, comme Jésus le fait pour ce malade ? Ou bien est-il permis de faire du mal, de faire le mal, de tuer, comme les pharisiens sont en train de le préméditer ? Peut-on tuer au non d’une loi de Dieu ? Non !

Alors Jésus regarde à la ronde avec indignation, désolé par la dureté de leur cœur. Puis il dit à l’homme : « Tends la main » (Mc 3, 5). Il la tend et sa main est rétablie.

Que font les pharisiens ? Ils sortent. Cette page d’Évangile est explicite : elle commence avec l’entrée de Jésus et se conclut avec la sortie des pharisiens qui s’en vont préparer le rejet et la mise-à-mort de Jésus : L’Amour entre. L’Amour annonce l’Évangile à temps et à contretemps. L’Amour manifeste l’Évangile par le signe et les pharisiens sortent pour tuer l’Amour. Mais l’Amour traversera la Mort pour sauver tous les hommes et en particulier les pharisiens.

Que garder en nos cœurs aujourd’hui ? Tout d’abord une immense confiance en Jésus : rien ne l’a arrêté, rien ne l’a découragé, tant notre salut, notre vie est tout son désir.

« Rien ne pourra nous séparer de l’Amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus, notre Seigneur » (Rm 8, 39). Jésus accomplit et accomplira jusqu’au bout la volonté du Père dans notre vie. Même nos refus ne peuvent l’empêcher de nous aimer et de nous offrir gratuitement le salut. Alors, la confiance en Dieu que David avait pour aller tuer Goliath, nous pouvons l’avoir – et en surabondance – pour nous donner aux autres dans l’amour !

Car cet Évangile nous appelle également à « faire le bien, à faire du bien » (Mc 3, 4). Nous aussi, c’est-à-dire à annoncer l’Évangile avec audace sans nous décourager, sans céder à la violence, y compris lorsque nous rencontrons l’hostilité. Si notre vie annonce l’Évangile il est impossible que nous ne rencontrions pas d’hostilité. Jésus nous demande aujourd’hui de ne pas nous décourager, de ne pas nous taire et de ne pas faire violence à quiconque. Il nous dit de quelque manière ce qu’il dit jadis à Paul : « Sois sans crainte ; continue de parler, ne te tais pas, car je suis avec toi, et personne ne mettra la main sur toi, parce que j’ai à moi un peuple nombreux dans cette ville » (Ac 18, 9-10).

Abbé Philippe Link - Merci!

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Bonne journée!

Jean-Yves 

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