ÉVANGILE
« Femme, grande est ta foi ! » (Mt 15, 21-28)
Alléluia. Alléluia.
Un grand prophète s’est levé parmi nous,
et Dieu a visité son peuple.
Alléluia. (Lc 7, 16)
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là,
Jésus se retira dans la région de Tyr et de Sidon.
Voici qu’une Cananéenne, venue de ces territoires,
disait en criant :
« Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David !
Ma fille est tourmentée par un démon. »
Mais il ne lui répondit pas un mot.
Les disciples s’approchèrent pour lui demander :
« Renvoie-la,
car elle nous poursuit de ses cris ! »
Jésus répondit :
« Je n’ai été envoyé
qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. »
Mais elle vint se prosterner devant lui en disant :
« Seigneur, viens à mon secours ! »
Il répondit :
« Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants
et de le jeter aux petits chiens. »
Elle reprit :
« Oui, Seigneur ;
mais justement, les petits chiens mangent les miettes
qui tombent de la table de leurs maîtres. »
Jésus répondit :
« Femme, grande est ta foi,
que tout se passe pour toi comme tu le veux ! »
Et, à l’heure même, sa fille fut guérie.
– Acclamons la Parole de Dieu.
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Commentaire...
Une mère éplorée, qui a entendu parler du Rabbi de Nazareth et des miracles qu’il accomplissait, poursuit Jésus de ses supplications en faveur de sa fille. L’interpellation de cette femme cananéenne témoigne d’une étonnante connaissance de la tradition juive ; peut-être même le titre « Seigneur, fils de David » attribué à Jésus est-il une ébauche de foi, comme semble le confirmer la demande, puisqu’elle attend du « Seigneur » qu’il prenne autorité sur le démon qui tourmente sa fille.
Le silence de Jésus veut obliger les disciples à résoudre eux-mêmes ce dilemme : cette femme païenne, habitant en terre étrangère, mais témoignant par sa foi naissante qu’elle est visitée par Dieu, est-elle impure en raison de son appartenance raciale, ou au contraire, faut-il juger de sa pureté, c’est-à-dire de la qualité de sa relation à Dieu à partir de « ce qui est sorti de sa bouche et qui provient de son cœur » (15, 8) ?
Les disciples ne semblent pas avoir perçu le problème : ils demandent à Jésus de « donner satisfaction » à la femme non pas comme confirmation de sa confession de foi, mais pour couper court à une situation embarrassante. Pensez donc : un Rabbi juif poursuivi par les cris d’une païenne, cela pourrait causer scandale ! Ainsi donc les disciples demeurent tout aussi enfermés dans leurs a priori et leur formalisme religieux que les pharisiens.
Dans un premier temps, la réponse de Jésus explicite ce que les disciples n’avaient pas osé formuler : un Rabbi d’Israël ne s’occupe pas des étrangers ; c’est à son peuple que Dieu envoie ses messagers. Cette parole dure de Jésus ne décourage cependant pas la femme, mais ranime tout au contraire son zèle : « elle vint se prosterner devant lui » dans un geste d’humble adoration. Lui ayant ainsi barré la route elle le supplie : « Seigneur, viens à mon secours ! » Cette fois le dialogue est ouvert ; les yeux dans les yeux Jésus l’invite avec douceur, à expliciter devant les disciples la compréhension du mystère de grâce que l’Esprit a révélé à son cœur.
La femme sait bien que le pain est destiné aux enfants ; mais elle a deviné que les enfants d’Israël font preuve de bien peu d’appétit pour le pain de la Parole que Jésus leur offre : le Rabbi ne viendrait pas en terre païenne s’il ne fuyait pas ses coreligionnaires. Aussi ajoute-t-elle pleine d’espérance : « les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres » – le terme « petits chiens » ne désigne pas les chiens errants, objet de mépris, mais les animaux domestiques qui jouissaient de la faveur de leur maître.
Nous retrouverons ce thème tout au long des premières campagnes d’évangélisation : le rejet de la Bonne Nouvelle par les juifs, fera la joie des païens vers lesquels se tourneront les missionnaires, et qui accueilleront le message du salut. Ainsi à Antioche de Pisidie, devant l’hostilité des juifs, « Paul et Barnabé leur déclarèrent avec assurance : “ C’est à vous d’abord qu’il fallait adresser la Parole de Dieu. Puisque vous la rejetez et que vous-mêmes ne vous jugez pas dignes de la vie éternelle, eh bien ! nous nous tournons vers les païens” » (Ac 13, 46-47).
La réponse de Jésus confirme l’action de l’Esprit dans le cœur de cette femme païenne : « Ta foi est grande ». Aussi Notre-Seigneur ne doit-il même pas intervenir : « Que tout se fasse pour toi comme tu le veux ». Par sa foi, cette mère dispose, pour le service de la délivrance de sa fille, de la toute-puissance de Dieu qui repose sur le Verbe incarné.
Ainsi donc ce n’est pas l’appartenance à la nation sainte qui garantit l’état de « pureté », mais la foi en Jésus venu rassembler les enfants de Dieu dispersés (Jn 11, 52). Car « les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile » (Ep 3, 6). Par sa foi, la femme cananéenne est devenue fille d’Abraham et « héritière de Dieu, héritière avec le Christ » (Rm 8, 17), disposant en son nom propre de sa victoire sur le démon.
« Ce qui sort de la bouche, voilà ce qui rend l’homme impur ». Nous qui avons été purifiés « par le bain du baptême et la Parole de vie » (Ep 5, 26), ne risquons pas de retomber dans l’impureté par des jugements hâtifs sur nos frères en raison de leur origine ou de leur appartenance culturelle. Pour eux aussi le Christ a versé son sang, et il les appelle comme nous à partager son héritage en devenant les enfants adoptifs du Père en qui nous sommes tous frères.
Seigneur sauve-nous de nos étroitesses d’esprit ; ouvre nos yeux sur nos enfermements ; dénonce nos complicités avec les attitudes d’exclusion mises en place autour de nous ; donne-nous de nous souvenir que nous aussi nous étions des “païens” ; et accorde-nous la force de témoigner ouvertement de l’universalité de ton message, car c’est à tous les hommes que tu es venu « annoncer une année de bienfaits » (Lc 4, 19) de la part de Dieu ton Père et notre Père (cf. Jn 20, 17).
Abbé Philippe Link - Merci!
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Une paroisse, à quoi ça sert (suite...4)
Cinq dimensions sont à honorer pour la vie de la paroisse :
la liturgie qui rend à Dieu le culte qui lui revient, l'adoration,
la fraternité entre les membres, vérifiée en actes et au jour le jour,
le service du prochain ou comment la communauté chrétienne sert la vie des hommes, surtout les plus pauvres, démunis, isolés, étrangers,
l'annonce de Jésus-Christ (si une paroisse en sa qualité de paroisse ne s'inquiète de savoir comment le Christ est connu et aimé, comment il est reconnu comme Sauveur, et plus que de s'en inquiéter, se donne les moyens pour la mission – si elle ne vit pas cette dimension – alors tranquillement elle meurt),
la formation de ses membres pour leur progression dans la foi et la vie chrétienne. (à suivre... la fin)
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«Il n'y a pas de désert en nous que le Christ ne puisse habiter.»
(re: L'Évangile de dimanche dernier)
(Benoist de Sinety, vic. général - Diocèse de Paris)
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«Aimer c'est avoir mal aux autres.»
(Jacques Brel)
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Bonne journée!
Jean-Yves
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