jeudi 20 août 2020

«Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement?» / (329,288)

Bonjour!

Vendredi 21 août 2020

 La Pocatière - Au bord de l'eau...

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Voici la Parole de Dieu de ce jour... 

(Mt 22,34-40): Les pharisiens, apprenant qu'il avait fermé la bouche aux sadducéens, se réunirent, et l'un d'entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus pour le mettre à l'épreuve: «Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement?». Jésus lui répondit: «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et voici le second, qui lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Tout ce qu'il y a dans l'Écriture -dans la Loi et les Prophètes- dépend de ces deux commandements».

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Commentaire...

L’évangéliste ne laisse planer aucun doute : les interlocuteurs de Jésus ne cherchent pas à s’instruire, mais veulent « le mettre à l’épreuve ». Or l’examinateur est plus grand que l’examiné, le professeur plus savant que l’étudiant. L’apostrophe « Maître » cache mal le refus de l’autorité du Seigneur, qu’ils prétendent éprouver afin de pouvoir contester sa prétention à enseigner.

Jésus a bien sûr flairé le piège ; pourtant il répond très simplement à la question qui lui est posée, car elle est l’occasion de ramener ses interlocuteurs à l’essentiel. L’interrogation porte non pas sur le plus grand des commandements, mais sur « le grand commandement », c’est-à-dire celui qui s’impose de manière absolue. Jésus rassemble Dt 6, 5 et Lv 19, 18 en un seul précepte qui s’impose inconditionnellement. Le second qui a trait à l’amour du prochain n’est pas secondaire : il est « semblable » au premier en dignité et en importance ; il en est inséparable et est tout aussi absolu que lui.

« Tu aimeras » : le futur vaut bien sûr pour un impératif ; mais en même temps, il ouvre sur un avenir. Aimer s’inscrit pour nous dans la durée ; c’est un chemin sur lequel nous pourrons toujours progresser. L’important est de ne pas nous arrêter. L’amour est vie, croissance, sans quoi il s’étiole et meurt. C’est pourquoi l’amour vrai est éternellement jeune, de la jeunesse de l’Esprit Saint.

Cet amour vivant, cet amour qui constitue l’essence même de la vie authentique, est appelé à prendre pour objet à la fois et inséparablement Dieu et le prochain. Il s’agit d’un seul et même amour, mais selon deux modalités distinctes.

Le paradoxe réside dans le fait que la première modalité – à savoir l’amour de Dieu – mobilise toute la personne, dans toutes ses dimensions, et de manière absolue : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit ». Jésus bat le rappel de toutes nos facultés pour les recentrer sur l’unique nécessaire ; et par le fait même, il nous unifie, nous intègre, nous sauve de l’éparpillement dans la multiplicité des affections et des désirs. Seul l’Unique peut nous unifier ; seul l’Unique peut exiger de nous cette priorité absolue et ce don sans partage. Mais précisément, que nous reste-t-il alors à offrir au prochain qui sollicite également notre amour, s’il ne nous reste plus rien ?

La réponse paradoxale à laquelle Jésus veut nous conduire ne serait-elle pas que la charité consiste précisément à offrir ce « rien » ? Non pas « à ne rien offrir », mais « à offrir ce rien » qui nous reste lorsque nous avons tout donné à Dieu.

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même » : il ne s’agit surtout pas d’insister sur le « même », ce qui reviendrait à s’aimer dans l’autre réduit à l’identique de soi ; la charité n’a rien à voir avec une telle caricature de l’amour. Jésus ne nous dit pas non plus d’aimer notre prochain dans la mesure où nous nous aimons nous-mêmes ; ce qui entraînerait comme conséquence immédiate le devoir de développer l’amour de soi, puisqu’il serait la mesure de l’amour du prochain. Cette interprétation, souvent répétée, ne correspond probablement pas à l’intention du Seigneur.

L’expression : « aimer son prochain comme soi-même » ne signifierait-elle pas plutôt l’aimer dans cette pauvreté radicale de celui qui n’a rien à offrir, sinon ce « rien », dans lequel il est néanmoins disposés à accueillir l’autre.

N’est-ce d’ailleurs pas l’unique manière d’aimer, qui respecte vraiment le prochain ? C’est-à-dire qui ne lui impose rien, ne le manipule pas, mais lui laisse la libre initiative de disposer de l’espace que je lui offre dans mon cœur pour qu’il puisse y faire sa demeure.

Bien sûr cette demeure serait bien pauvre si elle était simplement inoccupée. Vidée de soi, elle a cependant été investie par Celui que nous avons aimé en premier, c’est-à-dire à qui nous nous sommes offerts en premier : l’Unique, l’Époux de nos âmes, le Seigneur lui-même. Aussi est-ce lui que notre prochain y trouvera, dans la mesure même de l’exclusivité de notre amour de Dieu.

Abbé Philippe Link - Merci!

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«Retournez-vous, voici l'Esprit

Du Seigneur, au vent de la nuit

Qui passe au-monde;

Accueillez-le, ne craignez rien;

À la croisée de vos chemins,

Laissez-vous couvrir de son ombre.»

(Hymne - Liturgie des heures - Ce matin)

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«L'Esprit n'habite plus un Temple de pierre, mais l'homme. Toute la démarche de foi consiste à découvrir Dieu dans l'homme. Lorsque cela se produit, on est en plein Évangile, on atteint le cœur de la foi. Nul lieu au monde n'est plus sacré que le visage de l'homme.»

(Henri Boulad, s.j.)

«Vous êtes le Temple de l'Esprit.» (Saint Paul)

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«L'engagement au service de l'homme, c'est l'Évangile vécu, au delà de toute pratique, de tout culte, de toute cérémonie.»

(Henri Boulad, s.j.)

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Bonne journée!

Jean-Yves

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