dimanche 25 juin 2023

« Enlève d’abord la poutre de ton œil » / "Ce manque de pardon qui nous condamne." / (423,667)

Bonjour!

Lundi 26 juin 2023

Voici la Parole de Dieu de ce jour...


ÉVANGILE

« Enlève d’abord la poutre de ton œil » (Mt 7, 1-5)

Alléluia. Alléluia.
Elle est vivante, efficace, la parole de Dieu ;
elle juge des intentions et des pensées du cœur.
Alléluia. (cf. He 4, 12)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Ne jugez pas,
pour ne pas être jugés ;
de la manière dont vous jugez,
vous serez jugés ;
de la mesure dont vous mesurez,
on vous mesurera.
Quoi ! tu regardes la paille dans l’œil de ton frère ;
et la poutre qui est dans ton œil,
tu ne la remarques pas ?
Ou encore : Comment vas- tu dire à ton frère :
“Laisse- moi enlever la paille de ton œil”,
alors qu’il y a une poutre dans ton œil à toi ?
Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ;
alors tu verras clair
pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire... 

 Ne jugez pas », car « Dieu seul est à la fois législateur et juge » (Jc 4, 12), pour la simple raison que lui seul est sans péché et sans compromission avec le péché.

Au fond ce que Jésus condamne, ce n’est pas tant le fait de juger, que l’hypocrisie qui s’exprime à travers nos jugements.

Lorsque Notre-Seigneur énonce : « Ne jugez pas pour ne pas être jugés », c’est donc que la matière même sur laquelle nous jugeons nos frères nous accuse en premier nous-mêmes. La suite le confirme : « le jugement que vous portez contre les autres » –concernant telle ou telle faute – « sera porté aussi contre vous » – puisque vous-mêmes la commettez. Autrement dit, il s’agit de nous inscrire dans le champ d’application des condamnations que nous portons sur nos frères. 

On entend en écho la parole de Jésus aux pharisiens venant l’interroger sur la légitimité de la lapidation de la femme adultère : « Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette le premier une pierre ! » (Jn 8, 7). Nous ne pouvons espérer être nous-mêmes absous de ce dont nous jugeons nos frères. La même condamnation dont nous les accablons retombera logiquement sur nous. Nous serons jugés à l’aulne de notre propre « justice ». 

Le second reproche que nous fait Notre-Seigneur – étroitement lié au premier – porte sur la démesure de nos jugements : « la mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous ». Le Seigneur connaît décidément bien nos cœurs ! N’est-il pas vrai que nous sommes habiles à nous trouver des circonstances atténuantes pour justifier nos égarements, alors que nous demeurons d’une intransigeance froide pour les écarts de notre prochain ? 

L’entourage du Maître a bien compris la leçon ; aussi Jésus peut-il reprendre son enseignement dans un langage imagé, afin qu’il s’incruste une fois pour toutes dans les mémoires. La disproportion entre la paille et la poutre laisse sous-entendre que celui qui s’instaure « redresseur de torts » est totalement aveuglé sur son état intérieur ; cela ne semble même pas lui traverser la tête de faire un examen de conscience afin de prendre en considération sa propre fragilité. Il s’est instauré norme d’humanité, référence de perfection et donc source de la loi. Mais il se méconnaît totalement et véhicule une image idéalisée de lui-même qui ne correspond en rien à la réalité. Hélas cette suffisance mensongère l’empêche d’accéder à la grâce de la conversion qui aurait pu l’aider à progresser vers la vérité et la liberté. Un tel aveugle est insupportable pour son entourage, et son propre chemin est stérile.

Remarquons bien que Notre-Seigneur ne défend pas de « retirer la paille qui est dans l’œil de notre frère » ; la correction fraternelle est même un exercice conseillé : « Nous vous y engageons, frères, reprenez les désordonnés » (1 Th 5, 14), exhorte Saint Paul ; cependant « reprenez-le comme un frère » (2 Th 3, 15). Autrement dit il faut que notre intention soit pure, que nous soyons mus par le souci de la sanctification de chacun et du corps tout entier. Ce qui implique que nous soyons disposés et même désireux de recevoir en retour la correction fraternelle qui nous permettra de nous ajuster nous aussi aux exigences de l’Évangile.

Heureuse la communauté – familiale ou religieuse ou paroissiale – qui peut vivre cet exercice de la correction fraternelle dans la lumière et la paix de l’Esprit, dans l’amour et le respect mutuels, et dans une joyeuse émulation à la sainteté.


Abbé Philippe Link / Merci!

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Méditation

Frère Jocelyn Dorvault

Frère Jocelyn Dorvault

Ce manque de pardon qui nous condamne


Tout le monde connaît cette histoire de paille et de poutre et lui donne une dimension morale : « Qui es-tu pour juger, toi qui mériterais d’être jugé plus sévèrement ? » Ou encore : « Comment saurais-tu aider ton frère à connaître la vérité, toi qui as le regard complètement obscurci ! » Ces deux lectures sont insuffisantes. Elles tiennent peu compte du réel puisque, d’une part, être pécheur n’empêche pas de reconnaître le péché de l’autre, les prêtres qui confessent le savent bien ; et d’autre part, être ignorant de Dieu n’empêche pas de transmettre la foi, tous les catéchistes le savent aussi. 

Cette parabole ne doit pas faire passer sous silence ce qui la précède et qui est bien plus important : être jugé de la manière dont on juge les autres, cela veut dire que si je juge un peu, je serai jugé un peu, si je ne passe rien aux autres, on ne me passera rien, si je ne juge pas du tout, Dieu ne me jugera pas non plus. Il y a quelque chose de vertigineux dans cette parole. Dieu s’accorderait-il à notre mesure ?

À vrai dire, Dieu sera plus grand que nous et il aura miséricorde de nos manques de miséricorde. Sur ce point, nous n’avons pas trop à nous inquiéter. Mais ce n’est pas la miséricorde de Dieu qui fait ici question, c’est notre propension au jugement. Par exemple, au jour « du jugement » dernier, nous espérons cette miséricorde de Dieu pour nous-mêmes, mais l’accepterons-nous pour ceux qui nous ont fait mal, les assassins, les tortionnaires, les violeurs, les tyrans… ? Accepterons-nous de partager notre paradis avec eux ? Ou bien comptons-nous plutôt sur le jugement divin pour « les châtier et les envoyer au diable » ?

Si nous n’acceptons pas la miséricorde comme pivot de la justice du Royaume, et que nous lui préférons le jugement, alors nous ne pourrons pas entrer dans le Royaume. Non parce que Dieu nous en refusera l’accès, mais parce que nous-mêmes n’accepterons pas d’y partager la miséricorde que Dieu accorde à tous. Voilà comment notre jugement nous condamne.

Extrait de Matthieu Pas à Pas (2018)

Pensées pour l'évangile d'aujourd'hui

  • « Les hommes sans solution sont ceux qui cessent de s’occuper de leurs propres péchés pour prêter attention à ceux des autres. Ils ne cherchent pas à s’en corriger, mais dans quoi ils pourraient mordre » (Saint Augustin)

  • « On ne peut pas corriger quelqu’un sans amour ni charité. La charité est comme une anesthésie qui facilite les soins et accepte la correction » (François)

  • « La charité a pour fruits la joie, la paix et la miséricorde ; elle exige la bienfaisance et la correction fraternelle ; elle est bienveillance ; elle suscite la réciprocité, demeure désintéressée et libérale ; elle est amitié et communion » (Catéchisme de l’Eglise Catholique, n° 1.829)

Bonne journée!

Jean-Yves 

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