vendredi 13 novembre 2020

«Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » / (336,131)

 Bonjour!

Samedi 14 novembre 2020


«Comment la nuit vient-elle au jour?
Peux-tu vaincre les ténèbres,
porter ta flamme jusqu'au cœur
et changer le fond de l'être?
(Hymne - Liturgie des heures - Ce jour)
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Voici la Parole de Dieu de ce jour...

ÉVANGILE

« Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? » (Lc 18, 1-8)

Alléluia. Alléluia.
Par l’annonce de l’Évangile,
Dieu vous appelle à partager
la gloire de notre Seigneur Jésus Christ.
Alléluia. (cf. 2 Th 2, 14)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc


En ce temps-là,
    Jésus disait à ses disciples une parabole
sur la nécessité pour eux
de toujours prier sans se décourager :
    « Il y avait dans une ville
un juge qui ne craignait pas Dieu
et ne respectait pas les hommes.
    Dans cette même ville,
il y avait une veuve qui venait lui demander :
“Rends-moi justice contre mon adversaire.”
    Longtemps il refusa ;
puis il se dit :
“Même si je ne crains pas Dieu
et ne respecte personne,
    comme cette veuve commence à m’ennuyer,
je vais lui rendre justice
pour qu’elle ne vienne plus sans cesse m’assommer.” »

    Le Seigneur ajouta :
« Écoutez bien ce que dit ce juge dépourvu de justice !
    Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus,
qui crient vers lui jour et nuit ?
Les fait-il attendre ?
    Je vous le déclare :
bien vite, il leur fera justice.
Cependant, le Fils de l’homme, quand il viendra,
trouvera-t-il la foi sur la terre ? »

            – Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

Voilà sans doute une des paraboles les plus controversées de l’Évangile ! Qui d’entre nous ne s’est pas plaint un jour ou l’autre de ne pas avoir été exaucé, malgré une supplication insistante et persévérante ? Mais avant d’accuser le Seigneur de ne pas agir selon sa promesse, relisons d’abord à quoi il s’est engagé.

Dans le verset introductif, l’évangéliste nous donne la clé de lecture de la parabole : Jésus veut « montrer à ses disciples qu’il faut toujours prier sans se décourager ». Et la question du Seigneur qui clôture ce passage, nous montre la condition de l’exaucement de notre prière instante : « Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? ». Il s’agit donc de faire monter vers Dieu une prière de foi persévérante. Reste à préciser l’objet de cette prière ; or c’est probablement sur ce point que notre lecture est habituellement un peu trop rapide. Le Seigneur ne s’engage pas à exaucer toutes nos prières, mais seulement celle dont le contenu est précisé dans la promesse qui conclut la parabole : « Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit ? Je vous le déclare : sans tarder, il leur fera justice ». Dieu ne nous promet donc pas de répondre sans délai aux requêtes concernant nos intérêts personnels – même les plus légitimes – mais à la demande qui porte sur notre justification, car lui seul peut « nous faire justice », étant le seul à pouvoir pardonner nos fautes. Tel est en effet le sens biblique de l’expression utilisée par Jésus : « faire justice ».

Pour nous inciter à « crier vers Dieu jour et nuit » en le suppliant de nous réconcilier avec lui, Jésus met en scène deux personnages, qui dans les Ecritures représentent le type même de l’oppresseur et de l’opprimé, à savoir le juge inique, et la veuve sans défense ni recours. Le juge d’une bourgade quelque peu retirée était un notable tout-puissant qui n’avait pratiquement de compte à rendre à personne ; le nôtre n’en rend même pas à Dieu. Face à cet homme, une veuve : lorsqu’on sait le peu de poids de la parole d’une femme dans la société juive de l’époque, on devine que le juge ne s’inquiète guère de ses lamentations. Pourtant, dans le bras de fer qui s’engage, c’est cette dernière qui l’emporte : elle parvient à « user » l’arrogance du juge, qui cède pour échapper aux insistances de la plaignante.

Rebondissant sur l’effet provoqué par la parabole sur son auditoire, Jésus s’élève au niveau spirituel, par une argumentation a fortiori qu’il affectionne particulièrement : si cet homme mauvais finit par exaucer le vœu de cette pauvre femme qui lui « casse la tête », d’autant plus Dieu qui est bon, « fera-t-il justice à ses élus, et sans tarder ».

Mais alors, pourquoi faut-il « prier sans se décourager », si l’exaucement est immédiat ? Pourquoi faut-il frapper avec insistance à la porte de la miséricorde, si le Seigneur répond positivement sans nous faire attendre ?

Si la nécessité d’une prière ininterrompue – « il faut prier toujours » – n’est pas due au manque de disponibilité de notre interlocuteur divin, il reste qu’elle s’impose en raison de la rapidité avec laquelle nous retombons dans le péché ! Autrement dit : Notre-Seigneur nous exhorte à ne pas nous décourager, non pas devant la lenteur du pardon de Dieu, mais devant la promptitude avec laquelle, à peine relevés, nous trébuchons à nouveau…

« Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? » Trouvera-t-il un homme assez humble pour persévérer, sans se décourager, dans l’aveu de sa faute et la confession de la miséricorde de son Sauveur ? « Jésus, Fils de Dieu, Sauveur, aie pitié de moi, pécheur » : la prière dite « de Jésus », résume bien cette attitude de componction qui attire sur nous la miséricorde divine. Si les moines du désert – ces géants dans la foi – ne se lassaient pas d’implorer le Seigneur au moyen de cette oraison jaculatoire qui exprime l’attitude intérieure de l’homme devant son Dieu, peut-être aurions-nous intérêt à en approfondir le sens et en pratiquer la méditation ?

Entre la voie de l’oubli de Dieu, sur laquelle se sont engagées nos cultures sécularisées qui exaltent l’autosuffisance de l’homme, et la voie de l’humble reconnaissance de notre besoin impérieux et constant de salut, le choix s’impose. Jésus nous adresse cette invitation à prier avec persévérance au moment où lui-même s’avance courageusement vers Jérusalem pour y offrir en notre nom le sacrifice rédempteur – cette suprême prière d’intercession au cours de laquelle il va remettre notre vie à tous entre les mains de son Père dans un irrésistible élan d’amour. La Croix où le Christ s’est fait péché pour nous, est la Parole de vérité qui nous révèle dans un même regard, le poids de notre faute, et la toute-puissance de la miséricorde divine. Mais « le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? »


Abbé Philippe Link - Merci!

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Bonne journée!

Jean-Yves

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