lundi 18 juin 2012

50e anniversaire d'ordination de l'abbé Jacques Lajoie

Bonjour!

Dimanche 17 juin 2012



Photo:
Le fleuve et les montages - de La Pocatière - Jean-Yves
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Aujourd'hui c'est le 50e anniversaire d'ordination
de notre curé:
L'abbé Jacques Lajoie

Meilleurs voeux
et merci pour votre ministère
auprès de nous.


Voici son homélie de dimanche...

(Je le remercie de me l'avoir remis.)

11ème dimanche du temps ordinaire B


La Bible utilise souvent des comparaisons avec le monde agricole. C’est ainsi que l’image de la semence est utilisée dans les Évangiles pour nous parler de réalités de la foi qui dépassent notre intelligence. C’est une image à la fois simple et significative, à cause du symbolisme relié à la semence pour décrire ce qui se passe sur le plan psychologique et particulièrement sur le plan de la foi.

«Il en est du Règne de Dieu comme d’un semeur qui jette le grain dans son champ : nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment.»

Je me souviens que très jeune, nous aimions avoir un petit coin de terre à jardiner ; c’était pour nous bien plus qu’une première initiation au jardinage, c’était l’occasion d’un premier émerveillement devant l’apparition des jeunes tiges, et aussi un premier apprentissage de la patience, car celui qui était trop pressé et qui arrosait trop ou qui déterrait les grains pour vérifier la germination perdait parfois sa récolte future. Le plus patient obtenait la meilleure récolte.

Jésus nous dit que le Royaume de Dieu ressemble à cette semence qui nuit et jour germe dans la terre pour croître et produire des fruits parfois disproportionnés par rapport à la petite graine mise en terre. Il y a dans la semence une énergie et un dynamisme extraordinaires. Certes, le travail du jardinier est important, et d’autres paraboles vont reprendre cet aspect en montrant un paysan qui taille, émonde, sarcle, met de l’engrais... Cependant, la parabole d’aujourd’hui veut plutôt mettre l’accent sur la puissance intrinsèque de la semence mise en terre et la nécessaire patience du paysan qui obtient les meilleures récoltes en travaillant avec la nature et en respectant son rythme.

Le texte veut aussi mettre en évidence l’énorme différence entre la petitesse de la semence et l’envergure de la plante qui pousse. D’ailleurs, ce phénomène de la fragilité de l’origine comparée à la majesté de la récolte, nous le retrouvons souvent dans la nature.

C’est ainsi que la plus grande joie des parents, c’est de voir leurs enfants réaliser de plus grandes choses qu’eux-mêmes. C’est intéressant de se rappeler cela en ce jour de la fête des pères dont le rôle d’éducateur consiste justement à stimuler leurs enfants à se réaliser pleinement. (Bonne fête des pères).

Cette parabole de la semence qui germe et grandit toute seule veut rappeler que le règne de Dieu est toujours à l’œuvre, même s’il faut du temps avant qu’il apparaisse clairement à nos yeux. Il vient aussi sûrement que la moisson. Il va grandir aussi sûrement que la minuscule graine de moutarde deviendra une plante robuste.

L’Évangile nous invite à faire confiance à Dieu. Comme la semence qui pousse d’elle-même, comme le grain minuscule qui devient un arbuste vigoureux, le Royaume de Dieu croît de lui-même au rythme de la grâce de Dieu. Il nous est bon de demeurer ouverts à la grâce de Dieu qui se manifeste souvent à travers les personnes qui nous entourent. C’est une invitation à la confiance en Dieu, qui se fait proche de nous.

Et ainsi se réalise le passage de Dieu dans notre vie à chacun, sans faire de bruit, comme une semence qui germe et se développe nuit et jour, on ne sait pas comment. Ce peut être à l’occasion de rencontres avec des personnes qui par leur vie et leur agir, beaucoup plus que par leurs discours, et souvent sans le savoir, nous ouvrent une page d’Évangile, nous donnent le goût de croire à l’Évangile et de marcher sur la voie tracée par Jésus : «Nuit et jour, que nous dormions ou que nous veillions, la semence de l’amour de Dieu semée en notre coeur germe et produit son fruit.»

Et la petite semence nous amène beaucoup plus loin que ce que nous croyions à l’origine… C’est la manière de Dieu. Il permet que sa force se déploie dans notre faiblesse, et il se manifeste comme une brise légère…

Oui, comme une brise légère…, ce fut mon expérience dans mon cheminement pour devenir prêtre. Le plus loin que je me souvienne, je crois que l’appel de Dieu a été semé en mon coeur par l’environnement familial de foi chrétienne dans lequel j’ai grandi; et un jour, avec la grâce de Dieu, j’ai voulu répondre oui, pour en arriver après un long cheminement à un oui définitif, le jour de mon ordination.

Devenu prêtre pour toujours, le 17 juin 1962, j’ai ensuite appris à vivre mon sacerdoce petit à petit dans tout mon être, et je suis conscient que j’aurai toujours à intensifier mon intimité avec Dieu. Ce cheminement, je le fais, au jour le jour, avec les personnes que je côtoie, et particulièrement les paroissiens et paroissiennes qui me sont confiées; donc depuis 14 ans, ici, à Sainte-Anne et à Saint-Onésime, et antérieurement à Saint-Germain et à Saint-Jean-Port-Joli.

Il y a 50 ans, je ne pouvais pas imaginer être prêtre comme je le suis aujourd’hui. La parole de Dieu, semée en moi, m’a amené beaucoup plus loin que j’aurais pu l’imaginer à l’origine.

La vie m’a fait découvrir de plus en plus qu’être prêtre c’est avant tout un geste de confiance sans limite, un geste de soumission à Dieu qui nous donnera ce dont on a besoin lorsqu’on en aura besoin.

Et je crois que ce cheminement est le même pour tous les baptisés. Tous ont à vivre des expériences semblables reliées à leurs propres engagements de vie. Pour vous aussi, la semence de l’amour de Dieu germe et grandit dans votre cœur et elle peut vous amener beaucoup plus loin que ce que vous aviez imaginé au début de vos engagements de vie. L’amour de Dieu semé en votre cœur, s’il est accueilli, si vous y croyez, il peut vous amener à des dépassements imprévus.

J’en ai été témoin de multiples façons :

Chez des parents qui se préparaient à la célébration du baptême de leur enfant. Même s’ils avaient déjà pris leur distance face à la pratique dominicale, ce fut pour eux le début d’une vraie démarche de foi qui s’est poursuivie par amour pour leur enfant.

Chez des jeunes qui, avec leurs parents se préparaient à leur première communion, ou encore à la confirmation de la foi de leur baptême. Parents et enfants ont cheminé dans la foi.

Pensons aux familles qui célèbrent les funérailles d’un proche, particulièrement s’il s’agit d’une mort tragique. C’est parfois un retour vers la foi en un Dieu d’amour qui souffre avec nous.

Pensons aux parents qui consacrent le meilleur de leur énergie à un enfant handicapé et qui témoignent d’une foi inébranlable, et d’un courage à toute épreuve.

Pensons aux personnes qui, à la suite d’un accident, deviennent aux prises avec un lourd handicap et qui demeurent pleines de joie de vivre, et sont des modèles de détermination.

De multiples façons, des gens font face courageusement à de lourdes épreuves alors qu’ils se seraient pensées incapables d’un tel courage.

Quel miracle quand notre vie humaine s’ouvre au mystère de Dieu ! Il est des vies transfigurées, bouleversées par la confiance en l’amour de Dieu. Il arrive que ceux et celles qui ont vraiment rencontré Dieu soient changés à tout jamais.

Oui, c’est la manière de Dieu. Il permet que sa force se manifeste dans notre faiblesse. «Nuit et jour, que nous dormions ou que nous veillions, l’amour de Dieu semée en notre coeur germe et produit son fruit.» Amen.
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