jeudi 28 février 2019

Un verre d'eau: geste de l'hospitalité fraternelle... / (285,240)

Bonjour!
Jeudi 28 février 2019

 
Voici la Parole de Dieu de ce jour...
 
Heureux est l’homme
qui met sa foi dans le Seigneur.


 
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
    « Celui qui vous donnera un verre d’eau
au nom de votre appartenance au Christ,
amen, je vous le dis,
il ne restera pas sans récompense.

    Celui qui est un scandale, une occasion de chute,
pour un seul de ces petits qui croient en moi,
mieux vaudrait pour lui
qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes,
et qu’on le jette à la mer.
    Et si ta main est pour toi une occasion de chute,
coupe-la.
Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie éternelle
que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains,
là où le feu ne s’éteint pas.
    Si ton pied est pour toi une occasion de chute,
coupe-le.
Mieux vaut pour toi entrer estropié dans la vie éternelle
que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux pieds.
    Si ton œil est pour toi une occasion de chute,
arrache-le.
Mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu
que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux yeux,
    là où le ver ne meurt pas
et où le feu ne s’éteint pas.
    Chacun sera salé au feu.
    C’est une bonne chose que le sel ;
mais s’il cesse d’être du sel,
avec quoi allez-vous lui rendre de la saveur ?
Ayez du sel en vous-mêmes,
et vivez en paix entre vous. »

(Mc 9, 41-50)
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Psaume 1

Heureux est l’homme
     qui n’entre pas au conseil des méchants,
qui ne suit pas le chemin des pécheurs,
ne siège pas avec ceux qui ricanent,
mais se plaît dans la loi du Seigneur
et murmure sa loi jour et nuit !

Il est comme un arbre
     planté près d’un ruisseau,
qui donne du fruit en son temps,
et jamais son feuillage ne meurt ;
tout ce qu’il entreprend réussira.
Tel n’est pas le sort des méchants.

Mais ils sont comme la paille
     balayée par le vent.
Le Seigneur connaît le chemin des justes,
mais le chemin des méchants se perdra
.
 
 
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On dirait que, dans ce passage, saint Marc s’est contenté de rassembler divers préceptes du Seigneur ; comme s’il nous donnait directement accès à son carnet de notes, sans chercher à les ordonner.

Mais ce n’est pas une raison pour les isoler les unes des autres ; elles sont données dans la succession de notre lecture continue de l’évangile, c’est-à-dire dans le contexte des explications que Jésus donne à ses disciples pour les aider à comprendre qu’il va à Jérusalem y vivre sa Passion.
Pour commencer, le Seigneur évoque ceux qui offriront un verre d’eau à ses disciples, au nom de leur appartenance au Christ. En elle-même, cette image a du poids. Cependant, cette coupe d’eau n’est pas un verre que l’on tend à qui a soif ; elle est le signe de bienvenue convenu dans les maisons où l’on accueille, dans la simplicité, les disciples du Seigneur. Elle est le geste de l’hospitalité fraternelle. Ce geste, dit le Seigneur, aura sa récompense. L’évangile de ce soir s’ouvre donc dans un contexte sinon communautaire, en tous cas fraternel, et heureux.
Viennent ensuite des prescriptions négatives. Elles concernent d’abord ceux qui s’attaqueraient à « un seul de ces petits qui croient en moi », puis elles interpellent chacun de ceux qui suivent le Seigneur. Ils doivent avoir le sens des enjeux que représentent la vie éternelle et ainsi se montrer prêts à renoncer à une main, à un pied ou à un œil pour éviter de se perdre tout entier. Ces membres ont bien entendu une valeur symbolique : ils désignent tout ce par quoi l’homme pèche. Avec la main, il prend et s’accapare le bien d’autrui, avec le pied il marche sur les chemins de la violence et de l’autonomie, avec l’œil, il laisse les mauvais désirs entrer en lui et diriger sa vie.
Mais gardons bien la perception du contexte. Jésus ne vise pas seulement les comportements individuels en eux-mêmes. En commençant son énumération par le rapport aux petits et en le terminant par un appel à vivre en paix entre frères, « vivez en paix entre vous », Jésus montre que son intention vise la vie communautaire dans son ensemble. La communauté chrétienne est en effet un corps dont chacun des membres doit participer à sa bonne santé spirituelle ; chacun est responsable du bien de tous. Dès lors, ce n’est pas seulement pour éviter de se perdre qu’il faut être prêt à renoncer à un ses propres membres : il faut conserver la paix au sein de la communauté, fusse au prix d’un de ses membres, car si cette paix venait à disparaître, chaque individu pourrait perdre l’accès à la vie éternelle. Par la paix que nous maintenons entre nous, nous garantissons de salut de chacun. Or celui qui troublera la paix de tous, sera en outre l’objet du courroux du Seigneur :
Mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer.
La communauté est le lieu où s’épanouissent les petits que chérit le Seigneur, elle doit donc être protégée.
Car tout homme sera salé au feu.
Mieux vaut amputer la main plutôt que tomber dans la géhenne où le feu ne s’éteint pas, car, en tous cas, tout homme passera par le feu purificateur de l’amour de Dieu. Il est inutile de s’attacher à nos membres, car nous passerons tous par l’épreuve purificatrice, pour notre bien et par délicatesse d’amour de notre Dieu. C’est de cet amour que le sel tient sa saveur et que l’homme tient sa valeur. Jésus parle, nous l’avons compris, de l’offrande volontaire de soi, du détachement de soi dans l’amour, il explique la Croix.
C’est une bonne chose que le sel ; mais si le sel cesse d’être du sel, avec quoi allez-vous lui rendre sa force ?
Le feu purificateur de l’amour de Dieu produit en l’homme la sagesse, la grâce, la pureté. Si le sel vient à s’affadir, si l’homme perd la grâce et la sagesse de Dieu, les relations dans la communauté sont mises en péril, la paix qui l’unit est compromise.
Le rapprochement avec la Passion que Jésus annonce sans que ses disciples comprennent, se dessine ainsi peu à peu. Par sa souffrance, Jésus va briser le mur de la haine et rassembler la famille de Dieu. Il le fait par amour de ses frères et par égard pour l’amour du Père pour ses enfants, les petits que le péché à asservi. Ainsi chacun de ses disciples. Dans la communauté à laquelle nous appartenons, la Croix est le chemin par lequel nous devons volontairement nous engager pour édifier avec le Seigneur l’unité de sa famille dans la charité. La paix de tous et le salut de chacun en dépendent.
 
Seigneur Jésus, donne-nous de mesurer la grandeur de ce que tu donnes à vivre, ouvre nos yeux à cette merveille qui ne saurait être comparée avec un attachement déplacé à nos mains, nos pieds et nos yeux qui nous conduisent loin de toi. Ainsi, acceptant d’être unis à toi sur la Croix, nous édifierons avec toi l’unité de ton Corps qui est l’Église. Merci de nous associer à cette œuvre de réconciliation qui produira en nous le sel qui donne son goût à la vie et qui permet de vivre dans la paix que partagent des frères.
 

Abbé Philippe Link - Merci!

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«L'hiver, c'est la saison du recueillement de la terre,
son temps de méditation, de préparation.»
(Lionel Boisseau(
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«Celui qui voit le monde en Dieu est en présence de Dieu.»
(Martin Buber)
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Bonne journée!
Jean-Yves
 
 

mercredi 27 février 2019

«Celui qui n'est pas contre nous est pour nous.» /Jésus avait choisi des hommes comme les autres, avec leurs qualités et leurs limites, pour ne pas dire leurs défauts (285,194)

Bonjour!
Mercredi 27 février 2019


De ce temps-ci, la place est déserte pour admirer le fleuve...
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Voici la Parole de Dieu de ce jour...
 Grande est la paix de qui aime ta loi, Seigneur.
 
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là,
    Jean, l’un des Douze, disait à Jésus :
« Maître, nous avons vu quelqu’un
expulser les démons en ton nom ;
nous l’en avons empêché,
car il n’est pas de ceux qui nous suivent. »
    Jésus répondit :
« Ne l’en empêchez pas,
car celui qui fait un miracle en mon nom
ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ;
    celui qui n’est pas contre nous
est pour nous. »

(Mc 9, 38-40)
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Psaume 118

Grande est la paix de qui aime ta loi ;
jamais il ne trébuche.
J’observe tes exigences et tes préceptes :
toutes mes voies sont devant toi.

Que chante sur mes lèvres ta louange,
car tu m’apprends tes commandements.
Que ma langue redise tes promesses,
car tout est justice en tes volontés.

J’ai le désir de ton salut, Seigneur :
ta loi fait mon plaisir.
Que je vive et que mon âme te loue !
Tes décisions me soient en aide !
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   Commentaire...

L’éducation des disciples ne fut pas chose aisée : Jésus avait choisi des hommes comme les autres, avec leurs qualités et leurs limites, pour ne pas dire leurs défauts.

Ils vivaient incontestablement leur statut de disciple comme une promotion, un honneur ; d’autant plus que dans leur cas, c’était le Rabbi qui les avait choisis ! Il est clair que ces humbles pécheurs du lac de Galilée n’étaient pas disposés à perdre les prérogatives liées à leur état.
Dans la péricope précédente, nous avons vu comment Jésus tentait déjà, avec une infinie patience, d’élever leur motivation. Il les invitait à renoncer à toute recherche de pouvoir et de gloire personnelles, pour se mettre au service de ces petits auxquels Notre-Seigneur s’identifie et vers lesquels il les envoie.
Peine perdue : les disciples n’écoutent pas vraiment ce que Jésus leur dit. Il y a des questions plus urgentes à traiter que de s’occuper d’un enfant passant par là. Pensez donc : un inconnu a été surpris en flagrant délit d’appropriation du nom de leur Maître pour chasser des esprits mauvais ! Jean, « le fils du tonnerre » (Mc 3, 17) est scandalisé et inquiet : cet homme a empiété sur les pouvoirs qui leur sont réservés. Que leur restera-t-il si tout le monde se permet d’exercer leur ministère ?
Nous ne quittons décidément pas le terrain des jeux de pouvoir, qui se sont insinués non seulement entre les proches de Jésus, mais également dans les relations du groupe des disciples avec le monde extérieur. L’ironie du sort veut que cet « étranger » qui a osé se servir du nom du Maître pour chasser des esprits mauvais, a réussi son entreprise là où les disciples sont demeurés en échec – pensons à l’épisode de l’enfant sourd-muet et épileptique que les apôtres n’ont pas réussi à délivrer. Raison de plus pour empêcher ce concurrent d’agir : il va finir par faire de l’ombre aux ayant droits !
Il n’est pas de ceux qui nous suivent
L’expression trahit un décentrement qui n’est pas anodin : depuis quand s’agit-il de suivre les disciples et non le maître ? Ce lapsus ne trahirait-il pas une appropriation du ministère, voire de la personne de Jésus, récupérés au service de la vaine gloire de ses compagnons ?
L’humilité et la mansuétude de la réponse de Jésus tranche singulièrement sur le discours revendicateur et accusateur des disciples :
Si cet homme a pu prendre autorité sur les esprits mauvais en utilisant mon nom, c’est qu’il m’était étroitement uni par la foi. Grâce à cette communion, l’Esprit a pu coopérer efficacement à son action et obtenir la délivrance. Cette expérience sera incontestablement pour lui la confirmation du bien fondé de sa confiance en moi, et son attachement à ma personne s’en trouvera renforcé. Comment pourrait-il parler mal de moi, alors qu’il vient explicitement de puiser dans mon autorité pour faire le bien ? Il deviendra tout au contraire un messager de la Bonne Nouvelle du salut apporté en mon Nom. N’est-ce pas la mission que j’ai confiée à chacun de vous ? Réjouissez-vous donc avec moi de ce que l’action de l’Esprit déborde notre petit groupe !
Il est probable que le comportement quelque peu mesquin des disciples nous choque ; mais sommes-nous tellement différents d’eux dans nos pratiques quotidiennes ? Le Seigneur nous invite à nous réjouir du succès des autres, même de nos rivaux directs qui excellent avec facilité dans le domaine où nous nous efforçons péniblement à porter du fruit. Tout ce qui se fait de bien autour de nous ne peut se faire qu’avec l’aide de la grâce, et devrait donc susciter notre reconnaissance.
 Demandons à l’Esprit Saint de nous aider à prendre autorité sur tous nos sentiments négatifs : que notre louange chante plus fort que notre envie ; que notre admiration pour les dons de Dieu si largement répartis prévale sur notre jalousie ; que notre bénédiction accompagne les œuvres de nos « concurrents » afin qu’ils mettent toujours davantage leurs dons au service du plan de Dieu. C’est ainsi que nous serons véritablement disciples du Christ, nous réjouissant avec lui pour tout ce qui contribue à la gloire du Père et au bien de nos frères.
Seigneur j’ai honte en découvrant en moi tant de sentiments inavouables que je cachais tant bien que mal, mais que ta Parole dénonce impitoyablement. Merci de dévoiler au grand jour mon hypocrisie : je confesse ton Nom, tout en nourrissant des pensées de ressentiments envers ceux qui me font ombrage, et en préparant des stratégies d’exclusion de ceux qui me font obstacle… Donne-moi un cœur pur, que je puisse me réjouir du bien des autres, de leurs réussites, de leurs succès, sans que cette joie ne soit obscurcie par la tristesse qu’engendre ma jalousie. Libre de tout ressentiment, je pourrai alors reconnaître ta bonté et te louer en toutes circonstances, car tu es un Dieu bon ami des hommes.

Abbé Philippe Link  - Merci!

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«Nous n'avons pas un produit à vendre,
 mais une vie à communiquer: 
Dieu, sa vie divine, son amour miséricordieux, 
sa sainteté!»
(Pape François)
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Dieu quête notre aide pour avancer dans le monde.
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Bonne journée!
Jean-Yves

mardi 26 février 2019

Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous.(285,170)

Bonjour!
Mardi 26 février 2019

 

Voici la Parole de Dieu de ce jour...

 Dirige ton chemin vers le Seigneur,
fais-lui confiance, et lui, il agira.


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Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là,
    Jésus traversait la Galilée avec ses disciples,
et il ne voulait pas qu’on le sache,
    car il enseignait ses disciples en leur disant :
« Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ;
ils le tueront
et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. »
    Mais les disciples ne comprenaient pas ces paroles
et ils avaient peur de l’interroger.

    Ils arrivèrent à Capharnaüm,
et, une fois à la maison, Jésus leur demanda :
« De quoi discutiez-vous en chemin ? »
    Ils se taisaient,
car, en chemin, ils avaient discuté entre eux
pour savoir qui était le plus grand.
    S’étant assis, Jésus appela les Douze et leur dit :
« Si quelqu’un veut être le premier,
qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. »
    Prenant alors un enfant,
il le plaça au milieu d’eux,
l’embrassa, et leur dit :
    « Quiconque accueille en mon nom
un enfant comme celui-ci,
c’est moi qu’il accueille.
Et celui qui m’accueille,
ce n’est pas moi qu’il accueille,
mais Celui qui m’a envoyé. »

  (Mc 9, 30-37)
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Psaume 36

Fais confiance au Seigneur, agis bien,
habite la terre et reste fidèle ;
mets ta joie dans le Seigneur :
il comblera les désirs de ton cœur.

Il connaît les jours de l’homme intègre
qui recevra un héritage impérissable.
Pas de honte pour lui aux mauvais jours ;
aux temps de famine, il sera rassasié.

Évite le mal, fais ce qui est bien,
et tu auras une habitation pour toujours,
car le Seigneur aime le bon droit,
il n’abandonne pas ses amis.

Le Seigneur est le salut pour les justes,
leur abri au temps de la détresse.
Le Seigneur les aide et les délivre,
car ils cherchent en lui leur refuge.
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   Commentaire...

Après la manifestation de l’autorité de Jésus sur les esprits mauvais – c’était l’évangile d’hier – l’évangile de ce jour s’ouvre sur une nouvelle annonce de la Passion.

Elle n’apporte pas réellement d’information nouvelle, mais elle existe, elle apparaît comme un refrain qui scande la montée de Jésus vers Jérusalem. Elle existe et elle dérange un peu notre retour dans le temps ordinaire qui se vit dans la joie de l’Esprit de Pentecôte. Mais l’Esprit Saint ne nous est pas donné pour notre seule édification personnelle ou pour notre seule paix intérieure. Il est notre force pour rester fidèles à l’évangile, il est celui qui nous enseigne les voies du Seigneur dans la joie comme dans l’épreuve. C’est donc avec lui que nous devons accueillir cette annonce de la Passion, cette confirmation du fait que le Seigneur et ses disciples rencontreront toujours l’hostilité du monde.
Voilà pour nous. Pour les disciples, dans la cadre du récit que mène saint Marc, l’insistance de Jésus n’est pas superflue : nous nous souvenons de la résistance de Pierre. Cette fois, l’annonce de la Passion par Jésus n’est contredite par aucun disciple, mais elle tombe dans le silence de la peur des apôtres. Aucun ne comprend, même ceux qui ont eu le privilège de monter sur le Thabor avec Jésus, et tous ont peur d’interroger Jésus, lui donnant ainsi l’occasion de préciser ce qu’ils ne veulent pas entendre. Ils ne sont pas prêts à passer par le chemin que Jésus veut leur enseigner. D’ailleurs les préoccupations qu’ils expriment en chemin confirme combien ils sont loin de la perspective ouverte par le Seigneur.
Une fois arrivés à la maison, Jésus les interroge en effet :
De quoi discutiez-vous en chemin ?
Cette question est pour le lecteur d’un grand intérêt. Jésus veut savoir ce qui faisait l’objet des conversations pendant la route et il n’est pas le seul. Il a fait l’annonce de sa Passion, elle n’a été suivie d’aucune réaction directe, aussi nous sommes bien curieux de savoir ce que les disciples ont pu en penser, ce qu’ils en ont dit entre eux. Mais, à nouveau, les apôtres se taisent. Saint Marc est obligé de lever l’ambigüité : cette fois, il s’agit d’un silence gêné, parce que leurs conversations se sont réduites à se disputer le titre de plus grand des apôtres. Voilà qui nous renvoie au constat douloureux que nous nous laisser trop souvent absorber par de fausses questions, laissant le Seigneur seul.
Alors Jésus, qui n’ignore rien de leurs préoccupations, les rassemble solennellement autour de lui. La précision peut sembler superflue puisqu’ils sont déjà dans la maison d’André et de Pierre, ils sont déjà rassemblés. Mais cette convocation est symbolique : elle veut dire que le maître s’apprête à donner un enseignement. 
Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous.
Jésus illustre ensuite ce précepte par une sorte de parabole en acte en plaçant au milieu d’eux un enfant, c’est-à-dire quelqu’un qui ne compte pas – les enfants en effet n’avaient pas d’existence sociale formelle. Ainsi, quand il demande à ses disciples de se faire les serviteurs de tous, Jésus veut dire même des plus humbles, même des comptés pour rien.
En somme, Jésus prend les disciples où ils en sont. Ils ne sont pas encore capables d’entendre l’annonce de la Passion. La première étape pour les y conduire est de leur indiquer le chemin de l’humilité. Elle s’acquiert dans le service des plus pauvres.
Seigneur Jésus, donne-nous d’accueillir chaque jour que tu nous donnes comme un don de ton amour, une occasion de nous rapprocher de toi dans la force de ton Esprit. Rends-nous attentifs aux petits et aux pauvres, que nous élargissions notre cœur aux dimensions de ton amour pour chacun de nous.
 

Abbé Philippe Link - Merci!

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«Comme sous la neige
 veille le printemps,
dans l'hiver du monde
germe le renouveau.»
(Armand Ory)
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Bonne journée!
Jean-Yves
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lundi 25 février 2019

Tout est possible pour celui qui croit. » / (285,124)

Bonjour!
Lundi 25 février 2019
 
 
Photo:
 
On peut retrouver ce magnifique vitrail
 à la bibliothèque municipale de Québec sur la rue Saint-Jean;
 anciennement c'était une église anglicane.
J'ai revu ce vitrail dimanche dernier (hier).
 
En cliquant sur la photo, vous pouvez l'agrandir...
 
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Voici la Parole de Dieu de ce jour...
 
 Le Seigneur est roi ;
il s’est vêtu de magnificence.


 
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là,
Jésus, ainsi que Pierre, Jacques et Jean,
descendirent de la montagne ;
    en rejoignant les autres disciples,
ils virent une grande foule qui les entourait,
et des scribes qui discutaient avec eux.
    Aussitôt qu’elle vit Jésus, toute la foule fut stupéfaite,
et les gens accouraient pour le saluer.
    Il leur demanda :
« De quoi discutez-vous avec eux ? »
    Quelqu’un dans la foule lui répondit :
« Maître, je t’ai amené mon fils,
il est possédé par un esprit qui le rend muet ;
    cet esprit s’empare de lui n’importe où,
il le jette par terre,
l’enfant écume, grince des dents
et devient tout raide.
J’ai demandé à tes disciples d’expulser cet esprit,
mais ils n’en ont pas été capables. »
    Prenant la parole, Jésus leur dit :
« Génération incroyante,
combien de temps resterai-je auprès de vous ?
Combien de temps devrai-je vous supporter ?
Amenez-le-moi. »
    On le lui amena.
Dès qu’il vit Jésus, l’esprit fit entrer l’enfant en convulsions ;
l’enfant tomba et se roulait par terre en écumant.
    Jésus interrogea le père :
« Depuis combien de temps cela lui arrive-t-il ? »
Il répondit :
« Depuis sa petite enfance.
    Et souvent il l’a même jeté dans le feu ou dans l’eau
pour le faire périr.
Mais si tu peux quelque chose,
viens à notre secours, par compassion envers nous ! »
    Jésus lui déclara :
« Pourquoi dire : “Si tu peux”… ?
Tout est possible pour celui qui croit. »
    Aussitôt le père de l’enfant s’écria :
« Je crois ! Viens au secours de mon manque de foi ! »
    Jésus vit que la foule s’attroupait ;
il menaça l’esprit impur, en lui disant :
« Esprit qui rends muet et sourd,
je te l’ordonne, sors de cet enfant
et n’y rentre plus jamais ! »
    Ayant poussé des cris et provoqué des convulsions,
l’esprit sortit.
L’enfant devint comme un cadavre,
de sorte que tout le monde disait : « Il est mort. »
    Mais Jésus, lui saisissant la main, le releva,
et il se mit debout.
    Quand Jésus fut rentré à la maison,
ses disciples l’interrogèrent en particulier :
« Pourquoi est-ce que nous,
nous n’avons pas réussi à l’expulser ? »
    Jésus leur répondit :
« Cette espèce-là, rien ne peut la faire sortir,
sauf la prière. »


 (Mc 9, 14-29)
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Psaume 92

Le Seigneur est roi ;
il s’est vêtu de magnificence,
le Seigneur a revêtu sa force.

Et la terre tient bon, inébranlable ;
dès l’origine ton trône tient bon,
depuis toujours, tu es.

Tes volontés sont vraiment immuables :
la sainteté emplit ta maison,
Seigneur, pour la suite des temps.
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Commentaire...
 

Le passage d’évangile de ce jour se déploie autour de l’impuissance des disciples à guérir l’enfant atteint d’épilepsie à cause de leur peu de foi, immergés qu’ils sont au cœur d’une génération sans foi, et se conclut par l’exaltation par Jésus de la puissance de la vraie foi : la seule force réside dans le fait de se tenir par la prière en présence de Dieu dans la foi.

Marc nous montre les disciples en train de discuter, au cœur de la foule avec les scribes. Jésus arrive et ses retrouvailles avec cette foule après une longue période de séparation se passent dans un climat chaleureux. Tout naturellement, en bon Rabbin, il s’intéresse à l’objet des discussions entre les gens et ces maîtres à penser qu’étaient les scribes. Et sa question : « De quoi discutiez-vous avec eux ? » trouve un écho immédiat. Un homme arrive et l’interpelle au sujet de son fils dont la maladie, d’après la description qui en est faite, est sans aucun doute l’épilepsie. Mais surtout ce père se plaint auprès de Jésus de l’impuissance de ses disciples à opérer la guérison de son enfant (v. 18b).
Jésus va intervenir en commençant par adresser à ceux qui sont présents autour de lui ce jour là un appel pressant à croire qu’en sa personne le Mal est vaincu. Jésus va guérir cet enfant mais en même temps il va révéler son œuvre de salut envers l’humanité : la restauration de l’homme dans sa dignité originelle. Il va également enseigner quelles sont les conditions pour que cette œuvre de salut s’accomplisse dans la vie de tout un chacun.
Si nous relevons les étapes qui conduisent jusqu’à la guérison de l’enfant, nous observons qu’elles sont au nombre de trois. Tout d’abord, la supplication : « Viens à notre secours, par pitié pour nous ! », cri qui suppose la claire conscience du triste état de notre humanité. Ensuite, une foi confiante, un acte de foi explicite plus exactement :
Je crois ! Viens au secours de mon incroyance !
Enfin, la prière : « Rien ne peut faire sortir cette espèce-là, sauf la prière », la prière qui en tous lieux et en toutes circonstances, nous permet de demeurer dans la foi dans la présence de Dieu.
A travers cette guérison, le Seigneur nous révèle qu’il est bien le vainqueur du Mal et de la Mort. C’est bien ce que Marc veut faire ressortir lorsqu’il dit que Jésus saisissant la main de cet enfant « le releva et le remit debout » (v. 27). Les deux verbes « (se) relever » et « se mettre debout » utilisés ici par l’évangéliste expriment ailleurs la Résurrection de Jésus ! Il faut décidément bien lire dans ce miracle la restauration de notre humanité pécheresse par la puissance de résurrection du Christ.
Saint Marc, en mettant en contraste l’incrédulité de la foule et des disciples eux-mêmes avec la foi exemplaire d’un anonyme met en relief le thème qui ne cesse de parcourir sa narration depuis la première annonce de la Passion de Jésus (8, 31-33) : à celui qui met sa foi en sa personne, le Christ apporte la victoire sur la souffrance et la mort.
Quel contraste Seigneur entre notre peu de foi et ton abandon amoureux et confiant durant ta Passion. Fais-nous la grâce de te suivre sur ce chemin de l’abaissement pour être dépouillés de toutes nos prétentions à sauver le monde par nos propres forces. N’as-tu pas choisi les pauvres comme riches dans la foi (Cf. Jc 2, 5) ? Libère-nous de tous nos repliements et donne-nous d’entrer dans une authentique disponibilité envers nos frères et sœurs en humanité pour te laisser agir en eux à travers nous !
 

Abbé Philippe Link  - Merci!

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«Toute crise porte en elle des aspects positifs
et des raisons d'espérer.»
(Catherine Rambert)
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Un moment de réflexion...
«Si tu as appris à sentir le vent soufflant dans l'arbre,
tu écriras peut-être un poème.
Si tu as su entendre le chant que t'offre la source,
tu auras sans doute toi-même le goût de composer une mélodie.
Si tu as pu observer la magie de aube,
tu auras probablement le désir de créer un tableau.»
Va où ton cœur est épris de beauté;
et la beauté, c'est le souffle de Dieu, le souffle de l'Ésprit.»
(D'après Jean Proulx)
 
 
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Bonne journée!
Jean-Yves
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vendredi 22 février 2019

(284,973) /Fête de Baden Powell / L'ÉGLISE d'aujourd'hui... / «Tu es Pierre... » / Avec toi... avec nous... /Où en es-tu à bâtir mon Église?...

Bonjour!
Vendredi 22 février 2019
 
Aujourd'hui: Fête de Baden Powell:
 fondateur du mouvement scout.
 
 
Scouts toujours... Prêts!


Voici la Parole de Dieu de ce jour...

Le Seigneur est mon berger :
rien ne saurait me manquer.

 
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là,
Jésus, arrivé dans la région de Césarée-de-Philippe,
demandait à ses disciples :
« Au dire des gens,
qui est le Fils de l’homme ? »
Ils répondirent :
« Pour les uns, Jean le Baptiste ;
pour d’autres, Élie ;
pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. »
Jésus leur demanda :
« Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? »
Alors Simon-Pierre prit la parole et dit :
« Tu es le Christ,
le Fils du Dieu vivant ! »
Prenant la parole à son tour, Jésus lui dit :
« Heureux es-tu, Simon fils de Yonas :
ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela,
mais mon Père qui est aux cieux.
Et moi, je te le déclare :
Tu es Pierre,
et sur cette pierre je bâtirai mon Église ;
et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle.
Je te donnerai les clés du royaume des Cieux :
tout ce que tu auras lié sur la terre
sera lié dans les cieux,
et tout ce que tu auras délié sur la terre
sera délié dans les cieux. »

(Mt 16, 13-19)
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Psaume 22

Le Seigneur est mon berger :
     je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche,
     il me fait reposer.

Il me mène vers les eaux tranquilles
     et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin
     pour l’honneur de son nom.

Si je traverse les ravins de la mort,
     je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
     ton bâton me guide et me rassure.

Tu prépares la table pour moi
     devant mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête,
     ma coupe est débordante.

Grâce et bonheur m’accompagnent
     tous les jours de ma vie ;
j’habiterai la maison du Seigneur
     pour la durée de mes jours.
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 Commentaire...

« Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Cette question, que nous entendions déjà hier, est au cœur de l’Evangile : elle constitue à la fois un sommet et une charnière.

Un sommet car le cheminement des apôtres trouve ici son accomplissement dans une confession de foi en la Seigneurie divine de Jésus, reconnu par Pierre comme « Messie, Fils de Dieu ». Une charnière car après ce temps de discernement de la Personne du Christ, l’Evangile bascule vers l’autre versant, à savoir la controverse avec les chefs religieux, qui aboutira à la condamnation et à la mort du Seigneur.
Jésus ne pouvait avancer vers sa Pâque pour réaliser le salut du monde, qu’après s’être assuré que le sens de son sacrifice pourrait être discerné par toutes les générations à venir. Cette interprétation inspirée du mystère de la Croix est le grand trésor confié à l’Eglise, que Jésus fonde précisément sur la confession de foi de Pierre. Pourtant, ce même Apôtre trahira son Maître, et celui-ci le savait fort bien :
Simon, Simon, Satan vous a réclamés pour vous secouer dans un crible comme on fait pour le blé. Mais moi, j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne disparaisse pas. Et toi, quand tu seras revenu, affermis tes frères (Lc 22, 31-32).
Les dons de Dieu sont sans repentance, car il ne choisit pas des hommes capables de réaliser ses projets, mais il appelle des pauvres, qu’il rend capables, à travers chutes et relèvements, d’accomplir la mission qu’il leur confie.
La confession de foi instaure entre Jésus et Pierre une nouvelle relation : « “Heureux es-tu“, car ce n’est pas un discernement humain qui t’a conduit à cette parole, mais c’est parce que tu es “devenu enfant de Dieu” en “croyant au nom du Fils unique” (Jn 1,12), que tu as pu prononcer cette déclaration véridique ». Aussi, pour marquer sa naissance à la vie nouvelle, à la vie de fils du « Père qui est aux cieux », Simon se voit-il attribuer un nom nouveau, qui signifie son ministère de fondation de la foi de l’Eglise. Par sa confession, formulée dans l’Esprit Saint dont il s’est laissé illuminer, Pierre prend pied sur l’autre rive, auprès de Jésus ; il se tient sur le roc de la foi en la vérité, qui donne accès à la vie définitive.
C’est cette position nouvelle qui justifie le « ministère des clefs » du Royaume : Jésus ne donne pas à son apôtre un pouvoir arbitraire, mais il lui garantit que dans l’Esprit qu’il a accueilli, il ne saurait errer « en matière de foi et de mœurs ». Son discernement sera assuré de la même lumière divine qui vient de lui permettre de confesser la Seigneurie du Christ : 
Lorsque viendra l’Esprit de vérité, il vous fera accéder à la vérité toute entière ; il vous communiquera ce qu’il reçoit de moi (Jn 16, 13-15).
« Et toi, que dis-tu ? Pour toi qui suis-je ? » Que l’Esprit Saint nous donne de proclamer la Seigneurie de Jésus ressuscité, de manière à « remporter nous aussi, quand se manifestera le Berger suprême, la couronne de gloire qui ne se flétrit pas » (1ère lect.).

Abbé Philippe Link - Merci!

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   P r i  o n s...
 
Pour notre Église
qui est en profonde réflexion
présentement à Rome
 avec notre pape François...
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Ce conte, tiré de la philosophie Ubuntu, illustre les concepts d’humanité                  et de fraternité.

 
Un anthropologue avait caché des fruits dans un panier près d’un arbre.
Il dit à des enfants d’une tribu africaine qui l’entouraient, que le premier qui les trouverait gagnerait tous les fruits.
Quand il donna le coup d’envoi, tous les enfants se sont donné la main et ont couru ensemble pour trouver le panier.
Ils se sont ensuite assis tous ensemble pour déguster les fruits.
L’anthropologue leur a demandé pourquoi ils avaient couru ainsi alors qu’un seul aurait pu gagner tous les fruits.
Ils lui répondirent « Ubuntu », ce qui signifie « Comment l’un de nous pourrait-il être heureux si tous les autres sont tristes ? »

Ubuntu 

Le mot Ubuntu désigne une notion proche des concepts d’humanité et de fraternité. La pensée Ubuntu a inspiré Nelson Mandela dans son effort de mettre fin à la politique de l’Apartheid en Afrique du Sud.
(Carrefours Alsace)
 
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Bonne journée!
Jean-Yves
 
 

jeudi 21 février 2019

« Pour Les gens, qui est Jésus?» / (284,915)

  Bonjour!
Jeudi 21 février 2019

 
 

   Voici la Parole de Dieu de ce jour...


  (Mc 8,27-33): Jésus s'en alla avec ses disciples vers les villages situés dans la région de Césarée-de-Philippe. Chemin faisant, il les interrogeait: «Pour les gens, qui suis-je?». Ils répondirent: «Jean Baptiste; pour d'autres, Élie; pour d'autres, un des prophètes». Il les interrogeait de nouveau: «Et vous, que dites-vous? Pour vous, qui suis-je?». Pierre prend la parole et répond: «Tu es le Messie». Il leur défendit alors vivement de parler de lui à personne. Et, pour la première fois, il leur enseigna qu'il fallait que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, les chefs des prêtres et les scribes, qu'il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite. Jésus disait cela ouvertement. Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches. Mais Jésus se retourna et, voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre: «Passe derrière moi, Satan! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes».    

   « Pour Les gens », qui est Jésus ?  

L’écho de la rumeur publique rapportée par les disciples ne nous apprend rien de nouveau : nous l’avions déjà entendue dans l’entourage d’Hérode (6, 14-16). Le peuple reste donc dans le flou quant à l’identité de ce Rabbi, malgré tous les signes qu’il a accomplis sous ses yeux.
Après ce constat à vrai dire peu encourageant, Notre-Seigneur sollicite avec insistance l’opinion de ses proches ; la formulation de sa question semble supposer qu’il attend de leur part une prise de positon plus claire :
Mais vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ?
Pierre se risque à proposer une réponse, mais contrairement à ce que nous trouvons dans le récit parallèle de Mattieu que nous méditerons demain, elle ne suscite pas de félicitation de la part de Jésus. Notre-Seigneur ne renie pas la confession de son Apôtre – à laquelle les autres disciples semblent adhérer – mais « il leur défend vivement de parler de lui à personne ». Sans doute n’était-il pas prudent de faire allusion au titre de « Messie » devant les foules, car elles auraient projeté sur Jésus leur rêve d’un royaume messianique politique et terrestre.
La suite du récit suggère que les proches du Seigneur se situent eux-mêmes dans cette perspective : Pierre se permet de « faire de vifs reproches » à son Maître lorsque celui-ci fait allusion aux souffrances qu’il aura bientôt à endurer à Jérusalem. Ce faisant, Pierre prend bien involontairement le relai du Satan, qui au désert avait déjà tenté Jésus sur ce point ; aussi Notre-Seigneur est-il obligé de rabrouer son apôtre.
Saint Marc précise que « Jésus se retourna et voyant ses disciples interpella vivement Pierre » : c’est en contemplant ses compagnons – parmi lesquels il entrevoit déjà chacun d’entre nous – que Notre-Seigneur puise la force de résister à la tentation, de dépasser son horreur de la Passion à venir, et de choisir d’aller jusqu’au bout de sa mission.
Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. 
Que les pensées de Satan ne coïncident pas avec celles de Dieu ne nous étonne guère, mais il est plus inquiétant d’entendre que l’Ennemi n’a même pas à déployer un discours qui lui soit propre pour nous égarer en matière religieuse : il lui suffit pour nous perdre, d’emprunter « les pensées des hommes », c’est-à-dire nos propres pensées, lorsqu’elles se développent hors de la lumière de la Révélation.
 
Seigneur tu nous as dit clairement que “personne ne connaît le Fils sinon le Père” (Mt 11, 27). Ne permets pas que la suffisance nous égare et que nous ayons la présomption de parler de toi à partir de nos évaluations et de nos raisonnements humains. Rends-nous dociles à l’Esprit Saint : qu’il nous “introduise dans la vérité tout entière” (Jn 16, 13), et nous donne de proclamer avec assurance que tu es le “Christ, le Fils du Dieu vivant”.

Abbé Philippe Linke - Merci! ...

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«Par-delà son aspect humain,
 l'Église est habitée par un mystère de vie.
 Il y a toujours une source cachée sous son seuil.»
 
(Éloi Leclerc)
 
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«Croire, c'est être capable aussi de porter ses doutes.»

(Romano Guardini)
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«Nul ne peut atteindre l'aube
sans passer par le chemin de la nuit.»

(Khalil Gibran)
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   Prions pour notre Église...

Bonne journée!
Jean-Yves