mardi 31 août 2021

« Aux autres villes aussi, il faut que j’annonce la Bonne Nouvelle, car c’est pour cela que j’ai été envoyé » / Journée mondiale pour la sauvegarde de la création... / (364,573)

 Bonjour!

Mercredi 1er septembre 2021



Voici la Parole de Dieu de ce jour...

ÉVANGILE

« Aux autres villes aussi, il faut que j’annonce la Bonne Nouvelle, car c’est pour cela que j’ai été envoyé » (Lc 4, 38-44)

Alléluia. Alléluia.
Le Seigneur m’a envoyé
porter la Bonne Nouvelle aux pauvres,
annoncer aux captifs leur libération.
Alléluia. (Lc 4, 18cd)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
    Jésus quitta la synagogue de Capharnaüm
et entra dans la maison de Simon.
Or, la belle-mère de Simon
était oppressée par une forte fièvre,
et on demanda à Jésus de faire quelque chose pour elle.
    Il se pencha sur elle,
menaça la fièvre, et la fièvre la quitta.
À l’instant même, la femme se leva
et elle les servait.

    Au coucher du soleil,
tous ceux qui avaient des malades atteints de diverses infirmités
les lui amenèrent.
Et Jésus, imposant les mains à chacun d’eux,
les guérissait.
    Et même des démons sortaient de beaucoup d’entre eux en criant :
« C’est toi le Fils de Dieu ! »
Mais Jésus les menaçait et leur interdisait de parler
parce qu’ils savaient, eux, que le Christ, c’était lui.

    Quand il fit jour, Jésus sortit
et s’en alla dans un endroit désert.
Les foules le cherchaient ;
elles arrivèrent jusqu’à lui,
et elles le retenaient pour l’empêcher de les quitter.
    Mais il leur dit :
« Aux autres villes aussi,
il faut que j’annonce la Bonne Nouvelle du règne de Dieu,
car c’est pour cela que j’ai été envoyé. »
    Et il proclamait l’Évangile
dans les synagogues du pays des Juifs.

            – Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

La guérison de la belle-mère de Pierre, que Jésus relève de sa fièvre, voilà un miracle en apparence bien insignifiant ; au point qu’on est enclin à se demander pourquoi saint Luc en fait mention ? Notre étonnement grandit encore lorsque nous découvrons qu’il s’agit du tout premier miracle relaté dans le troisième évangile ! Dans la logique narrative, il devrait donc avoir une valeur paradigmatique et orienter l’interprétation de tous les miracles qui vont suivre. Bref, les deux versets qui introduisent l’Évangile de ce jour, méritent toute notre attention.

Il n’est pas dit que Jésus « sort » de la synagogue, mais qu’il la « quitte » : elle a terminé son rôle ; elle était le lieu de l’attente de la venue de celui qui devait « accomplir les Écritures » (Lc 4, 21). L’autorité avec laquelle Notre-Seigneur y a enseigné doit suffire aux juifs pieux et ouverts à l’action de l’Esprit pour reconnaître en lui le Messie de leur espérance. En tout cas le démon, lui, a perçu le caractère unique de ce « Jésus de Nazareth » ; mais son intervention intempestive, destinée à troubler les esprits, se solde par un échec : il est contraint de « sortir » de l’homme dont il avait pris possession, confirmant par cette défaite « l’autorité et la puissance » de Jésus.

Notre-Seigneur quitte donc l’ancien lieu de culte pour entrer dans la maison de Simon-Pierre, symbole de l’Église. « La belle-mère de Simon était alitée, oppressée par une forte fièvre » ; il s’agit donc de la mère de l’épouse de l’hôte de Jésus. Les femmes n’avaient guère la préséance dans la société juive de l’époque ; a fortiori la mère de l’épouse du maître de maison devait-elle se contenter des services subalternes. C’est donc au chevet de quelqu’un de retiré, de discret, faisant partie des sans-voix et des sans-droits que se rend Notre-Seigneur. Il est remarquable que le premier membre de l’Église à être nommé dans le troisième Évangile, est une femme, et une femme « de second rang » dans la hiérarchie sociale. « Ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion les sages ; ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion ce qui est fort ; ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n’est rien, voilà ce que Dieu a choisi pour détruire ce qui est quelque chose, afin que personne ne puisse s’enorgueillir devant Dieu » (1 Co 1, 27-28).

Jésus non seulement s’approche de la femme, mais « se penche sur elle » dans un geste de compassion, comme une mère se penche sur le lit de souffrance de son enfant malade. Il « interpelle vivement la fièvre ». Et, à peine la fièvre est-elle chassée, qu’« à l’instant même la femme se leva et elle servait » Jésus.

La véritable finalité des guérisons, exorcismes et autres miracles accomplis par Jésus tout au long des Évangiles, apparaît ici en pleine lumière : Notre-Seigneur est venu pour nous libérer de l’inertie du péché qui nous paralyse dans nos peurs et notre égoïsme, et pour nous rendre participants dans l’Esprit, de son pouvoir divin d’aimer et de servir nos frères, au prix de notre propre vie. « Le plus grand d’entre vous doit prendre la place du plus jeune, et celui qui commande, la place de celui qui sert. Quel est en effet le plus grand : celui qui est à table, ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Eh bien moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Lc 22, 26-27).

Père saint, donne-nous la grâce et la paix. La grâce de nous arracher à notre individualisme, à nos indifférences, à notre lâcheté, à nos paresses coupables ; la grâce de nous lever dans la puissance de la Résurrection de ton Fils ; la grâce de nous mettre généreusement au service de nos frères dans l’amour. Alors « ta paix qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer, gardera notre cœur et notre intelligence dans le Christ Jésus » (Ph 4, 7) notre Seigneur.


Abbé Philippe Link / Merci!

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Journée mondiale pour la sauvegarde de la Création.


Le premier septembre 

est désigné ainsi  depuis 2015 par le Pape François.


La Création nous est donnée pour en jouir, 

pas pour la saccager 

mais pour la servir.


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«L'homme est un être qui doit croire 

pour que les autres existent.»

(Emmanuel Delessert)


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Au coucher du soleil...



(Photo: Mgr Pierre Goudreault - Merci!)


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Bonne journée!

Jean-Yves 


lundi 30 août 2021

« Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu » / Prière d'un parent lors d'un baptême... / (364,477)

 Bonjour!

Mardi 32 août 2021


Au loin: l'église de Saint-Roch-des-Aulnaies
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Voici la Parole de Dieu de ce jour...

ÉVANGILE

« Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu » (Lc 4, 31-37)

Alléluia. Alléluia.
Un grand prophète s’est levé parmi nous,
et Dieu a visité son peuple.
Alléluia. (Lc 7, 16)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
    Jésus descendit à Capharnaüm, ville de Galilée,
et il y enseignait, le jour du sabbat.
    On était frappé par son enseignement
car sa parole était pleine d’autorité.
    Or, il y avait dans la synagogue
un homme possédé par l’esprit d’un démon impur,
qui se mit à crier d’une voix forte :
    « Ah ! que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ?
Es-tu venu pour nous perdre ?
Je sais qui tu es :
tu es le Saint de Dieu. »
    Jésus le menaça :
« Silence ! Sors de cet homme. »
Alors le démon projeta l’homme en plein milieu
et sortit de lui sans lui faire aucun mal.
    Tous furent saisis d’effroi et ils se disaient entre eux :
« Quelle est cette parole ?
Il commande avec autorité et puissance
aux esprits impurs,
et ils sortent ! »
    Et la réputation de Jésus se propageait dans toute la région.

            – Acclamons la Parole de Dieu.

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          Commentaire...       

Après avoir enseigné avec autorité, Jésus manifeste avec puissance l’efficacité de sa parole. L’exorcisme que rapporte saint Luc laisse cependant quelques questions ouvertes. La confession de l’esprit impur est en effet paradoxale : elle est juste, mais elle est interdite. Pourquoi le faire taire alors que la question des évangiles est de faire connaître l’identité profonde de Jésus ? Jésus ne veut-il donc pas qu’on le reconnaisse ? Pourquoi l’évangéliste laisse-t-il les foules dans l’incertitude alors que nous, nous savons bien qui est Jésus ?

On pourrait même se laisser aller à quelques comparaisons… La déclaration de l’esprit impur ne pourrait-elle pas être rapprochée de celle faite par la voix dans la nuée, que nous entendions il y a quelques semaines à peine ? En quoi ces révélations de l’identité de Jésus sont-elles différentes, pourquoi faire taire l’une et laisser l’autre faire son chemin dans les esprits et les cœurs ? Leur auteur est certes radicalement différent, mais la vérité exprimée est la même.

Ce paradoxe, un peu déstabilisant, n’est pas à négliger car il pourrait bien être pour nous une invitation à nous remettre en cause, ou (pire) peut être nous représenter. Celui à qui Jésus impose le silence est en effet celui qui sait tout de lui et n’a rien à apprendre de nouveau.

Avec un peu d’audace, on pourrait dire qu’il y a entre les deux déclarations de l’esprit impur et du Père céleste autant de distance qu’entre un exposé savant et une déclaration d’amour ! Un exposé peut en effet se résumer en une formule percutante et juste, que l’on transmet ou dont on se souvient. Une déclaration d’amour est un énoncé instable, qu’il faut réviser sans cesse, à partir de sa propre expérience, à partir des événements partagés, grâce à l’approfondissement de la relation et aux choix de fidélité. Une telle déclaration comporte en outre un risque, celui de se remettre en question, de sortir de ses certitudes, de se rendre vulnérable à l’autre. Elle procède du don de soi et de l’accueil de la vérité de l’autre.

Peut-être cet évangile est-il une bonne occasion de prendre mieux conscience de la nature de notre dialogue intime avec notre Sauveur, et de la façon dont nous parlons de lui. Nous contentons-nous de quelque déclamation dogmatique rassurante mais un peu confuse à nos esprits ? Nous réfugions-nous dans les prétendues sécurités de notre catéchisme ? Ou bien essayons-nous de reconnaître ses vérités dans notre quotidien ? De voir comment elles se dévoilent peu à peu, d’une façon originale qui caractérise notre relation unique avec le Seigneur ? Autrement dit, sommes-nous encore capables d’être étonnés par l’époux de nos âmes ou bien ronronnons-nous comme un vieux couple qui n’aurait plus rien à se dire ?

En ces jours de « rentrée » et de reprise de nos engagements, la parole de Dieu nous interpelle sur la vérité de notre relation à Jésus. Elle peut être une invitation à davantage de formation pour arriver à dire de façon juste notre amour, et à un surcroît d’attention priante aux événements de nos quotidiens où le Seigneur dévoile son amour prévenant. Une invitation à nous livrer à l’Esprit qui régénère tout chose et garde notre relation à Dieu dans la jeunesse de l’amour du Christ.


Abbé Philippe Link / Merci!

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Il n'y a pas de hasard dans nos vies...
C'est plutôt un signe de Dieu
 qui éclaire nos vies et nous guide...
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JÉSUS...

Qui est donc cet homme?
Cet homme a le pouvoir de pardonner les péchés...
Seul Dieu pardonne les péchés.

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«Qui prendra la route vers ces grands espaces?
Qui prendra Jésus pour Maître et pour ami?
L'humble serviteur a la plus belle place!
Servir Dieu rend l'homme libre comme lui.»
(Hymne - Liturgie des heures - Ce jour)
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Prions pour ces jeunes enfants 
que j'ai baptisés dimanche dernier à La Pocatière:
Flora, Louanne et Maxence.
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Magnifique prière composée par les parents lors de ce baptême...
Dimanche après-midi, j'ai baptisé trois jeunes enfants dans les mêmes familles, à la cathédrale de Sainte-Anne.
Lors de la préparation pour le baptême, je demande aux parents s'ils veulent dire une prière d'action de grâce à la fin, lorsque nous déposons les enfants sur l'autel. Nous avons fait ainsi hier. Un parent (Maxime) m'a donné le texte qu'ils avaient préparé et la permission de le publier.
Voici la magnifique prière qu'il a lue devant l'assemblée. Je vous la partage et je le remercie grandement.
Flora, Louanne, Maxence, nous sommes tous réunis aujourd'hui car nous pensons que le baptême est une belle porte d'entrée dans la vie qui vous offrira toujours une lumière pour vous guider.
Nous souhaitons de tout cœur que vous grandissiez dans l'amour, la joie et qu'une étoile veille sur vous à jamais. Nous souhaitons que votre intelligence progresse dans la vérité et l'acceptation de la différence, que vos mains servent à transformer positivement le monde, que vos yeux ne se ferment jamais sur la misère, que vous puissiez vous épanouir dans une vie honnête et juste.
Seigneur, par ce baptême, donnez-leur la force de passer à travers les épreuves qu'ils rencontreront au cours de leur vie.
Donnez-leur la foi pour vivre en harmonie avec leurs semblables.
Donnez-leur la sagesse de vivre une vie sensée et digne.
Avec ton aide, Seigneur, nous espérons donner à nos enfants la meilleure vie possible.
Amen.
Flora: fille de Arianne Pelletier et Maxime Pelletier-Guimond /
Louanne: fille de Rébecca Deschênes et Pierrick Pelletier-Guimond /
Maxence: fils de Cassandra Pelletier-Guimond et Claude Bérubé.
À certaines occasions, nous les chrétiens, nous sommes des témoins de notre foi... Voilà, pour ces parents, une belle occasion d'avoir été témoins de leur foi. Merci!
(La photo n'est pas celle d'un des enfants.)


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«Le ciel appartient à qui le regarde.
L'étoile dont on sait le nom
appartient à l'enfant
qui chaque soir la recherche
et peut se dire: "Ça c'est mon étoile!»

(Gilles Vigneault)

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Bonne journée!

Jean-Yves 

dimanche 29 août 2021

« Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres. Aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays » / (364,407)

 Bonjour!

Lundi 30 août 2021


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Voici la Parole de Dieu de ce jour...

ÉVANGILE

« Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres. Aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays » (Lc 4, 16-30)

Alléluia. Alléluia.
L’Esprit du Seigneur est sur moi ;
il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres.
Alléluia. (Lc 4, 18ac)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
    Jésus vint à Nazareth, où il avait été élevé.
Selon son habitude,
il entra dans la synagogue le jour du sabbat,
et il se leva pour faire la lecture.
    On lui remit le livre du prophète Isaïe.
Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit :
    L’Esprit du Seigneur est sur moi
parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction.
Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres,
annoncer aux captifs leur libération,
et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue,
remettre en liberté les opprimés,
    annoncer une année favorable accordée par le Seigneur.
    Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit.
Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui.
    Alors il se mit à leur dire :
« Aujourd’hui s’accomplit
ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre »
    Tous lui rendaient témoignage
et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche.
Ils se disaient :
« N’est-ce pas là le fils de Joseph ? »
    Mais il leur dit :
« Sûrement vous allez me citer le dicton :
“Médecin, guéris-toi toi-même”,
et me dire :
“Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm :
fais donc de même ici dans ton lieu d’origine !” » 
   Puis il ajouta :
« Amen, je vous le dis :
aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays.
    En vérité, je vous le dis :
Au temps du prophète Élie,
lorsque pendant trois ans et demi
le ciel retint la pluie,
et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre,
il y avait beaucoup de veuves en Israël ;
    pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles,
mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon,
chez une veuve étrangère.
    Au temps du prophète Élisée,
il y avait beaucoup de lépreux en Israël ;
et aucun d’eux n’a été purifié,
mais bien Naaman le Syrien. »

    À ces mots, dans la synagogue,
tous devinrent furieux.
    Ils se levèrent,
poussèrent Jésus hors de la ville,
et le menèrent jusqu’à un escarpement
de la colline où leur ville est construite,
pour le précipiter en bas.
    Mais lui, passant au milieu d’eux,
allait son chemin.

            – Acclamons la Parole de Dieu.

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          Commentaire...       

Avec la 22ème semaine du Temps ordinaire, nous fermons le premier Evangile et nous ouvrons le troisième, pour nous mettre à l’écoute de Luc, le médecin ami de saint Paul, auteur également des Actes des Apôtres.

La lecture continue commence au chapitre 4 avec le discours-programme que Jésus prononce dans la synagogue, au retour de l’épreuve du désert, où il a affronté victorieusement le diable. C’est du moins ce qui apparaît à partir d’une première lecture. Le lecteur attentif découvre cependant qu’un certain temps a dû s’écouler entre le passage au désert et la confrontation dans la synagogue de Nazareth : lorsque Jésus verbalise les pensées secrètes de ses concitoyens, il fait en effet allusion à « tout ce qui s’est passé à Capharnaüm ». Nous ne sommes donc plus tout à fait au début du ministère du Seigneur dont la réputation commence à s’étendre.

Aussi l’attitude de ces hommes est-elle particulièrement ambiguë : ils sont divisés entre une légitime fierté – car la gloire de ce fils du pays rejaillit également sur eux – et en même temps, ils ne peuvent réprimer un certain scepticisme : « N’est-ce pas le fils de Joseph ? » L’analyse douloureuse de Jésus s’impose : « Aucun prophète n’est bien accueilli dans son pays ».

Peut-être mesurons-nous ici les limites de notre propre capacité d’accueil : n’est-il pas plus difficile de reconnaître les talents extraordinaires d’un proche que d’une personne inconnue ? Et à plus forte raison encore : comme il est ardu de discerner les progrès en sainteté de ceux que nous côtoyons chaque jour ! Autant sans doute parce que nous nous focalisons sur les points de fragilité qui subsistent encore, qu’en raison d’une secrète jalousie. La grâce qui se manifeste au loin édifie ; lorsqu’elle nous frôle, elle nous dérange, parce qu’elle nous provoque de manière trop directe à la conversion.

Ces hommes de Nazareth commencent par « rendre témoignage à Jésus ». Mais en entendant « le message de grâce qui sortait de sa bouche », leur admiration devient de « l’étonnement » ; les sourcils se froncent ; ils s’arrachent à la séduction pour prendre une distance critique, qui se transforme bientôt en un jugement, une condamnation et finalement une exclusion de l’intrus…

Ils cherchent à le faire mourir, tout comme nous « tuons » intentionnellement ceux qui nous font de l’ombre ou qui nous poussent un peu trop vigoureusement à nous remettre en cause.

Certes en juifs pieux, les concitoyens du Seigneur croyaient à l’accomplissement des Ecritures, mais pour « demain et ailleurs ». L’« aujourd’hui » de cet accomplissement dans la personne concrète d’un enfant du village, leur apparaît saugrenue, impossible, voire blasphématoire : les bonnes raisons ne manquent jamais pour étouffer la voix de Dieu qui appelle au cœur de nos vies quotidiennes.

Et si nous essayions de changer notre regard sur nos proches ? Dans tous les actes de bonté qui sont réalisés autour de moi, je devrais pouvoir discerner cet « ici et maintenant » du Royaume et en rendre grâce, plutôt que de chercher à en ternir l’éclat en imaginant des motivations cachées, qui me déculpabilisent de ne pas en faire autant.

Aujourd’hui Jésus « passe, portant la Bonne Nouvelle aux pauvres, annonçant aux prisonniers qu’ils sont libres, aux aveugles qu’ils verront la lumière, apportant la libération aux opprimés ; puis, il va son chemin ». Saurons-nous reconnaître sa présence au quotidien, et discerner les signes du Royaume pour en nourrir notre espérance et notre action de grâce ?


Abbé Philippe Link / Merci!

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Magnifique photo du Rocher Percé - Merci Louise Cardin.

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«Esprit de Dieu, très pur Amour,

Descends dans notre nuit obscure;

Le temps nous tient, la chair nous dure,

Esprit de feu, très pur Amour!»


(...)


Esprit de Dieu, très pur Amour,

Descends dans notre nuit obscure;

La chair nous tient, le temps nous dure,

Esprit du ciel, très pur Amour!»

(Hymne - Ce matin - Liturgie des heures)

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Bonne journée!

Jean-Yves 

samedi 28 août 2021

« Vous laissez de côté le commandement de Dieu, pour vous attacher à la tradition des hommes » / Funérailles de Jacqueline Bernier... / (364,345)

 Bonjour!

Dimanche 29 août 2021



Voici la Parole de Dieu de ce jour...

ÉVANGILE

« Vous laissez de côté le commandement de Dieu, pour vous attacher à la tradition des hommes » (Mc 7, 1-8.14-15.21-23)

Alléluia. Alléluia.
Le Père a voulu nous engendrer par sa parole de vérité,
pour faire de nous comme les prémices de toutes ses créatures.
Alléluia. (Jc 1, 18)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

En ce temps-là,
    les pharisiens et quelques scribes, venus de Jérusalem, 
se réunissent auprès de Jésus, 
    et voient quelques-uns de ses disciples prendre leur repas 
avec des mains impures, c’est-à-dire non lavées. 
    – Les pharisiens en effet, comme tous les Juifs, 
se lavent toujours soigneusement les mains avant de manger, 
par attachement à la tradition des anciens ; 
    et au retour du marché, 
ils ne mangent pas avant de s’être aspergés d’eau, 
et ils sont attachés encore par tradition 
à beaucoup d’autres pratiques : 
lavage de coupes, de carafes et de plats. 
    Alors les pharisiens et les scribes demandèrent à Jésus : 
« Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas 
la tradition des anciens ? 
Ils prennent leurs repas avec des mains impures. » 
    Jésus leur répondit : 
« Isaïe a bien prophétisé à votre sujet, hypocrites, 
ainsi qu’il est écrit :
Ce peuple m’honore des lèvres,
mais son cœur est loin de moi.
    C’est en vain qu’ils me rendent un culte ; 
les doctrines qu’ils enseignent 
ne sont que des préceptes humains.
    Vous aussi, vous laissez de côté le commandement de Dieu, 
pour vous attacher à la tradition des hommes. »

    Appelant de nouveau la foule, il lui disait : 
« Écoutez-moi tous, et comprenez bien. 
    Rien de ce qui est extérieur à l’homme 
et qui entre en lui 
ne peut le rendre impur. 
Mais ce qui sort de l’homme, 
voilà ce qui rend l’homme impur. »

    Il disait encore à ses disciples, à l’écart de la foule :
« C’est du dedans, du cœur de l’homme, 
que sortent les pensées perverses : 
inconduites, vols, meurtres, 
    adultères, cupidités, méchancetés, 
fraude, débauche, envie, 
diffamation, orgueil et démesure. 
    Tout ce mal vient du dedans, 
et rend l’homme impur. »

    – Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

Le pur et l’impur sont au cœur de l’évangile de ce dimanche. Jésus, lui qui est pur de tout mal, touche les impurs et accepte d’être touché par eux. Or que se passe-t-il à chaque fois ? Ce n’est pas l’impureté qui gagne, mais la sainteté de Jésus :
le lépreux est purifié, la femme hémorroïsse guérie, la fillette ressuscitée. Jésus rend caduque la conception qui veut que l’impur l’emporte toujours sur le pur. Dieu ne veut pas d’une logique de mort et d’exclusion. Il veut la vie, la recréation et la réintégration. C’est toute l’œuvre du mystère pascal. Les conséquences d’une telle nouveauté sont immenses ! Essayons de les énumérer.

Tout d’abord, nous devons reconnaître que nous sommes tous pécheurs et que nous avons tous à être purifiés. Mais notre espérance de salut, c’est Jésus. Si nous touchons Jésus ou si nous nous laissons toucher par lui, nous serons purifiés. Jésus est le chemin qui nous conduit au Père. Plus besoin de multiples bains d’eau. Configurés à lui par le baptême, nous devenons enfants de Dieu. Quelle libération !

En deuxième lieu, nous n’avons plus à vivre dans la peur. Humblement, nous pouvons sortir de la logique qui veut que le mal vienne des autres, du dehors. Nous pouvons reconnaître qu’une poutre est dans notre œil avant de chercher la paille dans l’œil de notre frère. Le combat pour le bien doit nécessairement commencer au-dedans de nous. Jésus nous fait passer d’un regard extérieur qui a peur à un regard intérieur qui se laisse saisir par la miséricorde de Dieu.

En troisième lieu, si Jésus libère de la peur, il libère aussi d’une fausse assurance qui consiste à croire que nous pouvons nous purifier, nous sauver par nous-mêmes sans l’aide de Dieu. Or nul ne peut se sauver soi-même. Notre tâche est de laisser la lumière de l’amour de Dieu pénétrer au plus profond de notre cœur, à l’intérieur et non seulement à l’extérieur, afin que le Christ puisse y agir lui-même. Toute notre vie chrétienne ne doit consister qu’à savoir nous ouvrir tout entiers, en vérité, en profondeur, à la loi d’Amour, au Verbe de Dieu, au lieu de chercher à nous donner une fausse bonne conscience et à nous purifier par nous-mêmes.

Finalement, la grande nouveauté qu’apporte Jésus au monde, c’est que ce ne sont pas des rites de purification qui permettent au croyant d’approcher de Dieu mais seulement la conversion de son cœur. La pureté n’est pas affaire d’extériorité 
– avoir les mains propres – mais affaire d’intériorité – avoir un cœur libre et le désir droit.

L’essentiel se situe dans le cœur. C’est là où s’exprime au mieux notre liberté. C’est avec le cœur profond que se découvre la pleine vérité. C’est au plus intime du cœur que se traduit en acte le pur amour.
 « Rien de ce qui est extérieur à l’homme ne peut le rendre impur », dit Jésus (Mc 7,15). Ce sont nos pensées, nos intentions, nos désirs, nos sentiments qu’il faut contrôler.

« Maîtrise tes pensées, disaient les Pères du désert, et tu seras engagé sur la voie de sainteté ». Plus concrètement encore, on pourra dire que c’est l’intention qui donne tout son sens à notre action. Que l’essentiel lui-même reste invisible pour les yeux car on ne voit bien qu’avec le cœur. L’apôtre Paul a cette merveilleuse formule dans sa lettre à Tite : « Tout est pur aux cœurs purs » (1,15).

Si donc notre cœur est pur, toute notre vie sera sainte. Si notre cœur est mauvais, toute notre existence en sera perturbée.
 « Là où est ton trésor, nous dit Jésus, là aussi sera ton cœur ».
Où donc est mon trésor, ô mon cœur ? Et où veux-tu aller un jour, ô mon cœur, pour posséder un amour qui soit pour moi un trésor impérissable ? « Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu » (Mt 5,8).

Seigneur notre Dieu, nous avons besoin de lois pour vivre dans la charité, et de signes pour t’exprimer notre foi. Que ces préceptes et ces rites ne s’opposent jamais à ta volonté, mais nous aident à lui conformer notre cœur.


Abbé Philippe Link / Merci!

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Chutes - Rivière du Sud - Montmagny
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   Funérailles de Jacqueline... 



+ Hier après-midi, à la cathédrale de La Pocatière avait lieu les funérailles de Madame Jacqueline Bernier, ex-enseignante au primaire, animatrice de pastorale scolaire, et agente de pastorale à la paroisse de Sainte-Anne ensuite jusqu'à sa retraite. Jacqueline est décédée le 25 mars 2020 mais, avec les restrictions dues à la COVID et différents événements survenus, ses funérailles ont été célébrées seulement hier. Jacqueline avait demandé que ce rite d'adieu se vive en une célébration de la Parole à l'église et avait elle-même préparé cette célébration avec des prêtres amis.  Elle avait choisi deux textes de la Parole de Dieu que j'ai proclamés: celui de la naissance de Jésus et celui du récit de la dernière Cène. Le récit de la naissance de Jésus m'a particulièrement touché par l'importance de l'étoile tout au long du déroulement... Et l'abbé Yves Hébert a fait ressortir le phénomène dans son commentaire homilétique. Je lui ai demandé son texte afin de le reproduire ici pour votre bénéfice. Je remercie l'abbé Yves de me l'avoir fourni.
Ce texte va certainement vous rejoindre quelque part au niveau de votre vécu...
Je le produis aussi pour rendre hommage à Jacqueline. Cette Grande Dame m'a accompagné au niveau d'un comité, lors de mon cheminement vers le diaconat et a témoigné en ma faveur devant mon évêque du temps (Mgr Clément Fecteau) lors de mon ordination diaconale. Merci Jacqueline. 
Voici le texte de l'abbé Yves:

Plutôt étrange d’entendre ce récit des Mages que nous entendons habituellement lors de la fête de l’Épiphanie durant le temps des Fêtes.

Pourquoi Jacqueline a-t-elle choisi ce texte pour ses funérailles? Un lien qu’on serait tenté de faire, c’est celui du voyage. Les Mages ont fait un grand voyage jusqu’à Bethléem; Jacqueline aussi aimait les voyages, elle en a fait plusieurs dans sa vie. Elle s’est d’ailleurs rendue à Bethléem, comme les Mages.

Mais ce n’est pas pour cette raison qu’elle a choisi cette lecture. Le dernier automne avant son décès, alors qu’elle se savait en phase terminale de ses troubles cardiaques, et qu’elle essayait de regarder sereinement ce qui s’en venait, elle m’a fait venir chez elle pour m’expliquer ce qu’elle voulait pour ses funérailles.

Pendant une nuit blanche, comme ça lui arrivait à l’occasion durant cette période, elle s’était mise à penser à l’histoire des Mages partis de leur contrée lointaine pour venir adorer l’Enfant de Bethléem en se guidant sur une étoile. Elle a réalisé que, pour que les Mages puissent voir l’étoile, ils devaient avancer pendant la nuit. C’est seulement la nuit qu’on peut voir les étoiles.

Cet élément du récit a pris une grande importance pour Jacqueline et, en faisant un lien avec la vie des humains et sa propre vie, cela rejoignait une de ses grandes convictions.

Notre vie se passe souvent dans la noirceur, dans la nuit, nuit des épreuves, nuit de peur, nuit de désespoir, nuits de tristesse, nuit de maladie, nuit de mort. Et dans toutes nos nuits, il y a toujours une lumière, une étoile en nous qui peut nous aider à avancer dans la paix et la confiance.

Pour Jacqueline, cette lumière c’était bien sûr le Christ Jésus, qu’elle a suivi du mieux qu’elle a pu tout au long de sa vie, à travers entre autres ses efforts pour vivre l’Évangile, à travers les valeurs qu’elle a semées autour d’elle, à travers ses engagements auprès de sa famille, de ses élèves, de ses amis, de sa communauté.

À travers aussi les obscurités de sa vie et les épreuves qu’elle a traversées, entre autres ses pertes de capacités reliées à la maladie et aussi le décès de sa fille Céline.

Il y a quelques mois, j’ai lu une chronique dans une revue de spiritualité qui reprenait l’idée de Jacqueline à propos de cette étoile de Bethléem. Je me permets de vous en citer quelques extraits.

« Il a choisi une étoile.(…). Juste une étoile. (…) Il aurait pu désigner le Soleil, (…) Mais il a choisi une étoile. Une simple étoile (…) une toute petite lumière qui jamais ne s’impose ni n’éblouit. Une toute petite lumière pour dire l’espérance et conduire jusqu’à lui.

« Combien, parfois, nos nuits sont noires et nos ténèbres obscures! Combien, souvent, nos peines sont denses et nos souffrances impénétrables! Combien, encore, nos peurs sont envahissantes et nos craintes funèbres!

« (…) Dans le creux des heures sombres, on guette, impatient et fébrile, le lever du jour, le rose de l’aurore, pour oublier l’épaisseur des ténèbres. On espère le soleil pour réchauffer la vie. Et pourtant, il a choisi une étoile.

« Il a choisi une étoile pour nous inviter à croire. Il a choisi la nuit pour nous proposer de le suivre. Cette étoile (…) ne chasse pas les ténèbres. Mais elle les assume sans crainte et les habite sans peine. L’obscurité demeure mais elle est éclairée. L’étoile fait cohabiter la nuit et la lumière. Et nous invite à lever les yeux vers le Ciel. Parce qu’il est venu, au cœur de la nuit noire de Noël, pour habiter de sa Présence nos vies, nos joies mais aussi nos souffrances. »1

C’est cette petite lumière de l’espérance qu’est le Christ qui a habité de sa Présence amoureuse la vie de Jacqueline, ses joies et ses souffrances, et qu’elle nous invite à suivre aujourd’hui.

L’évangile nous dit que les Mages, après avoir adoré l’Enfant, s’en sont retournés par un autre chemin. Notre amie Jacqueline aussi, depuis le 25 mars 2020, a emprunté un autre chemin, un chemin mystérieux que nous ne connaissons pas, un chemin qui n’est pas visible à nos yeux.

Mais invisible ne veut pas dire inexistant. La foi nous invite à croire que c’est un chemin qui conduit vers la Lumière, vers la Vie en plénitude.

Yves Hébert, ptre

1 Julliand, Anne-Dauphine. – « Juste une étoile », in : Panorama, décembre 2020, p. 66.

 
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Bon dimanche!

Jean-Yves 

vendredi 27 août 2021

« Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître ». / (364,288)

 Bonjour!

Samedi 28 août 2021



Voici la Parole de Dieu de ce jour...

 Matthieu 25, 14-30

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples cette parabole : « Un homme qui partait en voyage appela ses serviteurs et leur confia ses biens. À l’un il remit une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul talent, à chacun selon ses capacités. Puis il partit. Aussitôt, celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla pour les faire valoir et en gagna cinq autres. De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres. Mais celui qui n’en avait reçu qu’un alla creuser la terre et cacha l’argent de son maître. Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint et il leur demanda des comptes. Celui qui avait reçu cinq talents s’approcha, présenta cinq autres talents et dit : “Seigneur, tu m’as confié cinq talents ; voilà, j’en ai gagné cinq autres.” Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.”
Celui qui avait reçu deux talents s’approcha aussi et dit : “Seigneur, tu m’as confié deux talents ; voilà, j’en ai gagné deux autres.” Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.” Celui qui avait reçu un seul talent s’approcha aussi et dit : “Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain. J’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t’appartient.”
Son maître lui répliqua : “Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l’ai pas répandu. Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l’aurais retrouvé avec les intérêts. Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix. Car à celui qui a, on donnera encore, et il sera dans l’abondance ; mais celui qui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a. Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents !” »

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Commentaire...

La clé des rapports contrastés et même paradoxaux entre les divers personnages – et par le fait même la clé de la parabole – se trouve dans l’interprétation du statut de cet homme, désigné comme un « Maître », mais qui se comporte en réalité comme un Père. Le premier fruit de l’obéissance des bons serviteurs, est la découverte de leur statut de fils : ils peuvent garder le bien confié puisqu’ils sont les héritiers et que « tout ce qui est au Père est à eux » (cf. Lc 15, 31 ; Jn 17, 10). Aussi « celui qui a accueilli le don de la filiation, recevra encore », car la joie du Père est de combler sans mesure ses enfants de sa propre vie. Comment pourrions-nous restituer un tel don ?

A nous de choisir notre attitude : garder vivante la mémoire du Seigneur et travailler généreusement à la venue de son Royaume, en y engageant tous les talents que Dieu nous a confiés ; ou bien enfouir ses dons « en terre », ne les utilisant que pour des choses de ce monde, dans l’oubli de notre statut filial.

Que cette parabole réveille en nous la mémoire de notre élection : « Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ignore ce que veut faire son maître ; maintenant je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître » (Jn 15, 15). Et puissions-nous mettre tous nos talents et chaque instant de notre vie à profit pour servir le Seigneur en accomplissant généreusement notre devoir d’état. Nous connaîtrons alors la joie de nous entendre dire, au retour de l’Epoux qui vient : « Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître ».

Seigneur tu ne nous demandes pas l’impossible : seulement de vivre calmement, de faire chacun ce que nous avons à faire, de nous encourager à progresser, et surtout de nous aimer les uns les autres, nous souvenant qu’en toi nous sommes tous frères. Alors de nos cœurs pourra s’élever le chant nouveau des rachetés, qui attendent le retour de leur Maître ; « car il vient pour gouverner la terre, pour gouverner le monde avec justice, et les peuples avec droiture » (Ps 97).


Abbé Philippe Link / Merci!

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Bonne journée!

Jean-Yves