samedi 28 août 2021

« Vous laissez de côté le commandement de Dieu, pour vous attacher à la tradition des hommes » / Funérailles de Jacqueline Bernier... / (364,345)

 Bonjour!

Dimanche 29 août 2021



Voici la Parole de Dieu de ce jour...

ÉVANGILE

« Vous laissez de côté le commandement de Dieu, pour vous attacher à la tradition des hommes » (Mc 7, 1-8.14-15.21-23)

Alléluia. Alléluia.
Le Père a voulu nous engendrer par sa parole de vérité,
pour faire de nous comme les prémices de toutes ses créatures.
Alléluia. (Jc 1, 18)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

En ce temps-là,
    les pharisiens et quelques scribes, venus de Jérusalem, 
se réunissent auprès de Jésus, 
    et voient quelques-uns de ses disciples prendre leur repas 
avec des mains impures, c’est-à-dire non lavées. 
    – Les pharisiens en effet, comme tous les Juifs, 
se lavent toujours soigneusement les mains avant de manger, 
par attachement à la tradition des anciens ; 
    et au retour du marché, 
ils ne mangent pas avant de s’être aspergés d’eau, 
et ils sont attachés encore par tradition 
à beaucoup d’autres pratiques : 
lavage de coupes, de carafes et de plats. 
    Alors les pharisiens et les scribes demandèrent à Jésus : 
« Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas 
la tradition des anciens ? 
Ils prennent leurs repas avec des mains impures. » 
    Jésus leur répondit : 
« Isaïe a bien prophétisé à votre sujet, hypocrites, 
ainsi qu’il est écrit :
Ce peuple m’honore des lèvres,
mais son cœur est loin de moi.
    C’est en vain qu’ils me rendent un culte ; 
les doctrines qu’ils enseignent 
ne sont que des préceptes humains.
    Vous aussi, vous laissez de côté le commandement de Dieu, 
pour vous attacher à la tradition des hommes. »

    Appelant de nouveau la foule, il lui disait : 
« Écoutez-moi tous, et comprenez bien. 
    Rien de ce qui est extérieur à l’homme 
et qui entre en lui 
ne peut le rendre impur. 
Mais ce qui sort de l’homme, 
voilà ce qui rend l’homme impur. »

    Il disait encore à ses disciples, à l’écart de la foule :
« C’est du dedans, du cœur de l’homme, 
que sortent les pensées perverses : 
inconduites, vols, meurtres, 
    adultères, cupidités, méchancetés, 
fraude, débauche, envie, 
diffamation, orgueil et démesure. 
    Tout ce mal vient du dedans, 
et rend l’homme impur. »

    – Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

Le pur et l’impur sont au cœur de l’évangile de ce dimanche. Jésus, lui qui est pur de tout mal, touche les impurs et accepte d’être touché par eux. Or que se passe-t-il à chaque fois ? Ce n’est pas l’impureté qui gagne, mais la sainteté de Jésus :
le lépreux est purifié, la femme hémorroïsse guérie, la fillette ressuscitée. Jésus rend caduque la conception qui veut que l’impur l’emporte toujours sur le pur. Dieu ne veut pas d’une logique de mort et d’exclusion. Il veut la vie, la recréation et la réintégration. C’est toute l’œuvre du mystère pascal. Les conséquences d’une telle nouveauté sont immenses ! Essayons de les énumérer.

Tout d’abord, nous devons reconnaître que nous sommes tous pécheurs et que nous avons tous à être purifiés. Mais notre espérance de salut, c’est Jésus. Si nous touchons Jésus ou si nous nous laissons toucher par lui, nous serons purifiés. Jésus est le chemin qui nous conduit au Père. Plus besoin de multiples bains d’eau. Configurés à lui par le baptême, nous devenons enfants de Dieu. Quelle libération !

En deuxième lieu, nous n’avons plus à vivre dans la peur. Humblement, nous pouvons sortir de la logique qui veut que le mal vienne des autres, du dehors. Nous pouvons reconnaître qu’une poutre est dans notre œil avant de chercher la paille dans l’œil de notre frère. Le combat pour le bien doit nécessairement commencer au-dedans de nous. Jésus nous fait passer d’un regard extérieur qui a peur à un regard intérieur qui se laisse saisir par la miséricorde de Dieu.

En troisième lieu, si Jésus libère de la peur, il libère aussi d’une fausse assurance qui consiste à croire que nous pouvons nous purifier, nous sauver par nous-mêmes sans l’aide de Dieu. Or nul ne peut se sauver soi-même. Notre tâche est de laisser la lumière de l’amour de Dieu pénétrer au plus profond de notre cœur, à l’intérieur et non seulement à l’extérieur, afin que le Christ puisse y agir lui-même. Toute notre vie chrétienne ne doit consister qu’à savoir nous ouvrir tout entiers, en vérité, en profondeur, à la loi d’Amour, au Verbe de Dieu, au lieu de chercher à nous donner une fausse bonne conscience et à nous purifier par nous-mêmes.

Finalement, la grande nouveauté qu’apporte Jésus au monde, c’est que ce ne sont pas des rites de purification qui permettent au croyant d’approcher de Dieu mais seulement la conversion de son cœur. La pureté n’est pas affaire d’extériorité 
– avoir les mains propres – mais affaire d’intériorité – avoir un cœur libre et le désir droit.

L’essentiel se situe dans le cœur. C’est là où s’exprime au mieux notre liberté. C’est avec le cœur profond que se découvre la pleine vérité. C’est au plus intime du cœur que se traduit en acte le pur amour.
 « Rien de ce qui est extérieur à l’homme ne peut le rendre impur », dit Jésus (Mc 7,15). Ce sont nos pensées, nos intentions, nos désirs, nos sentiments qu’il faut contrôler.

« Maîtrise tes pensées, disaient les Pères du désert, et tu seras engagé sur la voie de sainteté ». Plus concrètement encore, on pourra dire que c’est l’intention qui donne tout son sens à notre action. Que l’essentiel lui-même reste invisible pour les yeux car on ne voit bien qu’avec le cœur. L’apôtre Paul a cette merveilleuse formule dans sa lettre à Tite : « Tout est pur aux cœurs purs » (1,15).

Si donc notre cœur est pur, toute notre vie sera sainte. Si notre cœur est mauvais, toute notre existence en sera perturbée.
 « Là où est ton trésor, nous dit Jésus, là aussi sera ton cœur ».
Où donc est mon trésor, ô mon cœur ? Et où veux-tu aller un jour, ô mon cœur, pour posséder un amour qui soit pour moi un trésor impérissable ? « Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu » (Mt 5,8).

Seigneur notre Dieu, nous avons besoin de lois pour vivre dans la charité, et de signes pour t’exprimer notre foi. Que ces préceptes et ces rites ne s’opposent jamais à ta volonté, mais nous aident à lui conformer notre cœur.


Abbé Philippe Link / Merci!

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Chutes - Rivière du Sud - Montmagny
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   Funérailles de Jacqueline... 



+ Hier après-midi, à la cathédrale de La Pocatière avait lieu les funérailles de Madame Jacqueline Bernier, ex-enseignante au primaire, animatrice de pastorale scolaire, et agente de pastorale à la paroisse de Sainte-Anne ensuite jusqu'à sa retraite. Jacqueline est décédée le 25 mars 2020 mais, avec les restrictions dues à la COVID et différents événements survenus, ses funérailles ont été célébrées seulement hier. Jacqueline avait demandé que ce rite d'adieu se vive en une célébration de la Parole à l'église et avait elle-même préparé cette célébration avec des prêtres amis.  Elle avait choisi deux textes de la Parole de Dieu que j'ai proclamés: celui de la naissance de Jésus et celui du récit de la dernière Cène. Le récit de la naissance de Jésus m'a particulièrement touché par l'importance de l'étoile tout au long du déroulement... Et l'abbé Yves Hébert a fait ressortir le phénomène dans son commentaire homilétique. Je lui ai demandé son texte afin de le reproduire ici pour votre bénéfice. Je remercie l'abbé Yves de me l'avoir fourni.
Ce texte va certainement vous rejoindre quelque part au niveau de votre vécu...
Je le produis aussi pour rendre hommage à Jacqueline. Cette Grande Dame m'a accompagné au niveau d'un comité, lors de mon cheminement vers le diaconat et a témoigné en ma faveur devant mon évêque du temps (Mgr Clément Fecteau) lors de mon ordination diaconale. Merci Jacqueline. 
Voici le texte de l'abbé Yves:

Plutôt étrange d’entendre ce récit des Mages que nous entendons habituellement lors de la fête de l’Épiphanie durant le temps des Fêtes.

Pourquoi Jacqueline a-t-elle choisi ce texte pour ses funérailles? Un lien qu’on serait tenté de faire, c’est celui du voyage. Les Mages ont fait un grand voyage jusqu’à Bethléem; Jacqueline aussi aimait les voyages, elle en a fait plusieurs dans sa vie. Elle s’est d’ailleurs rendue à Bethléem, comme les Mages.

Mais ce n’est pas pour cette raison qu’elle a choisi cette lecture. Le dernier automne avant son décès, alors qu’elle se savait en phase terminale de ses troubles cardiaques, et qu’elle essayait de regarder sereinement ce qui s’en venait, elle m’a fait venir chez elle pour m’expliquer ce qu’elle voulait pour ses funérailles.

Pendant une nuit blanche, comme ça lui arrivait à l’occasion durant cette période, elle s’était mise à penser à l’histoire des Mages partis de leur contrée lointaine pour venir adorer l’Enfant de Bethléem en se guidant sur une étoile. Elle a réalisé que, pour que les Mages puissent voir l’étoile, ils devaient avancer pendant la nuit. C’est seulement la nuit qu’on peut voir les étoiles.

Cet élément du récit a pris une grande importance pour Jacqueline et, en faisant un lien avec la vie des humains et sa propre vie, cela rejoignait une de ses grandes convictions.

Notre vie se passe souvent dans la noirceur, dans la nuit, nuit des épreuves, nuit de peur, nuit de désespoir, nuits de tristesse, nuit de maladie, nuit de mort. Et dans toutes nos nuits, il y a toujours une lumière, une étoile en nous qui peut nous aider à avancer dans la paix et la confiance.

Pour Jacqueline, cette lumière c’était bien sûr le Christ Jésus, qu’elle a suivi du mieux qu’elle a pu tout au long de sa vie, à travers entre autres ses efforts pour vivre l’Évangile, à travers les valeurs qu’elle a semées autour d’elle, à travers ses engagements auprès de sa famille, de ses élèves, de ses amis, de sa communauté.

À travers aussi les obscurités de sa vie et les épreuves qu’elle a traversées, entre autres ses pertes de capacités reliées à la maladie et aussi le décès de sa fille Céline.

Il y a quelques mois, j’ai lu une chronique dans une revue de spiritualité qui reprenait l’idée de Jacqueline à propos de cette étoile de Bethléem. Je me permets de vous en citer quelques extraits.

« Il a choisi une étoile.(…). Juste une étoile. (…) Il aurait pu désigner le Soleil, (…) Mais il a choisi une étoile. Une simple étoile (…) une toute petite lumière qui jamais ne s’impose ni n’éblouit. Une toute petite lumière pour dire l’espérance et conduire jusqu’à lui.

« Combien, parfois, nos nuits sont noires et nos ténèbres obscures! Combien, souvent, nos peines sont denses et nos souffrances impénétrables! Combien, encore, nos peurs sont envahissantes et nos craintes funèbres!

« (…) Dans le creux des heures sombres, on guette, impatient et fébrile, le lever du jour, le rose de l’aurore, pour oublier l’épaisseur des ténèbres. On espère le soleil pour réchauffer la vie. Et pourtant, il a choisi une étoile.

« Il a choisi une étoile pour nous inviter à croire. Il a choisi la nuit pour nous proposer de le suivre. Cette étoile (…) ne chasse pas les ténèbres. Mais elle les assume sans crainte et les habite sans peine. L’obscurité demeure mais elle est éclairée. L’étoile fait cohabiter la nuit et la lumière. Et nous invite à lever les yeux vers le Ciel. Parce qu’il est venu, au cœur de la nuit noire de Noël, pour habiter de sa Présence nos vies, nos joies mais aussi nos souffrances. »1

C’est cette petite lumière de l’espérance qu’est le Christ qui a habité de sa Présence amoureuse la vie de Jacqueline, ses joies et ses souffrances, et qu’elle nous invite à suivre aujourd’hui.

L’évangile nous dit que les Mages, après avoir adoré l’Enfant, s’en sont retournés par un autre chemin. Notre amie Jacqueline aussi, depuis le 25 mars 2020, a emprunté un autre chemin, un chemin mystérieux que nous ne connaissons pas, un chemin qui n’est pas visible à nos yeux.

Mais invisible ne veut pas dire inexistant. La foi nous invite à croire que c’est un chemin qui conduit vers la Lumière, vers la Vie en plénitude.

Yves Hébert, ptre

1 Julliand, Anne-Dauphine. – « Juste une étoile », in : Panorama, décembre 2020, p. 66.

 
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Bon dimanche!

Jean-Yves 

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