mercredi 11 août 2021

« Je ne te dis pas de pardonner jusqu’à sept fois, mais jusqu’à 70 fois sept fois » / (363,422)

 Bonjour!

Jeudi 12 août 2021


Cygnes - Photo: Bernard Lecomte / France

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Voici la Parole de Dieu de ce jour...

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ÉVANGILE

« Je ne te dis pas de pardonner jusqu’à sept fois, mais jusqu’à 70 fois sept fois » (Mt 18, 21 – 19, 1)

Alléluia. Alléluia.
Pour ton serviteur, que ton visage s’illumine :
apprends-moi tes commandements.
Alléluia. (Ps 118, 135)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là,
    Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander :
« Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi,
combien de fois dois-je lui pardonner ?
Jusqu’à sept fois ? »
    Jésus lui répondit :
« Je ne te dis pas jusqu’à sept fois,
mais jusqu’à 70 fois sept fois.
    Ainsi, le royaume des Cieux est comparable
à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs.
    Il commençait,
quand on lui amena quelqu’un
qui lui devait dix mille talents
(c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent).
    Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser,
le maître ordonna de le vendre,
avec sa femme, ses enfants et tous ses biens,
en remboursement de sa dette.
    Alors, tombant à ses pieds,
le serviteur demeurait prosterné et disait :
“Prends patience envers moi,
et je te rembourserai tout.”
    Saisi de compassion, le maître de ce serviteur
le laissa partir et lui remit sa dette.

    Mais, en sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons
qui lui devait cent pièces d’argent.
Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant :
“Rembourse ta dette !” 
     Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait :
“Prends patience envers moi,
et je te rembourserai.”
    Mais l’autre refusa et le fit jeter en prison
jusqu’à ce qu’il ait remboursé ce qu’il devait.
    Ses compagnons, voyant cela,
furent profondément attristés
et allèrent raconter à leur maître
tout ce qui s’était passé.
    Alors celui-ci le fit appeler et lui dit :
“Serviteur mauvais !
je t’avais remis toute cette dette
parce que tu m’avais supplié.
    Ne devais-tu pas, à ton tour,
avoir pitié de ton compagnon,
comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?” 
     Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux
jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait.

C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera,
si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur. »

Lorsque Jésus eut terminé ce discours,
il s’éloigna de la Galilée
et se rendit dans le territoire de la Judée,
au-delà du Jourdain.

            – Acclamons la Parole de Dieu.-

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Commentaire...

« ‘Seigneur, quand mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ?’ Jésus lui répondit : ‘Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois’. »

La symbolique des chiffres utilisés ici nous rappelle un passage du livre de la Genèse où nous entendons Lamek qui s’exprime ainsi devant ses femmes Ada et Cilla : « J’ai tué un homme pour une blessure, un enfant pour une meurtrissure. C’est que Caïn est vengé sept fois, mais Lamek, soixante-dix sept fois » (Gn 4, 23-24). L’hagiographe nous met là, devant la réaction première de tout homme face au mal qui lui est infligé : la vengeance, qui ne tarde pas à prendre des proportions démesurées.

Un peu plus loin, dans le livre de l’Exode, la loi du talion voudra limiter le déchaînement de la passion vengeresse de l’homme et mesurer la juste compensation d’une offense : « Vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied » (Dt 19, 21). Un œil (et non pas deux !) pour un œil ; une dent (et non pas la mâchoire !) pour une dent abîmée…

Mais une telle codification, si elle est déjà un progrès dans la compréhension de la justice, ne saurait être assez puissante pour éliminer tout désir de vengeance du cœur d’un homme. Jésus va bien au-delà de cela. En appelant à pardonner jusqu’à soixante-dix fois sept fois, il affirme que l’on doit pardonner indéfiniment. Autrement dit, le pardon ne saurait être refusé à qui que ce soit.

La parabole que Jésus donne pour expliciter son commandement est éclairante. La mise en scène a bien sûr pour but de faire apparaître en pleine lumière la démesure de la miséricorde dont fait preuve le roi, qui accorde bien plus que ce que son débiteur lui demandait. En effet, « ému jusqu’aux entrailles », le roi devenu le « maître », non seulement « laisse partir » son serviteur, c’est-à-dire renonce à le vendre, mais il lui remet sa dette infinie (Dix mille talents, soit soixante millions de deniers qui auraient correspondu, à l’époque de Jésus, à soixante millions de journées de travail).

Quel contraste entre l’attitude du maître envers ce serviteur et celle de ce dernier envers son compagnon endetté, d’autant plus que celui-ci ne lui doit qu’une somme insignifiante (six cent mille fois moins) en comparaison de celle dont il vient lui-même d’être acquitté !

Tout vient du fait que le serviteur a oublié la gratuité du don de la miséricorde dont il a bénéficié. Qu’il n’ait même pas songé à remercier son maître après la remise de sa dette en témoigne.

Au contraire de ce serviteur, garder présent à notre conscience la gratuité du don du salut dont le Père nous a fait bénéficier en son Fils Jésus-Christ devrait nous conduire à une attitude de miséricorde inconditionnelle envers nos frères humains, quelle que soit leur dette envers nous. Comme nous le rappelle Saint Jean-Paul II : « Le pardon est avant tout un choix personnel, une option du cœur qui va contre l’instinct spontané de rendre le mal pour le mal. Cette option trouve son élément de comparaison dans l’amour de Dieu, qui nous accueille malgré nos péchés, et son modèle suprême est le pardon du Christ qui a prié ainsi sur la Croix : ‘Père, pardonne-leur: ils ne savent pas ce qu’ils font’ (Lc 23, 34) » (Message pour la Journée mondiale de la paix, 1er janvier 2002).

Seigneur, aide-nous à entrer sur ce chemin de la miséricorde. Puissions-nous recevoir chacune des offenses qui nous sont faites comme une occasion de témoigner par notre pardon de quel amour tu nous as aimé, de quelle dette tu nous as acquittés et de quelle liberté nous jouissons désormais. Nous manifesterons alors que nous n’avons pas pour père le malin qui veut nous asservir à la loi mortifère de la haine et du péché mais que nous sommes les fils du Très-Haut qui dispense la vie éternelle à ceux qui l’aiment.


Abbé Philippe Link / Merci!

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Magnifique photo! D'où me vient-elle?
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Bonne journée!

Jean-Yves


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