vendredi 30 juin 2023

« Beaucoup viendront de l’orient et de l’occident et prendront place avec Abraham, Isaac et Jacob » / (430,721)

 Bonjour!

Samedi 1er juillet 2023

   Fête du Canada   

Voici la Parole de Dieu de ce jour...


ÉVANGILE

« Beaucoup viendront de l’orient et de l’occident et prendront place avec Abraham, Isaac et Jacob » (Mt 8, 5-17)

Alléluia. Alléluia.
Le Christ a pris nos souffrances,
il a porté nos maladies.
Alléluia. (Mt 8, 17)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là,
comme Jésus était entré à Capharnaüm,
un centurion s’approcha de lui et le supplia :
« Seigneur, mon serviteur est couché, à la maison, paralysé,
et il souffre terriblement. »
Jésus lui dit :
« Je vais aller moi-même le guérir. »
Le centurion reprit :
« Seigneur, je ne suis pas digne
que tu entres sous mon toit,
mais dis seulement une parole
et mon serviteur sera guéri.
Moi-même qui suis soumis à une autorité,
j’ai des soldats sous mes ordres ;
à l’un, je dis : “Va”, et il va ;
à un autre : “Viens”, et il vient,
et à mon esclave : “Fais ceci”, et il le fait. »
À ces mots, Jésus fut dans l’admiration
et dit à ceux qui le suivaient :
« Amen, je vous le déclare,
chez personne en Israël, je n’ai trouvé une telle foi.
Aussi je vous le dis :
Beaucoup viendront de l’orient et de l’occident
et prendront place avec Abraham, Isaac et Jacob
au festin du royaume des Cieux,
mais les fils du Royaume seront jetés
dans les ténèbres du dehors ;
là, il y aura des pleurs et des grincements de dents. »
Et Jésus dit au centurion :
« Rentre chez toi,
que tout se passe pour toi selon ta foi. »
Et, à l’heure même, le serviteur fut guéri.

Comme Jésus entrait chez Pierre, dans sa maison,
il vit sa belle-mère couchée avec de la fièvre.
Il lui toucha la main,
et la fièvre la quitta.
Elle se leva,
et elle le servait.

Le soir venu, on présenta à Jésus beaucoup de possédés.
D’une parole, il expulsa les esprits
et, tous ceux qui étaient atteints d’un mal, il les guérit,
pour que soit accomplie
la parole prononcée par le prophète Isaïe :
Il a pris nos souffrances,
il a porté nos maladies.

– Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

La demande vient à nouveau d’un « exclu », mais pour d’autres raisons que le lépreux rencontré hier. Il s’agit d’un étranger, un païen, et de surcroît un officier de l’armée occupante. Personnage en principe peu sympathique, mais qui manifeste pourtant une étonnante délicatesse de cœur : il se déplace personnellement pour « venir à Jésus et le supplie » de guérir son serviteur, c’est-à-dire son esclave. Ce n’est cependant pas par intérêt – pour ne pas perdre « un bon instrument de travail » – qu’il s’implique ; mais par compassion devant la terrible souffrance de cet homme sur lequel il a pourtant droit de vie et de mort.

Jésus a perçu le travail de la grâce dans le cœur du centurion et consent à sa demande : « Je vais aller le guérir » ; ce qui sous-entend : « Je vais me rendre au chevet du malade ». Or le centurion sait fort bien qu’un Juif n’a pas le droit d’entrer dans la maison d’un incirconcis sous peine de contracter une impureté rituelle. S’il s’adresse néanmoins à Jésus, c’est donc qu’il croit sans hésitation en la puissance performative de la Parole du Maître. Celui-ci n’a pas besoin de s’approcher du patient pour effectuer sur lui des passes comme le faisaient les thaumaturges de l’époque. Si la parole d’un centurion a autorité sur des soldats, a fortiori la Parole de Jésus saura-t-elle s’imposer à la maladie, même à distance. Cet officier souligne cependant qu’il ne tient son autorité sur ses subalternes que parce que lui-même est soumis à un supérieur. Autrement dit, il ne fait que représenter l’autorité militaire qui s’exprime efficacement à travers lui. Le centurion a donc pressenti que Jésus opère avec la puissance de Dieu lui-même dont il est l’envoyé plénipotentiaire ; c’est pourquoi il s’adresse à lui en le nommant « Seigneur ».

On comprend l’étonnement émerveillé de Jésus : Notre-Seigneur jubile en constatant l’accès de ce païen à la foi. L’universalité de la Bonne Nouvelle s’affirme dans les faits : tout homme qui consent à se rendre attentif à l’action de l’Esprit, peut reconnaître la Seigneurie du Christ, le Verbe de Dieu venu dans la chair pour nous restaurer dans la vérité de notre filiation adoptive. Le plus surprenant, c’est qu’en fin de compte Jésus ne prononce même pas de parole de guérison à proprement parler. Il se contente d’annoncer au centurion la réalisation de ce qu’il espérait en venant à sa rencontre. Car la Parole qui guérit et qui sauve, c’est la Personne même de Jésus, le Verbe de Dieu livré pour nous. En reconnaissant Jésus, ce païen s’est non seulement laissé investir par la grâce, mais il en est devenu le médiateur pour son serviteur.

Il n’y a pas que les païens qui ont besoin de guérison : tout porte à penser que la belle-mère de Pierre était une juive pratiquante, bien intégrée dans la communauté religieuse de Capharnaüm. Elle représente dans notre récit la nation sainte, celle qui devait accueillir le Messie pour le donner au monde ; et voilà qu’elle est incapable d’exercer son ministère en raison d’une fièvre qui la cloue au lit. Pour qu’elle puisse se lever et le servir, il faut d’abord que Jésus lui prenne la main, en signe de compassion et qu’il la rétablisse elle-aussi en relation avec Dieu, en la délivrant de la fièvre du péché.

« Le soir venu, on lui amena beaucoup de possédés » : y avait-il donc tant de cas de possession en Israël du temps de Jésus ? Ou bien s’agit-il d’hommes et de femmes qui, hier comme aujourd’hui, ont besoin de la Parole de Jésus pour être libérés de leurs multiples aliénations ? Hélas peu de nos contemporains sont encore conscients du besoin de libération qui affecte tout homme depuis le péché des origines.

L’évangéliste souligne que dans chacune de ces guérisons, Jésus intervient dans un élan de solidarité, et par compassion pour le triste état de notre humanité : « Il a pris nos souffrances, il a porté nos maladies » (Is 53, 4). Ne faut-il pas entendre dans cette insistance, une invitation à ouvrir nos cœurs à l’action de l’Esprit, afin que le Christ puisse continuer à travers nous ce ministère de compassion, comme le centurion nous en donne l’exemple ? Cela suppose que nous commencions par nous laisser saisir la main par Jésus, afin d’éprouver d’abord nous-mêmes la puissance de libération et de guérison de sa Parole.

« Seigneur je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit, mais dis seulement une parole et je serai guéri » de mon égoïsme, de mon indifférence, de ma peur de m’engager. Dis seulement une parole et je pourrai me lever pour te servir en servant mes frères, dans la paix et la joie de l’Esprit.


Abbé Philippe Link / Merci!


Pensées pour l'évangile d'aujourd'hui

  • « La foi de ce centurion annonce la foi des païens ; ce fut comme le grain de moutarde, petit mais éclatant » (Saint Augustin)

  • « Jésus s’est émerveillé de la foi qu’avait ce centurion. Il avait entrepris un chemin pour rencontrer le Seigneur, mais il l’avait fait avec foi. C’est pour cela que non seulement il a trouvé le Seigneur, mais aussi qu’il a senti la joie d’être trouvé par le Seigneur » (François)

  • « Tous les hommes sont appelés à entrer dans le Royaume. Annoncé d’abord aux enfants d’Israël, ce Royaume messianique est destiné à accueillir les hommes de toutes les nations (cf. Mt 8, 11). Pour y accéder, il faut accueillir la parole de Jésus » (Catéchisme de l’Eglise Catholique, n° 543)



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Bonne journée!

Jean-Yves


     Bonne Fête du Canada!!!     

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Merci à tous les visiteurs!

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jeudi 29 juin 2023

« Si tu le veux, tu peux me purifier » / Hymnes du jour... / «J'ai trouvé Dieu...» / (429,580)

 Bonjour!

Vendredi 30 juin 2023

Voici la Parole de Dieu de ce jour...


ÉVANGILE

« Si tu le veux, tu peux me purifier » (Mt 8, 1-4)

Alléluia. Alléluia.
Le Christ a pris nos souffrances,
il a porté nos maladies.
Alléluia. (Mt 8, 17)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Lorsque Jésus descendit de la montagne,
des foules nombreuses le suivirent.
Et voici qu’un lépreux s’approcha,
se prosterna devant lui et dit :
« Seigneur, si tu le veux,
tu peux me purifier. »
Jésus étendit la main,
le toucha et lui dit :
« Je le veux, sois purifié. »
Et aussitôt il fut purifié de sa lèpre.
Jésus lui dit :
« Attention, ne dis rien à personne,
mais va te montrer au prêtre.
Et donne l’offrande que Moïse a prescrite :
ce sera pour les gens un témoignage. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

« Si tu veux, tu peux ». D’abord, et surtout : quelle confiance ! Dire au Seigneur que l’ordre des choses ne dépend que de son bon vouloir, reconnaître que sa toute puissance n’a réellement aucune limite, qu’il peut relever l’homme de la pire infamie : la lèpre de son péché, voilà une confession admirable.

Ensuite, malgré tout, le doute. Nous la connaissons bien cette petite phrase. Nous l’avons tous dite ou entendu dire, mais en général sous une autre modalité : « si tu voulais, tu pourrais ». Notre cœur est tellement compliqué que même les beaux élans de foi sont à purifier. Une telle interpellation est en effet une subtile manière de rendre le Seigneur responsable de notre détresse. Elle est une provocation orgueilleuse, un raisonnement irrévérencieux : « Rien ne change, donc tu ne fais rien. Si tu ne fais rien, c’est que tu ne veux pas. Pourquoi ne veux-tu pas, te réjouis-tu donc de mon malheur ? »

L’homme atteint de la lèpre n’est pas loin d’une telle attitude. Dire « si tu veux, tu peux » est aussi dire « si tu ne le fais, c’est que tu ne le veux pas ». Certes, la dynamique de cette affirmation est moins insolente que celle que nous venons d’évoquer, mais elle exprime tout de même un acte de foi mal ajusté, un doute au cœur d’une déclaration de confiance.

Bien sûr que Jésus veut nous rendre notre dignité ! Il est venu pour ça ! « Je le veux ». Il étend la main. La parole de salut que l’homme attendait se dit dans un geste. Un geste à accueillir, un geste auquel on s’expose. Une main tendue en signe d’alliance. La vérité de l’homme est rétablie par une main qui touche « sois purifié ».

Jésus lève donc le doute et comble le désir de cet homme. De tout homme. Et il accompagne la guérison d’un commandement. Il est défendu de raconter le miracle, et il faut se montrer au prêtre, ce sera un témoignage. Autrement dit, porter le témoignage défend tout discours. Jésus veut éviter en effet que cet homme, par son discours, ne porte un contre témoignage. Compte tenu de son « si tu veux, tu peux », quel discours pourrait-il tenir sinon « je voulais, j’en avais le désir, et il m’a comblé, il a voulu. Ceci est la preuve qu’il peut faire tout ce qu’il veut ». 

En imposant le silence à cet homme, et en lui demandant de se montrer au prêtre, Jésus ne se contente pas d’enseigner qu’il est venu accomplir la Loi, toute la Loi, et de protéger sa réputation. Il s’assure que si la puissance de quelqu’un est reconnue, ce sera celle de celui pour quoi le sacrifice est prescrit. En toute chose, Jésus veut nous montrer le visage du Père.

Ainsi l’enseignement de cet évangile pourrait se dire dans une parodie de la demande de l’homme lépreux : « tu le veux, si je peux ». Le plus grand miracle est en effet que cet homme, souillé et humilié, n’a pas eu peur de se laisser approcher par celui qu’il adore. Il n’a pas eu honte de se faire toucher par celui qu’il vénère. Il a eu le courage de s’exposer à la parole qui réconcilie l’homme avec son Dieu, détruisant le doute éprouvé sur sa toute puissance.

Oui, le Seigneur veut mon bonheur, et il ne veut que ça. Père, que ta volonté soit faite !


Abbé Philippe Link / Merci!

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«Retournez-vous, voici l'Esprit
Du Seigneur, au vent de la nuit
Qui passe au monde;
Accueillez-le, ne craignez rien;
À la croisée de vos chemins,
Laissez-vous couvrir de son ombre.»
(Hymne -Vendredi matin - Liturgie des heures)
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«Qui donc est Dieu pour se livrer perdant
aux mains de l'homme?
Qui donc est Dieu qui pleure notre mal
comme une mère?»
(Hymne - vendredi matin - Liturgie de heures)
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J'ai trouvé Dieu dans les flaques d'eau, dans le parfum du chèvrefeuille, dans la pureté de certains livres et même chez des athées. je ne l'ai presque jamais trouvé chez ceux dont le métier est d'en parler.

Ressusciter / Christian Bobin

Alors, je ne me fais pas d'illusions... mais... (J.-Y.)

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Bonne journée!

Jean-Yves 

mercredi 28 juin 2023

« Tu es Pierre, et je te donnerai les clés du royaume des Cieux » /Une sage parole... / (428,238)

 Bonjour!

Jeudi 29 juin 2023

Voici la Parole de Dieu de ce jour...


ÉVANGILE

« Tu es Pierre, et je te donnerai les clés du royaume des Cieux » 
(Mt 16, 13-19)

Alléluia. Alléluia.
Tu es Pierre,
et sur cette pierre je bâtirai mon Église ;
et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle.
Alléluia. (Mt 16, 18)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là,
Jésus, arrivé dans la région de Césarée-de-Philippe,
demandait à ses disciples :
« Au dire des gens,
qui est le Fils de l’homme ? »
Ils répondirent :
« Pour les uns, Jean le Baptiste ;
pour d’autres, Élie ;
pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. »
Jésus leur demanda :
« Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je? »
Alors Simon-Pierre prit la parole et dit :
« Tu es le Christ,
le Fils du Dieu vivant ! »
Prenant la parole à son tour, Jésus lui dit :
« Heureux es-tu, Simon fils de Yonas :
ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela,
mais mon Père qui est aux cieux.
Et moi, je te le déclare :
Tu es Pierre,
et sur cette pierre je bâtirai mon Église ;
et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle.
Je te donnerai les clés du royaume des Cieux :
tout ce que tu auras lié sur la terre
sera lié dans les cieux,
et tout ce que tu auras délié sur la terre
sera délié dans les cieux. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

C’est une des plus belles grâces du christianisme que de pouvoir s’appuyer sur des pierres de fondation qui y sont solidement posées depuis plus de vingt siècles. Ainsi en est-il de ces deux colonnes que sont les apôtres Pierre et Paul que la liturgie nous invite à fêter ensemble aujourd’hui.

Il y aurait tant à dire pour resituer la personnalité, le parcours, la pensée, la sainteté de ces deux apôtres du Christ à qui, dans l’Église, nous devons tant !
Mais puisque l’essentiel du christianisme se résume dans la seule loi d’amour, laissons-nous éclairer et édifier par les exemples et les enseignements que Pierre et Paul, chacun à leur manière, nous donnent en ce sens-là.

L’amour de Paul d’abord. Jamais quelqu’un d’aussi actif n’a été autant contemplatif au point de clamer partout la certitude que si, sans la charité, tout le reste n’est rien, rien qu’airain qui sonne, l’amour, lui, est tout.
Et que rien ni personne, ni la mort, ni la vie, ni le présent, ni l’avenir ne pourra le séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ.
Le feu de cet amour de Dieu, Paul n’aura de cesse de le répandre partout où il ira, partout où il brûle d’aller, partout où l’Esprit le pousse à aller ; disant, ici, aux Romains, que la charité est la Loi en sa plénitude (Rm 13,10) ; là, aux Corinthiens, que l’amour ne passera jamais ; ailleurs, aux Éphésiens, aux Galates, aux Philippiens, aux Colossiens, combien il importe d’avoir
une seule âme dans un seul esprit (Ph 2,2), de suivre la voie de l’amour à l’exemple du Christ (Ep 5,2), en se supportant mutuellement
et en se pardonnant les uns les autres (Col 3,13) ;
car, en finale, seule compte la foi opérant par la charité (Ga 5,6).

Quand on parcourt la vie de l’apôtre, telle qu’on la connaît, et les écrits de Paul, tels qu’ils nous sont transmis, en regardant comment il a vécu d’amour pour Dieu, comment il a exhorté les hommes à vivre dans l’exigence de la vraie charité, on est émerveillé. Dans ce cœur d’évangélisateur, quels trésors de tendresse et quel poids d’affection !
En vérité, si on juge Paul au critère de la charité, on comprend pourquoi l’Église le regarde comme un de ses plus grands saints !
Le parfait disciple du Christ dont la vie ne fut qu’une passion d’amour.

La même lumière nous apparaît si l’on contemple la personne et la vie de Simon Pierre. Dès le premier regard de Jésus sur lui, le lien est établi.
Dès la première rencontre, il se lève pour marcher à sa suite.
Dès le départ, il a tout quitté pour le suivre, comme seuls savent le faire ceux qui sont mus par l’élan de l’amour.
À qui d’autre irait-il, quand Jésus, le Christ, le Fils du Dieu vivant a les paroles de la vie éternelle (Jn 6,68 ; Mt 16,16) ?

Pierre en qui la tradition se plaît à reconnaître
— tout cela est démontré dans l’Évangile — celui qui a le plus aimé le Christ, ne pourra plus s’arrêter de parler de Celui qui est le Prince de la vie.
Nous ne pouvons pas ne pas parler, sera-t-il le premier à proclamer.
Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous avez crucifié (Ac 2,36).
Et il y a une telle flamme d’amour dans ces paroles que d’entendre cela, nous dit le Livre des Actes, tous ont alors le cœur transpercé et disent à Pierre :
Que nous faut-il faire ? (2,37).
Quand l’amour pour Dieu est vrai, il est toujours contagieux !

Et Pierre, inlassablement, tout au long de sa vie, qu’il passe à aimer ses frères de race d’abord, puis jusqu’aux étrangers, jusqu’aux païens, jusqu’aux Romains, redit alors à tous l’exigence qu’il y a à aimer encore et toujours :
En obéissant à la vérité, vous avez sanctifié vos âmes pour vous aimer sincèrement comme des frères (1 P 1,22).
Comme Paul, comme Jacques, comme Jean, il répète incessamment ce qui lui apparaît de plus en plus comme la première, la seule, la plus belle des vérités :
Soyez sages et sobres en vue de la prière ; mais avant tout, conservez entre vous une grande charité,
car la charité couvre une multitude de péchés (1 P 4,8).
Ainsi, dit-il, devient-on participant de la Divinité (2 P 1,4).

Et il termine sa dernière lettre en mentionnant celui que nous fêtons aujourd’hui avec lui, dans un grand élan de simplicité et d’amitié :
Tenez l’amour patient de notre Seigneur pour salutaire comme notre cher frère Paul nous l’a aussi écrit, selon la sagesse qui lui a été donnée. Il le fait d’ailleurs dans toutes ses lettres où il parle de ces mêmes questions (2 P 3,15-16).
Pierre et Paul savent bien, en effet, que là est la grande question. Et que dans nos vies aussi, il faut aimer. Et même qu’il suffirait d’aimer !


+ Que la prière des saints Apôtres Pierre et Paul vienne à notre aide, Seigneur : c’est par eux que ton Église a reçu les premiers bienfaits de ta grâce ; qu’ils nous obtiennent maintenant les secours nécessaires à notre salut.


Abbé Philippe Link / Merci!

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" Si on veut transmettre quelque chose dans cette vie,

c'est par la présence bien plus

que par la langue et par la parole.

La parole doit venir à certains moments,

mais ce qui instruit et ce qui donne, c'est la présence.

C'est elle qui est silencieusement agissante. "

Christian Bobin (Par l'abbé Jimmy Delalin)

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Bonne journée!

Jean-Yves 



mardi 27 juin 2023

« C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez » / (426,665)

 Bonjour!

Mercredi 28 juin 2023

Voici la Parole de Dieu de ce jour...


ÉVANGILE

« C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez » (Mt 7, 15-20)

Alléluia. Alléluia.
Demeurez en moi, comme moi en vous, dit le Seigneur ;
celui qui demeure en moi porte beaucoup de fruit.
Alléluia. (Jn 15, 4a.5b)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
    « Méfiez-vous des faux prophètes
qui viennent à vous déguisés en brebis,
alors qu’au-dedans ce sont des loups voraces.
    C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez.
Va-t-on cueillir du raisin sur des épines,
ou des figues sur des chardons ?
    C’est ainsi que tout arbre bon donne de beaux fruits,
et que l’arbre qui pourrit donne des fruits mauvais.
    Un arbre bon ne peut pas donner des fruits mauvais,
ni un arbre qui pourrit donner de beaux fruits.
    Tout arbre qui ne donne pas de beaux fruits
est coupé et jeté au feu.
    Donc, c’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. »

            – Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

Parlant à des gens sans grande culture, Jésus se plait à utiliser des comparaisons prises dans la vie quotidienne, et plus particulièrement dans la nature : la vigne que le vigneron émonde, le figuier que l’agriculteur entoure de fumier, l’épis de blé en compétition avec l’ivraie, les oiseaux du ciel que le Père nourrit, l’amandier annonçant le printemps, le vent du Sud prédisant la pluie, etc. 

Sous des apparences très simples, les comparaisons employées par Notre-Seigneur ont cependant une puissance évocatrice toute particulière : elles nous atteignent bien plus profondément que l’intellect et touchent notre cœur. Aussi sommes-nous invités à laisser ces versets labourer notre terre intérieure jusqu’à ce que la Parole y porte son fruit, c’est-à-dire qu’elle nous délivre une clé de lecture et de discernement pour notre vie quotidienne.

L’enjeu de la péricope est en effet d’actualité : comment nous situer face aux multiples propositions qui nous sont faites, toutes plus prometteuses les unes que les autres, et émanant bien sûr de personnes on ne peut plus recommandables et édifiantes ? Comment discerner la vérité du mensonge ? Jésus nous invite non seulement à la prudence, mais à la « méfiance » envers les faux prophètes. Il nous propose un critère de discernement somme toute très simple : juger l’arbre à ses fruits. La sentence est archi-connue, mais il n’est pas pour autant acquis que nous la mettions en pratique ! Peut-être précisément parce que nous rationalisons les propos de Notre-Seigneur au lieu de nous laisser vraiment instruire par les comparaisons qu’il nous propose.

Il faut en effet du temps – parfois beaucoup de temps – avant qu’un arbre porte son fruit. De même : le raisin ne mûrit pas en quinze jours, ni la figue en un mois. Le travail de discernement implique un réel combat contre la précipitation : il n’est pas facile de renoncer à trouver une réponse immédiate à nos interrogations. N’est-il pas vrai que nous aimerions avoir des solutions claires, précises, rapides à tous nos problèmes ? Sans doute en partie pour échapper à l’angoisse de nos incertitudes ; mais plus profondément : notre impatience ne trahit-elle pas aussi le secret désir d’une omniscience et d’une omnipuissance quasi divines, qui permettraient de faire l’économie du temps d’attente, de maturation, de croissance ?

Le discernement du bien et du mal ne nous appartient pas : il est don de Dieu et telle était bien l’intention du Créateur dès les origines. Aujourd’hui comme hier, l’Antique Serpent nous pousse tout au contraire à la précipitation et à nous ériger nous-mêmes en instance de discernement : « Vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal » (Gn 3, 3). La suite ne nous est que trop bien connue : « la femme vit que l’arbre était bon à manger » (Gn 3, 6). Sans attendre d’en vérifier les fruits, elle se compromet avec le Serpent, entraînant son époux dans sa chute. « Leurs yeux à tous deux s’ouvrirent et ils surent qu’ils étaient nus » (Gn 3, 7), c’est-à-dire dépouillés de la grâce originelle dans laquelle ils avaient été créés et qu’ils venaient de perdre par leur imprudence.

« Méfiez-vous des faux prophètes qui viennent à vous déguisés en brebis, mais au-dedans ce sont des loups voraces ». Ne nous précipitons pas dans des voies dites nouvelles : prenons le temps d’en vérifier les fruits dans la durée. D’ailleurs, quelle nouveauté pouvons-nous encore attendre après la révélation de la Bonne Nouvelle de notre réconciliation avec Dieu le Père en son Fils Jésus Christ ? Maintenant que l’accès nous est à nouveau ouvert à l’Arbre de vie, ne nous laissons plus séduire par le Prince du mensonge. « Dieu seul est bon » (Mc 10, 18) et seul l’Arbre de la Croix qu’il a lui-même planté sur notre terre, porte du bon fruit. Quant à l’arbre du Mauvais, il ne porte que les fruits détestables de l’auto-exaltation et auto-divinisation de l’homme : c’est du bois de cet arbre que sont alimentées les flammes de l’enfer !

Seigneur donne-nous d’avoir assez d’humilité pour renoncer à toute volonté de maîtrise et d’autonomie, qui se trahissent toujours par la précipitation. Apprends-nous à entrer résolument dans l’attitude du disciple, qui tend l’oreille et se laisse instruire, n’agissant que lorsque son Seigneur a parlé à travers les événements – qui ont besoin de temps pour mûrir.


Abbé Philippe Link / Merci!

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Pensées pour l'évangile d'aujourd'hui

  • « Voir Jésus dans la personne spirituellement la plus pauvre exige un cœur pur. Plus l’image de Dieu est défigurée dans une personne, plus grandes doivent être la foi et la vénération dans notre recherche du visage de Jésus » (Sainte Thérèse de Calcutta)

  • « Nous recevons [de l’Esprit] une nouvelle façon d’être ; la Vie du Christ devient aussi la nôtre : nous pouvons penser comme Lui, agir comme Lui, voir le monde et les choses avec les yeux de Jésus » (François)

  • « En venant à la fin des temps juger les vivants et les morts, le Christ glorieux révèlera la disposition secrète des cœurs et rendra à chaque homme selon ses œuvres et selon son accueil ou son refus de la grâce » (Catéchisme de l’Eglise Catholique, n° 682)


Bonne journée!

Jean-Yves 

lundi 26 juin 2023

Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux » / (425,253)

 Bonjour!

Mardi 27 juin 2023

Voici la Parole de Dieu de ce jour...



ÉVANGILE

Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux » (Mt 7, 6.12-14)

Alléluia. Alléluia.
Moi, je suis la lumière du monde, dit le Seigneur.
Celui qui me suit aura la lumière de la vie.
Alléluia. (Jn 8, 12)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Ne donnez pas aux chiens ce qui est sacré ;
ne jetez pas vos perles aux pourceaux,
de peur qu’ils ne les piétinent,
puis se retournent pour vous déchirer.

Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous,
faites-le pour eux, vous aussi :
voilà ce que disent la Loi et les Prophètes.

Entrez par la porte étroite.
Elle est grande, la porte,
il est large, le chemin
qui conduit à la perdition ;
et ils sont nombreux, ceux qui s’y engagent.
Mais elle est étroite, la porte,
il est resserré, le chemin
qui conduit à la vie ;
et ils sont peu nombreux, ceux qui le trouvent. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

Quelque soit sa nature, un trésor cher à nos yeux conduit à un réflexe de protection, quelques fois même à un réflexe de surprotection. Peu importe la nature de ce trésor : ses enfants, sa fortune, ou tout autre chose. Ce à quoi l’on tient énormément incite spontanément à un repli qui n’est jamais pur d’un certain égoïsme. Pourquoi l’évangile et le Royaume de Dieu échapperaient-ils à la règle ? Ne sont-ils pas ce que nous avons de plus précieux ?

L’enseignement que nous livre Jésus aujourd’hui pourrait être de nature à nous rassurer, disons : à nous déculpabiliser. Il suggère en effet que cette attitude ne serait pas répréhensible puisqu’il dit très clairement qu’il ne faut pas donner les perles aux pourceaux ; « ce qui est sacré, ne le donnez pas aux chiens », insiste-t-il clairement.

Évidemment, avant de nous déculpabiliser, cette parole nous rappelle d’abord à notre responsabilité. Le Royaume de Dieu est notre trésor le plus précieux, certes, mais en même temps qu’il nous est offert, il nous est confié. Il nous faut donc veiller à ne pas en faire n’importe quoi. Cette attitude ne procède donc pas d’un repli sur soi, la référence n’est pas en nous-mêmes.

Voilà qui peut nous rappeler que la communication de l’Évangile n’a de sens qu’ajustée aux projets de l’Esprit. L’évangile de la paix doit rejoindre les amis de la paix, ceux que l’Esprit a préparé à le recevoir, ceux qui l’attendent. Il est donc vain de le livrer à d’autres. Et même : il est de notre responsabilité que nous ne le livrions pas n’importe comment. Dieu ne brusque jamais les cœurs : nous pourrions, en arrivant trop tôt, faire prendre bien du retard ; nous pourrions, en clamant trop fort, rendre sourd.

Enfin, dernière implication de l’interdiction de Jésus, la valeur que nous accordons à la grâce qui nous est faite, se révèle à la façon que nous avons de la partager. Si, en ce monde, il est d’usage de réserver les mets de choix aux invités de marque, combien plus dans le Royaume convient-il de réserver le trésor que le Seigneur nous confie à ceux qui sauront l’accueillir.

La prescription du Seigneur dévoile ainsi sa dynamique. L’évangile ne s’écrit pas dans une suite de défenses et de négations. Pour garder la pureté évangélique, il n’y a pas à s’enfermer dans des communautés de « purs », seuls dignes des trésors du Royaume. Il faut au contraire exercer un discernement de tous les instants qui nous ouvre sur notre prochain et nous conduit à nous interroger sur ses besoins vitaux, sur sa découverte du Royaume, sur sa connaissance du Seigneur-Jésus.

L’exigence évangélique va loin au-delà de nos frontières et résume tout l’enseignement de la Bible : « tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi, voilà ce que dit toute l’Écriture : la Loi et les Prophètes ». Vous le savez, le jeu de résumer « la Loi et les prophètes » était prisé dans les écoles rabbiniques. Mais tous ces maîtres étaient trop courts ou négatifs, y compris le grand Hillel qui disait seulement : « ce qui te déplaît, ne le fais pas à autrui ».

Jésus, lui, un résumé positif. Il ne suffit pas de respecter une sorte de pacte de non agression, de cohabitation placide, il nous faut être actifs, entreprenants, vis-à-vis de nos frères. Le bien que nous avons nous-mêmes reçu est celui que Dieu nous a fait, le bien que nous désirons pour nous-mêmes est celui que Dieu seul peut faire. Eh bien nous avons, nous-mêmes, à prendre l’initiative de faire pour nos frères le bien que Dieu fait !

Voilà sans doute que nous venons d’esquisser une description des deux portes. Il est aisé de se contenter de vivre les uns à côté des autres. Cette façon de vivre, cette porte pour reprendre l’image de Jésus, est large et bien visible. Mais l’évangile demande de vivre les uns pour les autres, les uns au service des autres. Cette voie est difficile, elle fait connaître la souffrance. Mais elle mène à la vie, elle est la vie, car Dieu lui-même vit ainsi. Accueillons donc la grâce qui nous est faite de vivre de la vie de Dieu et laissons la porter son fruit de salut pour chacun nos frères, quoiqu’il nous en coûte.


Abbé Philippe Link / Merci!




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Méditation

Frère Cyrille-Marie Richard

Frère Cyrille-Marie Richard

Couvent Saint Pierre martyr à Strasbourg

La voie du bonheur


« Vois, je te propose vie et bonheur, mort et malheur […] ; je te propose la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction : choisis donc la vie ! » C’est ainsi que Dieu concluait le discours qu’il avait transmis, sur la montagne, à Moïse. Nous arrivons, nous aussi, à la fin du premier discours de Jésus, prononcé depuis une montagne.

Les paroles transmises à Moïse pouvaient susciter une certaine crainte chez les israélites : il y avait en effet deux voies distinctes, et suivre la mauvaise conduisait à la mort. Mais en fait, le risque n’était pas si grand que cela : Dieu ne demandait pas de trouver la bonne voie en cherchant à tâtons dans l’obscurité. La voie qui conduit à la vie, c’est celle qu’il venait d’indiquer en donnant à son peuple la Loi, et, par excellence, les dix commandements : « Si tu écoutes les commandements que je te prescris aujourd’hui, tu vivras. » 

De même, le chemin qui conduit à la vie, Jésus vient de nous l’exposer dans son discours sur la montagne : c’est la Loi nouvelle, qui comporte au premier chef les béatitudes.

Autrement dit, nous qui avons décidé de suivre l’enseignement de Jésus, de puiser à son Évangile, nous avons trouvé le chemin, la porte qui conduit à la vie. Certes, le chemin à suivre est resserré, la voie ne sera pas facile. Mais nous savons quelle est la bonne voie !

Et la vie bénie promise par Jésus n’est pas seulement une récompense finale pour ceux qui auront franchi les obstacles, elle est déjà la condition de ceux qui s’engagent dans cette voie.

Extrait de Matthieu Pas à Pas (2018)


Bonne journée!

Jean-Yves