samedi 24 avril 2021

« Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit » / Texte à l'intention des personnes âgées par Mgr Guy Herbulot, un évêque français. (353,745)

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Bonjour! 

Dimanche 25 avril 2021



Voici la Parole de Dieu de ce jour...

ÉVANGILE

« Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit » (Jn 15, 1-8)

Alléluia. Alléluia.
Demeurez en moi, comme moi en vous,
dit le Seigneur ;
celui qui demeure en moi porte beaucoup de fruit.
Alléluia. (Jn 15, 4a.5b)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Moi, je suis la vraie vigne,
et mon Père est le vigneron.
Tout sarment qui est en moi,
mais qui ne porte pas de fruit,
mon Père l’enlève ;
tout sarment qui porte du fruit,
il le purifie en le taillant,
pour qu’il en porte davantage.
Mais vous, déjà vous voici purifiés
grâce à la parole que je vous ai dite.
Demeurez en moi, comme moi en vous.
De même que le sarment
ne peut pas porter de fruit par lui-même
s’il ne demeure pas sur la vigne,
de même vous non plus,
si vous ne demeurez pas en moi.

Moi, je suis la vigne,
et vous, les sarments.
Celui qui demeure en moi
et en qui je demeure,
celui-là porte beaucoup de fruit,
car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire.
Si quelqu’un ne demeure pas en moi,
il est, comme le sarment, jeté dehors,
et il se dessèche.
Les sarments secs, on les ramasse,
on les jette au feu, et ils brûlent.
Si vous demeurez en moi,
et que mes paroles demeurent en vous,
demandez tout ce que vous voulez,
et cela se réalisera pour vous.
Ce qui fait la gloire de mon Père,
c’est que vous portiez beaucoup de fruit
et que vous soyez pour moi des disciples. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

Que nous enseigne Jésus par cette parabole du bon pasteur ?

D’abord que si le métier de berger a quasiment disparu dans nos campagnes, Jésus, lui, demeure plus que jamais présent au milieu de notre monde. Il est aussi mêlé au monde d’aujourd’hui que le pasteur d’autrefois était uni à ses brebis. Jésus est plus que jamais présent à l’humanité, et sa présence est un appel : « Je suis le vrai berger, je donne ma vie pour vous », je suis dans le monde pour vous protéger, vous nourrir et vous conduire à la vraie vie avec la sollicitude et la tendresse d’un pasteur. Voulez-vous faire corps avec le troupeau, voulez-vous adhérer à moi par la foi ?

Jésus seul peut répondre au besoin le plus profond qui taraude le cœur de l’homme. De quoi souffrons-nous le plus, en effet ? Sans nul doute de nous sentir seul. Je ne parle pas d’une solitude sociale ; on peut même être au centre d’une multitude de relations, être entouré par quantité de personnes, et ressentir une profonde solitude intérieure, un grand vide. Aucune affection, aucune intuition, aucune réalisation ne peuvent pénétrer l’intime de notre être pour combler ce vide béant et cruel. Il existe en effet un centre de notre conscience ou personne n’a le pouvoir de pénétrer, et dans cet irréductible noyau personnel, nous nous sentons terriblement seuls : seuls avec nos questions, seuls avec notre vie et avec nos choix, seuls de n’être pas compris. L’homme souffre de n’être vraiment connu par personne.

Or Jésus connaît ses brebis. Comme le Père le connaît et qu’il connaît le Père, il nous connaît d’une connaissance qui pénètre dans ce fond de notre être. Avec lui, je ne suis pas seul, quelqu’un me connaît à fond, quelqu’un me comprend et m’aime dans une vérité fondamentale. Jésus est plus intime à moi que moi-même et quand il pénètre mon âme, il me révèle ce que je suis vraiment. Avec lui, je ne crains rien, lui seul peut chasser mes peurs, et le plus profond de mon être peut vivre et grandir en toute sécurité. « Moi, dit Jésus, je suis venu pour que les hommes aient la vie, et qu’ils l’aient en abondance » (Jn 10,10).

Comment entrer plus profondément dans cette intimité primordiale ? La porte d’entrée est d’abord notre baptême qui nous unit à Jésus dans sa mort et sa résurrection. Mais si le baptême est la porte ouverte, il nous reste à entrer dans cette vie nouvelle chaque jour. Il nous reste à recevoir la grâce puissante de l’union avec le Christ en acceptant notre vrai berger et en recevant sa parole. C’est-à-dire en vivant par la foi.

Saint Jean, dans la deuxième lecture, déclare que nous devenons dès lors enfants de Dieu. Enfants de Dieu, nous le sommes ! Et nous avons à le devenir toujours davantage, à laisser le don de la grâce nous envahir jusqu’à pénétrer tous les domaines de notre être. Car le désir de Dieu, c’est que nous devenions semblables à Jésus Ressuscité pleinement fils du Père avec lui et en lui. Pour cela, nous ne pouvons pas rester un pied dans le troupeau et un pied dehors. Nous ne pouvons pas désirer vivre de la vie du Christ sans ouvrir notre cœur sa parole. Nous ne pouvons pas vivre de sa parole sans décider une bonne fois de l’écouter et la mettre en pratique.

En ce dimanche du Bon pasteur, nous sommes appelés à prier pour les vocations sacerdotales et religieuses, et nous savons combien notre Église en a besoin pour sa mission ; combien notre monde en a besoin pour retrouver la joie et la paix, pour se trouver lui-même ! Il nous faut donc prier, mais aussi nous convertir ! Entrer de plain-pied dans le troupeau dont Jésus est le berger et écouter sa voix, nous laisser façonner par sa voix, nous laisser élargir et illuminer par la présence du Ressuscité. Il nous faut décider quelle voix nous choisissons de suivre : celle des sirènes du monde dont saint Jean nous dit qu’«il ne peut pas nous connaître parce qu’il n’a pas encore découvert Dieu», ou celle du vrai berger, plus intime à nous que nous-mêmes, et qui veut nous conduire vers les eaux du repos pour y refaire notre âme (cf. Ps 22,2-3).


Abbé Philippe Link

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Texte de Mgr Guy Herbulot:






J'ai un ami français - Bernard Lecomte - avec lequel j'entretiens une correspondance par courriels depuis plus de 10 ans. Cet ami est webmestre d'un site qui fait connaître la Cathédrale d'Évry, en banlieue de Paris; je l'ai connu lorsque j'ai découvert ce site. Vous pouvez trouver l’adresse de ce site dans "Mes liens", tout à côté. Bernard m'a donc fait parvenir un texte que son vieil ami, Mgr Herbulot lui a remis et qui est riche de réflexion pour les personnes âgées... Mais qui est Mgr Herbulot?  Je le laisse vous le présenter. 

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Âgé de 96 ans Monseigneur Guy Herbulot était évêque d’Évry en région parisienne. Il est à l'origine en 1992 de la construction de la cathédrale de la Résurrection Saint Corbinien d’Évry, seule cathédrale construite en France au 20ème siècle. Résidant dans une maison de retraite sacerdotale il a écrit ce texte à l'intention des personnes âgées plus ou moins dépendantes qui partagent sa situation.

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Texte de Mgr Guy Herbulot:


Communier en diminuant

Dans son ouvrage « Le Milieu Divin », le Père Teilhard de Chardin écrit : « Mon Dieu, faites qu'après vous avoir trouvé dans la vie, dans l'action, dans la construction du monde, je sache aussi vous trouver lorsque fondront sur moi les forces qui vont me détruire, lorsque la maladie prendra pied sur mon être, lorsque s'étendront même sur mon esprit les brumes du vieillissement. Faites qu'à cette heure dernière où je vais me dissoudre en quelque sorte, je sache vous reconnaître dans les puissances qui vont m'anéantir, et donnez-moi d'apprendre à communier en diminuant ».

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Chacun vieillit plus ou moins tôt, selon son code génétique individuel, la façon dont il supporte les malheurs de l'existence et dont il est aidé à les supporter, la rigueur de sa diététique et de son hygiène de vie, l'environnement qu'il a choisi ou qu'il subit. Ceci est vrai de toute femme et de tout homme. Demeure la question : Comment gérer ce patrimoine pendant un temps de vieillesse qui peut être long ?

« Communier en diminuant ». Telle doit être la nouvelle ligne d'horizon. Il s'agit d'une démarche spirituelle, d'entrée dans un nouvel âge où la qualité de l'être intérieur peut trouver son épanouissement. Rien n'est facile, et nous sommes souvent au rouet !...

A travers les comportements propres au vieillissement, percevons les attentes, en particulier celle de sortir de la solitude c'est à dire l'attente de pouvoir vivre en communion. Je suis convaincu que c'est la seule façon pour accueillir la pauvreté ; cette pauvreté qu'on a cherché à vivre, elle est là présente aujourd'hui comme libératrice.

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Nous prenons alors conscience qu'apprendre à « communier en diminuant » pose des exigences à chacun des résidents, à chacune des personnes qui œuvrent dans la maison de retraite. Et c'est dans la mesure où nous découvrons la richesse de la vie ensemble que nous acceptons de diminuer.

D'où l'importance d'un cadre de vie réglementaire pour une bonne organisation d'une vie affective, fraternelle. Une seule proposition d'un temps de prière selon la liturgie des heures, qui requiert familiarité avec les psaumes et qualité d'exécution musicale ne peut suffire. L'importance de la rencontre, de l'échange à l'intérieur mais aussi avec des amis de l'extérieur. Ceux-ci ouvriront nos esprits et nos cœurs et nous feront découvrir que, oui, nous avons encore mille raisons de vivre en communion les uns avec les autres, de vivre en Église.

Enfin puis-je plaider pour que chacun ne craigne pas d'avoir envers soi de la tendresse.

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Dans le « Journal d'un curé de campagne » Bernanos écrivait : « Il est plus facile qu'on croit de se haïr. La grâce des grâces serait, peut-être, tout orgueil mis de côté, de s'aimer humblement comme n'importe lequel des membres souffrants de Jésus-Christ ».

Cette tendresse, Saint François de Sales l'exprime en termes de miséricorde. Dans « L'introduction à la vie dévote » il écrit : « Nous ne saurions faire meilleur usage de la miséricorde que de l'appliquer à nous-même ».

Alors oui, la vieillesse peut être une chance. Disons mieux : une grâce...

+ Guy Herbulot

Évêque émérite d’Évry – Corbeil-Essonnes




Magnifique et impressionnante cathédrale d'Évry 
en banlieue de Paris.


Bonne journée!

Jean-Yves Fortin, diacre


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