dimanche 28 janvier 2024

« Esprit impur, sors de cet homme ! » / (454,545)

 Bonjour!

Lundi 29 janvier 2024

Voici la Parole de Dieu de ce jour...


ÉVANGILE

« Esprit impur, sors de cet homme ! » (Mc 5, 1-20)

Alléluia. Alléluia.
Un grand prophète s’est levé parmi nous,
et Dieu a visité son peuple.
Alléluia. (Lc 7, 16)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

En ce temps-là,
Jésus et ses disciples
    arrivèrent sur l’autre rive,
de l’autre côté de la mer de Galilée,
dans le pays des Géraséniens.
    Comme Jésus sortait de la barque,
aussitôt un homme possédé d’un esprit impur
s’avança depuis les tombes à sa rencontre ;
    il habitait dans les tombeaux
et personne ne pouvait plus l’attacher,
même avec une chaîne ;
    en effet on l’avait souvent attaché
avec des fers aux pieds et des chaînes,
mais il avait rompu les chaînes, brisé les fers,
et personne ne pouvait le maîtriser.
    Sans arrêt, nuit et jour,
il était parmi les tombeaux et sur les collines,
à crier, et à se blesser avec des pierres.
    Voyant Jésus de loin,
il accourut, se prosterna devant lui
            et cria d’une voix forte :
« Que me veux-tu, Jésus, Fils du Dieu Très-Haut ?
Je t’adjure par Dieu,
ne me tourmente pas ! »
    Jésus lui disait en effet :
« Esprit impur, sors de cet homme ! »
    Et il lui demandait :
« Quel est ton nom ? »
L’homme lui dit :
« Mon nom est Légion,
car nous sommes beaucoup. »
    Et ils suppliaient Jésus avec insistance
de ne pas les chasser en dehors du pays.
    Or, il y avait là, du côté de la colline, un grand troupeau de porcs
qui cherchait sa nourriture.
    Alors, les esprits impurs supplièrent Jésus :
« Envoie-nous vers ces porcs,
et nous entrerons en eux. »
    Il le leur permit.
Ils sortirent alors de l’homme et entrèrent dans les porcs.
Du haut de la falaise, le troupeau se précipita dans la mer :
il y avait environ deux mille porcs,
et ils se noyaient dans la mer.
    Ceux qui les gardaient prirent la fuite,
ils annoncèrent la nouvelle dans la ville et dans la campagne,
et les gens vinrent voir ce qui s’était passé.
    Ils arrivent auprès de Jésus, ils voient le possédé
assis, habillé, et revenu à la raison,
lui qui avait eu la légion de démons,
et ils furent saisis de crainte.
    Ceux qui avaient vu tout cela leur racontèrent l’histoire du possédé
et ce qui était arrivé aux porcs.
    Alors ils se mirent à supplier Jésus
de quitter leur territoire.
    Comme Jésus remontait dans la barque,
le possédé le suppliait de pouvoir être avec lui.
    Il n’y consentit pas,
mais il lui dit :
« Rentre à la maison, auprès des tiens,
annonce-leur tout ce que le Seigneur
a fait pour toi dans sa miséricorde. »
    Alors l’homme s’en alla,
il se mit à proclamer dans la région de la Décapole
ce que Jésus avait fait pour lui,
et tout le monde était dans l’admiration.

            – Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

Jésus passe en Décapole, région essentiellement païenne, où les juifs sont en minorité. Rien n’est dit sur le motif du voyage de Jésus ; mais la suite du récit semble indiquer qu’il vient dans cet endroit uniquement pour y rencontrer le malheureux tombé sous l’emprise des démons.

La description impressionnante suggère qu’il s’agit d’un cas de possession particulièrement grave : on ne parvient plus à le maîtriser ; les forces du mal se déchaînent et obligent le malheureux à s’auto-détruire. Traditionnellement le cimetière est le lieu des démons impurs, ce que confirme leur demande d’être envoyés dans les porcs : les esprits impurs cherchent les animaux impurs ; ils passent du cimetière à la mer, deux lieux symbolisant la mort.

La possession est décrite comme une dissociation interne : l’homme est écartelé entre deux motions contradictoires qui s’affrontent et le déchirent : « Voyant Jésus de loin », il accourt vers lui. La promptitude de sa réaction laisse supposer qu’il l’attendait ; son attitude en dit long : il se prosterne devant le Seigneur dans un geste d’adoration, d’abandon, de supplication. Mais lorsqu’il ouvre la bouche, c’est un autre qui parle en lui et qui tente de maîtriser le Seigneur par une adjuration.

Le parallèle avec l’analyse de Saint Paul au chapitre 7 de la lettre aux Romains, nous laisse entrevoir que ce genre d’aliénation ne nous est peut-être pas étrangère ; qu’elle pourrait même représenter le triste sort de notre humanité gisant sous le joug du péché : « Vraiment ce que je fais je ne le comprends pas : car je ne fais pas ce que je veux, mais je fais ce que je hais. Or si je fais ce que je ne veux pas, ce n’est plus moi qui accomplis l’action, mais le péché qui habite en moi. Malheureux homme que je suis ! Qui me délivrera de ce corps qui me voue à la mort ? (Rm 7, 15-24) »

L’épisode du démoniaque Gérasénien nous concerne donc tous. Même si nous ne sommes pas « possédés » au sens fort du terme, ne sommes-nous pas dans l’incapacité d’accomplir le bien auquel nous aspirons ? Or c’est précisément au creux de cette prise de conscience que la Bonne Nouvelle apparaît dans toute sa puissance libératrice : Jésus délivre ce malheureux par la seule autorité de sa Parole souveraine ; l’homme retrouve instantanément ses esprits et adopte un comportement normal, unifié dans la recherche du Bien qu’il reconnaît en Jésus. 

Quant aux démons – aux nombreux démons puisqu’ils sont légion ! – ils sont définitivement rayés de la carte. Le message est clair : lorsqu’au matin de Pâques, Notre-Seigneur surgit vainqueur des grandes eaux de la mort, il brise définitivement le joug qui pesait sur nos épaules ; le Verbe de Dieu est descendu dans notre mort pour nous donner part à sa vie, et renvoyer dans l’abîme celui qui nous avait asservi à la mort.

Averti de la libération du possédé et de l’aventure des porcs précipités dans la mer, l’entourage s’inquiète : en séparant aussi radicalement le pur de l’impur, Jésus met fin au compromis entre le bien et le mal auquel l’humanité avait consenti depuis le péché des origines. Mais l’exigence de cet ordre nouveau que le Seigneur vient instaurer, effraye les concitoyens de l’ex-possédé, comme chacun de nous. La suite du récit va nous démontrer que ces appréhensions ne sont pas fondées, mais constituent une ultime tentative de l’Ennemi cherchant à nous détourner du Sauveur. 

En effet, lorsque l’homme guéri exprime le désir de rester avec celui qui l’a délivré, Jésus ne le lui permet pas : « Rentre chez toi, auprès des tiens » ; le Seigneur n’est pas venu pour s’approprier ceux qu’il délivre d’un plus fort ; il restaure l’homme dans sa liberté, lui donne à nouveau accès à son intériorité profonde ; le rétablit sur sa terre d’humanité, le rend à la vie familiale et sociale.

« Annonce-leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde » : sauvés de nos compromissions aliénantes avec le mal, réconciliés avec notre intériorité profonde, nous n’avons pas besoin d’être physiquement avec le Seigneur pour être son apôtre. Si nous faisons silence dans la prière, nous découvrirons sa présence au fond de nos cœurs à nouveau illuminés par la grâce, et nous pourrons nous aussi témoigner devant les hommes de « tout ce qu’il a fait pour nous dans sa miséricorde ».

Comment se fait-il Seigneur que tu nous aies libérés et que pourtant nous ployons encore sous le joug de l’ennemi ? Serait-ce donc que nous t’empêchons de déployer ta victoire dans nos vies ? Comme le malheureux de l’Évangile, nous courrons au-devant de toi pour recevoir la délivrance, et en même temps, nous craignons que ton intervention nous fasse souffrir davantage. Guéris nous Seigneur de ce manque de confiance en toi et donne-nous de croire qu’il te suffit de dire une seule parole pour que nous soyons sauvés. Nous pourrons alors assurer ce témoignage de proximité que tu nous confies, et annoncer à nos proches tout ce que tu as fait pour nous dans ta miséricorde.

Abbé Philippe Link / Merci!

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Bonne journée!

Jean-Yves 

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