jeudi 14 novembre 2013

Peut-on vivre heureux en vivant juste pour soi? -- «L'homme (l'être humain) est l'espérance de Dieu.» M. Zundel

Texte de l'Évangile (Lc 17,26-37): Ce qui se passera dans les jours du Fils de l'homme ressemblera à ce qui est arrivé dans les jours de Noé. On mangeait, on buvait, on se mariait, jusqu'au jour où Noé entra dans l'arche. Puis le déluge arriva, qui les a tous fait mourir. Ce sera aussi comme dans les jours de Loth: on mangeait, on buvait, on achetait, on vendait, on plantait, on bâtissait; mais le jour où Loth sortit de Sodome, Dieu fit tomber du ciel une pluie de feu et de soufre qui les a tous fait mourir; il en sera de même le jour où le Fils de l'homme se révélera.




»Ce jour-là, celui qui sera sur sa terrasse, et qui aura ses affaires dans sa maison, qu'il ne descende pas pour les emporter; et de même celui qui sera dans son champ, qu'il ne retourne pas en arrière. Rappelez-vous la femme de Loth. Qui cherchera à conserver sa vie la perdra. Et qui la perdra la sauvegardera. Je vous le dis: Cette nuit-là, deux personnes seront dans le même lit: l'une sera prise, l'autre laissée. Deux femmes seront ensemble en train de moudre du grain: l'une sera prise, l'autre laissée». Les disciples lui demandèrent: «Où donc, Seigneur?». Il leur répondit: «Là où il y a un corps, là aussi se rassembleront les vautours».

Commentaire: Abbé Enric PRAT i Jordana (Sort, Lleida, Espagne)

Qui cherchera à conserver sa vie la perdra. Et qui la perdra la sauvegardera

Aujourd'hui, dans le contexte prédominant d'une culture matérialiste, beaucoup se comportent comme aux temps de Noé: «On mangeait, on buvait, on se mariait» (Lc 17,27); ou comme les concitoyens de Loth, qui achetaient, vendaient, plantaient, bâtissaient. C'est avec la même myopie que l'aspiration suprême d'un grand nombre se réduit à leur propre vie physique temporelle et, en conséquence, que tout leur effort tend à conserver cette vie, à la protéger et à l'enrichir.



Dans le passage d'Évangile que nous commentons, Jésus veut dénoncer cette conception fragmentaire de la vie qui mutile l'être humain et l'amène à la frustration. Il le fait au moyen d'une sentence sérieuse et tranchante, capable de remuer les consciences et de les obliger à se poser des questions fondamentales: «Qui cherchera à conserver sa vie la perdra. Et qui la perdra la sauvegardera» (Lc 17,33). En méditant sur cet enseignement de Jésus, saint Augustin dit: «Que dire, donc? Est-ce que périront tous ceux qui font cela, c'est-à-dire, qui se marient, plantent des vignes et construisent? Non pas eux, mais ceux qui présument de ces choses, qui placent ces choses avant Dieu, qui sont disposés à offenser Dieu à l'instant pour de telles choses».



De fait, qui est-ce qui perd sa vie pour avoir voulu la conserver, sinon celui qui a vécu exclusivement dans la chair, sans laisser affleurer l'esprit; ou plus encore, celui qui vit replié sur soi, oubliant complètement les autres? Car il est évident que la vie dans la chair doit nécessairement se perdre, et que la vie dans l'esprit, si elle n'est pas partagée, s'affaiblit.



Toute vie, par elle-même, tend naturellement à la croissance, à l'exubérance, à la frustration et à la reproduction. Au contraire, si on la renferme et si on la préserve dans le but de la posséder jalousement et exclusivement, elle se fane, devient stérile et meurt. C'est pourquoi, tous les saints, prenant comme modèle Jésus, qui vécut intensément pour Dieu et pour les hommes, ont donné généreusement leur vie de multiples manières au service de Dieu et de leurs semblables.





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