dimanche 22 octobre 2017

Homélie de Mgr Bertrand Blanchet... / Dimanche missionnaire mondial / (260,859)

Bonjour!
Dimanche 22 octobre 2017
Dimanche missionnaire mondial
 

 
Voici la Parole de Dieu de ce jour...
 

Matthieu 22, 15-21

En ce temps-là, les pharisiens allèrent tenir conseil pour prendre Jésus au piège en le faisant parler. Ils lui envoient leurs disciples, accompagnés des partisans d’Hérode : « Maître, lui disent-ils, nous le savons : tu es toujours vrai et tu enseignes le chemin de Dieu en vérité ; tu ne te laisses influencer par personne, car ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens. Alors, donne-nous ton avis : Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César, l’empereur ? » Connaissant leur perversité, Jésus dit : « Hypocrites ! pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ? Montrez-moi la monnaie de l’impôt. » Ils lui présentèrent une pièce d’un denier. Il leur dit : « Cette effigie et cette inscription, de qui sont-elles ? » Ils répondirent : « De César. » Alors il leur dit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. ».

   Pour notre réflexion...


Homélie prononcée à la cathédrale de Sainte-Anne
par Mgr Bertrand Blanchet,
 archevêque émérite du diocèse de Rimouski.
Merci!
 
  1. La religion et l’État

  • Les pharisiens tendent un piège à Jésus. Ils sont habiles. Ils commencent par lui faire des compliments. Or, ces compliments nous permettent de connaître quelle réputation il avait. Or, cette réputation est tout à fait exemplaire : « tu es toujours vrai, tu enseignes le chemin de Dieu en vérité, tu ne te laisses influencer par personne, tu ne considères pas les gens selon l’apparence. » Le moins que l’on puisse dire, ce sont des compliments intéressants à recevoir.
  • Mais les pharisiens utilisent ces compliments comme un piège. Si Jésus répond « oui, il faut payer l’impôt à César », ils pourront l’accuser d’être collaborateur. Et cette accusation peut peser lourd. Après la dernière guerre mondiale, les français accusés d’avoir collaboré avec le régime nazi n’ont pas eu la vie facile.
Si Jésus répond : « non, il ne faut pas payer », ils pourront le dénoncer comme un activiste dangereux, un agent de subversion qui refuse d’accepter l’ordre établi.
  • Jésus voit bien le piège et il répond par une distinction qui n’a rien perdu de son actualité : « rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Il distingue entre la sphère des religions et celle des gouvernements civils. Entre la responsabilité des Églises et celles des États.
  • Reconnaissons qu’à travers l’histoire, les chrétiens n’ont pas toujours eu la sagesse de respecter cette distinction. Et quand ils ne l’ont pas fait, ils sont tombés dans un piège. Rappelons-nous quand l’empereur Constantin s’est converti au christianisme, au début du IVè siècle. Le christianisme est devenu la religion d’État. L’Église en a retiré toutes sortes d’avantages : construction d’églises, lois favorisant le christianisme, etc. Mais à la longue, on a vu les rois ou les empereurs se mêler de l’élection des papes, convoquer des conciles. Le pape a eu son armée et il s’est considéré au-dessus des rois parce qu’il exerçait à la fois le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel. L’Église a été perçue comme une institution de pouvoir et elle a perdu une part de sa liberté.
  • La religion islamique est tentée aussi par cette approche. Si elle est majoritaire dans un pays, elle cherche à faire de la loi islamique, la charia, la loi du pays. Et on peut le comprendre. Quand la foi est authentique, elle est au cœur de la vie et on veut la voir rayonner partout : dans le monde de la culture, de la vie sociale et politique. Le Coran présente d’ailleurs une vision de la religion qui est très englobante.
  • Mais, nous sommes forcés de le constater, lorsqu’une religion devient religion d’État, les autres religions, minoritaires, sont défavorisées, parfois même persécutées. Comme on le voit en plusieurs pays du monde aujourd’hui. En Chine, en Inde, en Afrique, en Égypte.
  • Le Concile Vatican II nous a aidés à éviter ces pièges. Et cela a marqué une étape majeure dans nos relations avec les autres religions. Il a dit : «Personne ne doit être forcé d’agir contre sa conscience ni, dans une juste mesure, d’agir selon sa conscience». Au temps de l’Inquisition, on avait fait passer un certain souci de la vérité avant la conscience des personnes. Heureusement, cette période-là est révolue. Mais cette reconnaissance de la liberté de conscience n’a pas été facile. Des groupes de chrétiens refusent encore d’accepter ce texte. Mais, croyons que l’Esprit Saint était là quand les évêques du Concile l’ont accepté.
  • En reconnaissant la liberté de conscience, le Concile acceptait aussi la liberté de religion. C'est-à-dire toutes les religions doivent être libres d’exister et d’exercer leur culte là où elles se trouvent. On sait que ce principe-là n’est pas appliqué partout. Jean-Paul II et Benoît XVI ont souvent dit : quand la religion chrétienne est majoritaire, elle désire respecter les autres religions et leur permettre la liberté de culte; les autres religions devraient faire de même à l’égard du christianisme. Ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas. Les chrétiens n’ont jamais été autant persécutés que présentement. Souvent par de petits groupes qui font une lecture trop littérale des textes sacrés de leur religion.
  • Cela ne signifie pas que l’État ne doit pas tenir compte des religions. Au contraire, il a généralement avantage à les favoriser. Car elles peuvent jouer un rôle de premier plan pour la paix sociale, pour des œuvres de bienfaisance dont bénéficie l’ensemble de la société. Ce qui est encore plus vrai lorsqu’une religion a imprégné la culture et ses valeurs
  • J’apporte ces exemples pour illustrer la grande sagesse de Jésus quand il dit : «rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu».
2. C’est dans ce contexte que nous célébrons le dimanche missionnaire.
  • On comprend que notre façon de concevoir le travail des missionnaires a évolué. D’une part, nous sommes plus soucieux qu’autrefois de respecter la liberté de conscience de chaque personne. Les gens se méfient plus que jamais des gens qui sont trop prosélytes, c'est-à-dire qui veulent convertir les autres à tour prix, parce qu’ils savent où est leur bien.
     
  • D’autre part, nous sommes conscients que, dans l’esprit de plusieurs, l’image des religions aujourd’hui n’est pas toujours positive. Pourquoi ? Parce qu’elles ont parfois exercé un pouvoir. Ou encore, ce qui est plus grave, parce qu’elles ont été source d’intolérance et de persécution.
  • Compte tenu de tout cela, le pape François nous invite à être missionnaires. Comment le faire sans verser dans le prosélytisme ou l’intolérance ? Je répondrai par trois citations. D’abord Paul VI qui dit : « Nos contemporains écoutent d’abord des témoins ou s’ils écoutent des maîtres, c’est parce qu’ils ont aussi des témoins ». C’est en étant des témoins authentiques de l’Évangile que nous pouvons le mieux l’annoncer.
Deuxièmement, le pape François, lui, nous indique une façon de témoigner. Il commence son encyclique sur La joie de l’Évangile en écrivant : « La joie de l’Évangile remplit le cœur et la vie de ceux qui rencontrent Jésus Christ. » Notre joie et notre paix intérieures parlent par elles-mêmes et c’est un discours qui est beau à entendre.

Enfin, le : « Voyez comme ils s’aiment » des premières communautés chrétiennes. Le témoignage d’une communauté où se vit un authentique amour fraternel, surtout envers les personnes blessées par la vie, n’a pas son pareil.

3. Je termine par quelques mots sur la parole de Jésus : «Rendez à Dieu ce qui est à Dieu».
 
  • Saint Augustin fait remarquer que ce qui est à Dieu, c’est nous aussi. Nous avons été créés à son image. Nous lui appartenons. Un peu comme la pièce de monnaie présentée à Jésus portait l’image de César, nous portons l’image de Dieu.
  • Et alors, comment rendre à Dieu ce que nous sommes ? En faisant de notre existence, de notre vie, une offrande spirituelle, comme dit saint Paul : «une offrande spirituelle agréable à Dieu et pour sa gloire». Pour sa gloire, c'est-à-dire pour qu’il soit mieux connu et mieux aimé.
Notre Eucharistie nous permet précisément de nous unir à Jésus pour une offrande spirituelle avec Lui. Prions pour que là où des missionnaires sont à l’œuvre, Dieu soit mieux connu et mieux aimé et que cela serve au bonheur des êtres humains.
 
+ Bertrand Blanchet
 
 
Bonne journée!
Jean-Yves






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