samedi 26 février 2022

« Ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur » / + Homélie de l'abbé Michel Talbot... / (379,803)

 Bonjour!

Dimanche le 27 février 2022



Voici la Parole de Dieu de ce dimanche...

ÉVANGILE

« Ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur » (Lc 6, 39-45)

Alléluia. Alléluia.
Vous brillez comme des astres dans l’univers
en tenant ferme la parole de vie.
Alléluia. (Ph 2, 15d.16a)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
    Jésus disait à ses disciples en parabole :
« Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ?
Ne vont-ils pas tomber tous les deux dans un trou ?
    Le disciple n’est pas au-dessus du maître ;
mais une fois bien formé,
chacun sera comme son maître.

    Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère,
alors que la poutre qui est dans ton œil à toi,
tu ne la remarques pas ?
    Comment peux-tu dire à ton frère :
‘Frère, laisse-moi enlever la paille qui est dans ton œil’,
alors que toi-même ne vois pas la poutre qui est dans le tien ?
Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ;
alors tu verras clair
pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère.

    Un bon arbre ne donne pas de fruit pourri ;
jamais non plus un arbre qui pourrit ne donne de bon fruit.
    Chaque arbre, en effet, se reconnaît à son fruit :
on ne cueille pas des figues sur des épines ;
on ne vendange pas non plus du raisin sur des ronces.
    L’homme bon tire le bien
du trésor de son cœur qui est bon ;
et l’homme mauvais tire le mal
de son cœur qui est mauvais :
car ce que dit la bouche,
c’est ce qui déborde du cœur. »

    – Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

Comprenons bien cette affaire de la paille et de la poutre. Cela ne veut pas dire que chacun devrait se juger pire que les autres. Bien sûr, si nous estimons les autres meilleurs que nous, ce n’est pas une mauvaise attitude, nous dit saint Paul. Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit ici. Car des défauts, qui n’en a pas ? Alors un peu plus ou un peu moins… Et il y a assez peu de chances pour qu’entre l’autre et moi, la différence soit de l’ordre de celle entre une paille et une poutre !

Non. Ce qui est grave, ce qui rend vraiment la vie pénible et difficile, c’est quand on ne voit plus que le mal chez les autres, en soi-même, dans le monde. Avoir une poutre dans l’œil, ce n’est pas avoir un défaut plus gros que les autres, c’est ne voir que les défauts. C’est avoir ce regard amer, désabusé, cette façon de toujours critiquer, de ne jamais être content.

Ce n’est pas parce que j’ai des limites que je suis  » nul « .  » Maman, tu es nulle !  » « Regarde tes notes, tu es nul ». C’est cela être aveugle et entraîner l’autre avec soi dans le trou du découragement, du désespoir. « Je le connais bien, il n’y a rien à en tirer !  » Car ce qui est le plus désespérant, la pauvreté la plus radicale, c’est n’avoir rien à apporter aux autres, sentir que les autres n’attendent plus rien de moi. Être en chômage de la vie, en chômage de sa place parmi les autres.

Qu’il y ait du mal dans les autres, en nous, dans le monde, c’est l’évidence. Mais c’est précisément à cause de cela, qu’il nous faut savoir discerner en chacun le bien, les possibilités de bien. Car la lucidité sans la bienveillance, c’est une lumière crue, cruelle, blessante, c’est une fausse lucidité. Une vraie lucidité, c’est celle qui voit au-delà des apparences. Parce que moi, vous, nous avons non seulement des défauts, mais une tendance au mal en nous, nous avons absolument besoin, vous, moi, d’être encouragés par un regard de bienveillance, de confiance.

Il y a une phrase de la Bible que j’aime beaucoup : « L’homme regarde le visage, Dieu regarde le cœur » (1 Sm 16,7).  Nous, nous ne voyons que le visible, mais la vérité d’un être humain est de l’ordre de l’invisible. C’est pourquoi on ne voit clair qu’avec le regard du cœur.

Nous avons donc une grande responsabilité les uns à l’égard des autres. Il s’agit pour nous d’être les témoins de Dieu – rien moins que cela – les témoins du regard que Dieu, lui, pose sur nous. Ce regard que Jésus posait et pose sur nous, pauvres et pécheurs. Un regard qui voit au-delà du visible, qui va au plus profond de nous et qui y crée de la bonté.

Alors devant les défauts des autres, devant les difficultés à vivre ensemble, devant la fatigue à supporter les autres, Dieu nous demande non pas d’être des redresseurs de torts, mais d’aider les autres à vivre, à avoir du courage. Les chrétiens – et l’Église – apparaissent trop souvent comme voulant toujours corriger les autres de leurs défauts.

Non, nous n’avons pas la charge, au nom de Dieu, de faire la morale, ni aux autres, ni à nous-mêmes. Mais nous sommes invités à croire : croire en la bonté de Dieu, en cette bonté qui est à l’œuvre, en nous, chez l’autre, et dans chaque être humain, et qui y crée de la bonté. Et nous avons à en témoigner par notre propre regard les uns sur les autres.

Qu’il est bon, le Bon Dieu ! Avez-vous remarqué un des maîtres mots de cet évangile d’aujourd’hui ? C’est le mot « frère ». Si tu es mon frère, je ne suis ni ton père, ni ton maître, ni ton juge. Si tu es mon frère, ne nous faisons pas l’accusateur de notre frère, car accuser, dénoncer, montrer du doigt, c’est la fonction du démon.

 « Qu’as-tu fait de ton frère ? » L’as-tu tué par des paroles d’accusation ou bien l’as-tu aidé à surmonter ses propres faiblesses ?

Envers et contre tout, envers et contre tout mal, nous avons besoin, aujourd’hui, d’un vrai regard de foi, d’espérance, sur les autres, sur nous-mêmes et sur Dieu. Qu’il est bon, le Bon Dieu !


Abbé Philippe Link / Merci!

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Homélie de l'abbé Michel Talbot,

 curé de l'Unité missionnaire de l'Ouest - Montmagny:


L'ARBRE ET SON FRUIT
Parole de Dieu: Ben Sira le Sage 27, 4-7; 1 Corinthiens 15, 54-58; Luc 6, 39-45
Lors de nos rassemblements en Église, la Parole de Dieu est proclamée. C'est de cette façon qu'on peut connaître Dieu, d'où la nécessité d'être bien à l'écoute, d'avoir une oreille attentive. En ce sens, l'ouïe est plus importante que l'oeil, même si tout le monde est d'accord pour dire qu'il occupe une place importante dans nos relations humaines. En effet, il est généralement facile de se faire une idée d'une personne au premier regard, juste en la voyant agir, avant même de l'avoir entendue. Une personne peut très bien paraître, savoir se présenter et avoir le don de séduire, mais derrière les apparences, elle peut cacher des défauts et des travers insoupçonnés. Si l'on ne se fie qu'à l'apparence, à la belle tenue et aux bonnes manières, on risque de se faire charrier. À l'opposé, quand on se fie sur le regard qu'on porte sur une personne dont l'apparence laisse à désirer, qu'elle ne correspond pas à nos critères de respectabilité, il peut aussi arriver que l'on se trompe royalement.
Comme le dit Ben Sira le Sage, « c'est le fruit qui manifeste la qualité de l'arbre; ainsi la parole fait connaître les sentiments ». Dans la même perspective, Jésus ajoute : « un bon arbre ne donne pas de fruit pourri; jamais non plus un arbre qui pourrit ne donne de bon fruit. Chaque arbre, en effet, se reconnaît à son fruit ». De même, chaque personne se reconnaît à son fruit, se révèle au moyen de la parole qu'elle énonce. La parole prononcée est le fruit que produit le cœur. Si une personne ne dit que des paroles méchantes, fausses, discriminatoires, blessantes, c'est que son cœur est pourri. Par contre, si elle a pour les autres de bons mots, si ses paroles sont vraies, remplies de bonté, encourageantes, justes, réconfortantes, c'est que son cœur est comme un arbre en parfaite santé dont les fruits sont excellents. Comme on reconnaît un arbre à son fruit, on saisit la valeur d'une personne aux paroles qu'elle prononce, car elles révèlent l'état de santé de son cœur.
Ce que les sages enseignent dans les saintes Écritures, de même que Jésus à leur suite, c'est que pour bien connaître une personne, il faut lui donner la chance de s'exprimer, de se dire, se raconter, sans quoi on risque fort de se tromper et de porter des jugements injustes. Jésus laisse entendre au moyen de la parabole de la paille et de la poutre que notre regard peut être trompeur, que notre œil peut nous jouer des tours. Pour ajuster le regard que l'on a sur l'autre, l'ouïe est d'une grande importance. Il faut avoir une oreille attentive, prendre le temps d'écouter ce que l'autre a à dire, car c'est la parole qui est déterminante et révélatrice de ce qu'il a au fond du cœur.

Personne ne peut voir Dieu, mais tout le monde peut entendre sa parole et ainsi le connaître en profondeur. C'est par sa parole qu'il révèle son visage. Aussi, pour bien le connaître, il faut prendre contact avec sa parole, parcourir les Écritures pour connaître l'évolution de sa révélation et ce, jusqu'à Jésus, qui a dévoilé son visage en plénitude. Comme on juge l'être humain en le faisant parler, on connaît Dieu en écoutant sa parole.





Bon dimanche!

Jean-Yves 


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