samedi 5 février 2022

« Laissant tout, ils le suivirent » / 2e commentaire de l'abbé Michel Talbot... / (377,969)

Bonjour!

Dimanche 6 février 2022

5e dimanche du temps ordinaire C

Voici la Parole de Dieu de ce dimanche... 



ÉVANGILE

« Laissant tout, ils le suivirent » (Lc 5, 1-11)

Alléluia. Alléluia.
« Venez à ma suite, dit le Seigneur,
et je vous ferai pêcheurs d’hommes. »
Alléluia. (Mt 4, 19)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

    En ce temps-là,
    la foule se pressait autour de Jésus
pour écouter la parole de Dieu,
tandis qu’il se tenait au bord du lac de Génésareth.
    Il vit deux barques qui se trouvaient au bord du lac ;
les pêcheurs en étaient descendus
et lavaient leurs filets.
    Jésus monta dans une des barques qui appartenait à Simon,
et lui demanda de s’écarter un peu du rivage.
Puis il s’assit et, de la barque, il enseignait les foules.
    Quand il eut fini de parler,
il dit à Simon :
« Avance au large,
et jetez vos filets pour la pêche. »
    Simon lui répondit :
« Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ;
mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. »
    Et l’ayant fait,
ils capturèrent une telle quantité de poissons
que leurs filets allaient se déchirer.
    Ils firent signe à leurs compagnons de l’autre barque
de venir les aider.
Ceux-ci vinrent,
et ils remplirent les deux barques,
à tel point qu’elles enfonçaient.
    à cette vue, Simon-Pierre tomba aux genoux de Jésus,
en disant :
« Éloigne-toi de moi, Seigneur,
car je suis un homme pécheur. »
    En effet, un grand effroi l’avait saisi,
lui et tous ceux qui étaient avec lui,
devant la quantité de poissons qu’ils avaient pêchés ;
    et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée,
les associés de Simon.
Jésus dit à Simon :
« Sois sans crainte,
désormais ce sont des hommes que tu prendras. »
    Alors ils ramenèrent les barques au rivage
et, laissant tout, ils le suivirent.

    – Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

C’est le grand jour de la rencontre avec Dieu ! Pour un homme, un homme comme les autres, du nom de Simon-Pierre, pêcheur très modeste sur la toute petite mer de Galilée, c’est le grand jour de la rencontre avec Dieu, le jour qui va décider de sa vie et de son éternité !

Eh bien, la rencontre est plutôt mal partie ! Ce ne sera pas de l’impertinence si on imagine Pierre de mauvaise humeur ce jour-là… Regardez-le sur le rivage du lac, en train de rafistoler son filet. Juste à côté, tout le monde s’est massé autour de Jésus, tout le monde boit les paroles de cet homme extraordinaire qui soulève déjà l’enthousiasme populaire… Mais Pierre dans son coin, fait comme si de rien n’était, il a passé une nuit blanche complètement inutile, pas un seul poisson à vendre, pas un sou à ramener à la maison. Et ce filet toujours aussi pénible à nettoyer alors qu’il n’a servi à rien : absurdité, il y a de quoi être de mauvaise humeur, c’est vrai.

Eh bien, cette journée ratée d’avance, ce sera quand même le jour de la rencontre, le jour décisif de la grâce. Oui, nous croyons en un Dieu qui prend la liberté de nous visiter même quand nous sommes « de mauvaise humeur », même quand tout est raté et que le quotidien nous pèse.

C’est une belle audace de croire en un Dieu tellement libre vis-à-vis de nous-mêmes. Il est tellement plus courant de penser que Dieu ne vient, ne s’intéresse à nous que lorsque nous sommes prêts, lorsque nous pouvons Lui montrer bonne mine ! Mais en Jésus nous avons découvert un Dieu qui n’a pas besoin d’attendre notre hypothétique perfection, un Dieu qui nous visite alors que tout est encore en désordre, car Il vient Lui-même nous préparer.

Jésus n’attend pas que Pierre lâche de lui-même son filet pour s’approcher. Jésus prend les devants, il vient déranger l’isolement – finalement confortable – de Pierre. Car le problème de nos échecs, c’est surtout qu’on finit par s’installer dedans, on les rumine, on en a presque besoin, on ne peut plus les lâcher. Nos échecs, nos blessures sont un peu comme ce filet plein de nœuds dont Pierre a besoin, en fait, pour s’isoler, se replier sur lui-même. Comme on s’attache facilement à ses plaintes, à ses rancœurs ! On se construit parfois tout un petit équilibre, peut-être même toute une identité, à partir de ses déceptions. Alors, si Jésus s’approche, forcément Il vient déranger tout cela, comme Il a dérangé Pierre : « Avance au large ! » quitte le rivage ! Lâche tout ce qui te rive à toi-même ! Lâche tes échecs, tes amertumes, tes craintes ! Donne-les Moi ! Remets-Moi, offre-Moi toutes ces blessures auxquelles tu tiens secrètement et qui compriment le jaillissement de ta vie

Il y a un lieu pour nous aujourd’hui, où nous pouvons expérimenter toute la force de cet appel à la liberté intérieure, un lieu dans l’Église où retentit ce cri de Jésus : « Avance au large ! » C’est le sacrement du pardon, la confession. Là, en confessant nos péchés, nous laissons réellement Jésus nous détacher de nos échecs, de nos blessures, de nos amertumes.

Comme Jésus a ramené Pierre sur le lac, sur le lieu précis de son échec, de même l’aveu de nos péchés nous ramène sur le lieu précis de nos stérilités, de nos manques d’amour. Mais il se passe pour nous le même miracle que pour Pierre. Nous revisitons ces échecs avec la lumière nouvelle de la présence et du regard de Jésus. Alors nos échecs sont transformés ; ce qui n’était que stérilité devient l’occasion d’une fécondité imprévisible à l’image de ces filets débordants de vie. Et, comme Pierre, éblouis par la puissance du Pardon de Jésus, nous L’adorons, Lui qui seul change le mal en bien.

Personne, sinon Lui, Jésus, ne peut nous dire : « Avance au large ! », lâche ton passé car je l’ai pris ! Tes échecs, tes péchés, c’est Moi qui les porte et les assume dans le mystère de Ma passion ; mais toi, avance, tu es libre ! Je t’ai ouvert un avenir neuf, tu es libre maintenant pour aimer, pour te donner, pour te souvenir seulement de Ma miséricorde.

Dieu très bon, quand tu appelles les hommes à collaborer à ton œuvre, tu leur donnes des signes merveilleux : le filet s’est rempli de poissons et Simon-Pierre est devenu pêcheur d’hommes. Accorde-nous aujourd’hui des signes de ta présence. Alors, laissant tout, nous marcherons à la suite du Christ et nous proclamerons sa Bonne Nouvelle.


Abbé Philippe Link / Merci!

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« ME VOICI : ENVOIE-MOI ! »
Parole de Dieu : Isaïe 6, 1-2a.3-8; 1 Corinthiens 15, 1-11; Luc 5, 1-11.
Isaïe : « je suis un homme aux lèvres impures ». Paul : « je ne suis pas digne d’être appelé Apôtre ». Simon-Pierre : « je suis un homme pécheur ». Isaïe, Paul et Simon-Pierre ont éprouvé le même sentiment d’indignité devant Dieu. Appartenant à des classes sociales différentes, aucun des trois n’exerçait le même métier : Isaïe était un aristocrate raffiné fréquentant la cour du roi à Jérusalem; Paul était un fabriquant de tentes, un pharisien, fils de pharisien; Pierre était un pêcheur. Malgré tout ce qui les sépare et les distingue, ils se rejoignent sur un point : ils se sentent indignes devant Dieu.
Sous un autre angle, force est de constater que Dieu se révèle de trois façons différentes : à Isaïe, l’homme de la cour royale, il se manifeste sous les traits d’un grand monarque, puissant et imposant; à Paul, le pharisien zélé et persécuteur, il se présente comme le juste persécuté; à Simon-Pierre, c’est à travers le signe de la pêche miraculeuse qu’il laisse entrevoir son mystère.
Malgré un mode de révélation pluriel fait à des individus que rien ne semble rapprocher, Dieu confie trois missions fort différentes, qu’ils accepteront d’accomplir dans la confiance et chacun selon ce qu’il est. Isaïe deviendra auprès des rois le messager de Dieu, son porte-parole, l’un des plus grands prophètes d’Israël; Paul deviendra l’Apôtre des nations; Pierre, quant à lui, deviendra le chef des Apôtres et un pêcheur d’hommes; Paul et Pierre seront reconnus comme les deux colonnes de l’Église du Christ. Nous sommes donc en présence de trois hommes qui sont appelés par le même Dieu à réaliser trois missions différentes.

C’est donc dire que Dieu peut interpeller qui il veut, peu importe ses forces et ses faiblesses, ses talents et ses limites. Ce que ces trois grandes figures bibliques enseignent, c’est que le Seigneur peut me confier une mission particulière en me rejoignant là où je suis, en tenant compte de qui je suis, de mon vécu, de ma façon de voir et de comprendre la vie. Laquelle? Pour le savoir, il me faut être à l’écoute, attentif aux signes qu’il me fait, et être prêt à répondre : « Me voici : envoie-moi! » et ce, même si je me juge incompétent ou indigne.

L'abbé Michel Talbot, curé modérateur de l'Unité missionnaire de l'Ouest (Région de Montmagny) - Merci!
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«Si Dieu t'appelle ce n'est pas 

pour te rendre malheureux.»

(Yvon Joseph Moreau)

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Bon dimanche!

Jean-Yves 


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