samedi 1 avril 2023

Passion de notre Seigneur Jésus Christ selon saint Matthieu / (402,487)

 Bonjour!

Dimanche 2 avril 2023

Dimanche des Rameaux

Voici la Parole de Dieu de ce dimanche...

(Lecture de la Passion)



ÉVANGILE

Passion de notre Seigneur Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 27, 11-54)

La Passion de notre Seigneur Jésus Christ selon saint Matthieu

Les sigles désignant les divers interlocuteurs sont les suivants :
X. = Jésus ; L = Lecteur ; D = Disciples et amis ; F = Foule ; A = Autres personnages.


    L. On fit comparaître Jésus devant Pilate, le gouverneur,
qui l’interrogea :
A. « Es-tu le roi des Juifs ? »
L. Jésus déclara :
X.  « C’est toi-même qui le dis. »
    L. Mais, tandis que les grands prêtres et les anciens l’accusaient,
il ne répondit rien.
    Alors Pilate lui dit :
A. « Tu n’entends pas tous les témoignages portés contre toi ? »
    L. Mais Jésus ne lui répondit plus un mot,
si bien que le gouverneur fut très étonné.
    Or, à chaque fête, celui-ci avait coutume de relâcher un prisonnier,
celui que la foule demandait.
    Il y avait alors un prisonnier bien connu, nommé Barabbas.
    Les foules s’étant donc rassemblées,
Pilate leur dit :
A. « Qui voulez-vous que je vous relâche :
Barabbas ? ou Jésus, appelé le Christ ? »
    L. Il savait en effet que c’était par jalousie qu’on avait livré Jésus.
    Tandis qu’il siégeait au tribunal,
sa femme lui fit dire :
A. « Ne te mêle pas de l’affaire de ce juste,
car aujourd’hui j’ai beaucoup souffert en songe à cause de lui. »
    L. Les grands prêtres et les anciens poussèrent les foules
à réclamer Barabbas
et à faire périr Jésus.
    Le gouverneur reprit :
A. « Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche ? »
L. Ils répondirent :
F. « Barabbas ! »
    L. Pilate leur dit :
A. « Que ferai-je donc de Jésus
appelé le Christ ? »
L. Ils répondirent tous :
F. « Qu’il soit crucifié ! »
    L. Pilate demanda :
A. « Quel mal a-t-il donc fait ? »
L. Ils criaient encore plus fort :
F. « Qu’il soit crucifié ! »
    L. Pilate, voyant que ses efforts ne servaient à rien,
sinon à augmenter le tumulte,
prit de l’eau et se lava les mains devant la foule,
en disant :
A. « Je suis innocent du sang de cet homme :
cela vous regarde ! »
    L. Tout le peuple répondit :
F. « Son sang, qu’il soit sur nous et sur nos enfants ! »
    L. Alors, il leur relâcha Barabbas ;
quant à Jésus, il le fit flageller,
et il le livra pour qu’il soit crucifié.

    Alors les soldats du gouverneur emmenèrent Jésus dans la salle du Prétoire
et rassemblèrent autour de lui toute la garde.
    Ils lui enlevèrent ses vêtements
et le couvrirent d’un manteau rouge.
    Puis, avec des épines, ils tressèrent une couronne,
et la posèrent sur sa tête ;
ils lui mirent un roseau dans la main droite
et, pour se moquer de lui, ils s’agenouillaient devant lui en disant :
F. « Salut, roi des Juifs ! »
    L. Et, après avoir craché sur lui, ils prirent le roseau,
et ils le frappaient à la tête.
    Quand ils se furent bien moqués de lui,
ils lui enlevèrent le manteau,
lui remirent ses vêtements,
et l’emmenèrent pour le crucifier.

    En sortant, ils trouvèrent un nommé Simon, originaire de Cyrène,
et ils le réquisitionnèrent pour porter la croix de Jésus.
    Arrivés en un lieu dit Golgotha,
c’est-à-dire : Lieu-du-Crâne (ou Calvaire),
    ils donnèrent à boire à Jésus du vin mêlé de fiel ;
il en goûta, mais ne voulut pas boire.
    Après l’avoir crucifié,
ils se partagèrent ses vêtements en tirant au sort ;
    et ils restaient là, assis, à le garder.
    Au-dessus de sa tête
ils placèrent une inscription indiquant le motif de sa condamnation :
« Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs. »
    Alors on crucifia avec lui deux bandits,
l’un à droite et l’autre à gauche.
    Les passants l’injuriaient en hochant la tête ;
    ils disaient :
F. « Toi qui détruis le Sanctuaire et le rebâtis en trois jours,
sauve-toi toi-même, si tu es Fils de Dieu,
et descends de la croix ! »
    L. De même, les grands prêtres se moquaient de lui
avec les scribes et les anciens, en disant :
    A. « Il en a sauvé d’autres,
et il ne peut pas se sauver lui-même !
Il est roi d’Israël :
qu’il descende maintenant de la croix,
et nous croirons en lui !
    Il a mis sa confiance en Dieu.
Que Dieu le délivre maintenant,
s’il l’aime !
Car il a dit :
‘Je suis Fils de Dieu.’ »
    L. Les bandits crucifiés avec lui l’insultaient de la même manière.

    À partir de la sixième heure (c’est-à-dire : midi),
l’obscurité se fit sur toute la terre
jusqu’à la neuvième heure.
    Vers la neuvième heure,
Jésus cria d’une voix forte :
X.  « Éli, Éli, lema sabactani ? »,
L. ce qui veut dire :
X.  « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
    L. L’ayant entendu,
quelques-uns de ceux qui étaient là disaient :
F. « Le voilà qui appelle le prophète Élie ! »
    L. Aussitôt l’un d’eux courut prendre une éponge
qu’il trempa dans une boisson vinaigrée ;
il la mit au bout d’un roseau,
et il lui donnait à boire.
    Les autres disaient :
F. « Attends !
Nous verrons bien si Élie vient le sauver. »
    L. Mais Jésus, poussant de nouveau un grand cri,
rendit l’esprit.

(Ici on fléchit le genou et on s’arrête un instant)

    Et voici que le rideau du Sanctuaire se déchira en deux,
depuis le haut jusqu’en bas ;
la terre trembla et les rochers se fendirent.
    Les tombeaux s’ouvrirent ;
les corps de nombreux saints qui étaient morts ressuscitèrent,
    et, sortant des tombeaux après la résurrection de Jésus,
ils entrèrent dans la Ville sainte,
et se montrèrent à un grand nombre de gens.
    À la vue du tremblement de terre et de ces événements,
le centurion et ceux qui, avec lui, gardaient Jésus,
furent saisis d’une grande crainte et dirent :
A. « Vraiment, celui-ci était Fils de Dieu ! »

    – Acclamons la Parole de Dieu.

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Commentaire...

Nous avons acclamé un roi et nous venons à l’instant de nous prosterner devant un crucifié. Nous avons ouvert les portes pour une entrée triomphale, mais le trône préparé était en fait une croix, et la couronne était faite d’épines. Nous avons chanté le Roi de Gloire, et sans aucune transition, – c’est toute la force de cette liturgie des Rameaux – sans aucune transition nous avons contemplé son silence et son anéantissement dans sa Passion.

Pourquoi un tel choc entre la Gloire et la Croix ? Cette croix est-elle un accident ? Non, nous dit la liturgie. La Croix n’est pas, n’est plus seulement, un accident absurde, mais une clé, une clé divine, la clé de notre salut.

Apparemment écrasé par les événements, Jésus, en fait, s’avance librement, dans une stupéfiante dignité, nous l’avons vu, nous l’avons contemplé dans ce récit de la Passion. Il s’avance librement vers cette croix et il la saisit comme une clé, la clé de toute l’Histoire, le moyen du salut tel que seule l’infinie intelligence divine, pouvait le concevoir. Par sa Croix, Dieu ouvre le monde et il ouvre son propre cœur.

Il ouvre le monde d’abord : ce monde créé par Dieu, créé pour être libre, ce monde s’est en fait rendu lui-même captif : il se laisse emprisonner, et nous le voyons par la violence, la mort, tout le mystère du mal. À chaque fois qu’un être libre se détourne de son Créateur, qui est sa Source, à chaque fois il claque sur lui-même une porte de fer dont il perd la clé. Son autosuffisance devient sa prison et sa souffrance. C’est vrai de Satan qui librement s’est enfermé sur lui-même selon une sorte d’orgueil mystérieux qui ne nous est pas pénétrable. C’est vrai, dans une autre mesure aussi, de l’homme qui se laisse tromper et asservir par le mal, laissant proliférer la souffrance et la mort, dans ce monde qu’il devait pourtant dominer.

Mais Dieu, dans son infinie intelligence, et dans son infini amour, dans son infinie intelligence d’amour, a choisi une clé pour ouvrir de l’intérieur cette prison, du péché et de la mort, dans laquelle notre monde s’est enfermé. Cette clé, c’est donc la Croix. Le Mystère de sa propre mort et de sa Résurrection. Pourquoi ? Il s’est fait homme ! Il est descendu à l’intérieur de notre prison, devenant semblable à nous, jusque dans notre mort, et il descendu même dans nos enfers.

Désormais, l’impasse de notre existence a été ouverte de l’intérieur. Dans le péché même, nous pouvons nous laisser toucher par le Christ qui s’est chargé de nos chaînes. Et jusque dans notre mort, nous pouvons, nous pourrons nous laisser saisir par celui qui a brisé les portes des enfers et nous entraîne vers la vie éternelle.

C’est pourquoi Jésus n’a pas refusé la Croix. À ce crime, le plus grave, le plus injuste de toute l’Histoire il ne s’est pas soustrait, parce qu’en souffrant et en mourant ainsi, il pouvait briser le pouvoir du mal et libérer l’humanité captive de la mort.

La Croix n’apparaît pas seulement comme la clé qui libère le monde de sa prison, mais aussi la clé qui ouvre grand le cœur de Dieu et nous fait découvrir l’abîme de son Amour. Jamais nous n’aurions osé imaginer un Dieu pareil, un Dieu crucifié, un Dieu qui s’abaisse jusqu’à l’humiliation de cette Croix, brisant la puissance du mal en se faisant lui-même « pure faiblesse ».

Nous sommes pris de vertige devant ce mélange d’anéantissement et de victoire totale. La Croix nous dit que le fond de toute l’infinie puissance de Dieu n’est qu’Amour, Amour Don de soi, Offrande sans limite, Offrande toute puissante. Si Dieu n’était pas l’amour absolu, jamais il n’aurait agi ainsi. Si Dieu n’était pas l’amour absolu jamais il ne se serait abaissé jusqu’à ce point extrême, se perdant lui-même pour ne pas nous perdre, nous, ses créatures tant aimées.

La Croix devient véritablement un trône, parce qu’elle porte ce Roi de toutes choses dont la seule gloire infinie est d’aimer. La Croix est la clé qui ouvre en même temps les enfers et le cœur de Dieu. Les enfers pour qu’ils ne nous retiennent pas, le cœur de Dieu pour qu’il nous prenne en lui à jamais.

Alors, que le mystère de cette Croix ce mystère qui est la clé de véritable de toutes nos existences, que ce mystère d’amour ouvre nos propres cœurs dans une réponse de gratitude et d’amour.

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