samedi 5 mars 2022

« Dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert où il fut tenté » / Portons les Ukrainiens dans nos prières... / Homélie de l'abbé Michel Talbot... / (380,372)



Bonjour!

Dimanche 6 mars 2022

Premier dimanche du carême...

Voici la Parole de Dieu:


ÉVANGILE

« Dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert où il fut tenté » (Lc 4, 1-13)

Ta Parole, Seigneur, est vérité,
et ta loi, délivrance.

L’homme ne vit pas seulement de pain,
mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.
Ta Parole, Seigneur, est vérité,
et ta loi, délivrance.
 (Mt 4, 4b)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
après son baptême,
    Jésus, rempli d’Esprit Saint,
quitta les bords du Jourdain ;
dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert
    où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable.
Il ne mangea rien durant ces jours-là,
et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim.
    Le diable lui dit alors :
« Si tu es Fils de Dieu,
ordonne à cette pierre de devenir du pain. »
    Jésus répondit :
« Il est écrit :
L’homme ne vit pas seulement de pain. »

    Alors le diable l’emmena plus haut
et lui montra en un instant tous les royaumes de la terre.
    Il lui dit :
« Je te donnerai tout ce pouvoir
et la gloire de ces royaumes,
car cela m’a été remis et je le donne à qui je veux.
    Toi donc, si tu te prosternes devant moi,
tu auras tout cela. »
    Jésus lui répondit :
« Il est écrit :
C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras,
à lui seul tu rendras un culte.
 »

    Puis le diable le conduisit à Jérusalem,
il le plaça au sommet du Temple
et lui dit :
« Si tu es Fils de Dieu, d’ici jette-toi en bas ;
    car il est écrit :
Il donnera pour toi, à ses anges,
l’ordre de te garder
 ;
    et encore :
Ils te porteront sur leurs mains,
de peur que ton pied ne heurte une pierre.
 »
    Jésus lui fit cette réponse :
« Il est dit :
Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »
    Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations,
le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé.

    – Acclamons la Parole de Dieu. 

          Commentaire...        

Homélie de l'abbbé Philippe Link: 

« Si tu es le Fils de Dieu… » dit Satan (Lc 4,3). D’une façon caractéristique ces mots trahissent l’essence de la tentation. À quoi reconnaît-on une tentation ? On la reconnaît à son but. Et quel est le but que poursuit la tentation ? Nous couper de Dieu, nous couper plus précisément encore du Père. Elle s’attaque à la relation filiale que nous avons avec Dieu. Elle s’attaque finalement donc à notre vocation ultime, la vocation divine de l’être humain : devenir fils de Dieu. « Si tu es Fils de Dieu… » C’est toujours là-dessus au final que le Tentateur cherche à mettre le doute.

Si nous partons de là, si nous prenons bien la mesure de ce qu’est la tentation – quelque chose qui attaque notre relation au Père –, nous pouvons comprendre que seul le Fils, le Fils par excellence, Jésus, pouvait vaincre la tentation.

Par la première tentation le diable utilise la peur de la mort. Il manipule la souffrance de l’homme. Ici, c’est la faim que Jésus éprouve (Lc 4,2). Le diable manipule la souffrance de l’homme pour le faire douter de Dieu. Vois, tu souffres ? C’est donc que le Père n’existe pas vraiment pour toi ! Combien de fois nous entendons dans notre monde les échos de cette tentation, et jusque dans notre cœur.

Pour la deuxième tentation, le diable propose l’idolâtrie comme remède à la finitude. Tu auras tous les royaumes, tout de suite, tout, tout de suite, la puissance, la richesse, la gloire. Pour cela, une seule condition : nier le grand concurrent, le grand concurrent de l’homme, c’est-à-dire Dieu. Voilà le mensonge de Satan : Dieu est un concurrent. Si tu veux être riche, si tu veux avoir tout, surtout débarrasse-toi de Dieu ! Cette immédiateté de la convoitise, ce « tout, tout de suite » suppose une négation de Dieu, du moins de l’image mensongère qu’on se fait de Dieu. N’entendons-nous pas en effet les échos de cette tentation dans notre monde et jusque dans notre cœur ? La deuxième tentation suppose que Dieu est loin, que le monde en fait lui échappe et gît au seul pouvoir de Satan. « Tout cela m’a été livré, dit le diable menteur, et je le donne à qui je veux ! » (Lc 4,6).

Enfin la troisième tentation, la plus subtile de toutes, celle qui peut guetter l’homme religieux, cherche à utiliser l’amour du Père, utiliser l’amour du Père à notre profit, pour notre sécurité. Puisque le Père m’aime, que cela me serve, que cela garantisse ma sécurité ! Est-ce que ses anges ne vont pas me protéger ? (Lc 4,10-11 ; Ps 90,11)

À chaque fois le piège consiste à refuser le Père, en se méfiant de lui, en le niant parce qu’il serait de trop, ou en l’utilisant. À chaque fois la gratuité de la relation filiale serait brisée et le vrai visage du Père méconnu.

Jésus, le Fils de Dieu, en entrant dans le monde est entré dans tous ces pièges mais pour les dénouer. Il est entré, lui le Fils de Dieu, dans tous les pièges qui nous guettaient et dont nous ne pouvions plus sortir par nous-mêmes. Il y est entré, non parce qu’il a vaincu toutes ces tentations, non parce qu’il aurait une force morale surhumaine, mais parce qu’il a voulu être Fils, jusqu’au bout. C’est par son être même que Jésus nous sauve. Et cela est fondamental, frères et sœurs, dans notre foi.

La puissance de Jésus contre le Tentateur n’est pas extérieure. C’est son être même, sa relation au Père qui est la victoire contre toute tentation. Jésus vient être Fils, là où le Tentateur voudrait couper l’homme de la relation au Père. Jésus vient être ce qu’il est : le Fils en nous, là nous ne savions plus nous remettre entre les mains du Père.


Abbé Philippe Link / Merci!

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Jésus au désert...

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Homélie de l'abbé Michel Talbot, 

curé de l'Unité missionnaire de l'Ouest 

(Région de Montmagny).


À TRAVERS LE DÉSERT
Parole de Dieu : Deutéronome 26, 4-10; Romains 10, 8-13; Luc 4, 1-13.
Dimanche dernier, la parole de Dieu nous rappelait qu'on reconnaît un arbre à son fruit. Ben Sira le Sage et Jésus nous disaient que c'est le fruit qui manifeste la qualité de l'arbre, que la parole fait connaître les sentiments. En d'autres mots, la parole prononcée est le fruit que produit le cœur, elle révèle ce qu'il y a au fond du cœur. Entre ce message et celui que contient la parole de Dieu de ce premier dimanche du carême, il y a vraiment une belle continuité. Dans sa lettre aux Romains, saint Paul ne dit-il pas que « tout près de toi est la Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur ». Et il ajoute : « c'est avec le cœur que l'on croit (…) c'est avec la bouche que l'on affirme sa foi ».
L'occasion nous est donc fournie de prendre conscience de la présence en nous, au plus profond de notre cœur, de la Parole de Dieu. Elle est là, tout près! Accueillons-la comme un don de Dieu, car elle produit la foi qui nous porte à crier vers lui pour obtenir le salut. N'est-ce pas ce que fit le peuple d'Israël lorsqu'il était pauvre, exploité et maltraité en Égypte? « Nous avons crié vers le Seigneur, rapporte le livre du Deutéronome, il a entendu notre voix, il a vu que nous étions dans la misère, la peine et l'oppression. »
Avec tout ce qui se passe dans le monde actuellement, pensons au conflit armé en Ukraine, qui cause beaucoup de misère, des peines et des souffrances dont nous n'avons qu'un faible aperçu, puisons dans la Parole de Dieu, qui est près de nous, logée au plus profond de notre cœur et, comme le peuple d'Israël, crions vers le Seigneur, il entendra notre voix, car l'apôtre Paul renchérit en disant : « quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé ».
Cette invocation rejoint l'expérience de Jésus au désert et peut apporter un éclairage sur ce que nous vivons présentement. Après son baptême, Jésus était rempli d'Esprit Saint, mais il fut tenté par le diable de renoncer à cette force intérieure pour atteindre d'autres fins. Les tentations auxquelles Jésus a été soumis sont encore bien présentes aujourd'hui. Étant donné que Jésus avait faim au terme d'un séjour de 40 jours au désert, le diable lui fait cette proposition : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain ». Ce qui est suggéré à Jésus, c’est d’accomplir un prodige pour lui-même, de satisfaire en priorité ses besoins personnels. Jésus repousse cette tentation, car sa mission est de se consacrer en priorité au service des autres. Forts de l'Esprit qui nous habite aussi, nous devons rester vigilants et nous efforcer de nous préoccuper des besoins des autres et non uniquement de nos propres intérêts.
Le diable récidive, il promet à Jésus de lui donner tout le pouvoir et la gloire des royaumes, mais à une condition : qu’il se prosterne devant lui. C'est la tentation du pouvoir et de la domination, du désir d’asservir au lieu de servir. Et cela équivaut à rendre hommage à la force, aveugle et destructrice, alors que c'est Dieu seul que nous sommes tenus d'honorer. Les exemples ne manquent pas aujourd'hui où l'on constate avec désolation tous les dommages que causent l'usage de la force abusive et du pouvoir et qui obnubilent toute notion de service. Jésus s'y refuse et il nous inspire d'en faire autant, car sa mission consiste à servir plutôt qu'à être servi.
Enfin, après avoir été conduit au sommet du Temple, le diable suggère à Jésus de se jeter en bas en toute confiance, car, lui laisse-t-il entendre, les anges de Dieu l’empêcheront de toucher le sol. La tentation consiste donc à exiger de Dieu un signe de sa présence et de sa protection. C’est la tentation du soupçon, qui consiste à mettre en doute la protection de Dieu et la confiance qu’on peut lui faire; cela revient à dicter à Dieu ses voies, au lieu de s’en remettre à lui dans la confiance. « Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu », répond Jésus. En conséquence, tenons ferme et gardons une confiance indéfectible en Dieu, ne doutons pas de lui.
À l'aube de ce carême, nous sommes invités à faire nôtre le combat du Christ contre toutes les formes d’égoïsme, d'abus de pouvoir et de doute auxquelles nous sommes confrontées chaque jour. Le défi qui se présente à nous consiste à avoir une préoccupation prioritaire pour les autres, à trouver des lieux d'engagement où l'on peut servir et à maintenir fermement notre confiance en Dieu, malgré tous les revers qu'on peut essuyer. Ainsi nous pourrons dire : « c’est Dieu qui me sauve et non moi, c’est en lui seul que je place ma confiance ».

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Nous devons nous rappeler que sans mérites de notre part, le salut nous est donné gratuitement par Dieu. Il nous faut simplement l’accueillir librement dans la foi.
Édouard Shatov, Commentaire de l’Évangile du dimanche 6 mars 2022

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«Dieu crée en aimant.)
Fr. Frank Dubois, o.p.)
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Bon dimanche!

Jean-Yves 

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