jeudi 4 août 2011

- Homélie de Mgr Yvon Joseph Moreau à l'occasion de la fête de sainte-Anne - 2011...

Homélie de Mgr Yvon Joseph Moreau
à l'occasion de la Fête de sainte-Anne 2011.
On y a souligné le 60e anniversaire de la fondation du diocèse.
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Photo:
Statue de sainte Anne
Cathédrale de La Pocatière
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(Références pour la Parole de Dieu : 1 Co 3, 6-10 et Mt 13, 1-9)

« 60 ans à cultiver l’espérance »… 60 ans à travailler le champ de Dieu… Aujourd’hui, ces
60 années nous sont présentes par le souvenir et notre mémoire se fait reconnaissante pour
ceux qui ont fondé notre Église et qui ont veillé à son développement… Nous pouvons penser à nos évêques successifs Bruno, Charles-Henri, André et Clément, nous pouvons penser également à tous les prêtres, diacres, religieux et religieuses, et aux nombreux laïcs, hommes et femmes, qui leur ont apporté aide et collaboration… L’Église, c’est vraiment le peuple de Dieu, dans une belle participation des différents dons et talents qui n’a pas encore fini de déployer toute sa richesse… Ainsi que nous le rappelle saint Paul : l’un plante, l’autre arrose… Et nous pourrions ajouter, à la lumière de l’évangile, d’autres encore préparent ou améliorent le terrain, en enlevant roches et broussailles… Tous et toutes sont importants, mais tous et toutes doivent s’en souvenir : un seul est capable de faire pousser, un seul donne la croissance, Dieu et non pas nous !


Aujourd’hui, il est bon de nous rappeler cette vérité de base en Église : nos initiatives et nos activités pastorales sont essentielles, mais elles ne sont pas tout… Nous devons demeurer attentifs au Dieu qui veille à la croissance de son Église, et cette croissance ne s’évalue pas seulement en terme de nombres… Ce n’est pas parce que chez nous il y a moins de monde dans nos églises le dimanche, ce n’est pas parce que chez nous il y a moins de baptêmes et moins de mariages, qu’il n’y aurait pas de croissance dans notre Église… Il y a une grande différence entre la croissance numérique, facilement évaluable, et la croissance intérieure ou spirituelle, que Dieu seul est capable de voir et d’apprécier… Même si nous nous ne pouvons pas la voir, nous ne devons pas l’ignorer ! Pour ma part, malgré la décroissance numérique dont nous sommes témoins, je persiste à croire qu’il y a une croissance spirituelle, chez un bon nombre de baptisés, de même que chez un bon nombre de personnes que nous ne voyons pas toujours dans nos rassemblements, mais qui, soucieuses de vérité, de charité et de justice dans leurs relations avec les autres, peuvent
rencontrer Dieu et le servir, même à leur insu…


Nous pouvons être tentés de nous fixer dans un modèle d’Église visible – celle que nous
avons connue dans notre enfance, celle des heures de pompe et de gloire – mais l’Esprit Saint ne nous laisse pas nous installer dans ce modèle du passé. Son dynamisme nous entraîne ailleurs…Il nous invite à ne pas perdre de vue qu’il est toujours à l’oeuvre dans le monde et que, si nous sommes attentifs, nous entreverrons des réalités nouvelles, des pousses d’espérance, que nous n’avons jamais vues auparavant… En voici un simple
exemple : tous les petits enfants ne sont plus baptisés nécessairement quelque temps après leur naissance, ou le jour même, comme ce fut le cas pour un bon nombre d’entre nous. Aujourd’hui, au Québec, nous voyons des adolescentes et adolescents, et des personnes adultes, comme Napo, qui demandent le baptême ou la confirmation… Derrière cette démarche, il y a y a un choix personnel du Christ et un désir de marcher à sa suite, avec une conscience beaucoup plus vive de ce qu’implique cette suite du Christ, vécue fidèlement au jour le jour… Quoiqu’il en soit, une autre réalité est certaine : c’est que nous sommes tous et toutes appelés à « cultiver l’espérance » et à imiter la persévérance du semeur de la parabole… Commentant cet évangile, notre Pape Benoît XVI affirme : « C’est une page en quelque sorte «autobiographique», parce qu’elle reflète l’expérience même de Jésus, de sa prédication : il s’identifie au semeur, qui sème la bonne semence de la Parole de Dieu… » (Angélus du dimanche 10 juillet 2011) Pour devenir semeuses et semeurs à notre tour, à la suite de ce grand semeur qu’est Jésus, nous avons d’abord besoin d’accueillir personnellement la parole semée en nous, et notre Église diocésaine de Sainte-Anne a besoin de devenir toujours davantage une « maison de la Parole », une maison où la Parole de Dieu est écoutée et aimée, une maison où la Parole de Dieu transforme progressivement ceux et celles qui l’accueillent ! Pour continuer l’oeuvre commencée depuis 60 ans et « cultiver l’espérance », nous devons nous ancrer encore plus profondément dans la Parole de Dieu et dans la foi à l’Esprit toujours à l’oeuvre au coeur de notre Église… Poursuivant son commentaire de l’évangile entendu aujourd’hui, Benoît XVI ajoute : « Au fond, la vraie «Parabole de Dieu», c’est Jésus luimême, sa personne qui, sous le signe de l’humanité, cache et en même temps révèle sa divinité. De cette façon, Dieu ne nous oblige pas à croire en lui, mais il nous attire à lui par la vérité et la bonté de son Fils incarné : l’amour, en effet, respecte toujours la liberté », conclut Benoît XVI.

Dans la fidélité au Christ, ne soyons donc pas une Église qui impose, mais une Église qui ose proposer, avec l’audace de l’Esprit Saint et avec un amour réel de ceux et celles à qui nous nous adressons, une Église qui, comme son Seigneur, attire par la vérité et la bonté !
C’est de cette manière que nous « cultiverons toujours l’espérance », en gardant nos coeurs en communion avec ce semeur persévérant qu’est le Christ !


†Yvon Joseph Moreau
Évêque de Sainte-Anne

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