dimanche 4 mars 2012

- Il fut transfiguré devant eux...

B o n j o u r !

Dimanche 4 mars 2012

Deuxième dimanche du carême.

latransfiguration
La Transfiguration de Jésus...

Marc 9, 2-1 + Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux. Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille. Élie leur apparut avec Moïse, et ils s’entretenaient avec Jésus. Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est heureux que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. » De fait, il ne savait que dire, tant était grande leur frayeur. Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoutez-le. » Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.
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Je fais l'homélie à la cathédrale et à Saint-Onésime; le voici...


La transfiguration de Jésus - Les deux visages de la vie.
« Et il fut transfiguré devant eux. »


+ Il a été un homme d’affaires brillant. Dans ses transactions,
il avait la capacité de faire des calculs rapides. Il était reconnu
pour sa grande générosité; il se portait au devant de ses frères et soeurs
quand ils rencontraient des situations difficiles.
Il avait une grande tendresse pour son épouse et ses enfants.


Mais il s’est mis à faire des oublis: un robinet qui coule, un poêle
qui chauffe… Un matin, il prend sa voiture pour une petite course
au dépanneur; sa famille angoissée ne le retrouvera que le soir.
Le diagnostic était posé : c’était l’Alzheimer.


Puis les choses se gâtèrent. Il se mit à accuser son épouse
de le voler. Pour calmer son angoisse, celle-ci lui mettait une liasse
de billets de banque en petites coupures dans son porte-monnaie :
il avait l’impression d’avoir plus d’argent sur lui. Il pouvait sortir
en pyjama pour une course…. Le temps vint où il a fallu l’entrer
dans un centre d’hébergement. Peine terrible pour la famille
de retrouver ce conjoint, ce père, ayant les yeux éteints,
ne les reconnaissant souvent plus et dont il fallait à présent
changer la couche...

Quand la maladie se déclenche, souvent on la nie,
tant chez la personne concernée que chez ses proches :
ce n’est pas possible, ce n’est pas lui…
Puis quand la maladie s’est vraiment installée,
la tentation vient de s’éloigner, comme si cette personne
était déjà partie, morte…


Quel est donc le vrai visage de la vie? Qui sommes-nous vraiment?
La réponse ne peut venir qu’en acceptant de garder ensemble
ces deux visages. (Ici, l’homme charmant et brillant /
et l’homme dépossédé de lui-même). C’est ce que propose
la Parole de Dieu de ce jour. Regardons-y de plus près.


Jésus invite, dans ce récit de la transfiguration, ses trois disciples
les plus proches sur une haute montagne.
Tout à coup, ils le voient transformé, en habit resplendissant de blancheur,
et conversant avec deux figures-clés de l’Ancien Testament. Et plus encore:
une voix céleste leur demandera d’écouter ce fils chéri de Dieu.


Devant ce récit, nos réactions vont de l’étonnement le plus complet
face à ce monde irréel et merveilleux, à celui d’un élan de piété
devant ce Fils de Dieu dévoilé dans toute sa divinité.
Par contre nous passons peut-être à côté de ce que ce récit veut traduire
dans un style déroutant: au milieu d’annonces de la passion,
- il leur en avait parlé avant – et à l’approche de la mort qui se profile
à l’horizon. Dans la foi, ses intimes voient et entendent des choses
sur Jésus qui échappent à la majorité des gens.


En d’autres mots, au moment où les gens ordinaires ne verront
en Jésus qu’un condamné à mort défiguré, dans la foi,
ses intimes continueront à voir cet être extraordinaire et unique.
Leur foi a été capable de garder ensemble l’être souffrant et défiguré,
et l’être aimé et unique qu’ils ont connu, comme faisant partie
tous les deux de notre réalité humaine.


Sur le plan historique, les choses ne se sont probablement
pas passées littéralement comme le décrit ce récit,
c’est-à-dire avec cette transformation soudaine des vêtements,
ce nuage qui les enveloppe et cette voix venue d’ailleurs
qui résonne. Mais ce récit emprunte le langage merveilleux
pour traduire une chose profonde et vraie :
c’est cette intimité vécue dans l’amour avec Jésus
qui a permis aux disciples de passer à travers l’atrocité de son procès
et de sa mort, et de faire par la suite l’expérience de Pâques.


C’est seulement ce regard né de l’amour qui permet de voir
autre chose qu’un être défiguré et mort. La foi n’est autre chose
que ce regard de l’amour.


Quand on regarde ce récit de la transfiguration, on peut avoir l’impression
d’être uniquement centré sur la personne de Jésus. C’est trompeur.
On ne peut parler de Jésus sans parler de nous. Jésus trace simplement
le chemin qui est le nôtre.


Ainsi, nous sommes également ces deux visages de la vie,
nous sommes cette personne dans un vêtement rayonnant
qui est le fils chéri de Dieu,
et nous sommes ce visage défiguré…
Et la tentation est grande de ne voir chez soi et chez les autres
que l’être de lumière, quand la vie nous gâte,
et que l’être des ténèbres quand l’adversité se pointe.




Ce que dit le récit de la transfiguration :
quand le ciel s’obscurcit, élève-toi vers les hauteurs de la foi
et n’oublie pas l’être lumineux que tu es
et l’être toujours aimé de Dieu que tu es.
C’est ce que font les aidants naturels quand ils veillent sur des personnes
dont l’esprit et parti en voyage, par exemple, vers des mondes imaginaires,
comme dans la maladie d’Alzeimer; leurs yeux percent l’obscurité
pour apercevoir encore l’être lumineux à aimer.


Je vous avoue ici une pensée que j’ai dans mon ministère
de diacre. J’ai vu plusieurs bébés depuis 15 ans…
Avec mon épouse, lorsque je visite des couples pour la préparation
au baptême, nous demandons à voir l’enfant. À chaque fois, je regarde
ce mignon petit bébé dans les yeux en me demandant :
« Que deviendra-t-il? Que deviendra-t-elle? »
Aujourd’hui, quand je rencontre quelqu’un, qui qu’il soit maintenant
et peu importe ses actions, je ne peux m’empêcher d’imaginer
le bébé qu’il a été, ce poupon avec un sourire attendrissant
et lumineux…


Oui, je sais, je sais. Vous allez dire : Il y a Hitler, il y a Saddam Hussein,
il y a Kadhafi… Ce poupon aimant est-il mort dans certains cas?
Le récit de la transfiguration nous trompe-t-il?
Alors nous sommes appelés à être des veilleurs qui attendent l’aurore,
ce jour où l’être lumineux percera l’obscurité,
ce jour où Pâques deviendra une réalité universelle.


Du moins, si c’est là notre foi… Mes amis, transfigurons le quotidien
de nos vies, il en a besoin… Ainsi, le terne, le gris et le banal s’illuminera…
L’heure sera venue, nous aurons donné la vie… Et Pâques se lèvera…


(Sources diverses -  spécialement André Gilbert.)
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Bon dimanche!
Fraternellement!
Jean-Yves




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