samedi 6 juillet 2013

Homélie de notre curé: l'abbé Jacques Lajoie...

Bonjour!

Samedi 6 juillet 2013

Note: Notre curé, l'abbé Jacques Lajoie
nous a quittés officiellement dimanche dernier.
Je lui ai demandé son homélie dans le but de la faire connaître
sur mon blogue pour en faire profiter les paroissiens
et bien d'autres personnes amies...
Voici son texte.
Merci Jacques!
Fructueux ministère comme collaborateur
dans le secteur de Kamouraska-Est.
Tu seras toujours le bienvenu chez-nous
(à la paroisse comme à la masison).
Je n'ai pas de photo de la célébration à la cathédrale,
mais j'ai une photo prise lors du banquet qui a suivi.


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Homélie 30 juin 2013

Qui d’entre nous ne ressent pas au plus profond de lui-même une aspiration au bonheur, à la paix, à une vie féconde? C’est Dieu qui nous a créés et qui place en notre coeur ces aspirations fondamentales. Ces aspirations sont en réalité des appels de Dieu à dire oui à la vie, oui à propager la paix, oui à construire un monde meilleur, oui à donner le meilleur de nous-mêmes, là où nous sommes.

Dans la première lecture, nous avons entendu le récit de l’appel du prophète Élisée par Élie qui se cherche un successeur. Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus donne quelques exemples pour illustrer les particularités des appels de Dieu. À première vue, nous pourrions croire que cela ne nous concerne pas tellement. Bien des croyants pensent que les appels du Seigneur ne visent que ceux et celles qui sont appelés à des vocations « spécifiques », tels la prêtrise, le diaconat ou la vie religieuse.

Pourtant, en relisant les textes, on peut découvrir que les appels de Dieu s’adressent à tous et que notre vie chrétienne est essentiellement une réponse à ces appels. Nous sommes responsables de découvrir « notre place», notre mission dans le monde et de l’accomplir de notre mieux.

L’exemple d’Élisée nous montre comment les appels de Dieu se présentent à chacun et chacune de nous, personnellement, au coeur de nos occupations quotidiennes. Inutile de fuir notre quotidien; au contraire, c’est là que Dieu s’adresse à nous. Ainsi, dans la première lecture, alors qu’Élisée était en train de labourer, un appel lui parvient par l’intermédiaire d’Élie, une personne bien réelle, et cela sans manifestation mystérieuse. C’est donc dire que Dieu s’adresse à nous en passant par les personnes que nous rencontrons, et les événements qui se présentent au cours de nos journées… Appels à rendre service, à écouter, à réconforter, à intervenir pour aider...

Dans l’évangile, les trois exemples donnés sont des appels à aller de l’avant et à ne pas s’attacher uniquement à des lieux ou à des coutumes. Nous sommes conviés par le Seigneur à une vie tournée vers l’avenir et nous devons être prêts à beaucoup de changements pour le suivre.

Comment répondre à ces appels qui peuvent être exigeants? La deuxième lecture nous fournit un outil qui nous dispose à choisir comment répondre : c’est notre liberté, éclairée par l’Esprit Saint. Le texte nous dit que le Christ nous a libérés de nos esclavages, i.e. nos attachements à tout ce qui n’est pas de Dieu, afin que nous puissions réaliser notre mission personnelle. Trop souvent, nos attachements à des traditions humaines, à nos habitudes et à nos façons de faire ou de penser nous bloquent et nous font craindre d’aller de l’avant. Nous sommes alors moins disponibles pour accomplir l’oeuvre de Dieu, là où nous sommes.

Concrètement, cela signifie que nous accomplissons l’oeuvre de Dieu en répondant aux appels qu’il nous fait quotidiennement. Je vous propose quelques exemples : ainsi, une mère qui entend son enfant pleurer perçoit un appel à consoler. Une personne qui reçoit une confidence de la part d’un ami en détresse peut y voir un appel à prendre le temps d’écouter attentivement. Celui qui voit un reportage présentant les besoins de personnes en difficulté peut entendre un appel à offrir son aide. Ce sont là autant d’appels de Dieu!, au coeur de notre vie ordinaire. Des appels simples, et parfois dérangeants... C’est notre liberté intérieure et notre ouverture aux autres qui vont nous permettre de percevoir ces appels et d’y répondre. C’est dans notre coeur, au plus profond de nous, que nous allons trouver la force de répondre librement aux appels entendus.

À travers les textes lus aujourd’hui, c’est chacun individuellement qui est appelé à marcher à la suite de Jésus Christ. Nous sommes souvent intéressés par le confort de la stabilité et des choses prévisibles. C’est normal. Il en fut ainsi de tout temps, aujourd’hui comme à l’époque de Jésus. Pourtant, le Christ ose nous appeler à aller de l’avant et à ne pas rester accrochés à nos routines et à nos sécurités du passé.

Il peut être très exigeant de « laisser les morts enterrer leurs morts.» Il arrive souvent que des gens cherchent à perpétuer des réalités qui ne sont plus vivantes. C’est probablement peine perdue. Il ne suffit pas de reprendre certaines des pratiques du passé pour retrouver les mentalités d’autrefois? Ce n’est pas possible: le monde a changé. Le Christ nous appelle à nous tourner résolument vers l’avenir avec ce même courage dont il fit preuve lorsqu’il entreprit de monter vers Jérusalem. Il fait appel à notre liberté, comme le rappelle la 2ème lecture : Si le Christ nous a libérés, c’est pour que nous soyons vraiment libres.

Demeurons libres et fidèles à la foi de notre baptême et osons aller de l’avant. Dans l’eucharistie que nous célébrons, Dieu attire notre regard vers lui. Rendons-lui grâce pour la liberté qu’il nous a donnée, pour les appels qu’il nous lance et pour la vie en plénitude qu’il nous offre.

Ici, je me permets de faire un lien avec ce que nous vivons ensemble : mon expérience actuelle de quitter la paroisse de Sainte-Anne et de Saint-Onésime, rejoint votre expérience comme paroissiens ou paroissiennes... Nous réalisons aujourd’hui que notre mission, que notre vie nous appelle parfois à des changements qui nous dérangent. Partir, c’est accepter de quitter ce que nous avons construit avec d’autres personnes : des amitiés, des complicités, des habitudes…

Partir, c’est vivre un déplacement qui peut avoir un aspect de déracinement, c’est comme fermer les volets sur une importante tranche de notre vie (depuis 15 ans comme curé + 5 ans comme vicaire), c’est quitter le connu pour un inconnu, accepter de quitter lieux, personnes, collègues, pour un ailleurs qui sera différent… Cependant, il ne faut pas y voir seulement l’aspect négatif…

Les changements peuvent nous stimuler et nous renouveler intérieurement. Nous pouvons toujours voir un côté positif dans les événements qui viennent parfois changer le cours de notre vie. Nous pouvons conserver bien des richesses de ce que nous avons vécu ensemble : de bons souvenirs, des amitiés, des ressources et des apprentissages… et en même temps nous pouvons nous ouvrir à de nouvelles connaissances, de nouveaux amis, de nouveaux projets…

En réalité bien des gens vivent des départs, des changements, au cours de leur vie ; changement de travail, perte d’un emploi, perte d’un ami, ou d’un parent… Et ce n’est pas seulement négatif, bien au contraire…

Cela, Jésus l’a vécu aussi dans des circonstances infiniment plus dramatiques que ce que nous avons à vivre, lorsqu’il disait à ses apôtres, pendant qu’il s’approchait de Jérusalem, où il prévoyait que ses ennemis allaient s’en prendre à sa vie : «Il est de votre intérêt que je m’en aille…«Votre tristesse se changera en joie.»

Pour nous, ici, l’important, c’est de garder en mémoire ce que nous sommes les uns pour les autres et nous rappeler ce que nous avons réalisé pendant que nous étions ensemble…

Nous sommes conviés à aller de l’avant sans regretter notre dernière escale. Ce que nous avons vécu ensemble peut nous garder confiant pour l’avenir… Et cela grâce à l’Esprit de Dieu qui nous accompagnera toujours.
(...)
Jacques Lajoie, ptre, curé.
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Bonne journée!
Fraternellement!
Jean-Yves


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