samedi 23 mars 2024

Passion de notre Seigneur Jésus Christ selon saint Marc... / (457,582)

 Bonjour!

Dimanche 24 mars 2024

Voici la Parole de Dieu du dimanche des Rameaux... 


ÉVANGILE

Passion de notre Seigneur Jésus Christ (Mc 14, 1 – 15, 47)

Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus !
Pour nous, le Christ est devenu obéissant,
jusqu’à la mort, et la mort de la croix.
C’est pourquoi Dieu l’a exalté :
il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom.
Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus ! (cf. Ph 2, 8-9)

La Passion de notre Seigneur Jésus Christ selon saint Marc

Indications pour la lecture dialoguée : Les sigles désignant les divers interlocuteurs son les suivants :
X = Jésus ; = Lecteur ; D = Disciples et amis ; = Foule ; = Autres personnages.

L. La fête de la Pâque et des pains sans levain
allait avoir lieu deux jours après.
Les grands prêtres et les scribes
cherchaient comment arrêter Jésus par ruse,
pour le faire mourir.
          Car ils se disaient :
A. « Pas en pleine fête,
pour éviter des troubles dans le peuple. »

          L. Jésus se trouvait à Béthanie,
dans la maison de Simon le lépreux.
Pendant qu’il était à table,
une femme entra,
avec un flacon d’albâtre
contenant un parfum très pur et de grande valeur.
Brisant le flacon,
elle lui versa le parfum sur la tête.
          Or, de leur côté, quelques-uns s’indignaient :
A. « À quoi bon gaspiller ce parfum ?
                        On aurait pu, en effet, le vendre
pour plus de trois cents pièces d’argent,
que l’on aurait données aux pauvres. »
L. Et ils la rudoyaient.
          Mais Jésus leur dit :
X  « Laissez-la !
Pourquoi la tourmenter ?
Il est beau, le geste qu’elle a fait envers moi.
                        Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous,
et, quand vous le voulez,
vous pouvez leur faire du bien ;
mais moi, vous ne m’avez pas pour toujours.
                        Ce qu’elle pouvait faire, elle l’a fait.
D’avance elle a parfumé mon corps pour mon ensevelissement.
                        Amen, je vous le dis :
partout où l’Évangile sera proclamé
– dans le monde entier –,
on racontera, en souvenir d’elle, ce qu’elle vient de faire. »

          L. Judas Iscariote,
l’un des Douze,
alla trouver les grands prêtres
pour leur livrer Jésus.
          À cette nouvelle, ils se réjouirent
et promirent de lui donner de l’argent.
Et Judas cherchait comment le livrer
au moment favorable.

          Le premier jour de la fête des pains sans levain,
où l’on immolait l’agneau pascal,
les disciples de Jésus lui disent :
D. « Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs
pour que tu manges la Pâque ? » 
          L. Il envoie deux de ses disciples en leur disant :
X  « Allez à la ville ;
un homme portant une cruche d’eau viendra à votre rencontre.
Suivez-le,
                        et là où il entrera, dites au propriétaire :
‘Le Maître te fait dire :
Où est la salle
où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ?’
                        Il vous indiquera, à l’étage,
une grande pièce aménagée et prête pour un repas.
Faites-y pour nous les préparatifs. »
          L. Les disciples partirent, allèrent à la ville ;
ils trouvèrent tout comme Jésus leur avait dit,
et ils préparèrent la Pâque.

          Le soir venu,
Jésus arrive avec les Douze.
          Pendant qu’ils étaient à table et mangeaient,
Jésus déclara :
X  « Amen, je vous le dis :
l’un de vous, qui mange avec moi,
va me livrer. »
          L. Ils devinrent tout tristes
et, l’un après l’autre, ils lui demandaient :
D. « Serait-ce moi ? »         
L. Il leur dit :
X  « C’est l’un des Douze,
celui qui est en train de se servir avec moi dans le plat.
                        Le Fils de l’homme s’en va,
comme il est écrit à son sujet ;
mais malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré !
Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là ! »
          L. Pendant le repas,
Jésus, ayant  pris du pain
et prononcé la bénédiction,
le rompit,
le leur donna,
et dit :
X  « Prenez,
ceci est mon corps. »
          L. Puis, ayant pris une coupe
et ayant rendu grâce,
il la leur donna,
et ils en burent tous.
          Et il leur dit :
X  « Ceci est mon sang,
le sang de l’Alliance,
versé pour la multitude.
                        Amen, je vous le dis :
je ne boirai plus du fruit de la vigne,
jusqu’au jour où je le boirai, nouveau,
dans le royaume de Dieu. »

          L. Après avoir chanté les psaumes,
ils partirent pour le mont des Oliviers. 
          Jésus leur dit :
X  « Vous allez tous être exposés à tomber,
car il est écrit :
Je frapperai le berger,
et les brebis seront dispersées.
                        Mais, une fois ressuscité,
je vous précéderai en Galilée. »
          L. Pierre lui dit alors :
D. « Même si tous viennent à tomber,
moi, je ne tomberai pas. »
          L. Jésus lui répond :
X  « Amen, je te le dis :
toi, aujourd’hui, cette nuit même,
avant que le coq chante deux fois,
tu m’auras renié trois fois. »
          L. Mais lui reprenait de plus belle :
D. « Même si je dois mourir avec toi,
je ne te renierai pas. »
L. Et tous en disaient autant.

          Ils parviennent à un domaine appelé Gethsémani.
Jésus dit à ses disciples :
X  « Asseyez-vous ici,
pendant que je vais prier. »
          L. Puis il emmène avec lui Pierre, Jacques et Jean,
et commence à ressentir frayeur et angoisse.
          Il leur dit :
X  « Mon âme est triste à mourir.
Restez ici et veillez. »
          L. Allant un peu plus loin,
il tombait à terre et priait
pour que, s’il était possible,
cette heure s’éloigne de lui.
          Il disait :
X  « Abba...
Père, tout est possible pour toi.
Éloigne de moi cette coupe.
Cependant, non pas ce que moi, je veux,
mais ce que toi, tu veux ! »
          L. Puis il revient
et trouve les disciples endormis.
Il dit à Pierre :
X  « Simon, tu dors !
Tu n’as pas eu la force de veiller seulement une heure ?
                        Veillez et priez,
pour ne pas entrer en tentation ;
l’esprit est ardent,
mais la chair est faible. »
          L. De nouveau, il s’éloigna et pria,
en répétant les mêmes paroles.
          Et de nouveau, il vint près des disciples
qu’il trouva endormis,
car leurs yeux étaient alourdis de sommeil.
Et eux ne savaient que lui répondre.
          Une troisième fois, il revient
et leur dit :
X  « Désormais, vous pouvez dormir et vous reposer.
C’est fait ; l’heure est venue :
voici que le Fils de l’homme
est livré aux mains des pécheurs.
                        Levez-vous ! Allons !
Voici qu’il est proche, celui qui me livre. »

          L. Jésus parlait encore
quand Judas, l’un des Douze, arriva
et avec lui une foule armée d’épées et de bâtons,
envoyée par les grands prêtres, les scribes et les anciens.
          Or, celui qui le livrait leur avait donné un signe convenu :
D. « Celui que j’embrasserai,
c’est lui :
arrêtez-le,
et emmenez-le sous bonne garde. »
          L. À peine arrivé,
Judas, s’approchant de Jésus, lui dit :
D. « Rabbi ! »
L. Et il l’embrassa.
          Les autres mirent la main sur lui
et l’arrêtèrent.
          Or un de ceux qui étaient là
tira son épée,
frappa le serviteur du grand prêtre
et lui trancha l’oreille.
          Alors Jésus leur déclara :
X  « Suis-je donc un bandit,
pour que vous soyez venus vous saisir de moi,
avec des épées et des bâtons ?
                        Chaque jour, j’étais auprès de vous dans le Temple
en train d’enseigner,
et vous ne m’avez pas arrêté.
Mais c’est pour que les Écritures s’accomplissent. »
          L. Les disciples l’abandonnèrent et s’enfuirent tous.
          Or, un jeune homme suivait Jésus ;
il n’avait pour tout vêtement qu’un drap.
On essaya de l’arrêter.
          Mais lui, lâchant le drap,
s’enfuit tout nu.

          Ils emmenèrent Jésus chez le grand prêtre.
Ils se rassemblèrent tous,
les grands prêtres, les anciens et les scribes.
          Pierre avait suivi Jésus à distance,
jusqu’à l’intérieur du palais du grand prêtre,
et là, assis avec les gardes,
il se chauffait près du feu.
          Les grands prêtres et tout le Conseil suprême
cherchaient un témoignage contre Jésus
pour le faire mettre à mort,
et ils n’en trouvaient pas.
          De fait, beaucoup portaient de faux témoignages contre Jésus,
et ces témoignages ne concordaient pas.
          Quelques-uns se levèrent
pour porter contre lui ce faux témoignage : 
                   A. « Nous l’avons entendu dire :
‘Je détruirai ce sanctuaire fait de main d’homme,
et en trois jours j’en rebâtirai un autre
qui ne sera pas fait de main d’homme.’ »
          L. Et même sur ce point,
leurs témoignages n’étaient pas concordants.
          Alors s’étant levé, le grand prêtre, devant tous,
interrogea Jésus :
A. « Tu ne réponds rien ?
Que dis-tu des témoignages qu’ils portent contre toi ? »
          L. Mais lui gardait le silence et ne répondait rien.
Le grand prêtre l’interrogea de nouveau :
A. « Es-tu le Christ, le Fils du Dieu béni ? » 
          L. Jésus lui dit :
X  « Je le suis.
Et vous verrez le Fils de l’homme
siéger à la droite du Tout-Puissant,
et venir parmi les nuées du ciel. »
          L. Alors, le grand prêtre déchire ses vêtements et dit :
A. « Pourquoi nous faut-il encore des témoins ?
                        Vous avez entendu le blasphème.
Qu’en pensez-vous ? »
L. Tous prononcèrent qu’il méritait la mort.
          Quelques-uns se mirent à cracher sur lui,
couvrirent son visage d’un voile,
et le giflèrent, en disant :
F. « Fais le prophète ! »
L. Et les gardes lui donnèrent des coups.

          Comme Pierre était en bas, dans la cour,
arrive une des jeunes servantes du grand prêtre.
          Elle voit Pierre qui se chauffe,
le dévisage et lui dit :
A. « Toi aussi, tu étais avec Jésus de Nazareth ! »
          L. Pierre le nia :
D. « Je ne sais pas,
je ne comprends pas de quoi tu parles. »
L. Puis il sortit dans le vestibule, au dehors.
Alors un coq chanta.
          La servante, ayant vu Pierre,
se mit de nouveau à dire à ceux qui se trouvaient là :
A. « Celui-ci est l’un d’entre eux ! »
          L. De nouveau, Pierre le niait.
Peu après, ceux qui se trouvaient là lui disaient à leur tour :
F. « Sûrement tu es l’un d’entre eux !
D’ailleurs, tu es Galiléen. »
          L. Alors il se mit à protester violemment et à jurer :
D. « Je ne connais pas cet homme dont vous parlez. »
          L. Et aussitôt, pour la seconde fois, un coq chanta.
Alors Pierre se rappela cette parole que Jésus lui avait dite :
« Avant que le coq chante deux fois,
tu m’auras renié trois fois. »
Et il fondit en larmes.

L. Dès le matin,
les grands prêtres convoquèrent les anciens et les scribes,
et tout le Conseil suprême.
Puis, après avoir ligoté Jésus,
ils l’emmenèrent et le livrèrent à Pilate.
          Celui-ci l’interrogea :
A. « Es-tu le roi des Juifs ? »
Jésus répondit :
X  « C’est toi-même qui le dis. »
          L. Les grands prêtres multipliaient contre lui les accusations.
          Pilate lui demanda à nouveau :
A. « Tu ne réponds rien ?
Vois toutes les accusations qu’ils portent contre toi. »
          L. Mais Jésus ne répondit plus rien,
si bien que Pilate fut étonné.
          À chaque fête,
il leur relâchait un prisonnier,
celui qu’ils demandaient.
          Or, il y avait en prison un dénommé Barabbas,
arrêté avec des émeutiers
pour un meurtre qu’ils avaient commis lors de l’émeute.
          La foule monta donc chez Pilate, et se mit à demander
ce qu’il leur accordait d’habitude.
          Pilate leur répondit :
A. « Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ? »
          L. Il se rendait bien compte
que c’était par jalousie que les grands prêtres l’avaient livré.
          Ces derniers soulevèrent la foule
pour qu’il leur relâche plutôt Barabbas.
              Et comme Pilate reprenait :
A. « Que voulez-vous donc que je fasse de celui
que vous appelez le roi des Juifs ? »,
          L. de nouveau ils crièrent :
F. « Crucifie-le ! »
          L. Pilate leur disait :
A. « Qu’a-t-il donc fait de mal ? »
L. Mais ils crièrent encore plus fort :
F. « Crucifie-le ! »
          L. Pilate, voulant contenter la foule,
relâcha Barabbas
et, après avoir fait flageller Jésus,
il le livra pour qu’il soit crucifié.

          Les soldats l’emmenèrent à l’intérieur du palais,
c’est-à-dire dans le Prétoire.
Alors ils rassemblent toute la garde,
          ils le revêtent de pourpre,
et lui posent sur la tête une couronne d’épines qu’ils ont tressée.
          Puis ils se mirent à lui faire des salutations, en disant :
F. « Salut, roi des Juifs ! »
          L. Ils lui frappaient la tête avec un roseau,
crachaient sur lui,
et s’agenouillaient pour lui rendre hommage.
          Quand ils se furent bien moqués de lui,
ils lui enlevèrent le manteau de pourpre,
et lui remirent ses vêtements.

Puis, de là, ils l’emmènent pour le crucifier,
          et ils réquisitionnent, pour porter sa croix,
un passant, Simon de Cyrène, le père d’Alexandre et de Rufus,
qui revenait des champs.
          Et ils amènent Jésus au lieu dit Golgotha,
ce qui se traduit : Lieu-du-Crâne (ou Calvaire).
          Ils lui donnaient du vin aromatisé de myrrhe ;
mais il n’en prit pas.
          Alors ils le crucifient,
puis se partagent ses vêtements,
en tirant au sort pour savoir la part de chacun.
          C’était la troisième heure (c’est-à-dire : neuf heures du matin)
lorsqu’on le crucifia.
          L’inscription indiquant le motif de sa condamnation
portait ces mots :
« Le roi des Juifs ».
          Avec lui ils crucifient deux bandits,
l’un à sa droite, l’autre à sa gauche.
          Les passants l’injuriaient en hochant la tête ;  ils disaient :
F. « Hé ! toi qui détruis le Sanctuaire et le rebâtis en trois jours,
                        sauve-toi toi-même, descends de la croix ! »
          L. De même, les grands prêtres se moquaient de lui avec les scribes,
en disant entre eux :
A. « Il en a sauvé d’autres,
et il ne peut pas se sauver lui-même !
                        Qu’il descende maintenant de la croix, le Christ, le roi d’Israël ;
alors nous verrons et nous croirons. »
L. Même ceux qui étaient crucifiés avec lui l’insultaient.

          Quand arriva la sixième heure (c’est-à-dire : midi),
l’obscurité se fit sur toute la terre
jusqu’à la neuvième heure. 
          Et à la neuvième heure,
Jésus cria d’une voix forte :
X  « Éloï, Éloï, lema sabactani ? »,
L. ce qui se traduit :
X  « Mon Dieu, mon Dieu,
pourquoi m’as-tu abandonné ? » 
          L. L’ayant entendu,
quelques-uns de ceux qui étaient là disaient :
F. « Voilà qu’il appelle le prophète Élie ! »
          L. L’un d’eux courut tremper une éponge dans une boisson vinaigrée,
il la mit au bout d’un roseau, et il lui donnait à boire,
en disant :
A. « Attendez ! Nous verrons bien
si Élie vient le descendre de là ! »
          L. Mais Jésus, poussant un grand cri,
expira.

(Ici on fléchit le genou et on s’arrête un instant)


          Le rideau du Sanctuaire se déchira en deux,
depuis le haut jusqu’en bas.
          Le centurion qui était là en face de Jésus,
voyant comment il avait expiré, déclara :
A. « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu ! »

          L. Il y avait aussi des femmes, qui observaient de loin,
et parmi elles, Marie Madeleine,
Marie, mère de Jacques le Petit et de José, et Salomé,
              qui suivaient Jésus et le servaient quand il était en Galilée,
et encore beaucoup d’autres,
qui étaient montées avec lui à Jérusalem.
          Déjà il se faisait tard ;
or, comme c’était le jour de la Préparation,
qui précède le sabbat,
          Joseph d’Arimathie intervint.
C’était un homme influent, membre du Conseil,
et il attendait lui aussi le règne de Dieu.
Il eut l’audace d’aller chez Pilate
pour demander le corps de Jésus.
          Pilate s’étonna qu’il soit déjà mort ;
il fit appeler le centurion,
et l’interrogea pour savoir si Jésus était mort depuis longtemps.
          Sur le rapport du centurion,
il permit à Joseph de prendre le corps.
          Alors Joseph acheta un linceul,
il descendit Jésus de la croix,
l’enveloppa dans le linceul
et le déposa dans un tombeau
qui était creusé dans le roc.
Puis il roula une pierre contre l’entrée du tombeau.

          Or, Marie Madeleine et Marie, mère de José,
observaient l’endroit où on l’avait mis.

          – Acclamons la Parole de Dieu.

(Je n'ai pas mis ici le texte de l'entrée de Jésus à Jérusalem ni les autres lectures de la messe. Il faudrait peut-être vous référer aux textes du Prions en Église pour comprendre le commentaire qui suit...)

-----

Commentaire...

Il est d’usage, lors du dimanche des Rameaux, de rentrer en procession dans l’église pour commémorer l’entrée de Jésus à Jérusalem. Dans l’Evangile proclamé juste au début de la procession, Jésus est désigné comme « Celui qui vient au nom du Seigneur » pour restaurer enfin la royauté promise à David pour sa descendance. Jésus est donc bien le Messie attendu par Israël, ce roi humble, juste et victorieux, qui restaurera la cité sainte de Jérusalem. En lui se réalise pleinement la prophétie messianique de Zacharie ; « Crie de joie, fille de Jérusalem ! Voici ton roi qui vient à toi : il est juste et victorieux, humble, monté sur un ânon tout jeune » (Za 9, 9).

L’atmosphère qui ressort du récit évangélique est joyeuse et festive, et derrière les chants d’acclamations qui accompagnent l’entrée du Christ dans la ville sainte s’annonce déjà son triomphe définitif sur la mort et le péché durant la nuit pascale. L’espérance d’être sauvés et de ressusciter avec lui pour vivre dans la Patrie céleste de sa vie divine se trouve ainsi mise devant nos yeux.

Mais le climat change avec les lectures de la messe qui mettent en relief les conditions nécessaires pour que ce triomphe puisse s’opérer. Comme le dit Saint Bernard : « Si la gloire céleste se trouve présentée dans la procession, dans la messe se trouve manifestée quelle route nous devrons emprunter pour la posséder ».

Cette route que nous pouvons contempler dans la personne même du Christ est celle de l’abaissement et de l’humilité, celle de l’obéissance filiale, de l’abandon entre les mains du Père, celle du don total par amour jusqu’à mourir sur la Croix.

L’hymne de l’épître aux Philippiens (Cf. 2ème lecture) est peut-être le passage qui nous décrit cela de la façon la plus aboutie : « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix ».

Oui, Jésus est bien le Messie – Serviteur souffrant, annoncé par le prophète Isaïe, qui ne s’est pas révolté, qui ne s’est pas dérobé ; qui a présenté son dos à ceux qui le frappaient, et ses joues à ceux qui lui arrachaient la barbe ; qui n’a pas protégé son visage des outrages et des crachats (Cf. 1ère lecture). Mais c’est par ses souffrances que nous sommes sauvés, souffrances qui ne sont que le prolongement de son acte d’obéissance parfaite au Jardin des Oliviers.

Car c’est bien là que se joue notre salut. En communiant humainement à la volonté divine du Père, Jésus rétablit notre nature humaine dans une relation filiale avec le Père, filiation qui avait précisément été refusée dans l’acte même du péché originel.

En choisissant d’entrer dans sa Passion et de la vivre jusqu’au bout, il exprime son abandon total entre les mains de son Père. Par le « oui » qu’il donne humainement à un moment où la délibération de tout homme serait infléchie au maximum vers le refus, Jésus nous sauve en accomplissant dans une nature humaine l’existence filiale parfaite.

Nous touchons ici le paradoxe de tous les paradoxes. Comment, le Fils de Dieu pourrait-il nous sauver au travers d’une telle vulnérabilité ? Cela nous ne pourrons le comprendre qu’au pied de la Croix, après avoir suivi Jésus durant sa Passion. Alors avec le Centurion romain, ce païen, nous pourrons confesser : « Vraiment cet homme était Fils de Dieu » (Mc 15, 39). Ce n’est qu’après que la Passion avec ses violences, ses délations, trahisons et défections, ait fait s’écrouler toutes les fausses idées humaines que nous avions pu projeter sur la messianité de Jésus, que nous pourrons réellement découvrir dans la foi le mystère de sa personne et de sa mission pour y adhérer de toute notre cœur, de toute notre âme et de toute notre force.

La foule en liesse s’est amassée pour saluer Jésus qui entrait à Jérusalem. Mais la même foule qui criait « Hosanna » et « Béni soit celui qui vient » criera « Crucifie-le » ! Il y a dans la vie des moments où il est facile de se laisser entraîner à suivre et à acclamer Jésus. Le Dimanche des Rameaux fait partie de ces moments. Mais saurons-nous reconnaître le visage du Christ dans notre quotidien ? Le suivrons-nous lorsque ce choix impliquera de porter la Croix ? Les textes de ce dimanche nous invitent à nous interroger sur notre attachement au Christ. Nous le reconnaissons et l’acclamons comme notre Roi, notre Sauveur, notre Rédempteur. Notre attitude devant la Croix, quand elle se proposera à nous, sera pourtant révélatrice de ce que représentent réellement pour nous ces titres que nous lui attribuons. Suivre le Roi d’humilité implique d’avancer sur le chemin de l’amour et du don total de soi.

Sans prétendre y arriver tout de suite, nous ne devons pourtant pas perdre de vue cette finalité et prendre les moyens pour la rejoindre. Les textes de ce jour nous apprennent que le plus fondamental peut-être c’est d’entrer toujours davantage dans la même intimité, la même communion de volonté avec Jésus que celle qu’il entretenait avec son Père. C’est une invitation à prier toujours plus et toujours plus intensément. C’est, en effet, dans la prière seule, comme Jésus à Gethsémani, que nous trouverons la force de choisir et non pas de subir nos croix dans le don total de nous-mêmes. L’enjeu est de taille car c’est ici que se joue l’avènement du Royaume de Dieu.

Seigneur, fais-nous la grâce, durant cette semaine sainte, d’être renouvelés dans notre attachement à ta personne. Fais-nous la grâce de savoir te contempler et t’écouter dans ta Passion, t’écouter parler à notre cœur, t’écouter nous dire : « Tu comptes beaucoup pour moi ».

Abbé Philippe Link - merci!

-----


-----

« Comme un jeune homme épouse une vierge, ton Bâtisseur t’épousera. Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu. »

Livre d'Isaïe 62, 5

frère Marie-Augustin Laurent-Huyghues-Beaufond

frère Marie-Augustin Laurent-Huyghues-Beaufond

Helsinki (Finlande)

Écouter la méditation

Pour le meilleur et pour le pire

Aujourd’hui, l’ambiance est grave : après la liesse populaire de son entrée triomphale à Jérusalem, Jésus connaît les affres de la Passion, la solitude de l’abandon, et l’angoisse de la mort. Sur la croix, en son sang, est achevée l’alliance qui nous sauve, alliance qui avait commencé par sa venue dans notre chair au jour de Noël, et qui se consume dans l’amour de la croix. 

Ceux qui aiment le savent bien : aimer, ce n’est pas facile, et si on y trouve de la joie, on y rencontre aussi la peine. « Pour le meilleur et pour le pire », comme on dit dans les mariages. Le Fils de Dieu a assumé tous les aspects de la condition humaine, au risque du rejet, de l’incompréhension, et de la mort infâme. L’eucharistie, festin des noces et banquet de l’amour entre Dieu et son peuple, nous ramène à ce tragique par les premiers mots de la consécration : « La veille de sa passion, le Seigneur prit le pain… »

« Comme un jeune homme épouse une vierge, ton Bâtisseur t’épousera. » Le prophète Isaïe entrevoit là une vérité profonde : notre joie, c’est celle que Dieu donne, mais nous donnons, nous aussi, de la joie à Dieu, qui se réjouit en nous, avec nous. Sa joie est celle du Bâtisseur, dit Isaïe. Dieu nous construit, il édifie son Église. Quand il relève son Christ d’entre les morts, il rebâtit la maison, il nous permet de nous tenir debout devant lui. Quand le Christ est plongé dans la mort et la résurrection, c’est Dieu qui rassemble son peuple en un seul corps, son Église, appelée à vivre de sa vie. Comme l’artisan contemple son ouvrage, il se réjouit de nous voir, nous aussi, rendus à la vie.

Hosanna ! La foule en fête qui accueillait Jésus à l’entrée de la ville ne mentait pas, elle ne faisait qu’anticiper cette joie de Pâques, qui est autant la nôtre que celle de Dieu.


Bon dimanche.

   Bon cheminement vers Pâques...

Jean-Yves 

Aucun commentaire: