mercredi 27 mars 2019

« Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes...». / (287,249)

Bonjour!
Mercredi 27 mars 2019

 
Voici la Parole de Dieu de ce jour...

PSAUME

(147 (147b), 12-13, 15-16, 19-20)
R/ Glorifie le Seigneur, Jérusalem !    
Célèbre ton Dieu, ô Sion !
 (147, 12)
Glorifie le Seigneur, Jérusalem !
Célèbre ton Dieu, ô Sion !
Il a consolidé les barres de tes portes,
dans tes murs il a béni tes enfants.
Il envoie sa parole sur la terre :
rapide, son verbe la parcourt.
Il étale une toison de neige,
il sème une poussière de givre.
Il révèle sa parole à Jacob,
ses volontés et ses lois à Israël.
Pas un peuple qu’il ait ainsi traité ;
nul autre n’a connu ses volontés.

ÉVANGILE

 
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes :
je ne suis pas venu abolir, mais accomplir.
Amen, je vous le dis :
Avant que le ciel et la terre disparaissent,
pas un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi
jusqu’à ce que tout se réalise.
Donc, celui qui rejettera
un seul de ces plus petits commandements,
et qui enseignera aux hommes à faire ainsi,
sera déclaré le plus petit dans le royaume des Cieux.
Mais celui qui les observera et les enseignera,
celui-là sera déclaré grand dans le royaume des Cieux. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
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   Commentaire...

Tout : « pas une lettre, pas un seul petit trait ne disparaîtra de la Loi jusqu’à ce que tout se réalise » : cette insistance de Jésus est une réponse claire aux scribes et pharisiens qui l’accusent d’en prendre et d’en laisser dans les prescriptions de la Loi. Mais Notre-Seigneur ne cautionne pas pour autant l’attitude de ses interlocuteurs : il condamne tout aussi clairement la religiosité formelle et sans âme qu’il leur voit pratiquer, que le relativisme de ceux « qui rejettent un seul de ces plus petits commandements ».

En fait c’est le statut de la Loi que Jésus vient réformer : Notre-Seigneur récuse fermement qu’elle ne soit qu’une compilation de préceptes qu’il suffirait d’observer scrupuleusement pour trouver grâce aux yeux de Dieu. La Torah nous éclaire sur ce qu’il convient de faire et ce qu’il convient d’éviter pour mener une vie droite, conforme au dessein de Dieu sur nous ; bref : une vie pleinement humaine. L’étude attentive des préceptes a pour but de réveiller notre humanité véritable, de nous faire découvrir les exigences de notre cœur profond. Car la Loi n’est pas hétéronome – une Loi (nomos) imposée par un Autre (heteros) : elle ne fait qu’expliciter la loi naturelle inscrite par Dieu lui-même au plus profond de notre être. Mais comme la voix de notre conscience s’est peu à peu enfouie sous les strates épaisses de nos péchés, nous avons du mal à l’entendre et nous avons besoin que Dieu l’explicite pour nous dans la Torah.
 
Il ne saurait donc être question d’abolir la Loi : ce serait porter atteinte à l’humanité de l’homme. Tout au contraire, Jésus vient « accomplir » la Parole de Dieu consignée dans la Loi et proclamée par les Prophètes, en triomphant de tout ce qui nous empêche de l’entendre et de la mettre en pratique. La Passion de Notre-Seigneur est le combat victorieux qu’il mène en notre nom à tous contre le Prince de ce monde qui nous tient prisonniers de nos égoïsmes et nous empêche de nous ouvrir à une vie authentique, dans la lumière de la charité. Aussi, sentant que son Règne touche à sa fin, le Démon fait-il tout ce qu’il peut pour nous détourner du chemin de l’Evangile. A l’humanité de ce troisième millénaire, il suggère qu’elle se serait enfin libérée des vieux tabous religieux, et pourrait avancer, confiante en ses seules possibilités immanentes, sur le chemin de l’autonomie absolue :
Vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal.  (Gn 3, 6)
Hélas, nous avons tous pu constater que lorsque nous nous livrons aux dynamismes spontanés de notre nature, le poids de la chair nous entraîne inexorablement vers le bas – il suffit pour s’en convaincre, de constater l’évolution des mœurs dans notre société. La négation de la triste réalité du péché est un double mensonge : un refus de voir la destruction objective à laquelle il conduit ; et le refus d’entendre la voix de notre conscience, qui nous reproche notre obstination dans le mensonge. Celui qui prétend pouvoir se passer de la loi divine en matière morale (et religieuse) parle sous l’emprise de l’orgueil ; il a rompu le lien de filiation et erre dans les ténèbres d’une vie-sans-Dieu.
 
A l’inverse, l’attitude pharisaïque – qui prétend mériter le salut au prix d’une observance formelle du moindre précepte – n’est guère plus édifiante, car elle trahit la logique de l’amour en remplaçant la réciprocité du don et de l’accueil, par un marchandage débouchant sur l’exigence d’un dû. Nous pourrions dire que cette pseudo-filiation constitue le péché du fils aîné de la parabole du Père prodigue (Lc 15), alors que la prétention à disposer à son gré de la Loi illustre la transgression du fils cadet.
 
L’attitude juste que suggère Jésus tout au long de l’Evangile consiste à recevoir « la Loi et les Prophètes » comme la Parole d’un Père qui nous appelle à lui en ayant soin d’éclairer le chemin sur lequel nous pouvons avancer en toute sécurité. Vu sous cet angle, la Thora est un don précieux, « une lampe sur nos pas, une lumière sur notre route », que nous sommes invités à recevoir avec gratitude. C’est en l’accueillant comme la Parole de notre Père, et en nous penchant sur elle avec amour pour l’observer et la garder, que nous lui signifions notre volonté d’être ses fils.
 
Seigneur, ne permet pas que nous nous laissions séduire par l’amoralisme ambiant ; mais enseigne-nous à “garder et à mettre en pratique fidèlement les commandements et les décrets que tu nous a donnés. Qu’ils soient notre sagesse et notre intelligence” (1ère lect.) aux yeux des hommes de notre temps, afin qu’en voyant les fruits de sainteté qu’ils produisent en nous, eux aussi puissent “glorifier le Seigneur” (Ps 147) en devenant ses fils bien-aimés.

Abbé Philippe Link - Merci!

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«Même au cœur du pire des désastres
que peut vivre un homme
il y a toujours Dieu qui est là, prêt à le sauver.»
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«Si nous existons,
c'est peut-être avant tout pour cela:
découvrir tout ce qui existe autour de nous et en nous.»
(Hervé Reynaud, enseignant marié et père de famille)
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«Le souffle de toutes choses
 chante en mes pensées comme une flûte.»
(Tagore)
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Bonne journée!
Jean-Yves
 

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