vendredi 25 juin 2010

Prière pour la Fête nationale...

Texte de Paul Tremblay récité comme prière de conclusion
lors de la célébration de la Fête de la Saint-Jean-Baptiste
par notre curé Jacques Lajoie:
(magnifique texte)
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Pour la fête nationale



Avec le pays en fête, au sommet de son printemps,
éclatant et éclaté partout, autour, au loin, tout près,
dans les parcs, les prairies, les boisés, les forêts;


Avec le peuple québécois en fête, moins bruyant
que dans le passé mais toujours rempli de rêves,
de rires, de création, de joie de vivre;


Avec les premiers habitants de ce pays,
comme avec les nouveaux habitants
venus des quatre coins du monde;


Avec ceux et celles qui croient en Dieu,
ceux qui l'ont oublié ou ceux qui n'y croient plus;
avec ceux et celles que la vie retient ailleurs
et qui n'ont pas du tout le coeur à la fête,
Rendons grâce au Seigneur, le Dieu de nos terres.


Nous te rendons grâce, Dieu créateur de l'Univers,
pour ce pays qui est le nôtre, pays de lacs, de forêts et de rivières,
pays dont l'épine dorsale est le Saint-Laurent,
pays traversé depuis ses origines par le fleuve de la foi en toi,
toi, le Dieu des audaces et des avenirs impossibles.


Nous te rendons grâce pour cette terre et pour celles et ceux qui l'habitent.

Nous te prions au nom de tous nos concitoyens,
au nom de toutes les couleurs et de toutes les fois
qui cohabitent aujourd'hui chez nous.


Il n'est pas inconvenant de le faire. Ton Fils Jésus, lui aussi,
s'est émerveillé de son pays. Il l'a aimé.

Il en a aimé les splendeurs : le lac, les montagnes,
les champs, sa vieille capitale, Jérusalem.
II a aimé ses habitants, avec leurs mérites et leurs travers.
Il a aimé la joie sautillante et les cris des enfants,
l'incroyable légèreté des oiseaux dans le vent.


Il a aimé ses labeurs, labeur des hommes et des femmes de son pays,
pour pêcher le poisson, semer et moissonner le blé,
tamiser la farine, cuire le pain, donner de bonnes choses à leurs enfants.


Il en a partagé les fatigues fatigue de la route sous un soleil trop chaud,
fatigue du gars qui a travaillé le bois toute la journée,
fatigue des nuits où il ne trouve pas le sommeil,
fatigue des jours où il en a assez d'être harcelé,
fatigue des bouffées de colère quand l'hypocrisie est criante,
quand la religion tourne à l'exploitation, à l'étouffement des gens.


II en a partage les douleurs.
Douleur des gens inquiets, malades, pauvres.
Douleur des étrangers ostracisés, méprisés.
Douleur de voir sa ville se fermer dans le refus et dans le complot criminel.
Il en a aimé les saveurs.
Saveur de l'huile et des olives, joie savoureuse d'être avec ses amis,
au milieu d'un champ de blé au soleil à grappiller des épis pour les croquer.
Il a aimé la saveur de ses fêtes.
Car dans son pays, on a le sens inné des réjouissances.
Dans son pays, la terre est aride,
mais les gens deviennent comme des enfants
quand ils se mettent tous ensemble à faire la fête.


Fête pour annoncer le mois nouveau où ils allument des torches
en faisant semblant de croire que la lumière de leur perche
sera vue jusqu'aux confins du monde.
Fête de la Lumière, fête des Tentes, qui dure sept jours.


Et puis la fête de Yom Kippour, de Rosh Hashanah.
Il n'y a que les Juifs à avoir inscrit tant de fêtes dans leur Loi.
Ton Fils jésus a été de ces fêtes.


Envoie sur nous son Esprit, Esprit de fête et de solidarité,
Esprit d'audace et d'avenir.


Nous faisons action de grâce en portant au cœur les fatigues
et les inquiétudes des gens autour de nous.
Douleur de nos proches et amis malades,
de tant de gens fatigués de vivre sans le sou, sans travail,
sans perspective d'avenir.


Rends-nous capables de mieux goûter aussi les saveurs :
saveur des gens et des cultures qui viennent de loin,
saveur des gens et des cultures des gens d'ici,
saveur et rythmes nouveaux des jeunes,
saveur d'une vie vécue sous ton soleil.


Donne à notre Église ton ouverture à l'accueil de tous :
étrangers, marginaux, exclus.
Donne-lui de ne rejeter personne de la fête,
de ne pas rendre ton Amour impossible ou inaccessible aux gens.


Paul Tremblay, Prières au gré des jours, Novalis, 2007, p. 62-64

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